Big Big Train – The Likes Of Us

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Sachant que cette chronique allait être publiée un premier avril, je me suis demandé ce que je pourrais faire pour l’occasion. Il fallait marquer le coup, ça n’arrive pas tous les jours. Alors pour une fois, amis lecteurs, je vous invite à regarder la version Youtube qui se trouve à la fin de cet article. Ce n’est pas grand chose, mais sur le moment ça m’a fait rire (pardon)…

Big Big Train devait négocier un virage très délicat après la disparition de David. Remplacer un chanteur dans un groupe est toujours une affaire complexe, surtout lorsque celui-ci possèdait une telle personnalité.

The Likes Of Us est le premier vrai album du groupe sans David, trois années après le fabuleux Welcome To The Planet.

N’étant pas aussi fan de la voix d’Alberto Bravin, je redoutais l’arrivée de ce nouvel opus et j’ai finalement été agréablement surpris.

The Likes Of Us ce sont neuf morceaux dont un version single edit pour près d’une heure et quart de musique. Alors fatalement il y a quelques longs formats. Deux en fait : ‘Beneath The Masts’ et ses dix sept minutes au compteur ainsi que le plus modeste ‘Miramare’.

Pour cet album Big Big Train à mis le paquet sur la musique, peut-être pour compenser le manque d’émotions dans le chant. Et cette musique renoue avec le prog symphonique des seventies, du moins nettement plus que sur les précédents albums du groupe.

Toutefois, je trouve The Likes Of Us un petit peu longuet et j’aurai pu me contenter du quatuor formé de ‘Light Left In The Day’, ‘Beneath The Masts’, ‘Miramare’ et ‘Love Is The Light’. Et justement, puisque l’on parle de ‘Love Is The Light’, je trouve que c’est le titre de l’album sur lequel Alberto insuffle le plus d’émotion. Bon il faut bien reconnaître que le thème s’y prête beaucoup, mais cela fait du bien de vibrer à l’unisson pour une fois avec le chanteur.

Parce que sur le reste de The Likes Of Us, je fonctionne au diapason de la partition plus que du texte.

Les influences à la Genesis ou bien The Tangent s’entendent principalement sur les deux longs formats mais également sur le troisième titre en durée, ‘Last Eleven’, grâce à la guitare et au Mellotron qui ouvrent le morceau et reviennent à plusieurs reprises comme dans ‘Bookmarks’.  Le violon de Clare Lindley, très présent sur cet album, y sème toutefois le trouble à plusieurs reprises.

Je m’aperçois finalement que je n’ai pas grand chose de plus à vous raconter sur The Likes Of Us. J’ai été séduit par son évidente facture rétro progressive et les pièces à rallonge.

The Likes Of Us reste trop long à mon goût, raison pour laquelle il n’entrera pas dans ma collection de vinyles, mais c’est un très bel album.

Je vais certainement regretter encore longtemps la disparition de David. Toutefois, je trouve que Big Big Train a su poursuivre son chemin malgré le décès de leur chanteur.

Universe Effects – The Distance

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J’ignore qui m’a tuyauté sur le groupe québécois Universe Effects. Mais, qui qu’il soit, je l’en remercie.

Je suivais sans le savoir le quintet de cousins depuis quelques temps déjà sur Bandcamp quand leur nouvel album The Distance est sorti sans prévenir. J’y ai jeté une oreille intriguée et si je vous en parle aujourd’hui, c’est que leur musique m’a clairement tapé dans l’oreille.

Universe Effects existe depuis 2015 mais n’a composé que trois albums en comptant le dernier.

The Distance, ce sont quatre morceaux pour moins d’une demie heure de metal progressif. Une musique qui emprunte au cinématique symphonique, au djent comme au jazz.

Le timbre de Gabriel Antoine Vallée, le chanteur du groupe, est reconnaissable entre tous. Il surprend tout d’abord, d’autant que le chant est très présent sur l’album et finit par prendre aux tripes. Les claviers de Francis Grégoire sont omniprésents et souvent virtuoses comme dans le premier titre ‘Layers’. Mais les guitares aux solis lumineux de Gabriel Cyr ne sont pas en reste loin de là. Quant à la section rythmique tenue par Alexandre Hudon et Dominic Tapin-Brousseau, elle est la colonne vertébrale de ces compositions protéiformes, s’offrant régulièrement quelques mesures de bravoure.

La pochette de The Distance s’apparente à de l’art graphique. Une photographie hyper contrastée de drone prise à la verticale du bord de mer où le blanc de l’écune tranche avec le roux des rochers, séparé par une bande de sable noir. Une thématique déjà exploitée pour leur single ‘Layers’ sorti au mois de février.

Ce titre, qui débute l’album, donne dans le djent  électro cinématique à la manière d’un Tesseract.  Il fait également songer à un Dream Theater avec ses claviers virtuoses.

‘Waves’ débute de manière nettement plus apaisée entre piano et guitare jazzy et explose après trois minutes pour retomber dans la fusion cent-vingt secondes plus tard un peu dans le style de Sanguine Hum.

‘Flow’ est dans la pure veine d’un metal progressif technique et virtuose qui trouve tout de même le temps de se poser sur les couplets plus calmes. Il s’offre également une courte section instrumentale construite sur plusieurs soli de guitare, clavier et de basse.

‘Release’, le long format de neuf minutes qui conclut trop vite cet album, joue avec la forme symphonique. On est pas loin encore une fois d’un Dream Theater avec son emphase mais dans un traitement nettement plus subtil.

Universe Effects est ma première découverte de l’année. Plus je l’écoute, plus je lui découvre de nouvelles qualités. Je vous le recommande donc et de mon côté, je vais explorer leur deux autres albums de ce pas.

The Pineapple Thief de retour à La Laiterie

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Après une nuit blanche au travail, une sortie astronomique avortée et une réunion éco responsable tardive, je suis allé écouter The Pineapple Thief en fin de semaine à La Laiterie. Et comme j’y suis allé avec des personnes peu fréquentables, tout à commencé au Cul Terreux encore une fois.

Après une bière et quelques amuses bouche typiquement alsaciens, nous avons marché jusqu’à la salle de concert où nous attendait une très longue file d’attente. La Laiterie serait quasiment remplie.

En première partie, un chevelu seul avec sa guitare et ses loops chantait d’une voix haut perchée des trucs pas vraiment transcendants. Le gars en question, c’était Randy Mcstine qui jouait autrefois avec Porcupine Tree. Encore une fois, le groupe à Bruce Soord rassemblait des membres éparpillés de la bande à Wilson. Le bon côté c’est que Randy ne va pas cette fois éclipser la prestation de The Pineapple Thief.

Vers 21h, alors que nous sommes tassés sur les gradins, le groupe arrive et attaque directement avec leur dernier album It Leads To This pour mon plus grand bonheur. Ils vont le jouer dans son intégralité, intercalant des titres plus anciens dont un album de 2016.

Autant la dernière fois qu’ils jouaient à La Laiterie je les trouvais fatigués et la salle trop grande pour leur prestation, autant cette fois, ils sont en forme et occupent vraiment bien la scène. Entre jeux de lumières, alternance de douceur et d’énergie, leur set est dynamique et forcément trop bref. Le public répond présent et Bruce tente quelques mots en français pour nous parler. C’est la troisième fois qu’ils jouent à la Laiterie et c’est la cinquième fois que je les vois en live après deux concerts à Karlsruhe. 

Et de ces cinq dates, il s’agit de leur meilleur performance sans aucun doute. Bref j’ai adoré. 

J’ai souvent fermé les yeux pour me concentrer sur la batterie de Gavin Harrison qui joue souvent, mine de rien,  une rythmique dans la rythmique. J’ai aussi dégusté les couleurs des multiples guitares de Bruce Soord qui change sans cesse d’instrument, même au cours des morceaux. Je me demande combien de grattes il trimbale dans son tour bus.

Il y aura tout de même des petits bémols à ce fabuleux concert : au début de la prestation de The Pineapple Thief une voix GPS annoncera qu’il est interdit de filmer,.. Quoi, Bruce Soord nous fait  une crise à la Steven Wilson ? Le guitariste qui chante de temps en temps est toujours à un peu à côté du diapason, rien de grave mais ça a tendance parfois à me déconcentrer. Et beaucoup plus grave, ils n’avaient plus d’exemplaires vinyles de It Leads To This a stand de merch, j’ai dû me rabattre sur une édition hors de prix de Luminescence pour me rattraper…

Après le concert je suis tombé sur quelques amis qui d’ordinaire hantent les concerts de Chez Paulette, salle fermée pour une durée indéterminée hélas. J’ai également rencontré deux lecteurs réguliers du blog que je salue au passage ici, merci pour vos encouragements et votre fidélité. Une épouse jalouse m’a affirmé que ma trombine passait trop souvent sur le petit écran de leur domicile conjugal, encore désolé Pierette, et bisous !

Ce fut un concert exceptionnel et malgré la fatigue accumulée au cours de la semaine. Merci M. Soord.

Steve Hackett – The Circus and the Nightwhale

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Des fois j’adore Steve Hacket, des fois je le boude un peu. Disons que sa carrière est inégale comme mon humeur. Mon dernier coup de cœur s’intitulait Under A Mediterranean Sky. Les extraits de son nouvel album The Circus And The Nightwhale faisaient pencher mon avis du mauvais côté. Mais comme Inside Out publie son catalogue maintenant sur Bandcamp, je l’ai fait tourner dans le salon avant de l’acheter pour être sûr, et après cette écoute, je l’ai immédiatement commandé en vinyle et numérique pour faire bonne mesure.

Avec treize morceaux pour trois quart d’heure de musique, je le trouve finalement trop court. En fait, non, il possède la durée parfaite pour être écouté sur un tourne disque. Retourner un vinyle passe encore, changer de galette pour écouter la suite de l’album, non.

Steve donne dans le prog symphonique mariné de steampunk, de world music, de blues et d’atmosphères désuètes sur des guitares toujours plus époustouflantes et au final assez peu de chant.

Steve raconte dans The Circus And The Nightwale l’histoire de Travla, allusion probable au voyageur (traveler) plutôt que travelo j’imagine. Un garçon qui naît dans les ruines enfumées de l’après-guerre, qui se découvre une passion pour la guitare, connaît la gloire et en oublie l’essence même de la musique avant de retrouver sa passion intacte, en partie grâce à l’amour. Un récit romancé qui ressemble beaucoup à la vie de l’artiste, de Genesis jusqu’à sa carrière solo.

‘People of the Smoke’ entre bruitages, extraits sonores et cris de nourrisson démarre l’album avec la naissance de Travla, le personnage de notre histoire. Le titre, centré sur la guitare de Steve et les harmonies vocales, avec ses interruptions et son atmosphère steampunk Bouglione est écrit comme une ouverture d’opéra, reprenant les thèmes qui seront développés dans les morceaux suivants.  S’il m’avait déstabilisé à la première écoute, c’est maintenant une de mes pièces préférées de l’album.

Écoute après écoute, ‘Taking You Down’ me semble toujours un peu étrange, peut-être à cause de la voix de de Nad Sylvan. Un titre très rock avec un solo de saxophone et un chant qui tranche beaucoup avec le reste de l’album sans parler de ce son de guitare plein de reverb qui revient sans cesse.

Et est-ce mon oreille qui me joue des tours ? Les premières mesures de ‘Enter The Ring’ me rappellent furieusement les atmosphères du groupe Genesis des seventies où alors est-ce parce que je confonds parfois le personnage au guitariste du groupe de l’époque ?

Je vais encore parler de ‘Circo Inferno’ ou Steve emprunte à la musique orientale pour raconter avec des notes plus qu’avec des mots la spirale infernale dans laquelle Travla se trouve piégé.

Je ne peux pas parler ici de tous les morceaux sinon nous y serions encore demain. Mais je vais encore m’attarder sur un petit dernier :

Steve conclut l’album avec ‘White Dove’, une douceur acoustique mandoline et guitare dont il a le secret et qui n’est pas sans rappeler Bay Of Kings ou son dernier album instrumental Under A Mediterranean Sky.

Je pense que Steve Hackett tient ici son chef d’œuvre, un album qui résume une immense carrière en nous racontant son histoire tout en se réinventant. Il a de très bonnes chances de s’asseoir sur la première marche du podium 2024.

Caligula’s Horse – Charcoal Grace

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Charcoal est le premier album sorti cette année dont je vais vous parler. Oui encore du métal progressif, je sais, mais c’est le genre de musique que j’aime écouter en ce moment sorti de vieux albums sur lesquels je noie ma nostalgie.

Charcoal dépasse une heure avec deux titres ouvrant et fermant l’album qui explosent le compteur symbolique des dix minutes. Du metal progressif relativement soft au chant clair qui n’est pas sans rappeler le travail de Vola sur leur deux précédents albums.

Après la découverte de la musique du groupe Unprocessed, il faut avouer que Caligula’s Horse manque clairement d’assaisonnement. Il y a bien ‘Golem’ qui démarre sur les chapeaux de roues mais il se dégonfle assez vite. En fait, je crois que j’ai trop écouté de growl depuis le premier janvier et que ici, j’aurai bien aimé entendre quelques hurlements histoire de pimenter la sauce.

Charcoal Grace est un enfant de la pandémie de COVID 19, oui encore un. Un album qui évoque ces mois de confinement et l’espoir de jours meilleurs. Il contient d’ailleurs un tableau en quatre panneaux de plus de vingt minutes, mini concept album dans l’album, qui évoque cette période. D’ailleurs c’est là que se glisse un de mes morceaux préférés, ‘Vigil’, une petite douceur de trois minutes vingt-deux qui tranche avec le reste de l’album.

Mais c’est en regardant le clip du second single de l’album ‘Stormchaser’ que je me suis décidé à l’achat de Charcoal Grace. Le titre alterne plages dynamiques et eaux stagnantes. Vocalement il y a de belles constructions en écho et le refrain fonctionne particulièrement bien sans parler de la guitare tout simplement sublime à la quatrième minute.

J’en oublierai presque de parler de ‘Sails’, une pièce à l’écriture toute simple, pop progressive un peu éclipsée par sa place dans l’album, coincée entre ‘Charcoal Grace’ et ‘Stormchaser’. Il faut également souligner l’ouverture instrumentale magistrale longue de deux minutes quarante de ‘The World Breath With Me’ qui nous immerge dans l’album ou le chant fragile de ‘Mute’, presque comme une complainte folk

Caligula’s Horse joue ici d’un djent très mélodique, un métal prog à claviers, guitares et chant clair assez haut perché, ressemblant beaucoup au Leprous d’avant leur période orchestrale, et qui contrairement à leur précédent album Rise Radiant, prend assez peu de risque.

Le principal reproche que je ferai à cet album, c’est d’être trop long, pourtant il dure à peine plus d’une heure. Mais avec deux titres fleuves qui encadrent sept autres pièces au format moyen relativement homogène, j’ai tendance à décrocher par moment. Du coup j’ai souvent écouté les morceaux indépendamment les un des autres, ce que je fais rarement, pour réussir à m’en imprégner totalement.

Bon ce n’est pas le premier album sorti en 2024 que j’écoute, mais c’est le premier que je chronique par contre. Il n’entrera certainement pas dans mon top 2024 mais il mérite la découverte, d’autant que le label Inside Out a eu la bonne idée de passer son catalogue sur Bandcamp depuis quelque temps.

Polaris – Fatalism

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Après Voyager, on repart au pays des kangourous pour découvrir le groupe Polaris et son dernier album Fatalism.

Le quintet de metalcore australien œuvre depuis 2012 avec seulement trois albums studio à leur actif : The Mortal Coil en 2017, The Death Of Me en 2020, Fatalism l’an passé sans parler de leurs deux EPs en 2015 puis 2016.

En fait de metalcore, Fatalism joue plutôt dans la cour du metal progressif malgré une fâcheuse tendance à crier très fort.

C’est la pochette en trichromie qui m’a tout d’abord interpellé. Des silhouettes d’hommes progressent péniblement dans la neige, suivant leur leader qui s’avance vers un précipice, brandissant un fumigène écarlate. 

Fatalism est formaté comme un album commercial, onze titres radio pour trois quart d’heure de tabassage. Car si les morceaux possède un je ne sais quoi de très accessible par moment avec des refrains accrocheurs et des passages mélodiques, ça n’en reste pas moins très metal comme dans ‘Inhumane’ ou ‘Parasite’. Les guitares donnent des coups de boutoir pour appuyer une batterie sèche comme trique alors que le chant écartelé s’apparente à une scéance de torture. Alors bon, si vous n’aimez pas le metal, ça risque de piquer un peu.

‘Overflow’  aux claviers très électros, au chant sage et au refrain commercial, fait figure de douceur ici même si Jake gueule un peu de temps en temps.

Même chose pour ‘Crossfire’, qui malgré une rythmique bien dense et pas mal de hurlements, possède une écriture très accessible qui pourrait séduire les ménagère faisant leurs courses. (Je précise tout même ici, pour calmer toutes les accusations de sexisme, qu’à la maison c’est moi qui fait, les courses, le ménage aussi, les poubelles et le reste… bref.).

Et que dire de ‘Aftertouch’, le slow de l’album, parfait pour emballer une gothique au Hellfest ?Un titre qui commence de manière suave et qui se poursuit dans des hurlements.

Polaris joue d’une musique schizophrène à souhait, technique, violente et chargée d’émotions contradictoires, le genre de truc qui me fait grimper au rideau et réduit ma consommation de tranquillisants.

Je ne peux que vous recommander ce magnifique album. Il est disponible sur Bandcamp pour vous en faire une petite idée avant de vous jeter de la falaise.

Stream of Passion – Beautiful Warrior

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En 2005, Arjen Lucassen, l’homme derrière Ayreon, participait au premier album de Stream of Passion, Embrace The Storm, avec la délicieuse chanteuse mexicaine Marcela Bovio. Depuis ce premier effort et malgré des hauts et des bas, je suis le groupe et sa carrière avec passion.

En 2014 Stream of Passion jetait l’éponge après la sortie de A War Of Our Own. Marcela se lançait dans une carrière solo acoustique qui donnera naissance à deux albums. Elle passera par la douloureuse épreuve d’un cancer dont elle semble totalement rétablie aujourd’hui.

En 2021, elle revenait sous la lumière des projecteurs avec un nouveau projet metal, Dark Horse White Horse. Un EP cinq titres qui est pour moi ce que la chanteuse a fait de mieux à ce jour.

Et puis, en septembre 2023, elle annonçait la sortie d’un nouvel EP de Stream of Passion, Beautiful Warrior. Mais pour être tout à fait honnête j’espérais plutôt un LP de Dark Horse White Horse à la place, mais bon.

Marcela est une chanteuse fabuleuse. Elle possède une voix puissante et douce, chantant en anglais comme en espagnol. Un tempérament de feu avec le caractère qui l’accompagne forcément. Bref, j’en suis amoureux depuis que je l’ai dévoré des yeux et des oreilles à la Laiterie en 2014 pour le concert de promotion de Embrace The Storm avec Arjen himself sur scène.

Beautiful Warrior est un EP cinq titres de vingt-cinq minutes qui annonce peut-être un nouvel album du groupe de metal. Du metal symphonique dominé par la voix de la belle brune et qui compte deux morceaux particulièrement réussis, le premier ‘The Hunter’ et le dernier ‘The Promise’.

‘The Hunter’ donne dans le metal symphonique rythmé, chargé de cordes. Un titre qui explose sur un refrain solaire où Marcela donne tout ce qu’elle a dans le ventre. Un bref break permet de souffler un peu avant de lancer le refrain final qui termine le morceau.

La première partie de ‘The Promise’ est tout à la voix de Marcela et au piano, autant dire une pure merveille qui vire au symphonique quelques mesures plus loin. L’extase.

Mais entre ces deux pièces, vous entendrez de très belles choses comme le chant en espagnol au début de ‘Chasing a Ghost’, le refrain de ‘The End is the Beginning’ et de très beaux soli de guitares un peu partout.

Soyons honnête, ce nouveau Stream of Passion ne va pas changer la face du monde. Mais c’est une agréable surprise pour les fans du groupe désespérés par leur séparation comme pour les amoureux de Marcela Bovio.

Maintenant, sauront-ils rebondir sur cet EP pour nous livrer un nouvel album, la question reste en suspens. Personnellement, je préfèrerai un nouveau Dark Horse White Horse, mais bon, ce n’est pas moi qui décide.

Karmamoi – Strings From The Edge Of Sound

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Karmamoi vient de Rome et joue du rock progressif. Un duo formé d’Alex et Daniele, qui, contrairement à nombre de leurs compatriotes, ne se complait pas dans le rétro progressif mais plutôt dans un prog cinématique alternatif. Ils restent, malgré leur talent et cinq albums magnifiques, assez méconnus dans la sphère progressive, peut-être parce qu’ils n’ont pas conservé la même voix au fil des années.

En 2013, Serena chantait sur Odd Tripp, en 2016 Serena, Sara et Irene chantaient sur Silence Between Sounds, puis de 2017 à 2021 Sara devenait leur chanteuse avec deux albums, The Day Is Done et Room 101. Enfin en 2023, pour Strings From The Edge Of Sound, l’album dont nous allons parler aujourd’hui, c’est un homme qui reprend le pupitre laissé vacant, Valerio Sgargi.

Strings From The Edge Of Sound est-il bien un album d’ailleurs ? Parce que ce dernier disque reprend cinq anciens titres de leur répertoire. Oui, cinq pièces mais totalement réinventées pour l’occasion. Tout d’abord avec la voix de Valerio, des arrangements à cordes, numériques mais réussis et une réécriture de chacun des morceaux qui les réinventent sans les dénaturer.

Je vais vous présenter les quatre petits nouveaux : 

‘Black Hole Era’ long de près de huit minutes se partage entre guitare acoustique, arrangements à cordes, chant et chœurs. Une magnifique manière de découvrir le style de Valerio qui au final est assez raccord avec la technique de Sara même s’ils ne possèdent pas du tout le même timbre. Et même si c’est un homme qui chante cette fois, celui qui connaît bien Karmamoi ne sera pas déstabilisé.

‘Telle Me’ au refrain stellaire, joue beaucoup plus sur les claviers et arrangements orchestraux de Daniele, rejoint pas la guitare floydienne d’Alex vers la cinquième minute.

Dans ‘I Will Come In Your Dreams’, Valerio se fait crooner sur les notes de piano de Daniele. Un bel interlude épuré qui se poursuit en apothéose orchestrale avant de revenir au piano.

Enfin, le court titre ‘Strings From The Edge Of Sound’ termine l’album de manière cinématique orchestrale avec un texte quasiment parlé.

Si l’album est réussi dans son ensemble, il pêche cependant par sa durée. Je décroche régulièrement à partir du long format ‘Zealous Man’. Douze minutes qui manquent de dynamique pour tenir sur la durée et ce malgré les cordes un un final instrumental qui relance pourtant bien la machine.

Malgré ce petit défaut, je vous recommande chaudement Strings From The Edge Of Sound. Si vous ne connaissez pas Karmamoi, c’est une belle entrée en matière dans leur discographie. Si vous avez déjà écouté le groupe, c’est une agréable manière de découvrir leur nouveau chanteur.

Tous leurs albums sont sur Bandcamp, alors n’hésitez pas.

Peter Gabriel – i/o

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Voici vingt et un ans que l’ex leader de Genesis n’avait pas sorti d’album.

A chaque pleine lune, au rythme d’un morceau de viande fraîche par mois, Peter Gabriel, tel un lycanthrope, a dévoilé son nouveau disque i/o décliné à chaque fois en deux mixes, le bright side et le dark side.

Aujourd’hui, alors que les douze titres sont sortis et gravés sur deux CD, la question n’est pas de savoir si j’aime i/o, elle ne se pose même pas, la question est de décider laquelle des deux versions a ma préférence.

Peter Gabriel je le pratique depuis mon adolescence, d’abord avec Genesis puis en solo. C’est même le premier artiste de rock que j’ai écouté en concert.

Avec Manu Katché, Tony Levin, David Rhodes et Brian Eno, on retrouve le Peter Gabriel que l’on connait bien et inévitablement qui ressemble quand même furieusement à ce qu’il a déjà enregistré auparavant. Cela ne me pose pas de problème, bien au contraire, je suis un fan totalement aveuglé par le talent du bonhomme depuis trop longtemps.

i/o ce sont soixante huit minutes de musique (une de plus pour la version dark) qui résument assez bien le travail de Peter depuis So. Un album expurgé des tubes tapageurs qui ont fait sa célébrité, encore que ‘Road To Joy’ n’est pas si éloigné de ces morceaux à succès.

J’ai commencé par écouter Bright Side et j’ai été surpris par quelques titres. Car Peter publiait chaque mois un nouveau morceau décliné dans l’une des deux versions avant de sortir l’autre mix. C’est dans ce désordre que j’ai découvert l’album, une fois Dark, une fois Bright, selon l’humeur de l’artiste. Du coup, écouter les douze pièces dans le même mix m’a semblé un peu étrange tout d’abord. Et puis je me suis plongé dans la Dark Side of the Moon en ressentant le même malaise.

Il y a des titres que je connais par coeur comme le génial ‘Panopticon’ qui ouvre i/o et d’autres que je n’ai pas eu vraiment le temps d’apprivoiser comme le tout dernier sorti le 1er décembre, ‘Live and Let Live’.

Dans les merveilles il y a encore le ‘Playing for Time’ très solennel, ‘For Kinds of Horses’ ou le lent ‘So Much’.

Sur i/o, Peter emprunte encore des motifs à la world music tout particulièrement dans ‘Road to Joy’,’ Olive Tree’, ‘This is Home’ et ‘Live and Let Live’ même si ce dernier commence à la manière des Beatles.

Je m’aperçois que je n’ai toujours pas répondu à la seule question que pose vraiment cet album : Bright ou Dark ? Je suis un grand défenseur du côté obscur de la force car j’ai toujours préféré les méchants. Mais selon l’humeur du jour, à la faveur d’un rayon de soleil sur la neige, j’adopterai la version Bright.

Etait-il nécessaire de presser ces deux versions ? Sans doute pas mais puisque vous avez le choix, choisissez !

i/o ne figurera pas dans mon top 2023 malgré le culte que je voue à l’artiste. Il ressemble trop à tout ce que Gabriel a déjà composé pour en faire l’album de l’année même s’il reste un évènement. Allez l’écouter sur Bandcamp

Il s’agit probablement du dernier album studio que sortira le maître avant de tirer sa révérence.

Earthside – Let The Truth Speak

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Il y a huit ans, le magazine Neoprog recevait en promotion un petit bijou signé par une formation toute jeune : le premier album de Earthside, A Dream In State.

Il aura fallu patienter cette année pour que le groupe sorte son second opus Let The Truth Speak. Une longue attente amplement récompensée.

Une des particularités de Earthside est de ne pas avoir de chanteur. Toutefois, leurs albums ne sont pas composés que de titres instrumentaux. Pour la voix, ils font appel à des pointures comme Daniel Tompkins.

Leur musique navigue entre post-rock, cinématique, metal et tout ce qui leur fait envie en fait comme le prouve par exemple ‘The Lesser Evil’. Cela donne un album de plus d’une heure et quart qui s’écoute en musique de fond comme en immersion au casque. Parfois on se laisse porter, parfois on s’accroche au bastingage pour ne pas chavirer.

Une heure et dix-huit minutes c’est la durée de deux 33 tours rouges bien remplis, et pourtant qui passent trop vite. Il faut dire que le paysage musical est varié comme les voix qui se succèdent. Et ce qui aurait pu devenir un patchwork sonore se révèle finalement d’une grande unité narrative grâce au génie de Earthside.

Sur les dix morceaux de l’album, quatre tournent autour des dix minutes et le plus court, ‘Vespers’, ne dépasse pas les trois minutes. Parfois la musique déborde de cordes comme dans ‘Let The Truth Speak’ mais le groupe s’essaye également aux cuivres, ce qui est plus inhabituel, dans ‘The Lesser Evil’.

Le style symphonique post-rock cinématique djent est presque la norme sur cet album avec des sections de batterie souvent époustouflantes et des guitares mandolines comme dans le dernier titre.

Durant ces soixante-dix-huit minutes, plusieurs morceaux m’ont tout particulièrement interpellés.  Le premier est ‘We Who Lament‘ avec Keturah au chant qui apparaît sur second titre. Sans être franchement démonstratif, il dégage une grande puissance intérieure sur une forme quasi post-rock cinématique. Ensuite il y a le magnifique instrumental post-rock ‘Watching The Earth Sink’ de près de douze minutes qui après un début intimiste explose un peu avant la moitié pour retomber rapidement. Impossible de passer sous silence également le très cuivré ‘The Lesser Evil’ qui nous prend presque à chaque fois par surprise, d’autant qu’il dure pas loin de onze minutes. J’ajoute à la liste ‘Denial’s Aria’, le seul titre avec du chant féminin accompagné au violon et pour finir je termine avec ‘All We And Ever Loved’ post-rock cinématique à souhait avec un délicieux passage de guitare mandoline et des grandes orgues.

J’attendais tellement le nouveau Earthisde qu’il risquait d’être propulsé directement au sommet du podium avant même d’être écouté. Sa découverte n’a pas refroidi mon enthousiasme donc dépêchez-vous d’aller sur Bandcamp écouter la merveille, vous m’en direz des nouvelles.