Evergrey au Grillen

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Finalement j’y suis allé, poussé par ma chérie. C’était pourtant un lundi soir, j’avais encore trois points de suture à la main gauche et une béquille pour soulager le pied droit.

Mais madame est fan de Silent Skies, surtout le premier album, comme moi, et lorsqu’elle a fait le lien entre le chanteur de Silent Skies et Evergrey, elle a voulu aller les écouter. Moi aussi je voulais voir le groupe de Goteborg en live depuis des années. Alors nous y sommes allés, juste après une grosse journée de travail.

Evergrey jouait au Grillen à Colmar en compagnie de Virtual Symmetry et des français de Fractal Universe. Autant dire que la soirée s’annonçait très métal, bien loin de la douce mélancolie de Silent Skies. J’avais prévenu ma chérie que ça allait tabasser, surtout au Grillen qui n’est pas réputé pour la subtilité de son acoustique. 

J’ai bien fait sinon je me serai fait disputer. 

Virtual Symmetry ouvrait les hostilités à 19h30. Du metal progressif assez soft façon Dream Theater ou Evergrey avec des claviers électro et pas de growl. Bon, ça tabassait déjà pas mal.  Le groupe a fait son possible pour mettre de l’ambiance devant le public peu enjoué même si c’était un peu forcé. Je n’avais pas vraiment accroché à leur album Virtual Symmetry mais j’ai trouvé leur prestation live de meilleure facture, surtout vocalement.

Juste après, Fractal Universe prenait la relève. Clément, le batteur, prépare son kit avec soin, s’assurant que tout est bien en place. Il faut dire, comme le prouvera le live, qu’il est le cœur du groupe, un batteur fabuleux, qui écrit la mélodie quand guitare et basse construisent la rythmique. Contrairement à leur album The Impassable Horizon où pointe un peu de chant clair, nous aurons droit essentiellement à du growl bien rugueux, du djent tabasseur technique à souhait et une démonstration de maestria metal. Le saxophone s’invite sur quelques morceaux mais sincèrement, avec l’acoustique défaillante du Grillen et le matraquage des basses, toute forme de subtilité a échappé à mes bouchons d’oreille. J’ai quand même adoré leur set.

Vers 22h c’est Evergrey qui monte sur la petite scène. Le public s’est nettement densifié mais on peut toujours se déplacer jusqu’au bar pour commander un coca. 

Une bière? Non un coca. Voilà votre bière, elle est locale. Je voulais un coca… Une bière ? Non un coca. Elle est bonne notre bière. Ok, bon ben je prendrai une bière alors.

Tom n’a manifestement pas chauffé sa voix avant de grimper sur scène. Les débuts sont rocailleux. Mais après deux morceaux, le diésel est chaud, et malgré une certaine fatigue, nous retrouvons la voix de Evergrey. Comme l’a finement remarqué mon épouse, Rikard Zander n’est pas Vikram Shankar (Silent Skies) et Jonas Ekdakri  n’est pas Clément Denys (Fractal Universe). Mais les guitares de Henrik Danhage sont à la hauteur comme la basse de Johan Niemann. L’ensemble fonctionne à la perfection et la prestation de Evergrey est juste impressionnante.

Je n’apprécie le groupe surtout depuis leurs trois derniers albums. Alors lorsqu’ils ont exploré de vieux morceaux j’ai un peu décroché. D’autant que la fatigue de la journée commençait à se faire sentir et que le pied devenait de plus en plus sensible.

Ce fut un belle soirée métal, d’autant plus exceptionnelle que je l’ai partagée avec mon épouse, plus habituée aux auditoriums de musique classique qu’aux salles remplies de métallos en furie. Mais elle, plus tenace que moi, a réussi après avoir lourdement insisté, à avoir du coca dans son verre.

ps : les photos proviennent de mon smartphone, désolé…

Uchroniques

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Une uchronie est récit fictif construit à partir d’un point de départ historique. Pourquoi je vous raconte ça ? Parce que mes chroniques sont des formes d’uchronies.

Vous vous doutez bien que j’écoute beaucoup plus d’albums que je n’en chronique. Au début je résumais ces écoutes dans des Compressé qui n’ont pas eu beaucoup de succès. Alors j’ai arrêté.

Panem et circenses qu’il disait…

Je ne parle plus des albums moyens moins, des disques dont des confrères ont magnifiquement fait l’éloge, des EPs et des choses trop étranges pour intéresser un seul abonné YouTube. Il y a toutefois quelques rares entorses à cette charte de temps en temps.

Malgré cette sélection drastique, j’ai toujours un temps d’avance comme diraient certains collègues. Comprenez, j’ai plusieurs vidéos enregistrées prêtes à être mises en ligne et encore plus de scripts qui n’attendent qu’à être enregistrés. 

Pour tout vous dire, j’ai quatre vidéos en stock et six albums chroniqués à filmer. Du coup je pourrais publier à plus haute fréquence, genre deux fois par semaine. Mais je ne veux pas retomber dans le piège de la productivité du webzine Neoprog. Et puis il y a des semaines avec des baisses de forme où je suis trop à plat pour enregistrer une vidéo. J’aime bien avoir ce petit matelas de sécurité pour les vacances et les coups de pompe.

Le défaut, c’est qu’à partir du moment où la vidéo est enregistrée, elle devient une uchronie. Je m’explique : ce que j’y raconte se détache du flux temporel principal pour ne plus évoluer avec moi. Lorsque je mets en ligne la chronique, l’album que j’annonce prochainement acheter a déjà tourné en boucle pendant des heures sur ma platine, le concert prévu a été annulé, mon enthousiasme du moment est retombé, bref je suis parfois en total décalage avec ce que j’ai dit alors.

C’est pour cela que je n’annonce plus le prochain album, car plusieurs fois j’ai inversé la programmation à la dernière minute parce que le disque n’était pas arrivé à temps ou que, au contraire, je voulais rapidement faire la retape d’un nouveau coup de cœur.

Je pourrais y remédier en ré enregistrant la chronique mais voilà, je suis terriblement feignant. Il m’est arrivé de revoir le montage, de couper un passage, mais rien de plus. Je pourrais ne pas avoir de chronique en stock histoire de coller au plus près au flux temporel mais cela me stresserait trop et vous risqueriez d’être privé de votre YouTube du lundi. Donc vous devrez faire avec ces uchroniques. Certaines sautent aux yeux, d’autres sont plus subtiles.

Si vous vous ennuyez cette semaine, vous pouvez faire remonter dans les commentaires les plus flagrantes anomalies spatio-temporelles des Chroniques en Images. Ca me ferait quelques commentaires…

Oceans of Slumber – Starlight and Ash

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Oceans of Slumber, c’est du metal prog américain avec du growl et du chant clair quasi gospel. Enfin ça, c’est la théorie. En pratique, leur dernière galette lève le pied sur le metal, oublie le growl et se pare de couleurs far west, reprenant même le titre cultissime ‘House Of The Rising Sun’.

Les fans seront peut-être déroutés par la démarche, surtout avec l’instrumental ‘Spring 21’ joué au piano. Mais pas moi. Pain Of Salvation est également passé par là avec l’excellent Road Salt One.

Dans Starlight and Ash, la sublime voix de Cammie Beverly – tient, vous avez remarqué, Cammie à changé de nom, elle ne s’appelait pas Gilbert il y a peu ? Si… La belle a épousé Dobber le batteur et pianiste du groupe, je suis désespéré. Bon. Je disais donc, la voix de Cammie, on l’appellera comme ça, c’est moins douloureux, donc la voix de Cammie est magnifiée sur ces onze morceaux.

Sur de nombreux titres, les guitares empruntent au registre du bluegrass et de l’americana, particulièrement dans ‘The Lighthouse’ ou ‘Salvation’. 

D’ailleurs si vous regardez le dos du digipack ou bien la page centrale du livret, vous découvrirez le groupe déguisé en cow boys. Bon d’accord, des cow boys sur une plage, mais quand même.

En parlant de plage, Starlight and Ash évoque souvent l’océan dans les paroles et les titres des morceaux comme pour ‘The Water Rising’, ‘The Lighthouse’ ou ‘The Shipbuilder’s Son’. S’agirait-il d’un concept album ? Je n’en sais rien. Les textes oscillent entre nostalgie, amertume et souvenirs et comme je n’ai pas creusé la question, je vous laisse trouver la réponse.

Entre des pièces de facture plutôt metal progressives, ‘The Water Rising’, ‘Just A Day’, et ‘The Shipbuilder’s Son’, on découvre des tonalités americana auxquelles le groupe ne nous avait pas franchement habituées jusque-là. Dommage que l’instrumental au piano ne casse pas des briques. Dobber n’a rien d’un Rachmaninov, mais la pièce sert de tremplin parfait pour le magnifique ‘Just A Day’. 

Le résultat est magnifique, mélodique à souhait, mais, car il y a un mais, Starlight And Ash manque parfois de mordant. Toutefois peut-être est-ce dû à la production. En effet, l’édition vinyle, sur une seule galette 180 grammes, possède un sublime mastering où l’équilibre entre basses, médiums et aigües comme la dynamique est parfait. Donc à choisir, prenez le vinyle.

Mes morceaux préférés sont ‘The Lighthouse’ qui amorce le virage americana, ‘Salvation’ et ‘Just A Day’ qui nous livre un incroyable rebondissement après l’évocation de rêves d’enfant de Cammie accompagnée au piano par Dobber.

Starlight and Ash n’est peut-être pas mon Ocean Of Slumber préféré au moment où je vous parle mais cela pourrait évoluer au fil des écoutes. L’avenir le dira. Quoi qu’il en soit, c’est un très bel album.

Luna’s Call – Void

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Pourquoi louer une ponceuse sophistiquée pour vos petits travaux lorsque vous pouvez écouter Void de Luna’s Call ? Poussez le volume à fond et en deux écoutes, votre parquet sera poncé.

C’est sur Blog à Part que je suis tombé sur la chronique papier de verre de Luna’s Call, un groupe très justement comparé à un Wilderun ou un Opeth en version caverneuse. Du metal progressif d’une très grande richesse mélodique et orchestrale au growl clairement prononcé.

La première écoute m’avait laissé dubitatif, car ne nous mentons pas, ça gueule façon glayau rauque de fin de trachéite presque tout du long de l’album. A la seconde écoute, la brosse à paille de fer est passée au second plan, derrière la musique d’une infinie richesse et j’ai acheté l’album. A la troisième écoute, je me suis dit qu’il faudrait en parler ici même si Alias en a déjà fait la retape.

L’album d’une cinquantaine de minutes livre trois longs formats et cinq titres plus conventionnels où se retrouve l’esprit d’Opeth, de Dream Theater et surtout Wilderun. Par moment cela fait quasi cover mais l’ensemble est tellement riche et foisonnant d’idées que cela ne me pose pas de problème.

D’ailleur si Void n’avait pas déjà deux ans au compteur, il figurerait dans ma liste pour le podium 2022.

D’entrée de jeu Luna’s Call fait du Opeth sur le court ‘Merced’s Footsteps’ puis également dans ‘Locus’ alors que dans les treize minutes et quelques de ‘Solar Immolation’, lorsque le growl s’efface, c’est Dream Theater qui domine la partition.

Ça ne les empêche pas de lever le pied dans ‘Enceladus & the Life Inside’ en quasi acoustique et chant clair.

Évidemment il y a des ‘In Bile They Bathe’ où l’aspirine est fortement recommandée mais c’est largement compensé par le délicat instrumental ‘Silverfish’ qui suit.

Et Wilderun dans tout ça ? L’esprit de Wilderun se retrouve dans les titres fleuves ‘Signs’, ‘ Solar Immolation’ et tout particulièrement dans ‘Fly Further Cosmonaut’ qui termine l’album.

Il n’y a pas si longtemps, j’aurai sans doute renoncé à l’écoute de Void à cause du growl. Mais depuis mon tatouage sur les fesses, je n’ai peur de rien, je bois même de la Kronembourg en pack de seize. Cet album est une tuerie, merci à Stéphane pour la découverte.

Evergrey – A Heartless Portrait

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Evergrey est longtemps resté pour moi un groupe de metal prog de seconde zone avant qu’ils ne sortent The Atlantic en 2018 confirmé trois ans plus tard par Escape of the Phoenix.

Je reconnais que cet engouement tient beaucoup au pathos et à la voix de Tom qui officie également dans le groupe Silent Skies que mon épouse adore, mais elle c’est pour le pianiste.

Malgré cet engouement, je ne me suis pas offert A Heartless Portrait en vinyle cette fois. Non pas que j’ai de oursins dans mes poches mais que le premier extrait de leur nouvel album ne m’a pas emballé outre mesure.

Le digipack trois volet aux couleurs cyan et sang est entre mes mains avec son livret assez épais. Une créature mythologique ailée semble veiller sur un monde et ses deux satellites à moins qu’elle ne cherche à les détruire. L’explication se trouve peut-être dans les textes.

A Heartless Portrait ce sont dix morceaux très musclés où la batterie de Jonas ne se pose presque jamais, où les guitares d’Henrick et Tom déchirent les éthers et où les claviers de Rikard fusent telles les flammes d’un chalumeau à acétylène. 

Techniquement, il s’agit d’une grosse tuerie de cinquante minutes qui ne vous laisse pas beaucoup d’espace pour souffler sauf peut-être dans ‘The Great Unwashed’ au solo de folie ainsi que dans le final ‘Wildfires’ nettement plus apaisé et mélodique.

A Heartless Portrait porte bien son nom. Les grands écarts instrumentaux et l’émotion à fleur de peau de sont pas vraiment au rendez-vous cette fois. C’est un album assez froid et technique dans son ensemble. 

De la double pédale parkinsonnienne, des cris de galériens débordant de testostéronne, ‘Save Us’ donne le ton de l’album. Ça sent l’homme et le déodorant sans aluminium. ‘Midwinter Calls’ donne dans le péplum metal. Alors poussez les potards au maximum pour faire trembler les murs.

Malgré tout cela, Evergrey reste mélodique grâce à la voix de Tom et les claviers de Rikard. Des touches électros virtualisent ce metal prog très viril et les soli de guitares, comme dans ‘Ominous’ feront grimper au rideau les fondus de six cordes. Une tendance forgeron amorcée dans escape of the Phoenix qui prend ici sa pleine puissance.

Ça cogne, ça tape, ça pleure, ça chante, un déferlement musclé parfaitement contrôlé façon chœurs de l’armée rouge.

La production aurait pu bénéficier de plus d’attention, non que ce soit épouvantable, mais disons perfectible. Il faut pousser le volume assez fort pour faire ressortir la dynamique de la bête.

Bon, vous l’aurez compris, A Heartless Portrait ne sera sans doute pas mon Evergrey préféré. N’empêche, c’est une belle machine de guerre metal progressive qui en live pourrait révéler tout son potentiel et que j’écoute très régulièrement depuis sa sortie.

Teeshirt : Los Dissidentes Del Sucio Motel

OU – ONE

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Prenez une chanteuse chinoise à la voix d’enfant qui chante à contretemps d’un djent et qui soudain donne dans l’ambiant atmosphérique. Vous obtiendrez OU.

Derrière OU il y a également un américain, Anthony Vanacore, qui habite depuis huit ans en Chine. Il signe la musique en plus de taper sur la batterie.

Si vous commencez à avoir mal à la tête et à ne plus entendre de l’oreille droite, c’est normal. Ce sont les symptômes de ONE, le premier album pandémique de OU. Une quarantaine de minutes et huit titres plus tard, vous vous demanderez peut-être si vous avez bien fait d’acheter le disque, mais ça, c’est votre problème.

Car le moins que l’on puisse dire, c’est que ONE est bizarre. Déjà il y a cette pochette rose avec en médaillon le portrait de Lynn Wu. Ensuite il y a le livret saumon rempli d’idéogrammes et de chinois incompréhensible. Seuls les titres des morceaux sont en anglais.

C’est mon grand geek chevelu de fils qui m’a parlé de OU. Alors j’aurai dû me méfier un peu. Lui il est branché gaming, manga, anime, bières au cognac, LGBT et CBD. Vous voyez le genre.

Si j’aime bien les nems et le riz cantonais, j’ai plus de mal avec la culture post maoïste, que ce soit en littérature ou en musique. Pourtant, une fois le premier trauma passé, il faut bien reconnaître que ONE change de la routine occidentale. D’ailleur c’est assez surprenant que le label ultra conservateur Inside Out ait pris un tel risque.

One démarre fort avec ‘Travel’. Si vous vouliez vous faire une idée de ce que donne du djent électro où la ligne vocale en chinois se désolidarise totalement de la musique, vous tenez là un bon exemple. Ne nous mentons pas, c’est un peu hardcore comme mise en bouche.

Après, si vous tenez jusqu’au bout de ‘Travel’,  le reste passe tout seul. Les deux titres suivants sont aussi barrés et j’avoue que j’ai eu un petit peu peur que tout l’album soit du même tonneau. 

C’est là qu’arrivent ‘Ghost’ et ‘Euphoria’. Deux titres nettement plus intimistes, instrumentaux, cinématiques et un peu expérimentaux, surtout pour le second.

Et puis ça repart de plus belle avec ‘Prejudice’ qui donne dans le Plini. Il s’agit de mon morceau préféré au passage, dans lequel djent, guitares et chant étrange trouvent leur équilibre. ‘Dark’ n’est pas mal non plus avec son long couplet basse/chant/batterie même si les ‘Ling en ding de sheng xiang’ du début surprennent un peu.

Après l’obscurité, revient la lumière avec ‘Light’. Un titre lent, expérimental, tout à la voix de Lynn Wu. Une lumière douce comme celle de l’aube, des notes toutes en attente qui terminent ONE sur quelques touches plus traditionnelles.

OU est un OVNI de la scène metal progressive. Passé le choc culturel initial, ONE s’apprivoise au fil des écoutes, alors soyez curieux pour une fois.

Teeshirt : Melanie & Martin

Mother of Millions – Orbit

Galerie

Cette galerie contient 2 photos.

Mother Of Millions est né en 2008 à Athène sortant son premier album Human, – un concept comme il se doit – en 2014. Viendront ensuite Sigma et Artifact après plusieurs concerts avec Ocean of Slumber, Leprous ou Sleepmakeswave. Continuer la lecture

Happy birthday Mr President

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Chroniques en Images fête sa première année d’existence après la fermeture du webzine Neoprog. L’occasion de revenir sur les réseaux sociaux maintenant que l’on m’a oublié et de tenter de faire décoller l’audience.

Le rythme d’une vidéo par semaine me va très bien, me laissant assez de temps pour approfondir l’album que je vais chroniquer sans me mettre la pression. Par contre, j’avoue que je ne peux plus forcément parler de tout ce que je voudrais. J’ai tenté des brèves mais elles n’ont eu aucun succès alors je vais sans doute y renoncer.

J’ai été approché par quelques labels et artistes et je résiste toujours à l’envahisseur. Même si dans Neoprog je me sentais assez libre de m’exprimer, il y avait quand même une certaine pression insidieuse qui me poussait à mettre en avant des albums qui ne le méritaient pas forcément.

Maintenant, je fais vraiment ce qui me plait. Et si quelques fans outrés s’excitent dans les commentaires, ça n’a pas grande importance. 

L’investissement pour réaliser ces vidéos a été progressif et très raisonnable. J’avais la caméra, j’ai acheté les éclairages, le prompteur et l’écran vert, du matériel que j’utilise également pour la photographie. J’achète toujours autant de musique à côté de ça mais de plus en plus souvent en numérique ce qui divise les prix par deux ou trois en plus d’avoir un plus faible impact sur mon bilan carbone. Bref je fais des économies. Plus besoin de pub ou de donation pour équilibrer les finances. Par contre, je vais bientôt manquer de teeshirt, car je dois en avoir une soixantaine en tout et pour tout dans le dressing et certains ne sont plus mettables. Alors si vous voulez sponsoriser les Chroniques en Images, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Question audimat, je suis passé de 200 vues par jour à 20 par semaine. A croire que ce ne sont pas mes chroniques que l’on lisait à Neoprog mais celles publiées par le reste de l’équipe.

Pour les vidéos, j’écoute vos conseils avisés. Fais pas d’humour, sors toi le balais du cul, arrête de lire ton texte, évite les recadrages intempestifs, souri, cesse de gigoter, rigole un peu, bouge plus, parle avec tes mains, fais plus de gros plan, ne mets que ta voix, met la voix de quelqu’un d’autre. Des conseils que je suis à la lettre, merci à vous.

Filmés d’abord dans le salon, à côté du piano, j’ai migré rapidement devant un écran vert à cause du télétravail. Je suis revenu au boulot au bout d’une semaine mais je garde cette configuration. L’écran vert, même s’il donne une image moins belle, permet de changer de décor en faisant juste une photo. C’est pratique. Le montage par contre est plus complexe, surtout avec iMovie, mais après avoir testé plusieurs solutions logicielles, je vais rester sur cet outil qui est relativement stable et simple même s’il se révèle vite limité.

Je n’ai pas l’intention de changer la formule. Je vais juste essayer de l’améliorer comme cesser de filmer en iso auto ce qui est stupide mais j’oublie à chaque fois de changer les réglages. Pour l’instant je n’arrive pas à me passer du prompteur, j’ai essayé je vous jure, donc je vais garder mon air constipé. Pour ce qui est de sourire, n’y comptez pas, mes dents sont vraiment trop moches. Pour ce qui est de la musique dont je vais parler, cela dépendra de mes coups de cœur (vous avez échappé de peu à un récital classique y a pas si longtemps). Dans l’ensemble, j’écoute pas mal de métal progressif et un peu moins de prog. C’est l’âge qui veut ça, je deviens sourd…

Merci aux quelques personnes qui me suivent dans cette aventure. Vous avez le droit de lever le pouce, de commenter et même de vous abonner à la chaîne, ça le donnera l’impression d’être moins seul.

Vola – Live From The Pool

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Un live sans public n’est pas tout à fait un live. Il lui manque l’énergie restituée par la foule en délire. 

Mais depuis quelques temps, jouer devant des milliers de personnes relève de l’impossible. Les salles annulent, les frontières se ferment, les musiciens tombent malades et les groupies portent des masques.

Alors finalement, enregistrer un concert en studio, ça n’est pas si mal, d’autant que le son sera de bien meilleure qualité.

C’est au fond de la piscine désaffectée d’une base militaire au Danemark, que Vola joue treize titres de leur discographie metal progressive. Un live capté sans la foule en délire et immortalisé en digital, CD, Blu Ray et vinyles translucides.

Si Witness ne m’avait pas totalement convaincu contrairement à applause of a distant crowd, j’étais impatient de les découvrir en concert.

Live from the pool comble en partie cette attente. Le tee shirt, le sweat, le pins et le Blu Ray permettent de s’offrir un show à la maison sans port du masque. Les vinyles menthe à l’eau quant à eux, seront réservés pour des écoutes plus audiophiles.

Ici le jeu de Vola gagne en mordant et les titres diffèrent quelque peu des versions studio. De même, la voix de Asger n’est pas aussi lisse, cédant à quelques délicieuses imperfections ici où là. 

Ce live possède nettement plus de caractère que leur dernier disque.

Les albums applause of a distant crowd et Witness sont à l’honneur avec cinq titres chacun mais Inmazes n’est pas oublié pour autant avec trois morceaux joués. Un bel échantillon musical du meilleur de Vola, djent metal électro progressif avec même du slam.

La production est soignée et le pressage des vinyles de belle facture. Des pièces agencées de telle manière que l’on croit presque écouter un nouvel album studio. 

Restent les images.

Après une longue mise en place de la piscine en timelapse, la crise d’épilepsie peut commencer. Car avec un bassin rempli de tubes RGB LED parcouru de lasers, le cerveau ne pense plus que de manière stroboscopique.

Les titres ne sont pas enchaînés comme lors concert et il ne s’agit probablement pas d’une prise unique mais plutôt de multiples séquences mises bout à bout. Pour le live, on repassera.

Les caméras sont inventives mais pas toujours très fluides et certains plans sont franchement maladroits sans parler de l’image qui n’est pas très belle.

Bref visuellement c’est froid, brumeux, stroboscopique et assez amateur lorsque l’on considère qu’ils auraient pu réaliser de nombreuses prises pour ce Blu Ray.

Alors si l’audio est franchement enthousiasmant, la vidéo, elle, laisse à désirer. 

Il manque à ce live de la bière qui gicle sur les photographes, l’allemand de deux mètres qui bouche la vue et surtout les interactions avec le public.

N’empêche, je ne peux que vous recommander ce Live From The Pool, du moins pour le son et le sweat. C’est une très belle manière de découvrir Vola et de se réconcilier avec Witness. Au fait, il est sur Bandcamp si vous voulez l’écouter.

Sweatshirt : Vola

Soulsplitter – Connection

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On ne peut pas dire que les musiques dansantes et festives soient ma tasse de thé. Samba, funk, disco et électro ne figurent pas en bonne place dans mes listes de lecture. Paradoxalement, j’adore lorsque le metal intègre à petite dose quelques-unes de leurs composantes dans les morceaux. 

Je ne sais plus qui a partagé l’album Connection sur Twitter. Peut-être Launis, Daz ou Marillion073, qu’importe, je l’en remercie vivement.

Je ne me souviens pas plus d’où je connais le groupe Soulsplitter, et ça, ça m’angoisse beaucoup plus, car j’ai déjà dû les croiser quelque part, peut-être chez eux en Allemagne. J’ai même certainement écouté leur album Salutgenesis sorti en 2019, enfin, je crois, car il ne m’a pas laissé de souvenir impérissable.

Qu’importe. Lorsque je suis tombé sur l’album Connection, le nom du groupe a réveillé quelque chose dans mon crâne et je suis allé l’écouter sur Bandcamp. 

On parle ici de sept morceaux de quatre à sept minutes de metal progressif où se dessinent de légères touches latino, classique et électro. Un metal qui explore de multiples dimensions sonores de manière assez subtile.

Avec une basse ronde et dansante signée Felix, une batterie souvent éblouissante tenue par Fenix, la belle voix claire de Sami qui s’égare parfois dans le growl, la guitare mutante de Simon, du piano joué par Lewin et les synthés de Johannes, le chant de Viktorija, les trompettes de Jan et Maximilian et les cordes du Norddeutsch Sinfonietta, il y a beaucoup de monde sur cet album et cela s’entend.

Etrangement, si j’aime beaucoup Connection, je n’ai pas grand chose à en dire. ‘Disconnected’ sonne latino, ‘Glass Bridge’ néo classique, ‘Incineration’ growle comme il faut, ‘Erosion’ mêle aérien, metal et cordes avec brillo, ‘Thrive’ donne dans l’épique fabuleusement maitrisé, ‘Gratitude’ propose un instrumental de haut vol à la frontière de la fusion latino et ‘Reconnected’, le titre le plus long de l’album, après sa splendide ouverture au piano, repart dans un metal prog grandiloquent qui s’achève sur un ensemble à cordes.

Avec Connection, Soulsplitter nous livre une quarantaine de minutes de metal progressif assez classique que je vous recommande pourtant chaudement. Allez l’écouter, il est sur Bandcamp.

Teeshirt : Collapse