Pothamus – Abur

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Dans ma liste de courses, j’avais noté le groupe de post-metal belge Pothamus et son nouvel album Abur. Alice l’avait encensé et Alias en pensait du bien sans parler des extraits qui m’avaient séduits. 

Donc après m’être endormi sur Steven Wilson, je me suis dit, pourquoi ne pas tenter un post-metal mystiquo shamanique. 

Abur compte six morceaux très homogènes de trois à quinze minutes pour un peu plus de trois quart d’heure de transe. En fait, en guise de post-métal, Abur propose un shoegaze doom psychédélique. Une musique relativement lente, complètement fumée, ponctuée de scream et de transes au chant clair sur une batterie plus proche des percussions que de la double pédale.

Au début, je me suis demandé si j’accrocherais pendant les quarante sept minutes que durent l’album ou si le titre d’un quart d’heure n’aurait pas raison de ma patience. Après trois écoutes consécutives, je ne me posais plus la question.

Bonheur suprême, le groupe passait en Allemagne, non loin de Strasbourg au mois d’avril. Du coup j’ai eu l’occasion de les écouter le live et d’acheter l’édition vinyle et tant qu’à faire, un tee shirt. Un très beau vinyle accompagné d’un poster au format A2 sur lequel sont imprimées les paroles de l’album.

Abur est un album atypique que je ne recommanderais pas forcément à tout le monde. Ma femme classe la musique de Pothamus dans les trucs horribles que j’écoute tout le temps. Mon chat lui, reste sur mes genoux, même pas inquiet. Alors qui croire ? Bon, le chat avait peut-être faim.

‘Ravus’, qui dure près de six minutes,  superpose des claviers cinématiques sur des tam-tam indiens, des cris, des chants évanescents et de la batterie métal. Ce mélange improbable, assez répétitif, même s’il est en constante évolution, vous  entraîne dans un trip sous acides sans vous prévenir.

Le court ‘De-Varium’ s’ouvre sur les sons d’un instrument indien appelé shruti box et des chants incantatoires avec pour simple rythmique les notes d’une guitare. 

Un bref interlude qui laisse place à ‘Svartuum Abur’, un morceau de huit minutes, mystiquo métal des plus inquiétant.

Quant au titre album qui conclut le vinyle, il durcit clairement le ton après une première partie relativement planante. Disons qu’il y a un passage hurlé torturé qui fait froid dans le dos.

Les paroles des morceaux sont à l’image de la musique, complètement fumées, un concept album. Un mélange de quête de la connaissance, de philosophie, d’ésotérisme, de champignons hallucinogènes et de paillasson fumé. Pas vraiment ma tasse de thé à priori, sauf peut-être en musique.

N’hésitez pas à aller découvrir cet album sur Bandcamp, il fait partie de mes rares coups de cœur 2025.

Steven Wilson – The Overview

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Vous savez, moi et Steven Wilson ça a toujours été compliqué. 

Comme beaucoup d’entre vous, je l’ai découvert avec Porcupine Tree. J’ai été un inconditionnel du groupe britannique pendant des années, jusqu’à un certain incident qui reste pour moi le sommet de leur carrière. 

J’ai naturellement suivi Wilson en solo et là, on va dire qu’il y a eu des hauts et des bas. Des hauts avec The Raven That Refused to Sing et to the bone. Des bas avec The Future Bites et hand, cannot, erase. 

En plus, sa manie de préserver son image en pourrissant le travail des photographes de concert accrédités n’a pas amélioré nos liens, enfin mes liens avec lui. 

Alors quand la fan base s’est extasiée au sujet de son dernier album The Overview j’ai hésité. Hésité, car il n’est plus disponible sur Bandcamp, il en a été retiré, hésité aussi parce qu’après une écoute rapide, mon avis était mitigé.

Mais bon, un peu d’audimat ne fait pas de mal, même s’il m’a fallu débourser presque seize euros pour une version digitale sans parole avec les morceaux en double sur Apple Music.

L’album est court, deux titres de vingt-trois et dix-huit minutes plus dix autres qui ne sont que les deux précédents saucissonnés. Dans le premier, Wilson revient au rock progressif de The Raven, dans le second à de la pop alternative vaguement expérimentale.

Je comprends que les prog heads se réjouissent du retour de Steven Wilson aux sonorités des seventies. C’est vrai que ‘Objects Outlive Us’, comprenez les objets nous survivent, est proggy. Mais si je le compare le titre à ‘The Raven That Refused To Sing’ ou à ‘Luminol’, est-ce que Wilson joue vraiment dans la même cour de récréation ? Pour moi non. Je trouve qu’il y a beaucoup moins d’envie dans ce premier morceau même s’il est très agréable à écouter. De temps en temps, j’entends quand même une section instrumentale réellement éblouissante comme dans ‘Cosmic Sons Of Toil’, mais sans réinventer la poudre à perlimpinpin non plus. Le fait est que je ne trouve pas mes marques pendant plus vingt minutes et que tout se noie un peu, tant et si bien que je peux écouter le titre à deux reprises sans m’en appercevoir.

‘The Overview ‘ où Wilson s’extasie sur la complexité de l’univers (enfin, je crois), me touche encore moins. ‘Perspective’ aurait dû m’enthousiasmer avec son catalogue d’objets stellaires, mais il est juste étrange, ‘A Beautiful Infinity’ est d’une grande banalité dans l’œuvre de Wilson (il en a écrit combien de titres de cet acabit sérieusement ?). Certes la guitare est super travaillée quand même, mais est-ce que ça en fait une chez d’œuvre pour autant ? ‘Infinity Measured in Moments’ n’a franchement pas grand intérêt et ‘Permanence’ pourrait combler les angoisses des claustrophobes dans les ascenseurs. ‘The Sound of Muzak’ ça vous parle ?

Voilà, je crois que l’on a fait le tour du dernier Steven Wilson. C’est un album bien fait, relativement plaisant à écouter, mais certainement son chef-d’œuvre, disons que je n’ai pas ressenti le grand frisson. Que cela ne vous empêche pas de l’écouter, c’est du Steven Wilson tout de même.

Pothamus au P8

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Sur les conseils avisés de Alias et de Alice j’ai écouté l’album Abur du groupe belge Pothamus. Et j’ai été conquis. Hasard du calendrier, le groupe se produisait au P8 à Karlsruhe le vendredi 11 avril avec le groupe, également belge, HEMELBESTORMER.

Ni une ni deux, j’ai contacté la salle pour savoir si je pouvais venir faire des photos, et Bert m’a répondu par la positive. Muni de mon billet, du Nikon Z8, du nouveau 70-200 et d’un 24-70, je suis parti à Karlsruhe, une petite heure de route sans embouteillage pour une fois.

En arrivant Bert m’accueille, me donne les consignes et m’indique que pour Pothamus je pourrais monter sur scène pour faire des photographie. Cool !

Surprise, le P8 n’a pas ouvert la grande salle et c’est face au bar, sur une scène de quatre mètres par quatre, que va se dérouler la soirée. Je n’ai pas l’air con avec mon objectif 70-200 de compétition, dire que j’ai failli ne pas apporter le 24-70.

Alors que je déguste une bière avant d’attaquer les photos, Mattias M. Van Hulle, le batteur de Pothamus vient me voir pour me dire que c’est cool que je puisse faire des photos et que je peux monter sur scène tant que je ne fous pas le bordel dans les câbles. Vraiment cool. Mais comment lui expliquer que vu la taille de scène, je ne vais pas jouer à ça. Déjà, j’ai pour habitude de me faire oublier des musiciens et du public lorsque je photographie, ensuite, je me vois mal m’installer au milieu des musiciens sur une scène si petite.

Les lumières s’éteignent et le trio belge, après avoir brulé de l’encens, se lance dans dans shoegaze psyché complètement fumé du paillasson. D’ailleurs en parlant de fumée, la salle nage dans un brouillard dense et la scène est vaguement éclairée par quelques rares projecteurs.

D’ordinaire je m’autorise de monter jusqu’à 4000 ISO pour photographier, là je vais devoir monter à 10000 ISO et même ainsi je serais toujours en panique pendant la soirée. Une purée de poix. Alors désolé pour la qualité des photographies.

J’ai l’impression que Pothamus joue de manière plus soft en live qu’en studio avec moins de growl et plus de transe chamanique. Personnellement, cela me va parfaitement. Chaque musicien semble plongé dans son trip, surtout Sam Coussins, le chanteur et guitariste du trio. La section rythmique, tout particulièrement la batterie est ce que je préfère dans leur musique et là elle est carrément habitée. Après je suis assez mal placé pour profiter pleinement du son car la petite salle est bien remplie, alors je me suis casé dans un coin histoire d’avoir un champ dégagé.

Pothamus joue quasiment sans interruption leurs titres à rallonge, sans s’adresser une seule fois au public, plongés dans leur trip et les volutes épaisses de la machine à fumée. Moi, tant bien que mal, j’arrache quelques images à ce fog londonien irrespirable. Je recherche les rares éclaircies et les rayons de lumière pour capter un visage, une silhouette ou Michael Lombarts, le bassiste, qui est le seul à occuper la scène.

Leur set se termine trop vite à mon goût, en partie parce que je n’ai qu’une petite vingtaine de photos potentiellement exploitables et que j’aime beaucoup leur univers sonore.

Ils laissent la scène à HEMELBESTORMER, un quatuor instrumental de post-rock plus âgé et assez épais que j’ai rapidement survolé avant de venir au concert. Comme s’il n’y avait pas assez de brouillard, la technique en rajoute une couche. Cette fois, on ne voit pas à deux mètres. Les musiciens ont mis en place deux panneaux lumineux ésotériques qui encadrent le batteur et ils projettent des images de l’espace sur le fond de la scène.

Bon, vous savez, je ne suis pas post-rock, alors j’ai quelques craintes. Pourtant le mur de son répétitif des belges finit par chatouiller mes bouchons d’oreilles et je rentre dans leur prestation assez virile. Pour les photos, je suis carrément à la ramasse avant de trouver un réglage pour que l’autofocus fonctionne à minima et accroche quelque chose. Il fait sombre, les mecs bougent et c’est la purée de poix. Je me concentre sur un des guitaristes, celui qui est le plus proche de moi, faute de pouvoir attraper le batteur totalement noyé dans la fumée ou de choper l’ensemble du groupe.

Finalement j’aime bien leur univers musical et en rédigeant ce live report, j’écoute leur album Collide & Merge sorti en 2021. Le groupe joue jusque 23h30 et à la fin Bert me fait monter sur scène pour que je fasse une photo de la foule en liesse. J’ai fait ce que j’ai pu. Désolé Bert…

Après le concert, une fois le matériel remballé, je vais au stand de merch m’offrir Abur en vinyle et un teeshirt pour faire bonne mesure. Je devais revoir Mattias avant de partir pour échanger nos coordonnées mais il était pris dans une conversation avec les musiciens de HEMELBESTORMER et je n’ai pas voulu les déranger. J’espère qu’il recevra les photos.

Ce fut un chouette concert même si j’ai quand même bien galéré avec les photos. Grace au P8 je découvre régulièrement des groupes sympas qui sortent des sentiers battus et en plus j’ai mes entrées pour faire des photos ce qui devient assez compliqué de nos jours. Je vous recommande la salle et sa programmation. En plus les bières ne sont pas cher.

Les photos de Pothamus sont à découvrir sur mon compte Flickr comme celles de HEMELBESTORMER.

Hail Spirit Noir – Fossil Gardens

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Aujourd’hui, nous allons parler métal progressif avec un groupe venu de Grèce, Hail Spirit Noir. Je suis tombé dessus grâce au moteur de recherche de Bandcamp. Sa pochette a attiré mon regard et le prix m’a décidé à acheter l’album.

Fossil Gardens est un concept album sorti en juin 2024 qui fait suite à Eden in Reverse et qui explore les secrets de l’univers. Pour paraphraser le groupe, il s’agit d’un combat philosophique et scientifique pour percer les secrets de l’univers et atteindre de nouveaux états de conscience qui défient les limites de l’espace et du temps.

La pochette représente un écorché humain fait de nacre, de corail rouge, de coquillages et d’une perle, avec, en arrière-plan, ce qui ressemble à une nébuleuse.

L’album lui livre sept morceaux de deux à dix minutes pour trois quarts d’heure de musique ou chant clair et growl se partagent la parole. La musique quant à elle scille agréablement entre BO de science-fiction et métal parfois bien appuyé.

Les claviers et le chant clair qui ouvrent ‘Starfront Promenade’, annonceraient presque un album de prog cinématique avant que la double pédale et le scream n’écrasent tout sur leur passage. De temps en temps le côté progressif reprend du poil de la bête, mais ne nous mentons pas, dans Fossil Gardens le métal domine largement.

L’unique instrumental ‘Ludwig in Orbit’, long de seulement deux minutes, et qui allie classique et synthwave, fait exception. Un intermède vocal numérique toujours bienvenu avec de replonger dans la tourmente de ‘Fossil Gardens’.

‘The Blue Dot’ est certainement le morceau le plus hurlé des sept. Après une très brève note éthérée, le groupe rentre dans le vif du sujet et ne redescend plus jusqu’à sa conclusion aux claviers cinématiques. C’est assez dense, surtout avec ce scream grave et la guitare mandoline saturée qui l’accompagne même si quelques choeurs tabassés par la double pédale donne une vague impression aérienne à mi chemin.

La pièce la plus longue de l’album s’intitule ‘The Road to Awe’. Vous lui trouverez probablement un côté Pink Floyd assumé façon The Division Bell. Mais comme pour ‘Starfront Promenade’, très rapidement le growl s’insinue dans une mélodie planante et le titre finit rapidement par s’énerver et virer au western spaghetti.

C’est évidemment cette dualité musicale, le thème science fictionnesque, la pochette sans parler du prix de vente au mois de mars qui m’ont séduits dans Fossil Gardens.

Il va falloir que je me penche à l’occasion sur leurs autres productions comme Mayhen in Blue sorti en 2016 ou bien Pneuma de 2012 pour voir si j’accroche autant.

Mais si vous n’avez pas peur des mélanges, allez jeter une oreille sur le Bandcamp de Agonia Records où j’ai déniché l’album.

Everon – Shells

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Aujourd’hui je vais vous présenter le groupe Everon et son dernier album Shells. Everon est une formation allemande de rock progressif née dans les années quatre-vingt dix qui n’avait pas donné de nouvelles depuis l’album North sorti en 2008. Du rock progressif symphonique à tendance grandiloquente chanté en anglais.

Shells, sorti seize ans après North, compte pas moins de douze titres dont un grand format final de presque quinze minutes. Alors asseyez-vous confortablement devant votre hifi avec une bonne bière pour l’écouter, car vous allez rester assis pendant soixante onze minutes.

Certaines mauvaises langues disent que je vis trop près de la frontière allemande et que cela a une mauvaise influence sur mes goûts musicaux. C’est vrai, j’avoue, j’aime beaucoup le rock progressif d’Outre Rhin, et ça depuis des années.

Les musiciens de Everon ne sont plus tout jeunes tout comme leur musique qui ne va pas insuffler une nouvelle dynamique à un genre passé de mode. Mais, sans se vautrer dans la nostalgie des seventies, le groupe propose un rock progressif symphonique qui emprunte de nombreux éléments au folk et même du métal.

Les morceaux dégoulinent d’orchestrations symphoniques avec force de violons, de piano, de flûtes, rien de franchement épuré et même parfois limite pompier.

C’est ‘No Embrace’, le premier morceau de l’album qui m’a donné envie de découvrir Everon. Des guitares lumineuses posées sur des claviers symphoniques propulsent un chant solaire. La musique emprunte autant au prog symphonique qu’au folk, le tout avec beaucoup d’emphase, rappelant souvent The Ancestry Program et Neal Morse.

Par contre le ‘Broken Angels’ m’a fait très vite douter avec son style lent à la frontière d’une complainte chantée par Demis Roussos vers la fin de sa carrière. Disons que le contraste est saisissant jusqu’au refrain façon oriental qui remet les pendules à l’heure. Maintenant, je l’écoute sans sourciller.

Une fois que l’on est prévenu que Shells ose le kitsch, le pompier et le symphonique programmé, on peut continuer à écouter l’album beaucoup plus sereinement.

En fait, avec Everon je retrouve un peu l’esprit de ASIA, TOTO et des super groupes du même tonneau. Il y a quand même ‘Grace’ qui atteint la limite de ce que je suis capable d’endurer, surtout à cause du chant féminin qui me met mal à l’aise avec son approche quasi lyrique.

Du folk à la musique médiévale il n’y a qu’un pas que le groupe franchit allègrement avec ‘Pinocchio’s Noise’ chanté à deux voix. Une fois encore le symphonique rencontre la musique traditionnelle et c’est assez bluffant de voir comme tout cela est parfaitement arrangé.

Et lorsque l’on découvre ‘Flesh’ et ses quatorze minutes et vingt-cinq secondes, on ne peut que constater que Everon est très à l’aise avec les compositions, même dans leur forme longue. Le titre est une machine de guerre prog symphonique qui vous vole quinze minutes de votre vie sans que vous vous en rendiez compte. Un morceau absolument magistral à la manière de Transatlantic.

Malgré quelques petits dérapages ici où là, Shells est un album qui renoue avec le prog fleuve à grand spectacle. Donc si vous aimez le genre, allez l’écouter, vous ne serez pas déçu.

Mostly Autumn Chez Paulette

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Le café concert, perdu dans la campagne de Toul, a rouvert ses portes après une longue absence et l’association ArpegiA, qui organise des concerts de rock progressif dans ce lieu assez unique, a pu reprendre son activité restée trop longtemps en suspens. Et pour débuter la saison comportant trois dates, c’est le groupe Mostly Autumn qui était à l’honneur.

Et ne nous mentons pas, je ne suis pas un fan de Mostly Autumn. Mais l’occasion était trop belle de retrouver mes amis lorrains et de les soutenir avec mes petits moyens, une association qui fait beaucoup pour le rock progressif dans notre région.

J’ai écouté le dernier album en date du groupe intitulé Seawater, et sorti du dernier morceau, je n’ai pas été franchement emballé. Pour corser le tout, je m’étais couché le jour même vers 3h00 du matin après une longue nuit étoilée.

Plus de deux cents personnes avaient répondu présent à l’invitation d’ArpegiA, un bon début de saison pour l’association qui se poursuivra avec le groupe Weather Systems le 23 mai et Mystery le 25 octobre.

Comme dit plus haut, je ne suis pas un inconditionnel de Mostly Autumn et leur nouvel album ne m’a pas laissé de souvenir impérissable. Je n’avais donc pas de grosse attente pour ce concert et finalement j’ai été agréablement surpris. Même si certains titres sont un peu faciles façon Floyd cover, si les soli de guitares sont d’un grand classicisme, le groupe assure un show bien rodé et plusieurs morceaux, dont le long ‘Seawater’, m’ont transporté. J’ai beaucoup aimé les passages où le folk rencontre et prog et un peu moins les moments où la batterie cogne sur les fûts.

Sur scène sept musiciens, deux guitaristes, un bassiste, un batteur, un clavier, une chanteuse et caché dans un coin une flûtiste jouant également des claviers. La petite scène de Chez Paulette est bien chargée. Alors sorti de la chanteuse qui bouge et fait le show, le spectacle reste assez statique. Ceci dit Alex Cromarty, le batteur, semble bien s’éclater pendant que ses comparses restent très concentrés. 

C’est un concert à trois voix avec évidemment Bryan, Olivia et Chris, le second guitariste, à la voix fluette. Le chant d’Olivia, qui ne m’avait pas emballé outre mesure sur Seawater, m’a agréablement chatouillé en live, comme quoi on peut être parfois surpris.

J’ai reconnu plusieurs titres de Seawater pendant le concert mais étant donné que je ne possède que deux albums de Mostly Autumn à la maison, ne m’en demandez pas plus sur la setlist de la soirée. Un show avec entracte et pas de première partie pour pas loin de trois heures de musique qui ont passé très vite malgré la fatigue. 

J’ai en plus, comme toujours, retrouvé plein de connaissances que je n’avais pas croisé depuis longtemps, un des charmes de Chez Paulette qui est un peu ma seconde maison du rock progressif.

Je me rend compte avec horreur en écrivant ces lignes, que plusieurs des musiciens de Mostly Autumn jouent ou ont joué également dans Riversea, un groupe que j’aime beaucoup. J’aurais dû rester après le concert pour taper la discute avec Alex et Iain. Mais bon, j’avoue qu’à 23h30, mes yeux commençaient sérieusement à piquer et il me restait encore deux heures de route devant moi avant de me coucher.

Ce fut une très belle soirée, alors merci à ArpegiA de nous proposer ces concerts et merci à Mostly Autumn pour leur belle performance.

Vous trouverez toutes les photos du concert sur mon compte Flickr.

Moonshine Blast – Realm of Possibilities

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Entre des écossais et des allemands, j’ai décidé de glisser un groupe français qui chante en anglais, histoire de changer un peu de langue.

Je ne sais plus vraiment comment j’ai entendu parler de Moonshine Blast et peu importe. Il s’agit de quatre musiciens de la région parisienne qui proposent du rock progressif à la sauce alternative.

J’avais survolé leur premier album Reality Fear sorti en 2018 sans être totalement convaincu et j’attendais leur prochain effort pour voir s’ils progresseraient. Et pas de doute, Realm of Possibilities change de braquet.

Leur nouvel album est ambitieux avec douze titres en comptant ‘The Cell’, le grand format de plus d’un quart d’heure. Realm of Possibilities explore de nombreuses facettes du rock progressif, des morceaux de quatre à seize minutes qui empruntent au prog, au métal, à l’alternatif et aussi à la pop.

Fatalement, on y retrouve de nombreuses influences comme celle de Porcupine Tree qui est certainement la plus flagrante. ‘Only You’ flirte plutôt avec la pop quand l’instrumental ‘Liquid Feels II’ porte clairement la marque du rock alternatif expérimental de Steven Wilson et que ‘Broken Arrow’ possède quelques passages néo-progressifs quand ‘Fractal’ emprunte des éléments à Opeth.

Pour continuer les comparaisons, j’entends dans Realm of Possibilities du anasazi avec ‘When The Wind Blows’, du Cris Luna sur le rageux ‘Strangled’, du Marillion ou du Peter Gabriel, mais l’influence la plus évidente reste, je l’ai déjà dit, celle de Porcupine Tree.

Le titre album compte peut-être parmi les plus originaux, disons que j’ai beaucoup plus de mal à le raccrocher au travail d’autres artistes que j’écoute régulièrement. J’aime beaucoup son ouverture à la basse et la guitare ainsi que l’énergie de la voix Nicolas.

Je trouve que le groupe ne maîtrise pas vraiment la forme longue. ‘The Cell’, du haut de ses seize minutes, est un titre prometteur sur le papier. Hélas, je me perds rapidement en route, passé sa première partie presque psychédélique. Au bout de quatre minutes, Moonshine Blast se lance dans un quasi cover Porcupine Tree qui traine ensuite en longueur, et là, je décroche à chaque fois.

Et c’est bien dommage, car l’album s’achève sur une petite pépite, le délicat ‘When The Wind Blows’ qui débute à la guitare acoustique et au chant pour s’enrichir progressivement de claviers, de batterie et de guitare électrique.

L’album est assez varié, ce qui est une bonne chose si l’on considère sa durée. Par contre, il lui manque une identité bien marquée, et le chant, pourrait être mieux maîtrisé et plus varié.

Realm of Possibilities est album intéressant, certes pas très original et sans doute trop long à mon goût, mais il mérite la découverte.

Saor – Admidst the Ruins

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Il n’y a que Stéphane Gallay pour recommander des groupes comme Saor et moi pour les écouter. Imaginez donc, du black métal marié à du folk qui accouche d’une galette dans les tourbières écossaises. Voici à quoi peut ressembler Admidst the Ruins, le nouvel album du groupe Saor.

Admidst the Ruins propose cinq titres de huit à quinze minutes pour une durée totale de près d’une heure où vous entendrez des flûtes, des pipes, des sifflets, du violon, de l’alto, du violoncelle et tout l’attirail électrique du métal sans parler de chant clair et de growl.

C’est la participation de la violoncelliste Jo Quail sur le morceau ‘The Sylvan Embrace’ qui a motivé ma première écoute de l’album, même si au bout du compte, elle est assez anecdotique. En plus mon chroniqueur suisse préféré en disait beaucoup de bien. 

L’achat a naturellement suivi. Pourtant j’ai trainé à en parler. C’est qu’il faut tout de même être dans un certain état d’esprit pour écouter ce folk pour le moins caverneux. 

Il n’y aurait pas le growl et quelques poussées de testostérone Admidst the Ruins pourrait presque passer pour un album de The Coors. Instruments à vent, à cordes et percussions jouent des mélodies dansantes dignes des paysages des highlands et la voix claire de Jira souligne encore ce trait.

Mais le druide qui se tient dans un cromlech au milieu des montagnes et l’ouverture fracassante du titre album annonce la couleur. Il y aura du black métal au menu avec le haggis.

‘Echoes of the Ancient Land’ ne lève pas le pied, bien au contraire et s’il offre des accalmies instrumentales salutaires, le chant viril revient vite à la charge, soutenu par une déferlente de double pédale.

‘Glen of Sorrow’ propose une accalmie dans cette tempête métal folk s’il n’y avait les roulements de tambours d’une armée en marche. Difficile de ne pas visualiser les hommes d’un clan avançant dans la vallée au son des cornemuses. 

Mais si vous voulez un morceau vraiment atmosphérique, attendez le court ‘The Sylvan Embrace’ qui ne dure que huit minutes. Là, même Andy cesse de hurler pour murmurer. On est en pleine mystique indo-européenne où le druide sanctifiait le gui et célébrait la fertilité en frottant son popotin contre des menhirs. Des hérésies historiques qui ont connu leur heure de gloire à la fin du dix-neuvième siècle. Parce que, soyons clairs, les mégalithes, c’est trois mille ans avant les celtes… Bon passons.

L’album s’achève avec ‘Rebirth’ dont la seconde moitié est un air traditionnel celtique magnifique et très connu, mais impossible de lui mettre un nom dessus désolé, pourtant j’ai cherché dans les classiques.

Sorti du fatras pseudo celtico mystique, ce dernier album de Saor est fortement recommandable pour qui n’a pas peur des mélanges hydromel single malt.

Dim Gray – Shards

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Après le magnifique Flown il y a cinq ans, un Firmament qui m’avait un peu déçu en 2022, Dim Gray revient cette année avec leur troisième album studio intitulé Shards. 

Le groupe norvégien, tout d’abord trio en 2020 puis devenu depuis quintette, sort un disque neuf titres d’une quarantaine de minutes. Du rock progressif folk symphonique dominé par le chant et une guitare à la signature très particulière.

Comme souvent dans mon cas, il est question de voix, de mélancolie et de piano. Avec cet album, Dim Gray coche toutes ces cases et plus encore. Comble du bonheur, mon épouse aime beaucoup leur musique, même si elle la trouve un peu bizarre, ce qui m’autorise à l’écouter à fond et en boucle dans le salon.

L’arrivée de Shards a encore une fois bousculé ma programmation musicale et deux de mes derniers achats de l’année attendent dans un coin que je daigne revenir vers eux. 

Du chant à deux, voire trois voix, avec Oskar, Hakon, au timbre très particulier, qui est lead sur trois titres et la chanteuse de pop-jazz norvégienne Vaarin sur le second morceau ‘Myopia’. Du rock progressif avec des violons, violoncelles, mandoline, sitar, santour, piano, synthétiseurs, guitares, basse et batterie, bref une musique très riche sans être écrasante.

Dès les premières notes de ‘Defiance’, j’ai su que j’allais tomber amoureux de cet album. La guitare au style americana conjuguée à la voix d’Oskar ainsi qu’aux notes de piano tissent immédiatement une ambiance assez unique, cinématique et mélancolique qui colle aux paysages et émotions décrits de la chanson.

‘Murals’, le troisième titre de l’album, impose tout particulièrement sa patte folk. Il me fait penser aux danses irlandaises endiablées et la voix étrange de Hakon renforce cette impression.

J’aime également beaucoup la ballade au piano de ‘Mooneater’. Mais bon, si je ne craquais pas pour ce genre de morceau, je ne serais plus moi. Le titre est mélancolique et cinématique, quasi religieux, le genre de merveille entre Anathema et Big Big Train que je peux écouter boucle pendant des heures.

Et après son début intimiste, ‘Little One’ emprunte quelques secondes au prog symphonique des seventies de Genesis avec des claviers à la Tony Banks pour revenir à une musique plus calme ensuite.

Il n’y a vraiment que des merveilles dans cet album, mais bizarrement, je n’accroche pas plus que cela avec ‘Attakulla’, le grand format de dix minutes qui clôture l’album. Je n’y trouve pas de vrai point d’ancrage sorti de sa très belle ouverture quasi à capella. Il lui manque peut-être quelques rebondissements dans sa structure.

Malgré ce bémol, Dim Gray revient avec un troisième et très bel album que je vais certainement acheter en vinyle, dès qu’il sera disponible en commande en Europe. Allez l’écouter d’urgence sur Bandcamp, vous m’en direz des nouvelles.

rioghan – KEPT

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Rioghan est une formation finlandaise de métal progressif présentée par Alias dernièrement. Du métal progressif à chanteuse qui sur son dernier album Kept varie beaucoup les genres, du métal symphonique en passant par l’électro et la ballade pop au piano.

Contrairement à Stéphane, j’adore le métal progressif à chanteuse. Cela me change de ces métallos qui torturent leurs cordes vocales pour atteindre les hautes notes de la gamme en studio et se plantent magistralement en live.

Rioghan Darcy possède une belle voix, pas forcément exceptionnelle comme Marcela, Anneke ou Floor, mais suffisamment maîtrisée pour que j’y trouve mon compte. Une voix capable de scream démoniaque comme dans ‘Edge’ et de chaleur à la manière de ‘Grief’.

Kept est un album dix titres d’une cinquantaine de minutes. Ici pas de grand format sorti de ‘Red’ qui reste d’une longueur très raisonnable. Par contre, vous allez entendre une grande variété de styles, histoire de ne pas vous ennuyer une seconde.

Les titres alternent douceur et scream, pop et métal, électro et symphonique, voire folk et ce pendant un peu moins d’une heure, si bien que tout le monde y trouvera son bonheur, à moins d’être vraiment difficile.

Si ‘Hands’, ‘Edge’, ‘Motion’ ou ‘Red’ déboitent bien les cervicales, ‘Skin’, ‘Distance’ et surtout ‘Grief’ jouent plutôt l’apaisement. ‘Motion’ donne dans le symphonique, ‘Skin’ n’est pas loin de l’électro, ‘Hopes’ emprunte beaucoup d’éléments au folk avec accordéon et violon quand ‘Grief’ propose une ballade au piano.

Lorsque Stéphane a sorti sa chronique, je suis allé écouter l’album sur Bandcamp et juste après, j’ai commandé le CD dans la foulée. Kept fera certainement partie des albums sur lesquels j’aurai beaucoup de plaisir à revenir, donc tant qu’à faire, autant l’avoir sous la main dans ma discothèque idéale.

Le seul reproche que je ferais à cet album concerne sa production qui manque de ciselé. Sur des enceintes de PC ou au AirPod cela passe assez bien, mais lorsque le digital passe sur mes enceintes colonnes, la finesse du master révèle ses faiblesses. On verra ce que donnera le CD lorsqu’il arrivera à la maison.

Kept ne sera pas l’album de l’année mais j’y reviendrai certainement de temps en temps parce qu’il est très agréable à écouter sans être trop typé. Je vous invite donc à y jeter une oreille et plus si affinités.