Floor Jansen – Paragon

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Ne me jugez pas si hâtivement et ouvrez plutôt vos oreilles. D’accord, ce n’est pas un album de prog, encore moins de métal, c’est presque de la variétoche en fait. Mais voilà, j’adore Floor Jansen depuis qu’elle a poussé pour la première fois la chansonnette avec Arjen Lucassen.

Je reconnais ma faiblesse mais je suis sûr que plein de gros métalleux tatoués vont acheter l’album en cachette de leur chérie occupée à boire des fûts de bière. J’apprécie les belles voix capables de m’éblouir en studio comme en live. Et Floor est de cette trempe comme Marcela ou Annecke. D’ailleurs, si j’ai écouté le dernier Nightwish, c’était principalement pour la voix de Floor.

Paragon est un petit album narcissique de dix titres. Narcissique car c’est Floor qui pose sur la pochette. Petit car il ne dure que trente cinq minutes. Ça nous donne des morceaux format radio entre le court 2 minutes et 55 secondes et un grand format de 3 minutes et 49 secondes.

Tout ça est bien entendu furieusement commercial faut quand même l’avouer, mais c’est si bon. Paragon me fait penser au tout premier Evanescence avec Amy Lee. Une voix fabuleuse au service d’une musique entre variété et métal.

J’avoue que le troisième titre ‘Invicible’ est un peu too much pour mon seuil de tolérance habituel. Mais noyé dans la chantilly, ça passe crème.

L’album offre tout une palette d’atmosphères, de l’éclectro soft ‘Paragon’ au symphonique ‘The Calm’ en passant par l’acoustique ‘Hope’ sans oublier le très eighties ‘Invicible’ et un ‘Come Full Circle’ à la Barbra Streisand.

Evidemment, Floor fait énormément à la réussite de cet album par ses performances vocales éblouissantes. Mais les compositions ne sont pas en reste ici loin de là. Et si je devais ne retenir qu’un seul morceau, ce serait sans doute ‘Storm’ ou ‘Fire’.

Avant de recevoir le vinyle crème, ne pouvant patienter plus longtemps, j’ai commandé l’album sur iTunes (oui je sais, c’est mal).

Floor Jansen possède bien un acompte Bandcamp mais hélas Paragon ne figure pas dessus. Sans doute encore un bataille de distribution et de droits à con chez les majors.

Toujours est-il que Paragon passe en boucle à la maison en attendant de recevoir la galette mais j’avoue que l’enthousiasme débordant du début s’est tout de même un peu émoussé au fil des écoutes.

Amis esthètes, prenez peur, car Paragon figurera probablement dans mon top 2023 et j’attends le vinyle avec impatience. J’espère seulement que pour son prochain album solo, Floor prendra un peu plus de risques histoire de nous éblouir tous et toutes.

RPWL – crime scene

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L’ancien tribute de Pink Floyd revient cette année avec un nouveau concept album intitulé Crime Scene. J’ai découvert le groupe allemand RPWL en live en première partie de Pendragon il y a bien longtemps et j’avoue que leur performance avait quelque peu éclipsée celle de Nick Barrett. Je les ai vu bien des fois depuis en concert et je m’offre tous leurs albums, même lorsqu’ils reprennent leurs premiers amours.

Crime Scene ce sont six morceaux de quatre à douze minutes qui nous plongent dans la noirceur des enquêtes criminelles. Pour parapher la fiche promo, en 2020, durant le confinement, la police allemande a enregistré 120 000 cas de violences conjugales dont 139 avec une issue fatale. Une violence banale qui rencontre celle des grands meurtriers de l’histoire comme le cannibale Karl Denke ou le nécrophile Carl Tangler Georg dont l’histoire est racontée dans un EP de And You Will Know Us by the Trail of Dead.

Tout ça et bien d’autres choses encore, RPWL le raconte dans ce concept album particulièrement mélodique qui reste dans la lignée de leurs précédentes productions mais qui se distingue pourtant du lot.

Si Tales from Outer Space ronronnait un peu trop à mon goût, je trouve qu’avec Crime Scene, RPWL se renouvelle sans nous déstabiliser. La recette est toujours la même, les guitares floydiennes de Kalle, le chant feutré de Yogi, la touche frenchy de la batterie de Marc et des claviers pour emballer l’ensemble. Le groupe a d’ailleurs perdu son claviériste principal et a gagné un bassiste. Kalle passe derrière les synthés et abandonne la quatre cordes au petit nouveau Marcus Grützner.

Si on retrouve le RPWL mélodique de ‘Roses’ sur cet album, certains morceaux comme ‘Victim of Desire’ ou ‘Another Life Beyond Control’ nous embarquent dans un prog un petit peu plus audacieux, justement ce qu’il manquait à Tales from Outer Space pour en faire un album remarquable. Après je n’ai rien contre un titre comme ‘Life in a Cage’ où Kalle en fait des tonnes à la guitare. Bien au contraire, puisqu’il s’agit d’un de mes morceaux préférés de l’album avec le long format ‘King of the World’.

Je ne vais pas vous mentir, j’ai reçu Crime Scene en promotion ce qui explique cette chronique si précoce. Malgré des mails véhéments de protestation, la label m’expédie toujours leurs disques. Le bon côté de tout ça, c’est qu’après une écoute, j’ai pré commandé l’édition vinyle de Crime Scene en toute confiance.

Bon d’accord, je l’aurai certainement commandé de toute façon.

A noter pour les fans qu’ils ne joueront qu’une seule date française, chez Paulette le samedi 8 avril.

Katatonia – Sky Void Of Stars

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Le plus catatonique des chanteurs de métal, semble avoir trouvé un remède à sa mélancolie maladive si belle. Jonas va mieux et son groupe Katatonia revient avec un nouvel album intitulé Sky Void of Stars, le premier de leurs disques que j’achète en digital.

Pourtant, la pochette est tout simplement sublime avec ce puits de lumière verte dans un paysage urbain et ces corbeaux en contre jour, le genre d’artwork à déguster en vinyle. Mais voilà, je ne me suis pas résolu à la dépense, peut-être parce que Sky Void of Stars ne le mérite pas.

Le nouveau Katatonia propose onze morceaux que l’on pourrait qualifier de pop metal progressive pendant cinquante minutes. Exit la mélancolie douloureuse qui faisait la beauté de leur musique. Ici le metal prog est sans réelle surprise, parfois vaguement mordant comme dans ‘Austerity’, souvent terriblement convenu comme dans ‘Colossal Shade’. Il est vrai que le groupe a dû se réinventer avec deux départs majeurs en 2014, ceux de Daniel et Per. Mais cela n’excuse pas tout.

Sur cet opus, les claviers sont très présents comme dans ‘Opaline’ et les refrains à répétition meublent des paroles moins inspirées. N’empêche, la voix ensorcelante de Jonas fait toujours mouche même s’il abuse d’effets à mon goût comme par exemple dans ‘Drab Moon’. On se laisse prendre par les différentes atmosphères de l’album mais je n’entre pas en transe pour autant.

Plusieurs titres retiennent toutefois mon attention comme le sublime ‘Author’ qui est certainement mon préféré des onze. Il dégage une belle énergie, le chant y est particulièrement soigné et les guitares nous livrent un fabuleux solo, tout le contraire de ‘Impermanence’.

‘Sciera’ est un bon exemple de cette pop metal, un semblant d’énervement, une rythmique de supermarché, un non instrumental et un refrain à deux balles. Et même si ‘Atrium’ pourrait rentrer dans cette catégorie, car il est composé comme un tube, il fonctionne, sans doute grâce à son refrain accrocheur.

‘No Beacon To Illuminate Our Fall’ prend un peu plus de libertés musicales avec le carcan catatonique, notamment les claviers et les guitares qui prennent leurs aises pour une fois et le chant qui sort de sa ligne mélodique de confort. Et puis ‘Absconder’ termine l’album de manière relativement abrupte, genre on ne savait pas comment finir, vous savez, nous ne voulions pas rater notre avion.

Il ne faudrait pas comparer Sky Void of Stars avec un Dead End King ou un City Burials, mais comment faire, à part sombrer dans l’amnésie. Ceci dit, après les avoir réécouté, je me rends compte que je suis nettement moins avide de ce metal mélancolique qu’à une certaine époque.

Sky Void of Stars plaira au plus grand nombre mais sans doute pas aux puristes de Katatonia. Vous pouvez toutefois le découvrir sur Bandcamp pour vous faire une idée.

Out5ide au Rock Shop Café

Le premier concert de l’année 2023 se déroulait un vendredi 13 pluvieux à quelques pas de la maison. Les copains du groupe Out5ide se produisaient au Rock Shop Café à Illkirch. Un magasin de musique où mon épouse a acheté son cinquième piano, son troisième clavier numérique, une boutique qui vend des instruments, sert de la bière, du cognac et du whisky quand elle ne propose pas des concerts de rock.

Out5ide est un groupe local de hard rock progressif qui dans sa version 2.0 a publié deux albums, Naked et Tumbleweeds. Un quintet guitares, chant, basse, batterie, claviers que je connais assez bien pour les avoir écouté en live à de nombreuses occasions et même lors de l’enregistrement de leur dernier album.

Tout commence par une bière avec deux copains, une rousse improbable au goût de gueuse lambic et une blonde qui ressemble à se méprendre à la rousse. Bref. Vers 20h30, car en Alsace nous sommes ponctuels, Out5ide arrive sur scène. Une estrade éclairée par derrière au plafond et par devant au sol avec des rampes LED qui laissent les musiciens en perpétuel contre-jour. Je galère avec la balance des blancs, l’exposition, la mise au point et le rideau de fumée n’arrange rien à mon enfer. Oui je suis venu avec un appareil photo et je serai en difficulté toute la soirée avec 90% de déchet.

Si le DJ écrase la salle de son avant et après le concert, le groupe lui bénéficie d’un mixage tout à fait honorable pour une pièce basse de plafond qui est plus un magasin qu’une salle de concert. Le groupe, toujours fringuant, propose un set efficace de deux heures qui s’achève par un titre de leur prochain album et trois reprises, Bowie, The Clash et AC/DC pour faire bonne mesure.

Dans la salle il y a des amis, la famille avec les enfants et quelques amateurs de rock attirés par la musique et la bière. Une ambiance familiale pas désagréable du tout. Ce n’est pas la foule des grands soirs mais cela convient parfaitement à la capacité du lieu encombré d’instruments de musique. Laurent, le chanteur, n’aura cesse d’arranger le public pour qu’il se rapproche de la scène, ce que quelques personnes moins timides finiront par faire vers la fin de la soirée. Cela laisse de la place à Philippe, le guitariste, pour bouger et aller à la rencontre des fans.

Après le concert et une dernière mousse, enfin pour mes deux compagnons de beuverie, je retrouve Laurent et Philippe du groupe Out5ide. Laurent me parle entre autres de leur prochain album dont ils ont joué un extrait ce soir et Philippe du projet prog instrumental Plus 33 pour lequel il joue des guitares dans le prochain album.

Une belle soirée entre amis pour commencer l’année en musique et en plus tout près de la maison, ce qui ne gâche rien. Si je suis d’attaque, il y aura encore Hammerfall, Klone, Hypno5e, The Watch, RPWL, Threshold, Ghost, Soen et d’autres encore.

Pour les curieux, les photos sont ici.

Threshold – Dividing Lines

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Dans les grands noms du métal progressif, on oublie parfois de citer les britanniques de Threshold. Peut-être encore un des multiples effets indésirables du Brexit. 

En près de trente-quatre années de carrière, le groupe a connu de nombreux changements de line up. Le plus notable fut sans doute le remplacement de Damian Wilson par Glynn en 2017.

Leur nouvel album Dividing Lines sorti cette année, propose dix morceaux pour une heure cinq de musique dont deux pièces épiques de plus de dix minutes, ‘The Domino Effect’ et ‘Defence Condition’.

La pochette reflète bien la noirceur du propos du dernier Threshold. Un paysage en ruines dans le ciel duquel flotte une demi sphère de roche sur laquelle repose un massif montagneux idyllique. Un bout de planète préservée arraché à la terre. Au milieu des gravats, un homme à genoux, tend le bras vers ce paradis perdu désormais inaccessible.

On pourrait dire que ce nouvel opus est sans surprise. Il s’agit d’un Threshold classique, de belle facture, confortable, efficace, assez éloigné de leur précédent double album Legends Of The Shires qui voyait le retour de Glynn. Du metal progressif easy listening que l’on adopte dès la première écoute.

L’album prend parfois des airs d’Arena ou de Saga comme dans ‘Lost Along The Way’. Le solo de guitare de ‘The Domino Effect’ fait penser à du Pendragon et les claviers virtuoses s’apparentent parfois, comme dans ‘Silenced’, à du Dream Theater.

Tout cela pour vous dire qu’avec Dividing Lines, le progueux restera clairement dans sa zone de confort de ‘Haunted’ jusqu’ à ‘Defence Condition’.

Si j’adore la voix de Damian Wilson, j’avoue que Glynn Morgan est particulièrement convaincant ici. On ne perd pas au change, même si ça me fait mal de le reconnaître.

Mon morceau préféré s’appelle ‘Silenced’. Un titre qui débute sur du chant vocodé, et qui poursuit avec des claviers brillantissimes et un refrain dans la veine de ‘The Show Must Go On’ de Queen.

J’ai adopté l’album dès la première écoute. Cela signifie qu’il est possible que je l’oublie également assez vite, même s’il est très bien. Il ressemble en effet à de nombreux autres classiques du genre ce qui le rend à la fois très confortable mais également peu original.

Mais ne boudez pas votre plaisir, vous pouvez l’écouter sur Bandcamp.

Hypnagone – Qu’il Passe

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Si vous appréciez Gojira et Klone et que êtes un peu chauvin, difficile de passer à côté du premier album du jeune groupe français Hypnagone.

Le quatuor metal progressif n’a pas froid aux yeux. Il mélange growl, atmosphères floydiennes, influences jazzy, chant clair, cinématique space rock et metal. De fait, l’album intitulé Qu’il Passe, séduira forcément un prog head pendant au moins quelques minutes, quitte à l’effrayer un peu à d’autres moments. Et des moments, il va y en avoir beaucoup pendant plus d’une heure et onze morceaux. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’album n’a rien de monotone. Cela va en effet du très planant ‘Moss’ au ‘White Fields’ écartelé.

Voilà plus d’une année que j’attendais la sortie de Qu’il Passe, après avoir découvert leur single ‘Shibboleth’ sur Youtube. Si ce premier titre m’avait emballé, j’avoue qu’il m’a fallu pas mal de temps ensuite pour apprivoiser l’album.

Parce que voilà, Hypnagone se vautre parfois dans le metal extrême et le growl est tout particulièrement goret, limite s’il ne déchire pas les tympans comme dans ‘White Fields’. ‘Spannungsbogen’ est également pas mal dans son genre question gueulante mais il est à classer à part, tant son écriture est juste géniale, limite expérimentale avec même des passages de chant clair.

Il y a également ‘Dross’, truc assez barré, metal jazz cinématique growlé, que l’on aurait tendance à rejeter au premier contact et qui s’avère au final incroyablement complexe et perturbant. Mais comme le titre précédent, il est génial.

Heureusement pour vous, les titres extrêmes alternent avec des choses nettement plus mélodiques qui atténuent pas mal la violence de la musique comme dans ‘The Step Inward’ qui succède au terrifiant et génial ‘Spannungsbogen’.

Plusieurs pièces flirtent avec les huit minutes, des longs formats très progressifs qui laissent du temps à la musique de prendre sa pleine mesure. L’album est encadré par deux instrumentaux façon post-rock, ‘Arrival’ et ‘Light Bulb’, une habile manière d’entrer en matière et d’en ressortir en douceur.  A tel point que l’on se demande, à la fin de ‘Light Bulb’, pour quelle raison on se retrouve avec des ecchymoses aux oreilles. Du coup, on repart pour un tour, et arrivé à ‘Spannungsbogen’, on se souvient.

N’oublions pas le troisième instrumental ‘Elegy’ qui fait suite à l’éprouvant ‘White Fields’. Une pièce de moins de trois minutes sur des enregistrements audio en français. Pas mal de morceaux jouent de compromis. Le chant clair et le growl se partagent équitablement le temps de parole comme dans le titre ‘The Step Inward’ et cela rend l’écoute nettement plus facile pour un prog head.

Mais surprise, au milieu de l’album pousse un arbre, un titre jazzy à souhait, sorte de parenthèse au milieu de cette tempête de métal où brille un sublime solo de guitare d’anthologie signé Eric Hurpeau.

Il y du pour et du contre sur ce premier album du groupe Hypnagone. Le growl phagocyte un peu trop la partition pour l’ancien baba cool que je fus et si je n’ai rien contre les cris, ici je suis moyennement fan du timbre. Après, il y a des compositions éblouissantes comme ‘Shibboleth’, ‘Spannungsbogen’, ‘Dross’ ou ‘L’arbre’, alors si le growl ne vous fait pas peur, allez y jeter une oreille attentive il est sur Bandcamp

Kite Parade – The Way Home

Derrière le nom Kite Parade se cache le guitariste et chanteur Andy Foster inconnu jusqu’au jour où Pete Jones en a fait la promotion lors d’un Bandcamp friday. Je serai certainement passé à côté de l’album The Way Home sans le message de Pete et cela aurait été vraiment dommage. Donc merci Pete.

Kite Parade donne dans la pop rock progressive à la manière de It Bites ou de The Urbane si vous connaissez. Des titres qui ne prennent pas la tête et qui rappellent certains titres de John Mitchell ou de Lifesigns.

Chant, basse et guitares sont à l’honneur avec de temps en temps du saxophone et des claviers, tous joués par Andy. Pour la batterie, c’est Nick D’Virgilio et Joe Crabtree qui s’y collent.

Un projet solo furieusement accrocheur.

Les sept titres de l’album vont du très long ‘Stranded’ et son quasi quart d’heure au plus raisonnable ‘Going Under’ qui atteint presque les quatre minutes trente tout de même.

Le prog élitiste ne trouvera probablement pas son content dans The Way Home. L’album ressemble en effet à pas mal d’autres formations, ne cherchant pas la démonstration et s’acoquinant souvent avec la pop. C’est justement ce qui fait son charme, une évidente fraîcheur qui cache pourtant des formes progressives assez élaborées.

La voix d’Andy comme son jeu à la guitare contribuent beaucoup au plaisir de cet album. Un chant médium clair qui possède un peu le phrasé de John Mitchell mais avec un timbre plus agréable.  Sa technique de guitare très variée à l’acoustique comme à l’électrique complète d’agréables mélodies. Les claviers sont plus plan plan, souvent neo-prog eighties inspirés de Tony Banks ou John Beck sorti de ‘Sufer No Longer’ qui nous livre du piano et de l’orgue.

‘Stranded’ juxtapose  cinématique, blues, jazz et neo-prog, rappelant un peu Gary Moore ou Kino. Un titre à tiroirs d’une quinzaine de minutes qui tient merveilleusement bien la route, prouvant si besoin était que Andy est très à l’aise avec la forme longue. ‘Strip The Walls’ et ‘Going Under’, au milieu de morceaux pop rock progressifs, imposent un ton plus musclé. Le premier ‘Ship The Walls’ est tout particulièrement rock par rapport au reste du disque. 

The Way Home est une très belle découverte. Un album qui pourrait toucher un large public et pas uniquement la sphère vieillissante des progueux à condition de se faire connaître un peu plus. Pour ma part il rentre dans ma petite liste des albums de l’année.

Solace Supplice – Liturgies Contemporaines

Du temps du webzine Neoprog, Anne Claire Rallo nous avait présenté le projet Solace Supplice et leur EP sorti en juillet 2020. Si la musique du groupe s’éloignait clairement de notre ligne éditoriale, l’EP lui, avait su me séduire de bien des manières.

Deux années plus tard arrivait l’album Liturgies Contemporaines, onze morceaux dont cinq qui figuraient déjà sur l’EP. Impossible d’y résister.

Le quatuor propose un rock français à la manière de Noir Désir, de Grand Jacques ou de Galaad. Des révoltés francophones aux paroles engagées. Du rock, mais du rock habité par une guitare recherchée, du piano, des claviers, un saxophone, des touches électroniques et zeste de trip hop. Bref un rock aux influences progressives.

On parle ici de chanson à texte, et quels textes ! Plusieurs morceaux très forts présents sur l’EP m’avaient chamboulé comme ‘Les Miradors’ ou ‘Dans la Couche du Diable’.

Deux ans plus tard, j’ai réécouté ces titres fabuleux et fait d’autres superbes découvertes. C’est bon d’écouter un album dans sa langue natale. Car sorti de la varietoche et du rapp, on ne peut pas dire que la langue de Molière soit à l’honneur dans le paysage pop rock hexagonal. Sorti des résistants comme Lazuli, c’est l’anglais qui impose des prononciations hasardeuses à la scène progressive, et c’est bien regrettable.

Après ce n’est pas parce que les paroles sont écrites en français que les textes couleront de source pour autant. Ce n’est pas du Patrick Sébastien, il faudra faire un petit effort. N’attendez pas beaucoup d’espoir non plus en écoutant Solace Supplice, tout est sombre, même l’amour.

Le rock côtoie la musique électronique comme dans ‘Sunset Street’ ou dans ‘Liturgies Contemporaines’. Des touches orientales pointent dans ‘En Guidant Les Hussards’ et une atmosphère à la Bouglione habite ‘Au Cirque Des Âmes’. Le chant s’apparente plus à des paroles déclamées qu’à une démonstration lyrique, une forme qui convient à la perfection aux paroles.

Cet album est hélas un des derniers composé par le guitariste Eric Bouillette qui nous a quitté cet été. Il jouait également dans Nine Skies, The Room et Imaginarium avec Clive Nolan. A ses côtés on retrouve sa compagne Anne Claire Rallo, le batteur Jimmy Pallagrosi, la fille de Nick Beggs à la basse et Laurent Benhamou au saxophone.

J’avais aimé l’EP de 2020. L’album de 2022 me conforte dans cette première impression avec de nouveaux titres très forts comme ‘Le Tartuffe Exemplaire’, en ‘Guidant Les Hussards’ ou en tissant de nouvelles atmosphères dans ‘Liturgies Contemporaines’.

Il ne s’agit pas à proprement parler de rock progressif mais vous vous y retrouverez dans ce très bel album de Solce Supplice. Alors, allez le découvrir, il est sur Bandcamp.

Oceans of Slumber – Starlight and Ash

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Oceans of Slumber, c’est du metal prog américain avec du growl et du chant clair quasi gospel. Enfin ça, c’est la théorie. En pratique, leur dernière galette lève le pied sur le metal, oublie le growl et se pare de couleurs far west, reprenant même le titre cultissime ‘House Of The Rising Sun’.

Les fans seront peut-être déroutés par la démarche, surtout avec l’instrumental ‘Spring 21’ joué au piano. Mais pas moi. Pain Of Salvation est également passé par là avec l’excellent Road Salt One.

Dans Starlight and Ash, la sublime voix de Cammie Beverly – tient, vous avez remarqué, Cammie à changé de nom, elle ne s’appelait pas Gilbert il y a peu ? Si… La belle a épousé Dobber le batteur et pianiste du groupe, je suis désespéré. Bon. Je disais donc, la voix de Cammie, on l’appellera comme ça, c’est moins douloureux, donc la voix de Cammie est magnifiée sur ces onze morceaux.

Sur de nombreux titres, les guitares empruntent au registre du bluegrass et de l’americana, particulièrement dans ‘The Lighthouse’ ou ‘Salvation’. 

D’ailleurs si vous regardez le dos du digipack ou bien la page centrale du livret, vous découvrirez le groupe déguisé en cow boys. Bon d’accord, des cow boys sur une plage, mais quand même.

En parlant de plage, Starlight and Ash évoque souvent l’océan dans les paroles et les titres des morceaux comme pour ‘The Water Rising’, ‘The Lighthouse’ ou ‘The Shipbuilder’s Son’. S’agirait-il d’un concept album ? Je n’en sais rien. Les textes oscillent entre nostalgie, amertume et souvenirs et comme je n’ai pas creusé la question, je vous laisse trouver la réponse.

Entre des pièces de facture plutôt metal progressives, ‘The Water Rising’, ‘Just A Day’, et ‘The Shipbuilder’s Son’, on découvre des tonalités americana auxquelles le groupe ne nous avait pas franchement habituées jusque-là. Dommage que l’instrumental au piano ne casse pas des briques. Dobber n’a rien d’un Rachmaninov, mais la pièce sert de tremplin parfait pour le magnifique ‘Just A Day’. 

Le résultat est magnifique, mélodique à souhait, mais, car il y a un mais, Starlight And Ash manque parfois de mordant. Toutefois peut-être est-ce dû à la production. En effet, l’édition vinyle, sur une seule galette 180 grammes, possède un sublime mastering où l’équilibre entre basses, médiums et aigües comme la dynamique est parfait. Donc à choisir, prenez le vinyle.

Mes morceaux préférés sont ‘The Lighthouse’ qui amorce le virage americana, ‘Salvation’ et ‘Just A Day’ qui nous livre un incroyable rebondissement après l’évocation de rêves d’enfant de Cammie accompagnée au piano par Dobber.

Starlight and Ash n’est peut-être pas mon Ocean Of Slumber préféré au moment où je vous parle mais cela pourrait évoluer au fil des écoutes. L’avenir le dira. Quoi qu’il en soit, c’est un très bel album.

Obiat – Indian Ocean

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Le stoner, c’est un peu du rock progressif graisseux joué avec une basse, une batterie et une guitare. Alors quand le stoner se pare de trois voix, de cuivres et de flûte, doit-on le reclasser dans le rock progressif ? Je n’en sais franchement rien.

Tout ce que je sais, c’est que l’album Indian Ocean du groupe OBIAT, du prog stoner psychédélique venu de Londres, m’a clairement tapé dans l’œil. 

On parle ici de quatre artistes, cinq invités et huit morceaux dont un titre de dix minutes pour une heure de musique. Voilà pour les chiffres.

Les compositions flirtent avec le shoegaze, le post-rock, le psychédélique, le doom et le rock progressif. Une musique riche en sonorités, relativement inclassable au final, qui fait du bien aux oreilles. 

Le terreau de base reste tout de même stoner et des pièces comme ‘Ulysses’, ‘‘Eyes and Soul’, ‘Ad Meliora’ ou ‘Sea Burial’ vous le rappelleront. 

La production un peu graisseuse également hélas. La mise au premier plan de la guitare parfois très sludge nuit à la lisibilité des autres instruments. Peut mieux faire donc.

Il ne vous aura sans doute pas échappé, si vous avez observé la pochette, écouté les paroles ou simplement lu les titres des morceaux, que l’album possède un rapport avec la mer et le voyage. 

De la Grèce avec ‘Ulysses’ on se déplace jusqu’au Japon dans ‘Lightness of Existence’, deux titres diamétralement opposés, séparés par l’Océan Indien, qui ouvrent et ferment ce disque.

La présence de chant féminin en la personne de Sofia DeVille, de trombone et de saxophone aux côtés du quatuor londonien dans le magnifique ‘Nothing Above’ est assurément une des raisons de la beauté de cet album atypique comme l’audacieux mélange des genres.

Le titre fleuve ‘Beware The North Star’ avec une basse très en avant, une guitare pour une fois lisible où s’invite des sonorités cuivrées et des percussions, suit les codes du post-rock, du progressif et du psychédélique sans faillir pendant dix minutes.

Plus étonnant encore est le titre final, ‘Lightness of Existence’. Un texte déclamé en japonais sur une musique de théâtre nô post-rock cinématique.

OBIAT compte parmi mes fabuleuses découvertes de l’année. Un groupe que je vais suivre de très près, à condition qu’ils sortent un prochain album avant ma mort. En effet Indian Ocean est leur second effort en treize ans. C’est peu.