L’ancien tribute de Pink Floyd revient cette année avec un nouveau concept album intitulé Crime Scene. J’ai découvert le groupe allemand RPWL en live en première partie de Pendragon il y a bien longtemps et j’avoue que leur performance avait quelque peu éclipsée celle de Nick Barrett. Je les ai vu bien des fois depuis en concert et je m’offre tous leurs albums, même lorsqu’ils reprennent leurs premiers amours.
Crime Scene ce sont six morceaux de quatre à douze minutes qui nous plongent dans la noirceur des enquêtes criminelles. Pour parapher la fiche promo, en 2020, durant le confinement, la police allemande a enregistré 120 000 cas de violences conjugales dont 139 avec une issue fatale. Une violence banale qui rencontre celle des grands meurtriers de l’histoire comme le cannibale Karl Denke ou le nécrophile Carl Tangler Georg dont l’histoire est racontée dans un EP de And You Will Know Us by the Trail of Dead.
Tout ça et bien d’autres choses encore, RPWL le raconte dans ce concept album particulièrement mélodique qui reste dans la lignée de leurs précédentes productions mais qui se distingue pourtant du lot.
Si Tales from Outer Space ronronnait un peu trop à mon goût, je trouve qu’avec Crime Scene, RPWL se renouvelle sans nous déstabiliser. La recette est toujours la même, les guitares floydiennes de Kalle, le chant feutré de Yogi, la touche frenchy de la batterie de Marc et des claviers pour emballer l’ensemble. Le groupe a d’ailleurs perdu son claviériste principal et a gagné un bassiste. Kalle passe derrière les synthés et abandonne la quatre cordes au petit nouveau Marcus Grützner.
Si on retrouve le RPWL mélodique de ‘Roses’ sur cet album, certains morceaux comme ‘Victim of Desire’ ou ‘Another Life Beyond Control’ nous embarquent dans un prog un petit peu plus audacieux, justement ce qu’il manquait à Tales from Outer Space pour en faire un album remarquable. Après je n’ai rien contre un titre comme ‘Life in a Cage’ où Kalle en fait des tonnes à la guitare. Bien au contraire, puisqu’il s’agit d’un de mes morceaux préférés de l’album avec le long format ‘King of the World’.
Je ne vais pas vous mentir, j’ai reçu Crime Scene en promotion ce qui explique cette chronique si précoce. Malgré des mails véhéments de protestation, la label m’expédie toujours leurs disques. Le bon côté de tout ça, c’est qu’après une écoute, j’ai pré commandé l’édition vinyle de Crime Scene en toute confiance.
Bon d’accord, je l’aurai certainement commandé de toute façon.
A noter pour les fans qu’ils ne joueront qu’une seule date française, chez Paulette le samedi 8 avril.
Dans mon agenda, à la date du samedi 11 mars, était inscrit HYPNO5E en majuscules. Pourtant je ne me souvenais pas avoir pris rendez-vous chez un hypnotérapeute malgré les conseils de mon médecin.
C’est Stéphane Gallay qui avait parlé à plusieurs reprises sur son blog de cette médecine douce, celle du groupe HYPNO5E et son post-métal atmosphérique. J’avais écouté quelques morceaux de leur discographie sans grande conviction mais le samedi matin, n’ayant pas grand chose à faire, je me suis plongé dans Sheol, leur dernier disque. Et après une écoute je prenais une place de concert et téléchargeais la musique. Je vous en parlerai prochainement.
Du coup, samedi soir, je suis allé à la Laiterie à Strasbourg, écouter un groupe que je ne connaissais pas vraiment. Un groupe mélangeant post-rock, metal, cinématique, growl, chant clair, enregistrements audios et instruments à codes. Oui, tout ça !
Un concert sans appareil photo, une fois n’est pas coutume. Je n’avais pas envie de trimbaler mon matériel et j’ai bien fait étant donné la foule compacte.
La petite salle du club était bondée comme rarement. J’ai eu un mal de chien à me faufiler jusque la table de mixage et plus question d’en bouger ensuite, même pour soulager ma vessie.
C’est un groupe local, un duo de Colmar, Fragile Figures, qui ouvrait la soirée. Un binôme guitare/basse instrumental genre électro post-rock. Des titres saturés de basses, joués au click, à la rythmique assourdissante et répétitive sur des images projetées en noir et blanc aux thèmes obsessionnels. J’ai détesté. D’autant que chaque morceau joué ressemblait à s’y méprendre au précédent. J’ai même envisagé de fuir.
Vers 21 heures mon supplice cesse enfin et HYPNO5E prend la relève. Des barres LED verticales habillent le fond de la scène et un impressionnant jeu de lumières très mobile, principalement blanc, éclaire les quatre musiciens en contre-jour.
Pour une salle qui a la réputation de vomir de basses d’ordinaire, le son du groupe est plutôt propre même si de temps en temps quelques notes graves ricochent sur les murs.
J’avoue que je ne vois pas grand chose, placé au milieu de la salle, derrière deux grandes asperges dont un se croit sur scène et bouge tout le temps. Parfois une fenêtre se dégage sur le chanteur ou le batteur, rarement sur le guitariste. Alors je me concentre sur la musique et les jeux de lumières. Il y a de quoi faire. Je ne connais que depuis quelques heures leur dernier album Sheol et presque pas le reste de leur discographie mais je reconnais tout de même quelques morceaux.
La douceur du chant clair succède au growl, l’acoustique au metal. Eux aussi jouent au click, car point de claviers ici ni de DJ pour lancer les samples. Du coup, pour l’impro live, on repassera. Mais pour le reste, rien à dire, c’est impeccable. La voix du chanteur passe d’un registre à l’autre avec aisance, la batterie est éblouissante et les passages intimistes, comme le titre acoustique chanté en espagnol, fait son petit effet.
HYPNO5E joue pendant un peu plus d’une heure et quart, pas assez au goût de tout le monde, mais dans cette petite salle surchauffée et bondée, on aurait peut-être pas tenu une demi-heure de plus. J’ai renoncé à passer au stand de merchandising, il y avait vraiment trop de monde. Je m’offrirais leur vinyle depuis leur site web. Car après un aussi bon concert, je suis devenu fan du groupe. Un de plus.
Vendredi prochain, si tout va bien, dans un registre complètement différent, ce sera au tour de The Watch de m’éblouir au Grillen à Colmar.
Dans la belle ville de Prague vous pouviez trouver il y a quelques années, un disquaire spécialisé dans les groupes de rock progressif d’Europe de l’Est. Une caverne d’Ali Baba remplie de vinyles signés par d’illustres inconnus pour les mélomanes vivant plus à l’Ouest.
Si ce disquaire existe encore aujourd’hui, il devrait proposer l’album Echoes Of The Child’s Mind du groupe tchèque Face The Day. Un CD huit titres d’un peu moins de quarante minutes suggéré par Gerlinde Roth avec qui je partage des goûts communs sur Bandcamp. Face The Day est un groupe naviguant entre le post-rock instrumental et le rock alternatif à la Porcupine Tree.
Un projet mené par Martin Schuster qui à déjà composé en solo trois albums depuis 2016. Pour l’enregistrement, il s’est entouré d’un bassiste, d’un batteur et a invité un saxophoniste sur ‘Last Kiss’ et une chanteuse sur ‘It’s Over’.
Deux instrumentaux prennent place dans Echoes Of The Child’s Mind si l’on considère ‘It’s Over’ comme un titre chanté malgré ses rares paroles. Des texte mélancoliques sur la disparition d’un être cher, en l’occurrence ici, sa mère à qui il dédie l’album.
La plus belle chanson de Echoes Of The Child’s Mind s’intitule ‘Grown Up’. A peine quatre minutes chantées au piano qui vous emportent dans sa mélancolie avec des paroles déchirantes : “Hero’s Fall, Illusion Fade, It Made Me Numb, Led My Whole Life Astray”. On dirait du Peter Gabriel.
‘Bright Dot In the Darkness’, ‘Dawn’ comme ‘Last Kiss’ rappellent parfois Porcupine Tree de part la ligne vocale et le toucher de guitares de Martin. Toutefois, les compositions sont suffisamment originales pour prendre leurs distances avec le modèle.
Le premier instrumental ‘There’s a Place in My Mind Where I Tend to Hide’ épouse clairement la forme post-rock avec sa guitare mandoline alors que le second, ‘Panta Rhei’, joue de l’acoustique, tel une délicieuse parenthèse avant le dernier baiser.
Attardons nous enfin sur le premier morceau, ‘It’s Over’ aux paroles minimalistes. La pièce dure tout de même huit minutes quinze et ne comporte que vingt-trois mots. Le titre est d’essence progressive avec une intro, un couplet de quatre vers répétés deux fois et un long instrumental centré sur la guitare.
Echoes Of The Child’s Mind n’est sans doute pas l’album de la décennie mais il mélange agréablement les genres et m’a fait découvrir un artiste tchèque que je vais suivre de près. L’album est sur Bandcamp et existe en CD également dans un beau digipack qui vous arrivera sans vous infliger des taxes de douanes outrancières car Prague est encore en Europe.
Le plus catatonique des chanteurs de métal, semble avoir trouvé un remède à sa mélancolie maladive si belle. Jonas va mieux et son groupe Katatonia revient avec un nouvel album intitulé Sky Void of Stars, le premier de leurs disques que j’achète en digital.
Pourtant, la pochette est tout simplement sublime avec ce puits de lumière verte dans un paysage urbain et ces corbeaux en contre jour, le genre d’artwork à déguster en vinyle. Mais voilà, je ne me suis pas résolu à la dépense, peut-être parce que Sky Void of Stars ne le mérite pas.
Le nouveau Katatonia propose onze morceaux que l’on pourrait qualifier de pop metal progressive pendant cinquante minutes. Exit la mélancolie douloureuse qui faisait la beauté de leur musique. Ici le metal prog est sans réelle surprise, parfois vaguement mordant comme dans ‘Austerity’, souvent terriblement convenu comme dans ‘Colossal Shade’. Il est vrai que le groupe a dû se réinventer avec deux départs majeurs en 2014, ceux de Daniel et Per. Mais cela n’excuse pas tout.
Sur cet opus, les claviers sont très présents comme dans ‘Opaline’ et les refrains à répétition meublent des paroles moins inspirées. N’empêche, la voix ensorcelante de Jonas fait toujours mouche même s’il abuse d’effets à mon goût comme par exemple dans ‘Drab Moon’. On se laisse prendre par les différentes atmosphères de l’album mais je n’entre pas en transe pour autant.
Plusieurs titres retiennent toutefois mon attention comme le sublime ‘Author’ qui est certainement mon préféré des onze. Il dégage une belle énergie, le chant y est particulièrement soigné et les guitares nous livrent un fabuleux solo, tout le contraire de ‘Impermanence’.
‘Sciera’ est un bon exemple de cette pop metal, un semblant d’énervement, une rythmique de supermarché, un non instrumental et un refrain à deux balles. Et même si ‘Atrium’ pourrait rentrer dans cette catégorie, car il est composé comme un tube, il fonctionne, sans doute grâce à son refrain accrocheur.
‘No Beacon To Illuminate Our Fall’ prend un peu plus de libertés musicales avec le carcan catatonique, notamment les claviers et les guitares qui prennent leurs aises pour une fois et le chant qui sort de sa ligne mélodique de confort. Et puis ‘Absconder’ termine l’album de manière relativement abrupte, genre on ne savait pas comment finir, vous savez, nous ne voulions pas rater notre avion.
Il ne faudrait pas comparer Sky Void of Stars avec un Dead End King ou un City Burials, mais comment faire, à part sombrer dans l’amnésie. Ceci dit, après les avoir réécouté, je me rends compte que je suis nettement moins avide de ce metal mélancolique qu’à une certaine époque.
Sky Void of Stars plaira au plus grand nombre mais sans doute pas aux puristes de Katatonia. Vous pouvez toutefois le découvrir sur Bandcamp pour vous faire une idée.
Lors du concert de Out5ide le vendredi 13 janvier, Philippe Rau, guitariste du groupe, m’a parlé du projet Plus 33 qui prépare un second album sur lequel il joue. Un album de rock progressif instrumental quatre titres, tout ce qu’il fallait pour titiller ma curiosité.
Alors je suis allé écouter leur premier effort, Open Window, sorti en 2020 et disponible sur Bandcamp.
Plus 33 est le projet du claviériste Didier Grillot accompagné ici de Lloyd Wright à la guitare, Paul Susan à la basse, Dave Wilde au saxophone et flûte et Adam Sinclair à la batterie. Didier fut le claviériste du groupe Outside jusque Freedom en 2002. C’est donc naturellement que de retour en France, il s’est tourné vers Philippe pour jouer les guitares sur le prochain album.
Mais parlons de Open Window en attendant le prochain album. Un disque cinq titres d’un peu moins d’une heure, cent pour cent instrumental qui décline les quatre éléments en musique plus un épilogue. Côté style, il s’agit d’un prog instrumental atmosphérique parfois jazzy dominé par les claviers où pointe parfois du piano classique comme dans le troisième mouvement de ‘Water’ et dans ‘Epilogue’.
‘Water’ s’ouvre sur un mouvement jazzy contemplatif et se poursuit sur un chant de baleines à la guitare rapidement remplacé par le saxophone, le piano et la flûte traversière. Toujours liquide, la musique se fait impressionniste au piano, dévoilant tout le talent de Didier Grillot sur cet instrument.
Le quatrième mouvement est quant à lui nettement plus dans la veine du rock progressif symphonique avec force de claviers et guitare. Du prog seventies avec quelques accents Road 66 à la guitare. Des eaux plus tumultueuses on va dire. Puis ‘Contemplation’ nous offre une accalmie liquide, une plongée sous la surface à la manière du Grand Bleu.
L’album nous ramène ensuite sur la terre ferme avec le premier des trois chapitres de ‘Earth’. Un retour à la fusion sur du piano électrique, de la batterie, de la basse, de la guitare, un saxophone dans tous ses états et des claviers pour terminer. La ‘Douce Ivresse’ se joue à la flûte traversière et aux nappes de claviers, un je ne sais quoi de l’Heptade d’Harmonium, juste divin. Le troisième mouvement, ‘You, Us, Them’, se pare de guitare acoustique, de flûte, de piano et de notes graves de synthés dans la continuité de la piste précédente, mais cette fois de nuit.
C’est avec le feu que se poursuit Open Window, une première pièce progressive un peu orientaliste où claviers et guitares mènent la danse. Le second et dernier mouvement du feu est rock expérimental et psyché, un pur bonheur !
Le quatrième et dernier élément est l’air en deux mouvements. Le premier est planant et très cinématique, tout aux claviers de Didier façon Vangelis et le second, très cool également est plus dans un mood hawaïen.
Open Window s’achève par un épilogue de plus de cinq minutes qui revient à la musique impressionniste pour finir façon piano bar.
L’album contient de très beaux passages et d’autres plus classiques. Un instrumental varié entre jazz, prog, classique et atmosphérique joué par des musiciens talentueux qui s’écoute et se réécoute avec bonheur. Vous pouvez le découvrir sur Bandcamp.
Cette semaine de nombreux événements allaient chambouler ma vie paisible. Mon directeur adjoint partait à la retraite, trois cartons pour un poids total de quarante kilos étaient livrés par Chronopost à la maison, mon épouse tombait malade pour la cinquième fois en un an, Klone jouait au Noumatrouf à Mulhouse et Messa passait le jeudi soir au P8 à Karlsruhe.
Je vous ai déjà parlé de Messa et de leur album Close, du doom stoner chamanique italien chanté par une déesse. Malgré la fatigue de la semaine et un début de crève (allez savoir qui m’a refilé ça), j’ai décidé de franchir le Rhin avec mon ami Seb pour découvrir le groupe en live.
Le P8 est une salle récente en périphérie de Karlsruhe où jouait King Buffalo il y a quelques mois. Un quadrilatère de béton en pleine zone artisanale servant de dortoir aux routiers, une salle associative où j’ai obtenu sans difficulté une accréditation photo à condition de ne pas photographier le staff ni le public, sauf du fond de la salle. J’ai connu pas mal de restrictions photos surprenantes depuis des années, mais jamais encores celles-là.
L’affiche annonçait Julinko et Messa. Un concert commençant à 20h ce qui nous laissait une bonne heure devant nous pour nous déshydrater et refaire la réforme de retraites autour d’une bière, car ce jour là, en France, c’était la grève générale, enfin, pas pour nous. Bonne surprise, le public allemand a répondu présent et la salle est assez bien remplie, même pour la première partie.
Vous connaissez maintenant Messa j’espère, si ce n’est pas le cas, dépêchez vous de lire ma chronique, mais sans doute ne connaissez-vous pas Julinko, un projet solo confidentiel, italien également, Giulia Parin Zecchin une guitariste chanteuse qui donne dans un psyché doom drone assez space. J’avoue que ce que j’ai écouté sur Bandcamp m’a laissé dubitatif. Des loops, des effets sur le chant, un peu de guitares, beaucoup d’enregistrements bruitages, Julinko joue d’atmosphères étranges et le set d’une heure ressemble à un long morceau. Mais comme l’a dit Seb, après avoir bu cinq bières, on finit par rentrer dedans… Je n’ai bu qu’une bière pour ma part (j’étais le chauffeur du soir), et je ne suis pas vraiment convaincu.
Messa arrive juste après et là, ne nous mentons, c’est juste magnifique. La chanteuse malgré les cigarettes et la bière pose sa magnifique voix parfaitement au diapason sur le doom shoe gaze des trois musiciens. Dès le premier titre je tombe en pâmoison. Les morceaux s’enchaînent avec maestria, montant en puissance, le guitariste nous livre un somptueux solo andalou oriental et la chanteuse nous éblouit. Le groupe joue principalement leur dernier album Close avec quelques retours en arrière dans le passé qui donnent envie d’explorer leur discographie plus à fond. Le concert s’achève bien trop vite à mon goût même si je suis fatigué et affamé.
Pour les photos j’ai fait comme j’ai pu. Pour Messa il s’agissait principalement d’éclairages rouges qui mettent en panique tout bon autofocus qui se respecte. Finalement c’est Julinko qui a bénéficié des éclairages les plus élaborés, il y avait également plus de place pendant son set pour bien se placer. Vous pouvez les regarder sur Flickr.
Une belle soirée arrosée de bière allemande au son du doom ténébreux de Messa dans une salle qui ma foi, donne envie de revenir.
Avertissement : si vous n’aimez pas le slam, si vous vomissez le djent, si l’indus vous donne de l’urticaire, si le growl vous fait gerber, alors passez votre chemin. Aujourd’hui ça va faire mal.
Luc, le plus ancien et le plus jeune des chroniqueurs de Neoprog – cherchez l’erreur – m’a recommandé dernièrement l’album Savages du groupe de metalcore français The Dali Thundering Concept. Comme dit justement, Luc est jeune, je pourrais être son père.
D’ailleurs, Luc ! Je suis ton père…
Il est plein de fougue et chroniquait les promotions les plus improbables de Neoprog avec une plume acérée. J’ai essayé Savages, mais contrairement à Luc, je n’ai jamais été vraiment fougueux et ma jeunesse est loin derrière mes rhumatismes. Savages m’a semblé intéressant mais clairement trop sauvage pour mes chastes oreilles.
Cela ne m’a pas découragé pour autant, car j’adore le djent. Un soir, j’ai écouté le dernier album du groupe All Mighty, Men – Drifting Through a Prosthetic Era sorti en janvier 2022, un disque dix titres pour seulement trente-six minutes.
L’écoute du premier morceau a suffi à me convaincre, j’ai commandé le CD, en priant pour que le reste soit du même tonneau. En réalité, la suite est encore meilleure.
Le groupe est un quatuor français qui mélange allègrement sur dix pistes djent, metalcore, slam, néo classique, électro, growl tout en parlant d’écologie en anglais. Autant dire que ça pique, surtout pour un vieux schnock comme moi. Ca pique oui, mais c’est juste génial.
La pochette représentant un visage brisé au milieu tenu par deux mains sculptées dans le plâtre a immédiatement attiré mon attention, une superbe accroche comme le morceau d’ouverture. L’album est un concept sur l’humanité, le futur et l’écologie : “God is dead, long live man, all mighty men.”.
Quatre instrumentaux aèrent le growl et le slam torturé. Le disque existe d’ailleurs également en édition instrumentale pour ceux qui n’aiment pas le chant crié.
‘God Is Dead’, qui m’a donné envie de plonger, dans l’album explore l’électro cinématique sur un voix vocodée, virant ensuite au djent symphonique grandiloquent sur des orgues d’église avec, pour finir, des chœurs hurlés. ‘Styx’ donne dans le néo-classique au piano et violon un peu tzigane, une accalmie salutaire après le violent ‘Lost In Transaction’. ‘Serenading Silence’ propose deux minutes trente-neuf secondes de Plini avec une guitare lumineuse et des petites notes claires métronomiques. Le très court ‘Alone’ joue du cinématique à la Vangelis, des accords sombres qui sonnent dans l’immensité noire et qui vont crescendo pour ouvrir le djent de ‘Enter The Limbo’.
Et puis il y a des surprises comme le ‘Long Live Man’ qui use de slam avant de se déchirer les cordes vocales sur du métal prog djent symphonique. C’est violent, mais quelle claque ! Que dire de ‘The Sea Starts Here’ aux accents orientaux où un growl carrément caverneux, limite goret, écrase un djent metalcore avant de revenir à un rap de souk. N’oublions pas le dernier morceau, ‘Candid Monster’ au chant clair sublime, slam et musique cinématique qui conclut ces trente-six minutes spectaculaires en douceur, enfin, presque.
Nous serions encore en 2022, je vous dirais que je viens de trouver mon album de l’année, parce sincèrement, All Mighty Men – Drifting Through a Prosthetic Era est juste extraordinaire. Je ne peux que vous recommander The Dali Thundering Concept. Il est sur Bandcamp, en version instrumentale également et vous trouverez aussi Savages dans lequel je vais me replonger avec plus de sérieux.
Ma chérie est musicienne (tiens j’ai l’impression d’avoir commencé un billet de la même manière), pianiste, violoncelliste, altiste (c’est nouveau ça), elle joue dans un orchestre amateur et leur concert annuel avait lieu le 8 février dernier.
Comme j’avais photographié leurs deux précédentes performances, certaines personnes m’ont demandé de revenir cette année pour immortaliser cet événement culturel majeur. Je ne me suis pas fait prier, l’occasion de justifier auprès de mon épouse le scandaleux budget que je consacre à ma passion.
À 16h, après une dure journée de labeur, j’ai pris le tram direction le conservatoire de musique de Strasbourg pour assister aux répétitions. Au pluriel car deux orchestres se produisaient, celui des enfants nouvellement constitué et celui des adultes qui existe déjà depuis quelques années.
L’auditorium du conservatoire est une très belle salle à l’acoustique fabuleuse. Des murs en bois pour une atmosphère cosy souvent éclairée de lumières très chaudes. Son seul défaut est que le premier rang se situe juste contre la scène et que lorsque la salle est comble, il est impossible de circuler d’un côté à l’autre à moins de remonter toutes les marches et de faire le tour par le fond. Et évidemment, ce soir là, les deux orchestres jouaient à guichet fermé.
Juste avant les répétitions, je me suis fait briefer sur les accès aux coulisses afin de photographier la soirée selon des perspectives différentes de celles de l’an passé. Le passage du bord droit au bord gauche de la scène demande une longue course dans des couloirs interdits au public et rejoindre la salle depuis les coulisses est encore plus complexe.
Lors de mes repérages le personnel du conservatoire s’est posé quelques questions en voyant cet hurluberlu avec son appareil photo et son gros sac déambuler dans les entrailles du bâtiment. Mais après quelques passages, ils n’ont plus posé de questions.
Le plus important dans les coulisses c’est de ne pas se prendre les pieds dans les étuis de violoncelle, de naviguer entre les pupitres et les chaises, de ne pas jurer à haute voix lors d’une photo ratée et surtout, surtout, de ne pas claquer les portes derrière soi.
Avant de partir, j’ai pesé mon sac au travail, 7.5 Kg sans la bouteille d’eau ! Un Nikon Z6 II avec le grip, un Nikkor Z 24-70 mm f 2.8, un Tamron 70-200 mm f 2.8 avec la bague FTZ, un Samyang Z 12 mm et un flash cobra Godox au cas où. Il faut toujours être prévoyant.
La plupart du temps j’ai travaillé au Tamron 70-200, il est lourd mais couvre de nombreuses situations. Avec les éclairages de la salle et les costumes noirs des musiciens j’ai souvent flirté avec les 5000 ISO tout en restant ouvert à 2.8 mais le fabuleux autofocus du Z6 a toujours bien accroché mes sujets.
Les répétitions ont été l’occasion de réaliser des clichés que je ne pourrais plus faire pendant le concert, m’aventurant discrètement sur la scène sans trop déranger les musiciens et le chef. Ne voulant pas être trop intrusif, j’essaye de saisir les musiciens de loin. C’est mon côté timide et bien éduqué qui ressurgit. Évidemment la qualité des images et la lumière s’en ressent un peu. Mais bon, on ne se refait pas.
Charlie, le chef d’orchestre des adultes, passe son temps à faire le pitre et il est bien difficile de garder son sérieux en coulisses. Il ne se lache que pendant les répétitions mais c’est un festival. Certains musiciens restent stoïques mais d’autres sont explosés de rire comme mon épouse au milieu de sept autres violoncellistes (oui c’est beaucoup pour un orchestre).
Etienne, celui qui dirige les enfants, est nettement plus austère, déguisé comme pour aller à la messe, il ressemble plus à un prédicateur. Les petits eux, ont la pétoche. Le premier qui moufte, je le plante avec ma baguette…
Cette année, mon délire fut d’essayer de photographier l’orchestre de très loin avec le public dans divers éclairages et angles. Fini les gros plans sur les musiciens (il y a en quand même quelques uns), je voulais la salle vue d’en haut, du fond de la scène, des coulisses et sur les côtés. Des images acrobatiques car très sombres nécessitant pas mal de travail en post production. Je me suis quand même déchaîné sur les chef d’orchestre et la soliste de la soirée histoire de faire un peu mon travail si je veux pouvoir revenir la prochaine fois.
Tout ça pour vous dire que j’ai couru plusieurs kilomètres de 16h30 à 20h00 avec 7.5 kg sur le dos avec juste un demi litre d’eau pour me réhydrater et surtout le ventre vide.
Deux répétitions, deux concerts et 370 photographies plus tard, alors que mon épouse fêtait sa brillante prestation au restaurant avec 24 autres musiciens, je suis rentré en tram à la maison avec mon matériel et le violoncelle alors que ma chérie disposait de la voiture. Heureusement que mon petit dernier était là pour faire le porteur.
J’ai sélectionné 41 photos que j’ai ensuite développé sous Lightroom, couleur et noir et blanc comme à mon habitude avec cette fois une assez grande utilisation des masques pour séparer le sujet principal du reste de la scène.
Une très belle soirée musicale où j’ai pu allier ma passion pour la photographie avec celle de la musique, muscler mes jambes, perdre quelques kilos et constater que si ma femme me laisse tomber trois soirs par semaine, c’est bien pour jouer de la musique et non jouer à la cougar avec je ne sais qui.
Verbal Delirium est né au pied du Pirée en 2006. Un quintet de rock progressif dont le quatrième album Conundrum voyait le jour en novembre de l’année dernière.
Je dois cette découverte à Gerlinde Roth, une parfaite inconnue avec qui je partage des goûts musicaux et des amis Facebook.
Outre les cinq musiciens du groupe, chant, basse, claviers, guitares et batterie, Verbal Delirium s’entoure de nombreux artistes avec, sur cet album, un violoniste, un saxophoniste clarinettiste et plusieurs chanteurs.
Leur musique est d’une grande richesse, mêlant folk, symphonique, metal, rock, progressif, chœurs et si les mélodies sont extrêmement variées, l’album ne part pas pour autant dans toutes les directions.
Verbal Delirium puise ses inspirations chez Queen, The Beatles ou encore Pain of Salvation. Autant dire que leur musique est riche et un petit peu barrée.
L’album Conundrum se décline en huit morceaux pour cinquante minutes avec deux pièces qui dépassent allègrement les neuf minutes : ‘The Watcher’ et ‘Neon Eye Cage’.
Verbal Delirium passe du grandiloquent ‘Falling’ aux influences symphoniques et metal à l’improbable titre album instrumental ‘Conundrum’. Un titre folk dansant digne des excès du rock progressif des seventies.
‘In Pieces’ vous fera songer aux Beatles mais également à Pink Floyd. C’est si bien écrit que je n’y vois aucun plagiat, tout au plus un très bel hommage. Et son final improbable à la Carl Orff s’intègre étonnamment bien dans le morceau.
‘Intruders’ fait beaucoup penser à Queen de part son exubérance, quelques passages vocaux fabuleux et même les guitares.
Mon titre préféré s’intitule ‘Children Of Water’ où le chant de Jorgon fait des étincelles sur une musique assez géniale, proche du Pain Of Salvation période Scarsick. ‘The Watcher’ est également assez barré dans le genre, limite grotesque avec un refrain en total contrepoint avec les couplets qui virent au metal.
Enfin la ballade violon piano de ‘Fall From Grace’ vous emportera tel un ‘Gentlemen’s Excuse Me’ de Fish avec en prime une magnifique section de guitare dans les dernières secondes.
Conundrum n’est pas le genre d’album que j’affectionne particulièrement d’ordinaire. Les trucs un peu barrés, les rythmes dansants et les mélanges ne font pas bon ménage sur mes enceintes. Pourtant j’adore cet album. Je ne peux que vous le recommander chaudement.
Je vais d’ailleurs explorer leurs autres compositions pour me faire une meilleure idée de ce groupe atypique et talentueux grec.
Ma chérie est musicienne, pianiste, violoncelliste, elle joue dans un orchestre amateur, fait de la musique de chambre et travaille des pièces avec d’autres artistes. Elle a même apporté sa contribution à un album de rock façon Noir Désir. Une star !
Trois soirs par semaine, elle est dehors, rentrant à point d’heure. Elle s’absente également le week-end pour des répétitions et les autres soirées pour assister des concerts. Bref, elle est à fond.
Certaines mauvaises langues pourraient insinuer que mon épouse me trompe trois jours par semaine, voire plus. Ces personnes ont peut-être raison en réalité, mais quelle santé ! Car elle fait aussi beaucoup de musique.
Cette année elle joue en public avec l’orchestre le lendemain de mes cinquante-sept ans et donne un récital de musique de chambre le premier avril. Enfin, ça, c’est ce qu’elle m’a annoncé mais je soupçonne qu’elle me cache encore quelques dates pour me ménager. Son agenda est bien rempli.
Comme je fais de la photographie à mes heures perdues, elle me met à contribution pour couvrir les concerts, ce qui, je dois l’avouer, n’est pas pour me déplaire. Mais elle m’embauche également pour préparer les affiches des événements.
La dernière de ses requêtes farfelues, était de préparer l’annonce du récital du premier avril. L’idée était de présenter son violoncelle chéri (je passe après lui, le piano, ses deux chefs d’orchestre et ses amants). Une photographie du violoncelle et son de archet mais pas la musicienne.
Vous avez déjà vu un violoncelle qui tient debout tout seul avec l’archet posé sur les cordes ? Non ? C’est normal, c’est impossible. Pourtant c’est ce que j’ai réalisé en studio.
Pour ce faire, j’ai utilisé un fond noir tendu sur un cadre et débordant sur le sol. J’ai placé deux softbox pour l’éclairage, au raz de la moquette, l’autre au-dessus du sol. J’ai limité autant que faire se peut les plis du tissu et posé le violoncelle à plat dessus. Après quelques ajustements des projecteurs pour limiter les reflets disgracieux, j’ai commencé le shooting, cherchant les angles les plus intéressants.
Pour ce faire, j’ai utilisé le Nikon Z6 II et le Nikkor Z 24-70 mm 2.8s, mon objectif fétiche. J’ai travaillé également avec un pied afin de bien stabiliser l’ensemble et descendre le plus possible en ISO.
Il m’a fallu un vingtaine de clichés pour obtenir l’image que je recherchais. J’en ai sélectionné trois que j’ai ensuite retravaillées sous Lightroom.
Après un développement sommaire, balance des blanc, lumières, saturation, je me suis attaqué à la retouche. Un fond noir n’est jamais totalement noir, surtout éclairé par deux projecteurs de 60 W. J’ai commencé par isoler finement le sujet avec des masques. J’ai ensuite inversé cette sélection et obscurci tout ce qui entourait le violoncelle pour donner l’impression qu’il flotte dans le vide.
Je suis ensuite revenu au masque du sujet, le violoncelle et son archet, pour donner plus de peps à l’instrument. Clarté, texture, blanc, contraste, ajustement des teintes jusqu’à obtenir un rendu réaliste et agréable.
La dernière étape a été de réaliser quelques retouches locales pour masquer les rares imperfections du bois sans pour autant rechercher la perfection visuelle.
La photo est prête, reste à réaliser l’affiche, le plus difficile pour moi car je ne possède aucune connaissance de la mise en page, des polices etc et encore moins la maîtrise de Pages, le seul outil dont je dispose à la maison pour ce genre d’activité. Ma femme pourrait embaucher un amant infographiste pour me simplifier la vie. Idéalement, si cela pouvait être une fille sexy pour changer, on pourrait partager…