Universe Effects – The Distance

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J’ignore qui m’a tuyauté sur le groupe québécois Universe Effects. Mais, qui qu’il soit, je l’en remercie.

Je suivais sans le savoir le quintet de cousins depuis quelques temps déjà sur Bandcamp quand leur nouvel album The Distance est sorti sans prévenir. J’y ai jeté une oreille intriguée et si je vous en parle aujourd’hui, c’est que leur musique m’a clairement tapé dans l’oreille.

Universe Effects existe depuis 2015 mais n’a composé que trois albums en comptant le dernier.

The Distance, ce sont quatre morceaux pour moins d’une demie heure de metal progressif. Une musique qui emprunte au cinématique symphonique, au djent comme au jazz.

Le timbre de Gabriel Antoine Vallée, le chanteur du groupe, est reconnaissable entre tous. Il surprend tout d’abord, d’autant que le chant est très présent sur l’album et finit par prendre aux tripes. Les claviers de Francis Grégoire sont omniprésents et souvent virtuoses comme dans le premier titre ‘Layers’. Mais les guitares aux solis lumineux de Gabriel Cyr ne sont pas en reste loin de là. Quant à la section rythmique tenue par Alexandre Hudon et Dominic Tapin-Brousseau, elle est la colonne vertébrale de ces compositions protéiformes, s’offrant régulièrement quelques mesures de bravoure.

La pochette de The Distance s’apparente à de l’art graphique. Une photographie hyper contrastée de drone prise à la verticale du bord de mer où le blanc de l’écune tranche avec le roux des rochers, séparé par une bande de sable noir. Une thématique déjà exploitée pour leur single ‘Layers’ sorti au mois de février.

Ce titre, qui débute l’album, donne dans le djent  électro cinématique à la manière d’un Tesseract.  Il fait également songer à un Dream Theater avec ses claviers virtuoses.

‘Waves’ débute de manière nettement plus apaisée entre piano et guitare jazzy et explose après trois minutes pour retomber dans la fusion cent-vingt secondes plus tard un peu dans le style de Sanguine Hum.

‘Flow’ est dans la pure veine d’un metal progressif technique et virtuose qui trouve tout de même le temps de se poser sur les couplets plus calmes. Il s’offre également une courte section instrumentale construite sur plusieurs soli de guitare, clavier et de basse.

‘Release’, le long format de neuf minutes qui conclut trop vite cet album, joue avec la forme symphonique. On est pas loin encore une fois d’un Dream Theater avec son emphase mais dans un traitement nettement plus subtil.

Universe Effects est ma première découverte de l’année. Plus je l’écoute, plus je lui découvre de nouvelles qualités. Je vous le recommande donc et de mon côté, je vais explorer leur deux autres albums de ce pas.

Mystery Chez Paulette

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Si j’ai manqué les concert de Petter Carlsen et celui d’Altesia à Pagney-derrière-Barine, je ne pouvais faire l’impasse sur celui des québécois de Mystery

Le brouillard ne donnait pourtant pas envie de prendre la route mais comme mes indicateurs biologiques étaient au vert, je suis parti me perdre sur les petites route de Meurte-et-Moselle.

Mystery est une formation de rock progressif menée par le fabuleux guitariste Michel Saint-Père et le chanteur charismatique Jean Pageau. Un groupe qui a débuté sur des fondations néo-progressives et qui sur les deux derniers albums vire plus au prog symphonique. 

Ce sont des habitués de Chez Paulette où ils se produisent régulièrement et à chaque fois pour leur unique date française. La dernière fois qu’ils sont passés, c’était en 2018 et je n’étais pas au top de ma forme pour apprécier leur prestation à sa juste mesure.

Comme d’habitude, un concert chez Paulette est l’occasion de retrouvailles avec de vieux amis, les organisateurs de la soirée et des amateurs de rock progressif. Autrefois je discutais avec une poignée de lecteurs du magazine Neoprog, aujourd’hui c’est avec ceux qui suivent les Chroniques en Images. Des retours sympathiques et encourageants qui donnent envie de poursuivre l’aventure.

Je suis venu avec un seul appareil photo, le Nikon Z6 II que je redécouvre en ce moment. J’ai pris deux cailloux, le 24-70 et le 70-200 tous deux ouverts à 2.8 constant et au final je n’utiliserai exclusivement que la longue focale. Des photos plaisir sans contrainte qui me permettent également de profiter pleinement de la musique.

Mystery arrive vers 20h30 dans une salle bien remplie mais pas comble. Il y a toutefois beaucoup plus de monde que pour Petter Carlsen et Tanyc. 

Le groupe va jouer plus de trois heures avec un petit break en milieu de soirée, une sacré performance surtout en fin de tournée européenne.

Outre les grands classiques de leur répertoire comme ‘Delusion Rain’, ils nous jouent un nouveau titre de leur prochain album ‘Behind the Mirror’ qui devrait être dans les bacs en avril 2023.

La bonne humeur est au rendez-vous, les ‘cousins’ ne manquent pas d’humour quand le bassiste explique pourquoi il est assis pour jouer et que le batteur explique à son tour pourquoi lui aussi est sur un tabouret. Jean Pageau chante comme toujours au diapason même s’il a plus de mal avec sa flûte traversière et les soli de guitares sont à tomber par terre.

Ils terminent leur set par deux titres assez rocks dans l’esprit de Rush (ne me demandez pas lesquels) avant de rejoindre les fans dans la salle pour discuter avec eux et signer des autographes. Moi je repars avec un vinyle, la réédition de l’album Beneath The Veil Of Winter’s Face datant de 2007. Autant en profiter lorsque l’on connait les frais de port et de douane lorsque l’on achète quelque chose au Canada.

Mystery a promis de revenir prochainement Chez Paulette, peut-être pour la promotion de leur prochain album qui sait ? En attendant l’association ArpegiA nous prépare pour 2023 un concert de RPWL et également, une grosse grosse surprise, mais ils n’ont pas voulu me dire qui, ça n’est pas encore signé.

Alex Henry Foster – windows in the sky

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Le 28 octobre j’étais à La Laiterie à Strasbourg pour écouter The Pineapple Thief. Et en première partie, se produisait le québécois Alex Henry Foster, l’ex leader du groupe Your Favorite Enemies.

Je m’attendais à un gars seul devant un micro avec sa guitare électro acoustique. A la place, ce furent deux batteries, trois guitares électriques, des claviers, une saxophoniste choriste et un frontman fou à lunettes embuées qui envahirent la scène.

Après une longue ouverture post-rock cinématique, une bombe explosa le dôme de silence, une tempête de colère froide, d’infra basses, de guitares jouées à l’archet et une voix mi slam mi chantée désespérée. Un tsunami émotionnel et sonore de plus de quinze minutes intitulé ‘The Hunter’. J’étais à terre, conquis.

Ce n’est pas tous les jours qu’une première partie me fait cet effet là. Surtout lorsque je ne connais pas l’artiste. Alors, évidemment, je suis reparti avec le vinyle dédicacé par Alex et le teeshirt pour faire bonne mesure. 

La pochette où figure un portrait de l’artiste flouté, cache deux étuis blancs qui ensemble reconstituent la photographie en noir et blanc d’un colibri, oiseau symbole de guérison de l’âme. 

Et il devra œuvrer cet oiseau-mouche pour soulager l’infinie douleur qui règne sur cet album.

windows in the sky est un premier album d’une heure et huit morceaux qui n’aurait jamais dû exister. Un voyage thérapie à Tanger aux confins du chagrin où Alex parle du deuil, celui de son père décédé en 2016.

Post-rock, cinématique, trip-hop, parlé, chanté, l’album ne possède pas la violence de leur prestation live. Il est nettement plus en retenue et moins contrasté. 

Cela n’enlève rien à sa beauté torturée, devenue juste plus intérieure. Le voyage se fait également avec les mots traduits en français que vous pourrez découvrir sur son site. Une manière de mieux comprendre l’univers désespéré de windows in the sky.

Alex m’a expliqué à la fin du concert, que chacune de ses prestations live était différente avec toujours une grande part d’improvisation. 

Si vous écoutez Standing Under Bright Lights, son live à Montréal sur Bandcamp, vous pourrez apprécier la différence avec l’album studio.

Fort, torturé, désespéré sont des adjectifs qui collent à la peau de cet album atypique. Attention cependant, si vous êtes dépressif chronique, évitez son écoute à haute dose, ça ne va sans doute pas vous aider beaucoup.

Une voix désespérée déclame des “The Beginning Is The End” sur des cordes torturées, des battements de coeur, des basses et des claviers cinématiques hallucinogènes. 

La musique se cherche, se répète, annonçant la tempête qui n’explose jamais vraiment. Des constructions sonores planantes et tendues rythmées par les mots de Alex Henry.

L’album, en plus d’être sublime, remue beaucoup d’émotions enfouies en nous. Mais peut-être faut-il être un rescapé de l’existence pour appréhender pleinement la beauté de windows in the sky. 

Teeshirt : Alex Henry Foster