Les Somnambules

Image

J’ai lu deux critiques enthousiastes de ce roman, une sur Babelio, l’autre sur le blog EmOtionS alors quand je suis allé chez mon libraire, je m’attendais à trouver le livre en bonne place dans le rayons. Mais non, il était bien caché, et quand j’ai annoncé au libraire que ce bouquin semblait faire un carton, il m’a répondu goguenard : « Je n’en ai vendu qu’un seul exemplaire, celui-ci. ». Damned ! Il faut dire que parler de pandémie de fin du monde ces temps-ci… enfin bon.

Ce roman se lit comme un road movie. Un road movie dans lequel les héros, suivent un, puis deux, puis trois, puis mille-vingt-quatre marcheurs entourés de leurs bergers. Un road movie de fin du monde, traversant les États-Unis à cinq kilomètres à l’heure.

Un roman épais de mille-cent-soixante-sept pages où il ne se passe finalement pas tant que ça d’évènements, un roman où se rencontrent les destins d’américains de tout âges, venus de tous les états, issus de tous les milieux.

La première à prendre la route s’appelait Nessie, une adolescente surdouée venue d’une ferme, marchant comme une somnambule, insensible à toute forme de sollicitation extérieure. Le premier des bergers fut sa grande sœur Shana, abandonnant tout pour protéger Nessie devenue une sorte de zombie. D’autres arrivèrent peu à peu et le troupeau grossit attirant la curiosité des scientifiques et la crainte puis la peur de la population.

Et pendant que le troupeau avance, infatigable, jour et nuit, une pandémie mortelle commence à décimer la population sombrant le monde dans le chaos.

Jusqu’à la révélation, aux trois-quarts du roman, les pages s’avalent plus vite que les kilomètres parcourus par les somnambules. Et même si je lisais sans réclamer d’explications, lorsqu’elle est arrivée, je l’ai trouvée décevante ce qui a rendu la fin plus laborieuse à lire. Les cent dernières pages prirent plus de temps à lire que les mille premières. Par chance l’auteur réussi le tour de force, dans le tout dernier chapitre, de rendre la catastrophe racontée pendant plus de mille pages plus noire encore.

J’ai aimé que Chuck Wending, à la manière de Franck Herbert dans Dune en son temps, commence chaque chapitre par une citation, un tweet, un extrait de podcast, une conversation, de quelques lignes à une page de texte qui donnent un autre point de vue sur l’histoire qu’il nous raconte.

Le roman porte également un fort message anti suprémacistes blancs très en vogue aux U.S.A. depuis le mandat de Donald Trump. Et depuis le début de la pandémie de COVID-19, Les Somnambules, paru en 2019, semble presque hélas, un roman prophétique.

Prévoyez quelques jours pour arriver au bout du roman, et si vous broyez du noir à cause de la pandémie actuelle de COVID-19, lisez-le quand tout ira mieux.

Electricity

Image

Vous saviez qu’Ewan McGregor était un motard ? Moi non, même si j’ai vu presque tout ses films. Avec un pote il fait régulièrement des road trips en moto à travers le monde et cette fois il a décidé de remonter l’Amérique du sud, de Ushuaïa jusque Los Angeles. 

Pourquoi pas me direz-vous ? Oui mais attention un road trip en moto électrique car « l’électricité c’est l’avenir », dixit Ewan. 

Le hic c’est qu’au moment de l’expédition, les motos électriques, ça ne courrait pas les routes, pas plus que les pickups 4×4 électriques pour accompagner l’expédition. Alors pendant le premier épisode on découvre l’équipe bossant avec des constructeurs auto et moto pour leur fabriquer des prototypes.

Le second problème, c’est qu’avec deux-cent-cinquante kilomètres d’autonomie et plus de vingt-mille kilomètres à parcourir, il faudrait recharger souvent, très souvent. Et les bornes de recharge rapide se comptent sur les doigts d’une main sur leur chemin.

Alors ni une ni deux, ils font installer cent-cinquante bornes de chargement sur leur route. Heu ? Sérieux ? Oui oui, juste pour que deux gars remontent en motos électriques l’Amérique du sud. Le comble c’est que leur caméraman, lui aussi à moto, aura un moteur thermique et que le van transportant les panneaux solaires de recharge, est un gros diésel qui pue.

Je résume: Ewan et son pote voyagent léger et incognito en motos électriques d’Ushuaia jusque Los Angeles accompagné de deux gros SUV électriques, d’une moto thermique, d’un van diésel sur une route jalonnée de stations de chargeurs rapudes installées juste pour eux. Le message écolo est limpide.

Cerise sur le gâteau les gars ont moyennement anticipé que s’il fait chaud chez eux, c’est parce que l’hiver bat son plein sous l’équateur. Et, si vous ne le saviez pas encore, les batteries chargent mal dans le froid et leur rendement est nettement moins bon.

Après un pilote prototypes, les trois épisodes suivants sont consacrés à trouver une prise électrique entre l’Argentine et le Chili, à arriver au bac avant qu’il ne s’en aille ou avant la panne seiche. 

Les gars sont tellement bien préparés qu’à deux reprises ils font venir un groupe électrogène monté sur un camion pour recharger les véhicules en plein milieu de nulle part. Respect !

Vous savez quoi ? Je n’aime pas les grosses cylindrées chromées et les bikers. J’ai toujours trouvé que les véhicules électriques étaient la plus grosse mascarade du siècle. Mais j’aime bien Ewan McGregor, enfin les personnages qu’il incarne et j’adore voyager en images. Mais là franchement, je me demande encore pour quelle raison je regarde ces épisodes. Peut-être dans l’espoir que la production ne lance le chantier d’une centrale nucléaire dans les Andes pour que nos deux bikers terminent leur périple en temps et en heure ?
Electricity

Vous saviez qu’Ewan McGregor était un motard ? Moi non, même si j’ai vu tout ses films. Avec un pote il fait régulièrement des road trips en moto à travers le monde et cette fois il a décidé de remonter l’Amérique du sud, de Ushuaïa jusque Los Angeles. 

Pourquoi pas me direz-vous ? Oui mais attention un road trip en moto électrique car l’électricité c’est l’avenir, dixit Ewan. 

Le hic c’est qu’au moment de l’expédition, les motos électriques, ça ne courrait pas les routes, pas plus que les pickups 4×4 électriques pour accompagner l’expédition. Alors pendant le premier épisode on voit l’équipe bosser avec des constructeurs auto et moto pour leur fabriquer des prototypes.

Le second problème, c’est qu’avec deux-cent-cinquante kilomètres d’autonomie et plus de vingt-mille à parcourir, il faudrait recharger souvent, très souvent. Et les bornes de recharge rapide se comptent sur les doigts d’une main sur leur chemin.

Alors ni une ni deux, ils font installer cent-cinquante bornes de chargement sur leur route. Heu ? Sérieux ? Oui oui, juste pour que deux gars remontent en motos électriques l’Amérique du sud. Le comble c’est que leur caméraman, lui aussi à moto, aura un moteur thermique et que le van transportant les panneaux solaires de recharge, est un gros diésel qui pue.

Je résume: Ewan et son pote voyagent léger et incognito en motos électriques d’ushuaia jusque Los Angeles accompagné de deux gros SUV électriques, d’une moto thermique, d’un van diésel sur une route jalonnée de stations de chargeurs rapudes installées juste pour eux. Le message écolo est limpide.

Cerise sur le gâteau les gars ont moyennement anticipé que s’il fait chaud chez eux, c’est parce que l’hiver bat son plein sous l’équateur. Et, si vous ne le saviez pas encore, les batteries chargent mal dans le froid et leur rendement est nettement moins bon.

Après un pilote prototypes, les trois épisodes suivants sont consacrés à trouver une prise électrique entre l’Argentine et le Chili, à arriver au bac avant qu’il ne s’en aille ou avant la panne seiche. 

Les gars sont tellement bien préparés qu’à deux reprises ils font venir un groupe électrogène monté sur un camion pour recharger les véhicules en plein milieu de nulle part. Respect !

Vous savez quoi ? Je n’aime pas les grosses cylindrées chromées et les bikers. J’ai toujours trouvé que les véhicules électriques étaient la plus grosse mascarade du siècle. Mais j’aime bien Ewan McGregor, enfin les personnages qu’il incarne et j’adore voyager en images. Mais là franchement, je me demande encore pour quelle raison je regarde ces épisodes. Peut-être dans l’espoir que la production ne lance le chantier d’une centrale nucléaire dans les Andes pour que nos deux bikers terminent leur périple en temps et en heure ?

Dix années en quelques heures

Image

J’ai perdu dix années de vie en quelques heures. Sans cigarette, bouteille de vodka, drogue, les années se sont effacées de ma page Facebook. J’ai créé mon compte en 2010 et je l’ai alimenté de plus en plus fréquemment avant de me rendre compte de la futilité de tout cela et de me retirer petit à petit du réseau social.

Depuis quelque temps, je ne publie plus rien sur ma page personnelle, conservant mon compte pour maintenir la page du webzine en fonctionnement, puisque la chose semble indispensable pour conserver une fréquentation du site acceptable. D’ailleurs ce n’est même plus moi qui publie sur la page Facebook, j’ai délégué cette tâche à un autre membre du webzine.

J’en avais assez de voir ces vieilles publications sur mon mur, alors je me suis lancé dans le marathon de l’oubli, celui qui consiste à effacer toutes mes publications depuis dix ans.

Facebook propose un outil pour le faire. Sur votre profil existe le bouton Gérer les publications, qui vous permet à l’aide de filtres sophistiqués, de cases de sélection, de masquer ou de supprimer cinquante publications à la fois. Cinquante publications, soit environ la moitié de ce que je publiais en une semaine. Alors si je compte bien 100 publications fois 52 semaines fois 10 années, je devais actionner l’outil un peu plus de mille fois pour tout effacer.

Oui mais bon voilà quoi, c’est Facebook. La théorie ne colle jamais la réalité. L’outil fonctionne mal, il faut scroller sur les publications pour en sélectionner plus de quinze, mais pas trop scroller non plus sinon vous dépassez la limite des cinquante posts et vous devez désélectionner à la main ceux qui sont en trop.

Et puis au-delà de quinze et selon la direction du vent et l’humeur de madame, l’outil permet seulement de masquer les publications au lieu de les effacer et lorsque que vous les avez masquées il vous propose alors de les effacer, bref double travail. Et c’est sans compter les bugs, un effacement qui n’efface rien, ou qui efface mais ne met pas à jour les informations si bien que lorsque vous recommencez l’outil s’effondre.

Au bout du compte, cela fonctionne pour environ dix publications à la fois les bons jours, du coup c’est plus de cinq-milles opérations qu’il faudra faire pour effacer mon histoire, sans compter les bugs.

J’ai commencé ma croisade un vendredi vers 13h et ai presque tout effacé (il reste encore des photographies mais là c’est l’horreur) vers 19h. Six heures de dur labeur pour disparaître partiellement de la toile.

Ces données sont-elles réellement effacées des serveurs de Facebook, je ne le pense pas, et pour le coup je m’en moque, je voulais juste afficher un profil vierge de toute bêtise. J’en ai profité pour faire un grand ménage dans mes contacts, ceux avec qui je n’ai jamais d’interaction, pourquoi les conserver ?

Dans le même temps j’ai ouvert un compte Instagram pour le webzine mais ce n’est pas moi qui le gèrerai et pour la page Facebook, ce sera un autre membre de l’équipe qui s’en chargera. J’en ai ma claque des médias sociaux je l’avoue, mais depuis le temps vous vous en doutiez n’est-ce pas ?

En plus il s’agit quelque part d’un acte écologiste. Si Facebook efface bien mes données, j’allège la charge des data centers énergivores.

Une Anneke caniculaire

Image

Anneke van Giersbergen

Le thermomètre affiche 27 degrés centigrades dans le salon. Vautré sur le canapé vert bouteille, je patiente jusqu’au coucher du soleil, lorsque le mercure descendra sous le seuil raisonnablement tolérable des trente degrés. La platine joue l’intégrale des albums d’Anneke pendant que je lis Infinités de Vandana Singh.

Nous subissons la seconde vague de canicule de l’été. Cette fois elle devrait durer au moins dix jours, dix jours à plus de trente degrés centigrades, enfermés derrière des volets clos, déshydraté malgré toute l’eau bue, comateux, dormant en pointillés, allongé sur le parquet inconfortable du rez-de-chaussée.

Je viens d’un pays où 25 degrés semblaient une chaleur insupportable et où après deux journées de soleil, la pluie, le vent et les nuages revenaient en force.

Cet hiver, les minimales sont à peine descendues sous la barre du zéro. Pas de neige, pas de lac gelé, pas de bise glacée du nord-est. J’ai à peine allumé le chauffage et les végétaux n’auront eu qu’une trop courte dormance pour résister cette année.

Les conséquences du réchauffement climatique sont déjà perceptibles et cela ne fait que commencer à moins que ce ne soit qu’un épi phénomène et que mère nature va bientôt tout remettre en ordre. Un RAZ comme dans la nouvelle « Ecoute ! » dit l’oiseau-tipi.

Je pourrais creuser une piscine et plonger dedans pour aggraver la pénurie en eau. Je pourrais installer une climatisation et vivre à 20 degrés afin d’augmenter le réchauffement climatique. Je pourrais partir découvrir la banquise et les derniers ours polaires histoire de me rafraîchir les idées, ramener de belles images et augmenter la concentration en CO2 dans l’atmosphère au passage.

Mais non, je suis sur mon canapé vert anglais, tournant les pages de Infinités en écoutant Symphonized, me demandant quand est-ce que la température commencera à baisser, rêvant de retourner vivre en Bretagne alors que mon épouse pense à Aix en Provence.

L’usage de ventilateurs est déconseillé pour éviter de faire circuler le virus. Le port du masque est devenu obligatoire dans les espaces publics, bientôt ils vont nous annoncer que l’eau du réseau peut transmettre la maladie et qu’il faut éviter les douches et boire l’eau du robinet. 

Pour ce qui est du ventilateur, de toute façon, le son des palles brassant l’air poisseux gâcherait la délicieuse voix d’Anneke sublimée dans Let the Light In, son dernier live symphonique, hélas uniquement disponible pour l’instant qu’en digital. Alors pas de ventilo, quitte à mourir de chaud, la musique est plus importante que la souffrance.

Le soleil va tourner au sud-ouest, m’obligeant à fermer les derniers volets encore ouverts. Je ne pourrais plus lire faute de lumière mais il me reste Vuur, Verloren Verleden et Drive à écouter. Et puis l’obscurité convient parfaitement à mon mal de tête, car le manque de sommeil conjugué à la chaleur et la déshydratation sont un terreau favorable à mes épouvantables migraines hebdomadaires.

Ce soir, lorsque le soleil se couchera, que la température plongera sous les trente degrés, lorsque j’aurai écouté tous les albums d’Anneke, ceux d’Ayreon et de The Gathering compris, j’abandonnerai ma lecture pour aller écouter le live de PI au jardin des deux rives, eux aussi jouent du métal progressif mais sans chanteuse.

Another World

Image

Réchauffement climatique, épuisement des ressources, extinction des espèces, folie des hommes, la Terre ne se porte pas bien du tout.

Lorsque j’étais jeune et naïf, je pensais que nous pourrions nous échapper de notre enfer bleu, aller vivre sur une autre planète, coloniser l’univers et tout recommencer ailleurs. Un autre monde, comme dans le clip de Gojira qui a inspiré ce billet.

Mais la réalité est tout autre. Aujourd’hui le réchauffement climatique atteint des sommets, une nouvelle canicule ce weekend, la sécheresse une année de plus qui ne devient plus accidentelle mais habituelle, un virus mortel qui envahit la planète et qui résiste à notre compréhension, des habitants qui consomment toujours plus sans se soucier des conséquences et notre incapacité évidente à coloniser une nouvelle planète pour échapper à la catastrophe.

Nous sommes loin aujourd’hui de l’exploit de 1969, lorsque les américains envoyèrent deux hommes sur le sol lunaire, deux hommes, pour quelques heures. Alors terraformer Mars ou une exoplanète lointaine, cela reste de la pure science-fiction quoique dise Musk.

Et puis, la fuite proposée dans Another World est-elle la solution ? Comme des criquets pèlerins qui ravagent tout sur leur passage, nous irions de monde en monde, épuisant leurs ressources, détruisant tout les écosystèmes au passage et nous continuerions notre route, laissant derrière nous des déserts radioactifs, à la recherche d’une nouvelle planète à détruire ?

Non. La survie de l’humanité passe par la survie de notre planète la Terre. Et pour avoir un avenir, il faut commencer maintenant à respecter notre monde : économiser ses ressources, ne plus polluer, respecter la biodiversité, entrer en décroissance. La fuite en avant, aujourd’hui inaccessible même à une petite minorité d’élus, n’est technologiquement pas viable. Nous ne construirons pas notre fusée voyageant plus vite que la lumière dans un hangar au milieu de la ville, pas plus que dans les laboratoire de Space X ou de la NASA. Nous sommes condamnés à vivre sur terre et y mourir.

L’expérience du COVID-19 ne semble pas avoir porté ses fruits : les nations ne se préoccupent plus que de relancer l’économie, de réinjecter de l’argent dans les entreprises, de remettre les gens au travail et tant pis si nous polluons encore plus, le problème sera réglé par la prochaine génération, à moins qu’elle ne soit la dernière.

La poussette électrique

Image

Au commencement Dieu créa le rasoir électrique Philips car l’homme devait chaque jour couper sa barbe avec une lame et de la mousse alors qu’il aurait pu la sectionner avec une machine vibrante. Dieu vit que l’homme était rasé de près et s’en réjouit. 

Dieu récompensa la femme le deuxième jour avec un couteau électrique Moulinex pour la fête des mères. EDF se réjouit du pic de consommation d’énergie pour découper la brioche et le gigot du dimanche midi. 

Le troisième jour, Dieu créa le vélo électrique car il avait fait croitre des montagnes sur la Terre et que Poulidor finissait toujours deuxième.

Le quatrième jour, pour ne léser personne, Dieu offrit aux enfants les trottinettes électriques et remplit enfin les belles salles d’attente des urgences. 

Le cinquième jour, Dieu creusa la Terre pour y puiser les dernières gouttes de pétrole afin que les voitures puissent encore rouler. Dieu offrit également le vibromasseur électrique à l’épouse délaissée par son époux qui roulait dans son bolide. 

Le sixième jour, en panne sèche, Dieu convertit tous les constructeurs automobiles au moteur électrique et le monde fut beau et propre. 

Le septième jour, assis près de Fukushima, les pied dans l’eau radioactive, Dieu s’ennuyait. Il vit passer une petite fille malade traînant une poussette cassée dans laquelle dormait une jolie poupée calcinée. Dieu réalisa alors que le monde était imparfait. Alors pour parachever son oeuvre, Dieu conçu la poussette électrique pour que les mamans ne peinent plus en promenant leurs enfants leucémiques dans les forêts de Tchernobyl. 

Et le monde fut enfin parfait.

Court circuit

Image

Les hypermarchés seraient en plein déclin nous dit-on. Face à la nouvelle concurrence des enseignes bio et des supérettes de proximité, les grandes enseignes ne résisteraient pas.

Il faut avouer que prendre sa voiture pour quelques kilomètres le samedi, la garer sur un parking bondé, chercher un caddie qui roule droit et parcourir d’énormes rayonnages pour trouver du beurre demi-sel, cela peut gâcher un week-end ensoleillé. D’autant que dans ces temples de la consommation, les clients se comportent comme des abrutis, bloquant les allées, fonçant dans les autres personnes, tournant en rond, le téléphone à l’oreille et tentant de vous gratter pour passer plus vite à la caisse.

La scannette permet d’échapper aux caisses, supprimant au passage des emplois mais honnêtement, la méthode me gave car il faut penser à effectuer le travail de l’employé chômeur à chaque article. Ma femme adore.

Existe-t-il des solutions alternatives aux temples de la consommation ?

Oui bien entendu. Les drives par exemple, vous êtes toujours obligé de prendre la voiture mais la commande se fait sur Internet au préalable. Moins de bousculade mais au final pas de vrai gain de temps. Il faut patienter dans le froid que l’employé esclave livre les sacs et souvent, même si votre liste de course standard a été enregistrée sur le portail, les produits n’étant pas toujours disponibles, vous perdez pas mal de temps à trouver un de substitution. La méthode manque de diversité et vous finissez par manger toujours la même chose. De plus, les grandes enseignes ne proposent qu’une petite sélection de produits dans leur catalogue. J’ai testé plusieurs drives, je ne suis pas convaincu même si parfois cela dépanne.

ll y a également la livraison à domicile, basée sur le même principe, des courses commandées sur Internet et une livraison à la porte. C’est généralement un peu plus cher, pas vraiment plus écolo et cela possède les mêmes inconvénients que le drive en terme de choix de produits.

Sinon, vous pouvez faire vos courses près de chez vous : le pain chez le boulanger, la viande chez le boucher, les fruits et légumes au marché et le reste dans les supérettes de proximité.

J’ai de la chance, dans ma rue, nous trouvons aujourd’hui trois de ces épiceries ‘fines’ qui servent également de point relais coli et dealer local. Elles sont ouvertes tôt le matin jusque tard le soir et même les week-ends ainsi que jours fériés. Je peux, panier à la main, aller faire mes courses à pied tous les jours. Que demande le peuple ?

Des courses de vin, bières, sodas, chips, biscuits et herbe afghane. Nous avons des épiceries mais nous ne trouvons rien à manger dedans et pour aggraver leur cas, elles se fournissent dans les hypers où je peux aller moi aussi faire mes courses pour moins cher évidemment.

En Italie, au Portugal, en Espagne et dans les grandes villes françaises, ces petites boutiques exiguës proposent de tout, viande, fromage, conserves, pain, fruits et légumes à deux pas de chez vous à des prix raisonnables, mais chez moi, on ne trouve que des chips et de la bière venues d’un supermarché voisin.

Alors où faire mes courses ? Je me rends dans un petit supermarché, pas trop loin de chez moi mais pas assez près pour me passer de la voiture, un magasin où le choix est très limité, où les dates de péremption sont à surveiller de très près mais où je boucle mes achats hebdomadaires en moins de trois quarts d’heure chrono. La quête des produits locaux et bio relève de l’aventure niveau dix pour un paladin, un magicien et deux guerriers, mais dans l’ensemble l’impact carbone n’est pas si important que ça. Il y a les quasi inévitables emballages bien entendu, le transport, mais ça pourrait être pire. Je pourrais prendre mon vélo avec un remorque accrochée à l’arrière pour faire ces courses, mais je ne vois pas où je garerais mon attelage et étant donné la configuration des pistes cyclables pour y aller, je préfère la voiture.


Gamin j’allais chercher le lait et les œufs à la ferme. Au marché le samedi, nous achetions les légumes, le pain au village et pour le reste, c’était l’épicier qui nous livrait. Nous consommions très peu de produits préparés mais ma mère était femme au foyer. Aujourd’hui nous n’avons (prenons) plus le temps de cuisiner. Nous sommes trop pris par les vidéos de chatons sur Youtube, explosant doublement notre bilan carbone.

Loto mots bile

Image

Onze ans, cent cinquante milles kilomètres, une portière défoncée, une direction tangente, un embrayage moribond, plus de freins, des pneus usés, un habitacle imprégné d’une odeur de moisissure, des sièges maculés de tâches, la voiture qui m’a accompagnée à nombre de festivals, concerts, qui a traversée de multiples fois la France, qui a vu grandir mes enfants, qui a accueilli sereinement leur vomi, les miettes de biscuits, le placoplatre et les déchets végétaux sur la banquette arrière, ma Logan, ma belle Logan premier modèle du nom, vient de nous quitter pour un monde meilleur.

L’automobile a toujours été la vitrine d’un certain statut social, détrônée pendant quelque temps par le modèle de smartphone. Posséder une voiture bas de gamme, moche, est souvent le signe d’un échec social patenté. Aujourd’hui, la mode écologique désigne la machine à quatre roues comme responsable de tous les maux de la terre, et certains commencent à considérer (à raison) les conducteurs de SUV comme de gros dégueulasses losers. Seul le véhicule électrique a le vent en poupe chez les bobos écolos qui n’ont rien compris au bilan carbone d’une voiture.

Je roule peu, quelques concerts, les courses et un voyage par an en France, mais il est vrai que depuis peu, je roulais encore moins, découragé par la fatigue programmée occasionnée par deux-cent kilomètres en char d’assaut après quelques heures de metal entre les oreilles. Ma chérie ne voulait pas se séparer de la poubelle, moi je n’en pouvais plus de la conduire. Des mois de lutte, de persuasion, de cajolerie et que des refus, jusqu’au jour où le garagiste nous à annoncé que notre tas de ferraille allait passer l’arme à gauche si nous ne changions pas la moitié des éléments le constituant.

Ça a été le déclic et j’ai enfin eu le feu vert pour prospecter. J’ai d’emblée visé de petites voitures économiques et peu polluantes. Une seule exigence, qu’elle soit équipée d’un régulateur de vitesse, parce que la Logan n’avait aucun équipement, même pas d’essuie glace arrière.

Une fois, le premier tri effectué, j’en traîné mon épouse chez les concessionnaires pour quelle fasse un choix, car dans ce genre d’achat, la femme décide toujours n’est-ce pas ?

Les prix l’ont horrifiée, oui c’est cher quatre roues et un moteur, très cher, même en refourguant notre carrosse rutilant. Je lui est montré ma sélection de modèles, Clio, C3, Sandero… Elle s’est assise dans tous les modèles et à chaque fois, venait la même remarque, « c’est petit, tout petit ». C’est vrai que la Logan est affreuse, bruyante et inconfortable, mais l’habitacle est des plus spacieux, sans doute grâce à l’absence de tout équipement encombrant le tableau de bord.

Puis j’ai vu mon épouse errer dans la concession et regarder de plus gros engins, ouvrir des portes et s’asseoir dans des habitacles suréquipés et dire :

– J’aime bien celle-là.

– Non sérieusement, tu as vu la petite étiquette ?

– Oui oui…

Après onze ans de tape cul, ma chérie découvrait enfin le confort, les options, le luxe et elle y prenait manifestement goût. Comme par miracle, les vendeurs sont devenus soudains prévenants, un café ? Vous voulez faire un essai ? Je peux vous faire une offre ?

– Oui, oui, oui !

La totomobile a été acheté, le troisième plus gros chèque de ma vie. Le bilan carbone de la famille va augmenter notablement mais je rechignerai moins à effectuer de longues distances pour aller à des concerts dans des coins paumés. La preuve, pour étrenner le carrosse, je viens de traverser deux fois la France dans sa grande longueur horizontale en soixante-douze heures pour aller faire un bisou à mon papounet.

Ma femme ne conduit plus, elle a peur de casser le joli joujou qu’elle a offert à son mari chéri. Et moi qui préférait pédaler que conduire, je me surprends au volant de la voiture, juste pour le plaisir. Je dois me faire violence pour la première fois de ma vie afin de rester un minimum écolo responsable. J’ai honte mais c’est si bon. Tiens, et si j’allais me promener ?

Réjouissez-vous

La planète se réchauffe, le niveau des océans s’élève, la biodiversité est en péril et les hommes continuent de saigner la Terre à mort. Comment cesser ce massacre ? 
Et si la solution venait d’ailleurs ? Tel est le thème de Réjouissez-vous, le roman Steven Erikson.

Tout commence par l’enlèvement de Samantha, une autrice de science-fiction. Elle disparaît en plein jour, emportée par un O.V.N.I. Peu de temps après, d’étranges champs de force empêchent les humains de s’entre-tuer, de sur-exploiter les ressources naturelles, d’accéder à certains endroits de la planète.

L’homme ne peut plus être violent, pollueur, dangereux. Il est contraint soudain à la sagesse.

Tel est le thème de Réjouissez-vous, une intervention extra-terrestre qui met brutalement fin à tous les maux créés par l’homme. L’espèce humaine perd son libre arbitre. 

Commencent alors, à travers le quotidien de (trop) nombreux personnages, une série de réflexions de nature religieuse, politique, économique, scientifique, philosophique au sujet de cet Intervention.

Le livre n’est pas toujours facile à lire, sans doute trop intelligent pour un roman dit de SF mais il pose des questions intéressantes sur l’humanité. Dommage que l’auteur ajoute des thèmes ridicules comme les Petits Gris ou bien la théorie du complot dans son récit, c’était inutile.

Hélas, mille fois hélas, aucun extra-terrestre ne viendra sauver la Terre de la bêtise humaine, c’est à nous de nous débrouiller tous seuls et tout de suite !

Et vous ?

Image

C’est amusant, j’ai comme l’impression que les médias se répètent sans cesse : « Le mois de juillet le plus chaud », « Une année record », « Deux canicules en un mois », « La planète se réchauffe », « Les glaciers reculent », « La banquise a déjà fondu », « Djakarta sous les eaux », « Record de pollution », « Tornade sur le Luxembourg »…

Pendant ce temps Donald veut racheter le Groenland, Michel se moque de Greta et Emmanuel part en vacances.

Soudain certains s’inquiètent de l’empreinte énergétique d’Internet, se lamentent sur les incendies de forêt et s’étonnent de tous ces phénomènes météorologiques violents.

Oui la planète se réchauffe, ce n’est pas faute de l’avoir dit et écrit, et oui c’est de notre faute. Oui les phénomènes extrêmes sont en augmentation et oui nous allons régulièrement battre de nouveaux records de température et manquer d’eau.

Alors dépêchons-nous de visiter le Pole Nord avant qu’il ne fonde, d’installer la climatisation dans nos maisons, de creuser une piscine dans le jardin et de rouler en voiture électrique.

Nous avons encore une chance de calmer l’embolie climatique, mais nous devons nous dépêcher. Si nous ratons le coche, ce ne sera pas un degré de plus, mais deux, trois, quatre peut-être que notre atmosphère gagnera en moyenne d’ici la fin du siècle.

Vous avez une idée des dégâts que cela occasionnera ? Regardez déjà ce qui se passe avec un degré de plus actuellement. Ce sera bien pire.

En attendant que nos hommes politiques cessent de penser à leur réélection, au PIB, aux entreprises du CAC 40 et qu’ils prennent enfin de réelles mesures contre le réchauffement climatique, moi que puis-je faire ?

Même si c’est une goutte dans l’eau, je vais : ne pas installer de climatisation dans la maison, ne pas changer de voiture tant qu’elle roule, ne pas prendre l’avion, baisser le thermostat du chauffage à 17 C, prendre moins de douches quitte à ne pas sentir la rose, acheter local et bio tant qu’à faire, me déplacer le plus souvent possible à vélo, sinon en transports en commun ou à pied, cesser de perdre du temps sur Internet à regarder des vidéos de chatons, ne pas remplacer mon smartphone tant qu’il fonctionne, manger moins de viande, acheter moins d’objets non indispensables, voter écologiste à chaque élection et continuer de poster ce genre de billets pour vous demander : Et vous ? Qu’allez-vous faire ?