La Défense du Paradis

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La Défense du Paradis de Thomas Von Steinaecker est un roman road movie post apocalyptique parlant du réchauffement climatique, des migrants et de la fin du monde. Un roman qui emprunte un peu l’esprit de La Route de Comac McCarthy.

Un roman allemand dense et parfois laborieux à lire, écrit comme un journal qui raconte la vie de Heinz, un adolescent qui a survécu avec une poignée d’adultes à la fin du monde. 

Après avoir résisté dans les alpages sous un dôme protecteur, la petite communauté part sur les terres brûlées à la recherche du mythique Camp A, lieu de tous leurs espoirs.

Un ancien politicien, une vieille dame atteinte par la maladie d’Alzheimer, un ancien militaire souffrant de ESPT, un couple et un jouet robot-fennec accompagnent l’adolescent dans un périple périlleux à travers l’Allemagne dévastée, laissant derrière eux leur paradis alpestre qui les a protégé des années durant. Chaleur, radiations, faim, soif, violences, morts parsèment leur chemin de croix vers un ailleurs incertain.

L’écriture de Thomas déborde de tendresse pour cet adolescent encore naïf et ses compagnons d’infortune. Il y a de la violence dans leur rapports parfois conflictuels mais également beaucoup d’amour et de poésie malgré tout. Au fil des pages le lecteur passe du sourire à la tristesse, de la peur à l’espoir.

Les quatre cahiers (le noir, le bleu, le vert et le jaune) noircis par Heinz relatent leur vie en montagne, leur voyage, un camp et les derniers jours de sa vie mais contiennent également de courtes nouvelles écrites par l’enfant durant ses moments de tranquillité. Des textes qui reflètent ses peurs et ses rêves dans un monde dévasté.

Si j’ai eu parfois du mal à avancer dans cette histoire, je ne regrette pas d’être allé jusqu’à son dénouement. Le roman sous prétexte d’anticipation post apocalyptique aborde de nombreux thèmes humains et sociaux sous la plume de cet adolescent.

After (r)

Naïf, poétique et beau, ce premier roman d’Auriane Velten m’a tout simplement envoûté. 

Un grand cataclysme a décimé l’humanité qui vit aujourd’hui à l’écart des terres renoncées une utopie collective. Les humains suivent le Dogme, sont égaux et vivent en harmonie avec la nature jusqu’au jour ou Paul et Cami reçoivent pour mission d’explorer les terres renoncées.

Auriane réinvente une grammaire d’où le genre a disparu, laissant place à des pronoms indéfinis an, ile, al, qui rendent la lecture hésitante dans les premières pages. Le lecteur devinera rapidement que derrière cette astuce littéraire se cache un secret rapidement dévoilé.

Si j’ai d’abord trouvé certains artifices un peu faciles, comme ancrer le décor dans la région parisienne, ils ont ensuite trouvé tout leur sens dans la suite du roman, renforçant la beauté du récit.

After (r) est l’histoire d’une amitié, l’histoire d’une fin du monde annoncée, l’histoire de la beauté du monde, l’histoire d’une utopie trop belle pour fonctionner, un roman profondément humain qui annonce d’autres livres magnifiques.

Le Carnaval des ombres

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Lorsque j’ai lu la chronique de Gruz, j’ai cru qu’il s’agissait d’un livre de James Ellroy… ça m’apprendra à lire en diagonale. Mais devant son enthousiasme pour le bouquin, j’ai couru chez le libraire acheter Le Carnaval des ombres de R.J. Ellory, oui pas Ellroy.

Michael Travis qui vient d’être promu agent spécial senior du FBI, est envoyé à Seneca Falls pour enquêter seul sur la mort d’un homme.

R.J. Ellory plante le décor d’une petit bourgade du Kansas en 1958 avec son motel, ses deux bars, son chérif et le cirque itinérant qui vient de s’y installer et où le cadavre a été découvert.

Michael n’est pas un homme ordinaire et la première partie du livre nous raconte le début de cette enquête peu ordinaire et, par flash-backs, l’enfance de cet homme tourmenté. L’alternance des ces deux modes narratifs donnent un fabuleux rythme à la lecture, rythme que j’aurais aimé conserver jusqu’à la dernière page.

Mais l’auteur nous plonge ensuite dans le mystérieux cirque diablo et ses personnages inquiétants, le Maigre, la contorsionniste, l’homme aux sept doigts, l’étrange maître de cérémonie et son envoûtante compagne. Leur incroyable représentation est un des grands moments de ce roman, certainement le passage qui m’a le plus ému dans ce livre.

Puis dans la dernière partie, sans doute la plus difficile à lire, Ellory dévoile les lourds secrets de l’agence de Hoover et développe des théories conspirationnistes effrayantes sur les États-Unis de l’après guerre.

Mais Le Carnaval des ombres est avant tout l’histoire de Michael, un homme qui a enfoui son passé sous une chape de plomb pour ne plus souffrir et qui, au fil des pages, voit ses souvenirs remonter à la surface, les morts de ses parents et d’une femme qu’il a aimé. Il voit également ses certitudes s’effriter une à une pendant cette enquête hors du commun et le personnage qu’il devient à la dernière page ne ressemble plus beaucoup à l’évaluation d’aptitude psychologique 19-409 de l’agent spécial Travis au début du livre.

Le Carnaval des ombres est un grand roman noir, complexe, intrigant et pas toujours facile à lire. Néanmoins allez jusqu’au bout, le voyage en vaut la chandelle.

Malamute

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De temps en temps, Babelio me convie à parler d’un livre. Je m’inscris et quelques jours plus tard je reçois l’ouvrage en question à la maison. Cool, un livre gratis… Sauf que Babelio met la pression à ses chroniqueurs en herbe. Il faut rendre son verdict dans le mois suivant la réception du livre. Gros stress, il m’arrive d’avoir besoin de plus d’un mois pour terminer un bouquin. Pour Malamute de Jean-Paul Didierlaurent, je n’ai eu besoin que de quatre jours.

Un viel homme rongé par son passé, un jeune homme torturé par un accident et une femme à l’enfance volée se retrouvent bloqués ensemble dans les Vosges par des chutes de neige exceptionnelles. 

Malamute est un quasi huit clos sous un manteau blanc, étouffant des secrets bien cachés et des souffrances venues du passé. 

Germain, le vieux bougon a commis un jour l’irréparable. Basile le dameur de pistes, a tué une jeune enfant lors d’un accident et Emmanuelle revient dans la maison de ses parents, là où un terrible drame s’est déroulé avant sa naissance. 

Et la neige ne cesse de tomber sur ce village, coupant ses trois mille âmes du reste du monde. Quel rapport avec le chien de traineau venu de l’Alaska ? Un rêve brisé.

J’avais dévoré Le Liseur du 6h27 il y a quelques années et l’idée de me plonger dans un nouveau roman de Jean-Paul Didierlaurent me faisait frissonner d’impatience. Les premières pages nécessaires à la mise en place le récit furent lentes à donner le rythme du récit mais une fois les protagonistes présentés et réunis, j’ai eu beaucoup du mal à lâcher le livre. Je me suis attaché à ce trio improbable, à ce village perdu, à son curé et aux dameuses de la station de montagne.

Malamute est une histoire d’amours teintée de fantastique à l’atmosphère de thriller. Un magnifique roman à découvrir.

Ernetti et l’énigme de Jérusalem

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Honnêtement, je me moque de savoir si la Torah, la Bible et le Coran nous racontent des craks. On croit en Dieu ou pas. Bon moi c’est ou pas mais qu’importe. On a tous nos problèmes n’est-ce pas ?

Mon problème en l’occurrence est de comprendre pour quelle raison j’ai pris ce bouquin. J’espérais peut-être un nouveau Jesus Video, je suis tombé sur un sous Da Vinci Code. 

J’ai rarement lu un roman aussi creux. Les personnages n’ont aucune profondeur, juste des silhouettes en papier grossièrement esquissées, l’intrigue n’a aucun intérêt, quant au mystère, il n’y en a pas longtemps puisque tout est dévoilé à la page cent, ou presque. 

Vous voulez savoir ce que recèle le cube dans les ruines du temple de Salomon ? Dedans se cache bip bip bip. Mince ! J’ai été censuré. 

Par contre vous verrez du pays, Rome, Venise, Jérusalem, la Vallée des Rois, Dallas, mangerez des sushis avec le pape Jean-Paul II, paix à son âme, et découvrirez le cureton qui a fabriqué la machine à remonter le temps, le chronocrétin. Vous jouerez à Indiana Jones, du moins avec son petit neveu et vous prendrez l’avion, l’hélicoptère, des voitures et marcherez dans les couloirs des archives secrètes du Vatican. Pathétique !

Aton idée d’écrire un livre pareil ?

Le Silence

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J’ai été appâté par un petit roman à la couverture de smartphone argenté. L’histoire raconte une fin du monde, le jour où votre portable ne fonctionne plus, où l’écran télé devient noir, où l’électronique nous abandonne.

J’avais envie d’offrir ce petit bouquin à ma femme, elle qui est totalement addicte à son iPhone. Mais c’est moi qui l’ai lu finalement, dans le transat, au fond du jardin, un chaud après-midi dominical de mai.

Tout tombe en panne le jour du championnat de Super Bowl et cinq personnes, deux couples et un jeune homme, se retrouvent face à eux-mêmes dans un appartement de Manhattan. Que va-t-il ressortir de ce face à face forcé ? Qu’est-ce qu’un couple peut encore se dire après des années de mariage, sans écran pour occuper son temps ? Qu’est-ce qu’il reste de l’amitié une fois les banalités d’usage prononcées ?

Les thèmes autour de ce sujet me semblaient infinis et à priori palpitants. L’auteur ne livre à la place qu’un verbiage intellectuel et délirant (sa diatribe autour d’Albert Einstein par exemple) sans l’ombre d’un intérêt, ou alors je suis trop stupide pour comprendre. Onze euros et cinquante cents jetés par la fenêtre.

Les piliers vikings

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Il y a bien longtemps, un couple d’amis nous avait conseillé un roman médiéval à succès. Ce roman décrivait la société féodale, ses méchants riches, ses gentils pauvres et l’édification d’une cathédrale par un tailleur de pierre. Le récit était pimenté d’histoires d’amour et de meurtres, un pavé qui se lisait avec délice.

L’auteur fort de son succès écrivit une continuation assez réussie et comme les gens en demandaient plus, se lança dans un préquel intitulé Le Crépuscule et L’Aube. Je vous parle bien sûr de Ken Follet romancier/historien, mais pas à part égale, disons à 75/25%.

Son nouveau roman nous ramène vers l’an mille, à l’époque des incursions viking en Angleterre. Nous suivons les péripéties de Ragna, fille de noble Normand et de Edgar, fils de constructeur de bateaux.

Nous découvrons la Shiring médiévale avec ses différents dignitaires et son clergé corrompu, la pauvreté de cette époque où l’on bâtit encore les habitations, ponts et fortifications en bois. Le roman ne donne pas envie d’effectuer un voyage dans le temps, même loin des ondes 5G, du COVID-19 et des antibiotiques, où le repas du pauvre se limite à un gruau clair une fois et une tranche de pain.

Edgar façonnait une poutre à l'aide d'une herminette, une outil ressemblant à une hache mais muni d'une lame incurvée, dont le tranchant était perpendiculaire au manche, et qui était conçu pour raboter une pièce de bois, jusqu'à ce que sa surface soit parfaitement lisse.

Ken Follet ne se foule pas trop pour intégrer ses leçons d’histoire au récit. Il glisse, sans grande subtilité littéraire, façon Wikipedia, quelques lignes entre deux descriptions. Il y a bien entendu des histoires d’amour, le livre est d’ailleurs lui même une grande histoire d’amour impossible, sinon ce ne serait pas drôle. Vous y trouverez le riche méchant, le pauvre talentueux, la belle inaccessible, des viols, des meurtres, des rebondissements et quelques drames pour que tout cela fonctionne.

Car ça fonctionne, même plutôt bien, pas aussi bien que les Piliers de la Terre, déjà parce qu’il n’y a plus d’effet de surprise, mais ça fonctionne. Le livre est plaisant à lire et le lecteur se laisse porter par les péripéties des personnages. Cependant, dès les premières pages, on se doute de la fin de l’histoire.

Le Crépuscule et l’Aube offre un agréable divertissement mais ne lui en demandez pas plus.

Les Somnambules

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J’ai lu deux critiques enthousiastes de ce roman, une sur Babelio, l’autre sur le blog EmOtionS alors quand je suis allé chez mon libraire, je m’attendais à trouver le livre en bonne place dans le rayons. Mais non, il était bien caché, et quand j’ai annoncé au libraire que ce bouquin semblait faire un carton, il m’a répondu goguenard : « Je n’en ai vendu qu’un seul exemplaire, celui-ci. ». Damned ! Il faut dire que parler de pandémie de fin du monde ces temps-ci… enfin bon.

Ce roman se lit comme un road movie. Un road movie dans lequel les héros, suivent un, puis deux, puis trois, puis mille-vingt-quatre marcheurs entourés de leurs bergers. Un road movie de fin du monde, traversant les États-Unis à cinq kilomètres à l’heure.

Un roman épais de mille-cent-soixante-sept pages où il ne se passe finalement pas tant que ça d’évènements, un roman où se rencontrent les destins d’américains de tout âges, venus de tous les états, issus de tous les milieux.

La première à prendre la route s’appelait Nessie, une adolescente surdouée venue d’une ferme, marchant comme une somnambule, insensible à toute forme de sollicitation extérieure. Le premier des bergers fut sa grande sœur Shana, abandonnant tout pour protéger Nessie devenue une sorte de zombie. D’autres arrivèrent peu à peu et le troupeau grossit attirant la curiosité des scientifiques et la crainte puis la peur de la population.

Et pendant que le troupeau avance, infatigable, jour et nuit, une pandémie mortelle commence à décimer la population sombrant le monde dans le chaos.

Jusqu’à la révélation, aux trois-quarts du roman, les pages s’avalent plus vite que les kilomètres parcourus par les somnambules. Et même si je lisais sans réclamer d’explications, lorsqu’elle est arrivée, je l’ai trouvée décevante ce qui a rendu la fin plus laborieuse à lire. Les cent dernières pages prirent plus de temps à lire que les mille premières. Par chance l’auteur réussi le tour de force, dans le tout dernier chapitre, de rendre la catastrophe racontée pendant plus de mille pages plus noire encore.

J’ai aimé que Chuck Wending, à la manière de Franck Herbert dans Dune en son temps, commence chaque chapitre par une citation, un tweet, un extrait de podcast, une conversation, de quelques lignes à une page de texte qui donnent un autre point de vue sur l’histoire qu’il nous raconte.

Le roman porte également un fort message anti suprémacistes blancs très en vogue aux U.S.A. depuis le mandat de Donald Trump. Et depuis le début de la pandémie de COVID-19, Les Somnambules, paru en 2019, semble presque hélas, un roman prophétique.

Prévoyez quelques jours pour arriver au bout du roman, et si vous broyez du noir à cause de la pandémie actuelle de COVID-19, lisez-le quand tout ira mieux.

L’Etoffe

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Bien des années après avoir vu et revu un nombre incalculable de fois The Right Stuff, le film de Philip Kauffman, quelques semaines après avoir regardé les épisodes de la première saison de la série National Geographic (assez décevante), je me suis enfin lancé dans le livre de Tom Wolfe, L’Etoffe des héros. Il était temps me direz-vous.

L’Etoffe des héros raconte de manière journalistique et historique, les débuts de la conquête spatiale américaine, des X-1 jusqu’au programme Mercury alors que les Russes, en pleine Guerre Froide, battaient à plat de couture l’Oncle Sam en satellisant Spoutnik puis Youri Gagarine autour de la Terre.

Mais ce que raconte surtout le roman de Tom Wolfe, c’est l’héroïsme des pilotes d’essais américains, repoussant sans cesse les limites du possible sur des engins dangereux, cherchant la première place, le plus rapide, le plus haut, le plus brave. Le roman raconte l’étoffe dont était faite ces pionniers du vol spatial.

Le livre est également une galerie de portraits hauts en couleurs, commençant et terminant par Yeager, le pilote qui franchit le mur du son, Shepard, le premier américain en vol suborbital, Glenn le premier astronaute à tourner autour de le Terre, Grimson qui « déconna » ou Slayton qui resta cloué au sol. 

Le style de Tom Wolfe est laborieux au début du roman, abusant de répétitions et d’un vocabulaire peu soigné. J’ai peiné sur les premières pages, sortant d’un livre nettement mieux écrit. Pour compliquer les choses l’édition Folio présente quelques coquilles comme les orbites lunaires de Scott alors qu’il tourne autour de la terre et ces nombreux mots coupés d’un trait d’union en milieu de ligne. Mais là je pense que l’auteur n’y est pour rien.

Il est intéressant de regarder après coup les divergences entre le roman, le film et la série, les petits arrangements de chacun avec l’histoire pour la rendre plus crédible aux yeux du public. Le caractère et les rivalités des pilotes ainsi que leurs épouses divergent beaucoup d’une version à l’autre. Je n’ai pas été jusqu’à creuser plus loin pour connaître la version la plus probable, mais chacune d’entre elles souligne bien les tensions qui existèrent lors du programme Mercury et la manière dont furent perçu par les pilotes d’essais, ces singes volant, une perception qui évolua au fil du temps.

Le roman met en valeur une autre course à l’espace, américaine celle-ci, celle qui s’est jouée entre la solution militaire pilotée, le X-15 et le X-20 et la solution civile NASA, le programme Mercury, imposé dans la précipitation en réaction aux succès russes, où l’astronaute n’est qu’un singe, allongé dans une capsule, sur des tonnes de carburant hautement explosif, n’ayant d’autre fonction que de servir de cobaye humain dans cette course aux étoiles.

Un excellent roman pour tous les passionnés de l’espace.

Lëd

(c) Ninara

Le nouveau roman de Caryl Férey dépeint une bien triste carte postale de Sibérie : -30 degrés, de la neige sale sur les routes, des immeubles délabrés, une atmosphère viciée, une terre polluée, des mineurs alcooliques et malades.

Bienvenue à Norilsk.

Plus qu’un polar, Lëd décrit une ville au bord de l’effondrement après la chute du communisme, l’enfer sur terre où le vendredi soir les mineurs, qui ont remplacé les prisonniers politiques du goulag dans les tunnels, abrutis de fatigue, se saoulent jusqu’à l’oubli.

Le roman parle de ces habitants prisonniers de leur ville : Gleb, Dasha, Lena, Boris, Nikita, de leurs amours, de leur travail, de leur vie misérable sans avenir.

Le roman débute lors d’une tempête arctique, par -60 degrés celcius, lorsque lors de l’effondrement du toit d’un immeuble en ruine, le jeune Gleb découvre la corps gelé d’un autochtone, éleveur de rennes.

J’avoue avoir eu du mal à rentrer dans l’univers sordide de la ville de Norilsk et de ses nombreux personnages. J’ai même été assez mal à l’aise en lisant la scène d’amour très crue entre Gleb et Nikita. Sans doute était-ce voulu par l’auteur, moi qui aurait été émoustillé par une description similaire entre un homme et une femme.

Au fil des pages cependant, les personnages prennent de l’épaisseur sous la plume de Caryl et finissent par devenir les amis du lecteur. L’intrigue s’accélère avec son lot de victimes jusqu’à son impossible et cruel dénouement qui vous laisse presque orphelin.

Lëd esquisse un terrible portrait de la Sibérie contemporaine, entre froid, pollution, fatalisme, désespoir, alcoolisme et corruption. Un roman fort, qui ne laissera personne indiffèrent.