Lowen – A Crypt in the Stars

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En 2018 le groupe britannique Lowen sortait son premier album A Crypt in the Stars. Trente-cinq petites minutes de doom fleurant bon le rétro progressif chanté par Nina Saeidi.

Je suis tombé dessus par hasard et j’ai tout de suite accroché à leur musique venue d’une autre époque. Pourtant, croyez-moi, A Crypt in the Stars ne partait pas gagnant. Sa production est tout simplement exécrable et Nina n’a pas tout le temps le diapason près de son oreille.

Je n’ai pas beaucoup d’informations sur la formation d’origine, seuls Nina et Shem Lucas sont crédités sur l’album alors que l’on entend de la batterie, de la basse et de l’orgue Hammond est présent sur quelques morceaux. Le chant, pas toujours très maîtrisé, donne dans l’incantatoire à la Mandylion sauf que Nina n’est pas Anneke.

La musique, elle, joue un doom stoner parfois agrémenté de claviers vintages à souhait donnant une touche rétro prog aux compositions.

Le premier morceau au titre imprononçable ouvre l’album acapela, façon prière aux dieux ou lamentation avant de s’enfoncer dans un stoner assez dense d’où surnage le chant plaintif de Nina.

Le titre ‘The Fortress of Blood’ pousse le curseur jusqu’à épouser les sonorités d’un grand classique du prog, à savoir In The Court Of The Crimson King. On y entend en effet, en trame de fond, un orgue Hammond rugissant sur lequel s’impose le chant déclamé de Nina rythmé par une batterie très clairsemée. Et à la cinquième minute, l’orgue prend le dessus sur le reste de la musique pour un magnifique voyage progressif.

‘Krenko’s Command’ est nettement plus rentre-dedans. Dans ce second morceau, beaucoup plus direct et presque deux fois plus court, vous n’entendrez que des guitares saturées, une batterie assez bourrine et bien entendu le chant qui lui ne varie guère.

Le dernier titre de l’album, ‘In Perpetual Bloom’, qui dépasse les onze minutes, épouse une forme plus psychédélique et joue un peu les prolongations. La dernière partie quasi instrumentale qui fait quand même un peu au remplissage, surtout sur un album aussi court.

L’album A Crypt in the Stars, s’il m’a d’abord séduit, a été rapidement éclipsé par l’arrivée de Stalagmite Steeple et par la dernière découverte d’Alias, la chute de Numenor racontée par Anfauglir.

D’ailleurs, ce sera peut-être cette nouvelle acquisition dont je parlerai la semaine prochaine, parce que franchement, j’adore cet album.

Returned To The Earth – Stalagmite Steeple

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Tim Bowness, No Sound, Blackfield, ces noms vous parlent ? Alors, fermez les yeux et ouvrez les oreilles. Je vais vous faire découvrir l’album Stalagmite Steeple sorti l’an passé.

L’artiste caché derrière le projet Returned To The Earth né en 2014, se nomme Robin Peachey. Un motard barbu qui est également compositeur, chanteur et guitariste. À ses côtés jouent Paul Johnston à la batterie, aux claviers et à la guitare ainsi que Steve Peachey aux synthés.

Stalagmite Steeple est son second album après Fall Of The Watcher en avril 2022. Six morceaux de rock progressif de cinq à dix minutes pour un peu moins de trois quarts d’heure de mélancolie.

Outre la douceur du chant au spleen dans l’esprit de Tim Bowness, il y a cette musique aux magnifiques traits de guitares et aux claviers planants qui ne laissera aucun amateur de No Sound indifférent.

Évidemment, avec de tels ingrédients, les morceaux ne brillent pas par leur gaieté. D’ailleurs les titres des pièces donnent clairement le ton : ‘Die For Me’, ‘Dark Morality’, ‘The Final Time’…

Alors, si votre médecin vous a prescrit des antidépresseurs, n’avalez pas la boite d’un coup en écoutant Stalagmite Steeple, ça pourrait vous être fatal.

Mon titre préféré est le premier de l’album, une pièce d’un peu plus de sept minutes intitulée ‘Dark Morality’ où l’on retrouve tous les ingrédients que j’aime chez Returned To Earth, guitares, piano, mélancolie et chant.

Malgré son écriture très progressive, particulièrement sur le titre ‘Die For Me’, Returned To The Earth use de la forme classique couplet refrain avec un petit solo de quelque chose qui se glisse même dans les courts formats.

Le côté prog vient plus des palettes sonores et rythmiques utilisées par Robin tout au long de l’album. On retrouve en effet des tonalités et des tempos bien connus comme le piano accompagné de cordes utilisé dans de nombreux morceaux.

L’album n’est pas révolutionnaire en soit, mais je le trouve absolument sublime. Si je l’avais découvert l’an passé, il aurait eu de bonnes chances de figurer sur le podium.

ILLUMISHADE – Another Side of You

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Les critères qui décident des albums que je vais présenter ici sont multiples.

  • Le premier, c’est bien évidemment mes goûts.
  • Le second, c’est de varier les plaisirs.
  • Le troisième, c’est que ce soit une nouveauté.
  • Le quatrième c’est de vous présenter de temps en temps un groupe suisse dont Alias n’a jamais parlé, rien que pour l’énerver.

Aujourd’hui j’ai trouvé la perle rare, il remplit presque tous les critères. Illumishade est un quintet de metal mélodique suisse à chanteuse que Stéphane Gallet n’a sans doute pas encore découvert, puisqu’il n’en parle pas sur son blog.

Leur album Another Side of You est hélas sorti l’an passé, je l’ai vu trop tard. On ne peut pas gagner à tous les coups. Il compte quatorze titres de deux à six minutes pour presque une heure de musique. Du métal symphonique vaguement apparenté au progressif à consonance fortement commerciale.

Le métal symphonique implique souvent une jolie chanteuse à la voix fabuleuse pour émoustiller les gros tatoués anesthésiés par la bière. Ici encore Illumishade remplit le contrat. Fabienne Erni, qui joue également du piano dans le groupe, est une belle femme à la voix puissante et riche en nuances.

L’album donne le symphonique, la presque pop, le djent, l’électro, alternant tabassage modéré et douceur sans pour autant passer par la case growl, ce qui est presque regrettable. Car presque une heure de chant féminin, aussi beau soit-il avec relativement peu de passages instrumentaux sorti de ‘Enter the Void’ et ‘The Horizon Awaits’, cela fatigue à la longue.

Le titre ‘CYCLONE’, qui est d’ailleurs le plus long de Another Side of You, possède justement un bel équilibre entre musique et chant, entre caresse et grosse baffe. Il débute par du djent, continue sur du chant, revient au djent, laisse place à une section instrumentale cinématique et retourne au chant.

Dans le genre qui poutre, il y a également le morceau ‘ENEMY’ qui est pas mal, même si je préfère la construction de ‘CYCLONE’.

Au milieu de métal se glissent quelques surprises comme ‘Verliebt’, comprenez « amoureuse », le dernier titre joué au piano par Coen Janssen du groupe Epica et chanté en allemand par Fabienne. Et dans le huitième titre ‘Fairytale’, mon âme forgeronne s’est révoltée. J’ai presque eu l’impression d’entendre Céline Dion dans les vocalises de la chanteuse.

Les guitares de Jonas Wolf sont classiques mais font bien le job que ce soit en mode poutrage ou solo dégoulinant. La basse de Yannick pourrait être plus en avant et la batterie de Marc manque à mon avis de personnalité. Mais ce sont les claviers de Mirjam et la voix de Fabienne qui donnent à Illumishade sa patte toute particulière.

Another Side of You est un album relativement varié qui veut plaire à un large public. Il ne parvient pas totalement à me convaincre cependant car il souffre de quelques longueurs, non pas par des titres à rallonge, mais par quelques répétitions. C’est aussi un album trop axé sur le chant et qui aurait gagné en mettant la musique plus en avant. Cela reste néanmoins du bel ouvrage et si vous ne connaissez pas le groupe, allez les écouter.

Katatonia – Nightmares as Extensions of the Waking State

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Je me suis enfin décidé à vous parler de l’album Nightmares as Extensions of the Waking State de Katatonia. J’ai hésité parce que sincèrement un titre pareil, c’est juste pas possible à prononcer pendant une vidéo, même avec un prompteur. Nightmares as Extensions of the Waking State, sérieusement…

Je vais vous parler du dernier album Katatonia pour trois raisons.

  • Premièrement, je l’ai acheté.
  • Ensuite, je n’ai plus rien en stock en ce moment.
  • Enfin c’est quand même Katatonia.

Pour moi, Katatonia c’est avant tout la voix fabuleuse de Jonas Renkse. Bon c’est aussi du métal mélancolique, mais c’est d’abord la voix de Jonas.

Nightmares as Extensions of the Waking State change toutefois un peu la donne avec une écriture plus mordante qu’à l’ordinaire. Pour preuve, le premier morceau ‘Thrice’ qui lance l’album. Les guitares flirtent parfois avec le djent et certains passages aux claviers sont très tendus. Reste la voix de Jonas qui garde cette douceur mélancolique malgré tous ses efforts pour l’endurcir.

Les chœurs façon requiem dans ‘Wind of no Change’, innovent un peu comme l’attaque du morceau à la basse et à la batterie, qui est pour le moins inhabituelle chez Katatonia. Il y a également le titre ‘Efter Solen’ chanté en suédois, une petite nouveauté fortement appréciée, car après tout, quelle idée de chanter tout le temps en anglais. Pour le coup, à l’opposé de ‘Thrice’, il s’agit d’une des pièces les plus cool du disque malgré son final électrosensible.

Il faut aussi parler des soli de guitare comme dans le dernier titre, ‘In the Event of’. Ce n’est pas souvent que la six cordes se lâche aussi longtemps dans un album de Katatonia.

Après avoir souligné les petites particularités de cet album au nom à coucher dehors, j’ai presque tout dit. Car c’est du Katatonia, et depuis City Burials, j’ai l’impression d’écouter tout le temps un peu la même chose. Ca n’est pas désagréable, loin de là, mais je me retrouve souvent à écouter le groupe d’une oreille distraite sans vraiment trouver d’accroche ni dans la voix, ni dans la musique.

En fait, j’aimerai bien que Katatonia me surprenne pour une fois. Nightmares as Extensions of the Waking State n’en reste pas moins un bon album, mais il ne rentrera certainement pas dans mon top 2025.

Le Buffle Royal

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La première semaine du mois d’août s’annonçait très chargée : 

  • Le 1er devait se déroulait la nuit des étoiles au jardin Botanique à Strasbourg. J’étais de fête.
  • Le 2 nous devions sortir le télescope de 600 mm à Grendelbruch.
  • Le 3 nous étions chez des amis.
  • Le 5 King Buffalo jouait au P8 à Karlsruhe.
  • Le 7 Messa jouait également à Karlsruhe.
  • Le 8 je devais faire un aller-retour à Lyon pour déménager mon petit dernier.

Tout cela en assurant la permanence au travail.

Par “chance”, le 1er et le 2, la météo n’a pas permis de faire de l’astronomie. Il pleuvait des cordes.

Un concert de Messa, juste avant de rouler plus de dix heures, même si j’adore le groupe, ne me paraissait pas une très bonne idée, du coup, il ne restait qu’un repas tranquille chez des amis, un concert de King Buffalo et une balade à Lyon pour occuper ma semaine.

Cela devenait nettement plus raisonnable.

Donc mardi, après une journée de travail à monter et démonter des meubles puis faire des courses, je suis parti à Karlsruhe, armé de matériel photo, pour assister à mon troisième concert du groupe américain psychédélique King Buffalo.

Je les avais écoutés pour la première fois à Rock Your Brain Fest en juillet 2022, puis au P8 en juin 2023.

Seb venait également au concert avec son amie Emilie, c’était l’occasion de a rencontrer enfin et de réaliser que j’aller me rendre de plus en plus souvent seul aux concerts, car le garçon est amoureux, et je le comprends. Bref…

Arrivé à l’avance, j’ai commandé une bière légère au bar du P8. Mais voilà, mon allemand étant ce qu’il est, c’est à dire nul, je me suis retrouvé avec un panaché, autant dire du poison. C’est peut-être ce qui m’a empêché d’apprécier pleinement la première partie Spirit Mother.

J’ai eu le temps de discuter quelques minutes avec Bert, mon contact au P8 pour les accréditations (il parle français). Il voudrait se mettre à la photo de concert, il faut dire qu’il est bien placé pour ça, alors on a discuté matériel et réglages avant que je retrouve Seb et Emilie pour les présentations officielles et que Spirit Mother monte sur scène.

Le quatuor américain de heavy rock psychédélique possède la particularité de compter une violoniste dans ses musiciens. Pour le reste, leurs compositions sont assez classiques et chantées par un égorgeur de moutons.

Je ne suis pas franchement entré dans leur trip, surtout avec ce méchant arrière-goût de limonade dans la gorge et pour couronner le tout, j’ai ramé pour prendre mes premières photos. 

King Buffalo va nous sauver la soirée.

Le trio heavy psychédélique se met en place dans une salle quasi comble (heureusement que le public allemand est toujours super sympa avec photographes, sinon je n’aurai rien pu faire). Pendant la première moitié du concert, je suis resté concentré sur mes boîtiers et réglages, car je voulais réussir quelques clichés du groupe, particulièrement ceux du bondissant Dan Reynolds à la basse qui est difficilement saisissable et de Scott Donaldson qui est toujours caché derrière ses fûts. Pour le guitariste Sean McWay c’était plus simple. J’étais à ses pieds la plupart du temps.

Comme Seb, je n’ai pas reconnu tous les morceaux joués, tout particulièrement la partie centrale de leur set nettement plus lente. 

La grande scène du P8 n’est pas franchement adaptée à un trio, heureusement que Dan tourne en rond comme un cabri avec sa basse, ce qui le rend particulièrement insaisissable dans l’objectif, disons qu’il faut calculer la trajectoire et tomber sur la bonne lumière. 

Bert qui bosse au P8 et m’accrédite pour les concerts, est venu devant faire quelques photos pendant le concert, avec un escabeau…, je devrais toujours venir aux concerts avec un escabeau. Et comme il est super sympa, il m’a laissé monter dessus avec mon attirail, trop bien ! Merci Bert !

Quand j’ai arrêté de shooter, j’ai enfin profité pleinement de la musique. Je me suis laissé aller au trip incantatoire du heavy psyché américain et j’ai vraiment adoré. Les motifs de guitare répétés à l’infini avec de subtiles variations me plongent dans une transe qui agit à chaque fois. Pas besoin de psychotropes, de champignons ou bien de weed pour s’offrir un voyage astral avec King Buffalo.

Leurs interactions avec le public se limitent toujours au strict minimum, Sean dit quelques mots, s’avance rarement sur le devant de la scène, restant le plus souvent coincé devant ses pédales d’effets et son mini-clavier. Il n’a plus de canne, comme lors des deux précédents concerts auxquels j’avais assisté, c’est déjà ça.

A 23h, après un dernier rappel, trois heures de live, deux groupes et un panaché, King Buffalo tire sa révérence aussi sobrement qu’ils sont arrivés sur scène.

Je discute encore un peu avec Emilie et Sébastien et je reprends la route vers Strasbourg pour quelques heures de sommeil avant d’aller pointer au travail.

Ce fut une belle soirée, un chouette concert, dommage que je n’ai pas pu aller écouter Messa jeudi soir. Mais il faut dormir de temps en temps.

Les photographies ont dû attendre le jeudi soir pour être triées et développées. J’aime bien travailler dessus le lendemain matin après le concert, lorsque j’ai encore toutes les images en mémoire, mais là ce n’était pas possible.

Encore une fois merci à Bert pour l’accréditation et un très bientôt au P8 pour de nouvelles aventures.

Les photos de Spirit Mother sont ici.

Celles de King Buffalo ici.

The Foundation – Relations

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Et si nous parlions un peu de rock progressif pour changer, du prog symphonique complètement vintage ? Le groupe néerlandais The Foundation, formé il y a cinq ans par le claviériste Ron Lammers, vient juste de sortir son second album rétro progressif Relations. Encore fois, je suis tombé dessus un peu par hasard en parcourant les albums proposés par le moteur de recherche de Bandcamp.

Relations contient huit titres de quatre à dix minutes de prog symphonique très inspiré par Genesis et The Watch, ce qui revient d’ailleurs un peu au même. Dès les premières notes de ‘Alpha’ aux sonorités on ne peut plus genesissiennes, j’ai eu l’envie furieuse d’acheter l’album. Pourtant j’ai hésité à franchir le pas une fois arrivé à la fin du disque, mais ça j’en parlerai plus loin.

Les claviers de Ron Lammers sont au cœur de The Foundation même s’il est entouré de pas mal de monde. Huit musiciens en comptant Ron. Vous allez entendre de la flûte, du violon en plus des guitares, basses, batteries, chanteurs et bien entendu les claviers.

L’album ne contient qu’une seule pièce instrumentale ‘Beauty of Nature’. Les autres morceaux sont chantés en anglais avec de larges sections sans paroles à l’exception du titre central ‘Ses Lunettes Noires’. Et puisque nous en parlons, c’est ce morceau chanté en français qui m’a fait longuement hésiter à acheter l’album.

A chaque fois que j’arrive dessus, je passe au titre suivant. Parce que bon, les rythmes dépotoirs, ça va cinq secondes. Le texte signé Hugo Asensio est pathétique et la musique au piano d’une rare banalité. Je ne comprends même pas comment une telle chanson a pu être ajoutée à ‘Relations’.

Et c’est vraiment dommage, car les claviers vintages de Ron et Gijs comme les guitares de Rinie et Jens, nous replongent délicieusement dans les seventies sans parler du fait que Mark au chant me rappelle parfois Simone Rossetti de The Watch.

Sorti de ‘Ses Lunettes Noires’, le groupe propose un rétro prog qui tient très bien la route, tout particulièrement sur ‘Alpha’. Si vous aimez les inspirations folks, ‘Beauty of Nature’ ne devrait pas vous déplaire et écoutez donc ’ouverture de ‘Backbone’ à la guitare, c’est une merveille !

Et puis si vous en avez assez de rétro prog, ‘Ruberband’ et ces dix minutes progressives à tirroirs, vous proposera des sonorités nettement plus modernes sans pour autant déparer dans l’album.

Pour ne pas gâcher mon plaisir à chaque écoute, j’ai tout simplement supprimé le titre de ma bibliothèque, histoire de pouvoir écouter l’album sans sauter un morceau à chaque fois.

Peut-être trouverez-vous ‘Ses Lunettes Noires’ à votre goût et dans ce cas l’album Relations devrait figurer dans les belles découvertes de l’année. N’hésitez pas à me le dire en commentaire, je suis curieux de savoir à quel point je suis un vieux grincheux.

Anubis – The Unforgivable

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Je reviens en 2024 pour me pencher sur un album que j’ai injustement ignoré. Je veux parler de The Unforgivable du groupe australien Anubis. J’ai été surpris de tomber dessus par hasard et encore plus lorsque que je l’ai écouté pour la seconde fois. 

Pour quelle raison l’avais-je laissé de côté ? Mystère. Car Anubis est une formation que je suis depuis leurs débuts et que j’ai même eu la chance de voir en concert. Je devais être submergé par des sorties fabuleuses ou bien dans une de mes crises forgeronnes pour ne pas trouver mon bonheur dans ce titre de trois quarts d’heure. Parce franchement, un concept album d’Anubis, ça ne se refuse pas.

Le morceau a été artificiellement saucissonné en dix parties pour être plus digeste pour un cerveau normalement constitué, mais c’est bien le même titre qui se joue pendant quarante-deux minutes.

Souvent, je reproche à Anubis de faire du Anubis et de manquer de niaque pour accrocher l’auditeur du début jusqu’à la fin. The Unforgivable semble faire exception. Même le chant de Robert me semble plus dynamique qu’à l’ordinaire.

Mais c’est quoi du Anubis au juste ? C’est un prog parfois symphonique, assez floydien, surtout pour les guitares et la basse, avec des passages instrumentaux nettement plus nerveux, beaucoup de piano, de claviers et un chant riche en pathos.

The Unforgivable parle d’une secte et d’un jeune homme qui tombe sous son emprise avant de réussir à s’en échapper. Un album nettement plus sombre que ces prédécesseurs. C’est peu dire.

Le titre débute et s’achève par des enregistrements audios que l’on retrouve disséminés tout au long de l’histoire. Des enregistrements sonores qui agrémentent l’album, comme le train dans ‘All Because of You’ ou les voix dans ‘Back’, qui offrent des points de repère pour suivre la progression de l’histoire.

J’ai l’impression que The Unforgivable est plus mordant que ses prédécesseurs. Pas tout le temps loin de là, mais par exemple dans la troisième partie ‘Alone’, où se glissent quelques sections qui dépotent bien.

L’album me rappelle également Brave de Marillion avec ses sonorités piano et guitares comme dans la première partie de ‘Shadows Cloak the Gospel’ et la voix de Becky Bennison sur ‘The End of the Age’ est un changement notable dans l’histoire de Anubis. Il me semble que c’est la première fois qu’une autre personne chante aux côtés de Robert.

Tout cela pour dire que j’écoute The Unforgivable depuis deux semaines sans discontinuer et avec beaucoup de plaisir. Alors si comme moi, vous êtes passé à côté de cet album, rattrapez vite cette grossière erreur, car il compte parmi les meilleures créations du groupe Anubis.

Pagan Night

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Deux boîtiers photo, deux objectifs, deux scènes, trois cafés, six heures de concert, sept groupes, quatre-cent cinquante photographies, j’ai survécu à la nuit métal folk du Tanzmatten.

Je le dis à chaque fois, mais ce n’est vraiment plus de mon âge ce genre de marathon. Mais voilà, j’aime ça. Alors j’y retourne.

La programmation était alléchante même si un seul des groupes figurait dans ma discothèque. On trouvait presque toutes les déclinaisons du métal folk à growl, venues d’Europe. Ecosse, Allemagne, Suisse ou d’Irlande. Il y en avait pour tous les goûts, du spectaculaire, du traditionnel, du sombre, du violent, bref du métal.

Pour cette édition, j’avais décidé de me sortir les doigts du fondement et d’aller vers le public pour réaliser des photos de ces spectateurs hauts en couleurs et très sympas. Pas une seule fois je n’ai essuyé de refus, bien au contraire, les métallos que j’ai abordés étaient heureux de poser devant l’objectif. J’ai même récupéré quelques adresses mail pour leur envoyer les photos plus tard. C’était super cool. Merci à eux.

Quand je ne tirais pas le portrait du public, j’étais devant la scène à shooter les groupes. Feuerschwanz a vraiment joué le jeu des photographes avec leur scénographie et leurs interactions avec le public et les photographes. J’ai tout simplement adoré. Saor était clairement le plus austère mais la musique était magistrale. Primordial était certainement la plus chaotique des quatre formations et les bouchons d’oreille peinaient à protéger les tympans, mais quelle patate !

Et j’oublie Can Bardd qui ouvrait le festival. C’était pas mal, mais comme peut l’être un amuse bouche. 

En extérieur, trois groupes moins connus faisaient leurs armes devant un public plus clairsemé. Alita possédait la fougue de la jeunesse quand Towarb nous plongeait dans une mystique monacale. Morgaten se situait à mi chemin des deux formations. 

La programmation a été réalisée de manière à ce que l’on puisse aller d’une scène à l’autre, ne rien manquer et même trouver le temps de boire une bière et de manger un morceau.

Le hall d’entrée avait été transformé en temple du merchandising avec plein de vinyles, tee-shirts et autres goodies sans parler du bar à vin qui proposait, alléluia, du café, qui a permis aux photographes de tenir pendant six heures sans flancher.

J’ai adoré les allemands de Feuerschwanz, bon plus pour le show en costumes que pour la musique entraînante. Mais le meilleur était pour la fin. Si les musiciens de Saor ont offert un spectacle assez austère, leur musique elle était éblouissante. J’ai également bien aimé Alita qui avait l’énergie de la jeunesse, par contre Towarb m’a ennuyé au plus haut point.

L’organisation était au top. Les deux scènes ne se gênaient pas, il y avait de la restauration libanaise, chinoise, alsacienne, plein de bières plutôt sympa, de l’eau potable pour remplir sa bouteille et des toilettes pour évacuer tout ça. Le son était excellent, dedans comme dehors et il n’y a eu à ma connaissance aucun problème technique. Le public était bon enfant, les gars de la sécurité au top, bref que du bonheur.

Lorsque je voulais faire un break, il y avait la prairie avec ses bancs et relax, le temps de reprendre des forces, déguster une bière et trier quelques photographies. Il ne manquait que des copains pour partager la soirée. Mais grâce à l’appareil photo, j’ai fait quelques rencontres très sympas, du coup je ne me suis pas vraiment senti tout seul au milieu de la foule.

À part la galère des transports, ce fut une très belle soirée riche en découvertes et rencontres. Sur les quatre-cent cinquante photographies prises pendant la soirée, un centaine sont exploitables, j’en ai préparé une première sélection de trente clichés pour les organisateurs du festival qui sont disponibles sur Flickr.

Z51 Fest - Journée metal, folk, pagan

Merci à Zone 51 pour l’accréditation et bravo à eux d’organiser un tel événements en Alsace !

Peninsula – Anemoia

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Aujourd’hui, j’ai décidé de ne pas me fouler. Je cherchais un album à écouter et je suis tombé bien malgré moi sur Anemoia de Peninsula, un pur cover Pink Floyd. En fait, le groupe venait de me suivre sur Instagram, alors je suis allé écouter ce qu’ils faisaient, histoire de leur rendre la politesse.

Peninsula est un projet né en face de l’île de Sky au Royaume Uni en 2018 et qui mélange improvisations floydiennes, titres à rallonge et musiques cinématiques. Anemoia ne comprend qu’un seul titre instrumental de vingt-cinq minutes et trente secondes.

Je sais, je râle souvent contre les groupes trop proches de leurs modèles, surtout de Pink Floyd et de Porcupine Tree. Mais ici le ton est donné, on ne te ment pas sur la marchandise, c’est assumé et c’est vachement bien joué. A tel point que passées les vingt cinq minutes, j’avais envie d’en écouter plus.

Les guitares de David, James et Tom sont à tomber par terre, un toucher gilmourien quasi parfait, bref un pied total. En plus des guitares, il y a un nourrisson qui gazouille, une basse, des claviers et Georges à la batterie qui donne largement le change.

Anemoia est une pièce en neuf mouvements qui alterne les styles entre Pink Floyd, post-rock et prog cinématique. Le titre commence par une guitare dans le plus pur style gilmourien de la période A Momentary Lapse of Reason pour glisser ensuite vers des sonorités plus anciennes.

Puis vient un passage post-rock cinématique avec les babillages du nourrisson et des chants de baleines auxquels succèdent une guitare acoustique et des claviers.

La guitare électrique revient, moins floydienne et plus dans le style Steve Rothery cette fois, agrémentée de quelques bruitages industriels à la ‘Welcome To The Machine’.

Puis Pink Floyd revient vers la dix-huitième minute façon Dark Side of The Moon en quasi cover cette fois, que ce soit la rythmique ou bien les guitares avant de reprendre le thème cinématique du bébé et des cétacés.

Anemoia s’achève alors sur un long solo de guitare bluesy stellaire aux consonances très floydiennes.

Si le nom du groupe Pink Floyd comme celui de son guitariste David Gilmour apparaissent régulièrement dans cette chronique, ce n’est pas par hasard. Peninsula est clairement habité par cet univers musical et le revendique.

Fallujah – Xenotaph

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Je vous propose un voyage en Irak dans la tristement célèbre ville de Fallujah. Bon, je ne suis pas ici pour vous parler de la chute de Saddam Hussein ou bien des supposées armes de destruction massives inventées par Colin Powell.

Fallujah est aussi le nom d’un groupe de métal progressif américain qui existe depuis une dizaine d’années et qui possède quatre albums à son actif. 

Alias a chroniqué leur travail à maintes reprises, mais c’est le moteur de recherche de Bandcamp qui m’a fait découvrir leur dernier album Xenotaph sorti le 13 juin dernier.

Xenotaph ce sont huit titres de trois à sept minutes pour près de trois quarts d’heure de metal progressif à deux voix où le growl est très présent.

La pochette n’est pas étrangère à mon choix, elle m’a tout de suite tapé dans l’œil. Un artwork qui reprend les codes du précédent album Empyrean, que j’ai également écouté par curiosité.

Fallujah joue d’un metal prog très technique qui part dans toutes les directions et où chant clair et growl se disputent le temps de parole. Cela n’empêche pas leur musique d’être ciselée et extrêmement mélodique contrairement à Empyrean qui était nettement plus brutal. Mais clairement, c’est la grosse voix qui l’emporte ici et c’est peut-être ce qui m’a rebuté la première fois. Xenotaph, écartelé entre une bonne dose de violence et de mélodie, convenait assez bien à mes humeurs caniculaires.

La musique se construit sur des guitares à la Plini, des claviers à la Jordan Rudess et une rythmique djent qui part dans toutes les directions. Les rivages paisibles de cet album ressemblent plus au Cap Horn en pleine tempête et les quarante-deux minutes de traversée pourront sembler très longues à qui soufre du mal de mer.

Les ouvertures sont souvent mélodiques, rapidement submergées par le growl, et de temps en temps, la batterie s’apaise et du chant clair vient tempérer les ardeurs du métal. Mais soyons honnête, cela ne dure jamais très longtemps. Ici, pas de pièce acoustique entre deux charges de djent pour souffler quelques minutes avant de se faire à nouveau tabasser. Du coup, au bout de trois quarts d’heure de ce traitement, je suis à chaque fois lessivé et essoré.

Pour un album court, je le trouve vraiment très long., sauf les jours où je suis survolté. N’empêche, Xenotaph est une belle machine de guerre, un monstre d’énergie débridée, le tout servi par une technique chirurgicale et des contrastes vocaux impressionnants.

Je le recommande au plus métalleux d’entre vous ou bien pour les jours où vos voisins vous tapent sur les nerfs.

Et si vous voulez écouter du metal, vendredi 18 juillet à Selestat, il y aura une nuit consacrée au Pagan avec à l’affiche Primordial, Saor, Can Bardd et d’autres. D’ailleurs, si quelqu’un y va depuis Strasbourg, je cherche un covoiturage…