Photographe de rock

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En quelques jours je me suis vu créditer dans deux albums de rock progressif coup sur coup, celui de Plus 33 et celui de Melanie Mau & Martin Schnella.

D’accord, il ne s’agit pas de groupes de prog mainstream comme Marillion ou Ayreon

Soyons clair, je n’ai pas fait payer mes services, j’ai juste envoyé les photographies aux artistes, n’empêche, cela fait plaisir d’apparaître dans le livret, même avec une erreur sur l’orthographe du nom.

Ce n’est pas la première fois que cela se produit, cela doit être la troisième ou quatrième fois, des albums distribués à quelques centaines d’exemplaires chacun, en auto production, mais qu’importe, cela veut dire qu’ils apprécient un peu mes clichés contrairement à d’autres ou qu’ils n’avaient rien pour illustrer leur musique (oui c’est possible également).

Pour Plus 33, le groupe avait organisé un shooting qui m’a appris beaucoup sur ce travail. Après, ce n’était que ma seconde expérience de ce genre après avoir réalisé quelques images pour un atelier de musique de chambre. Pour Melanie et Martin, il s’agit d’une photo de concert prise pendant leur dernière tournée acoustique, si je me souviens bien. Je leur avais envoyé les photos pour qu’ils les utilisent librement. Je ne pensais pas la voir un jour dans le livret de leur dernier CD de reprises.

Bien entendu, un de mes rêves, serait d’en faire mon métier. Photographe pour les groupes, la classe, mais comme tout travail mérite rétribution et que mes ‘clients’ restent des formations à petite audience, il est fort probable que mon carnet de commande resterait vide et que les fins de mois seraient très difficiles, surtout lorsque l’on considère l’investissement nécessaire pour ce travail. Et serait-ce encore un plaisir ?

Je vais me contenter d’un pass presse par ci par là, d’être occasionnellement contacté pour un shooting amateur et de retrouver mon nom parfois crédité dans un album. C’est déjà pas si mal pour un amateur même si certains diront que je tue le marché.

Plus 33 – I Want

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Je connais Plus 33 depuis que Philippe Rau, le guitariste de Out5ide, m’a annoncé qu’il participerait au second album du groupe. J’ai écouté Open Window, leur premier opus et rencontré plus tard, lors d’un concert, Didier Grillot, l’homme derrière le projet. De fil en aiguille, je me suis retrouvé à faire un shooting avec son groupe pour la sortie de l’album I Want. Voilà pourquoi, vous trouverez mon nom dans les crédits et remerciements de l’album. Cela explique également la raison pour laquelle j’ai reçu un exemplaire du CD il y a quelque temps déjà.

Plus 33 est une formation instrumentale alsacienne dans la mouvance prog atmosphérique fusion où les claviers de Didier occupent un bel espace.

I Want délivre cinq morceaux dont trois dépassent les treize minutes. Oui, pas de doute, c’est du prog.

Claviers, guitares, basse, batterie, flûte, saxophone, trombone, piano et orgues participent à la musique de ce second opus avec quatre musiciens et plusieurs invités. Vous entendrez également des chœurs en la personne de Coralie Vuillemin et Yann Grillot comme narrateur sans parler de Lucas Grillot à la guitare acoustique. Une histoire de famille.

L’album est made in Alsace puisqu’il a été enregistré dans le même studio que le dernier Out5ide, à Boersch, pas très loin de chez moi. 

Dans I Want on retrouve le style pianistique de compositeurs français classiques du début du vingtième siècle, tout particulièrement dans le titre fleuve ‘To Have’ qui est un savant assemblage de près de vingt minutes de musique. A contrario, ‘To Know’ joué à la guitare par Lucas, est une pièce toute simple et pourtant délicieuse.

Je suis relativement mal à l’aise avec la flûte dans ce titre et le texte déclamé de ‘Ouvrir la Fenêtre’. Pour la flûte, je n’irai pas par quatre chemins, j’ai entendu de bien meilleurs interprétation mais j’ai cru comprendre que la flûtiste avait dû improviser, technique avec laquelle elle n’est pas à l’aise. Pour le texte parlé, c’est un exercice passé de mode que l’on retrouvait chez les grands anciens des seventies et dont je n’ai jamais été friand. Le choeurs de Coralie qui ouvrent ‘To Be’ font également datés et soyons clair, ce ne sont pas les sœurs McBroom qui chantent ici. Je leur préfère le thème genesissien qui suit où la guitare de Philippe et les claviers de Didier font des étincelles.

Parlons maintenant de ‘The Fleetings Moments Of Eternal Harmony’, ce morceau très cuivré de plus de treize minutes qui ouvre I Want. La première chose qui saute aux oreilles est ce mixage très clair, limite brillant de Mike et Stéphane qui nous accompagne sur les cinq morceaux. Sur ce premier titre, il est particulièrement marqué pour la batterie et les cuivres. Un son que nous n’avons plus l’habitude d’écouter dans notre univers saturé de basses. Le titre d’ailleurs fait songer à du Phil Collins sans le chant. Cela ne l’empêche pas de s’aventurer également sur des terrains plus orientalisants. Une grande pièce pour claviers très rythmée où chaque instrument possède son moment de gloire.

Sur I Want je me délecte de quelques mouvements, mais rarement d’un morceau entier.  Seul le bref ‘To Know’ me convainc de bout en bout. L’album n’est pas parfait mais n’oublions pas qu’il s’agit d’un projet amateur.

Les amoureux des seventies devraient y trouver leur bonheur. Alors n’hésitez pas à l’écouter, d’autant qu’il est sur Bandcamp.

Tesseract – War Of Being

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J’avais ajouté War Of Being dans ma liste de courses Bandcamp sans franchir le pas. Il a fallu que mon fils me dise que le dernier Tesseract passait en boucle chez lui pour que je me décide. Il faut dire que le garçon a bon goût, c’est moi qui l’aie éduqué musicalement.

Me voila donc avec une heure de djent composé par un groupe que j’adore depuis ses débuts. Neuf titres de cinq à onze minutes dans une magnifique pochette monochrome façon miroir où se détache une silhouette féminine voilée.

Tout s’annonçait donc sous les meilleurs auspices.

Vous le sentez le “mais” qui va suivre ? Oui, car il y a un “mais”, et de taille. Allez, je crache le morceau : je ne suis pas rentré dans l’album. Mais alors pas du tout.

Déjà, le premier titre, ‘Natural Disaster’, gueulard à souhait, m’a rebuté, surtout parce que je sortais d’une période plutôt cool. Ensuite, j’ai trouvé ce War Of Being glacial, bleu arctique, aseptisé, bref vide d’émotions. J’ai même trouvé certains passages techniques vraiment gratuits comme la section djent dans ‘Sacrifice’.

J’ai essayé de l’écouter au casque, sur les enceintes, mais rien à faire. War Of Being ne m’a pas touché. J’ai poussé le volume à faire éclater de triple vitrage, avalé des anabolisants, du café, de la taurine, mais rien à faire, je ne suis pas rentré dans sa musique. Si ça se trouve je n’aime plus le djent ?

Marrant d’écrire ça, mais le dernier Tesseract me semble trop policé, du metal prog se voulant corrosif mais avec des mains lavées plusieurs fois au gel hydro alcoolique. Si je les compare à Leprous qui a pris le chemin du soft metal lyrique petit bourgeois, je me dis que Tesseract n’a pas réussi sa mutation. Car sur War Of Being comme dans les derniers Leprous, il y a pas mal d’écritures softs sur lesquelles on pourrait poser des instruments à cordes.

En plus je trouve la production quasi feutrée. La batterie qui manque de mordant, le chant est amorti et les guitares lointaines. En réalité, je m’ennuie en écoutant l’album. Je n’irai pas jusqu’à dire que je n’aime pas War Of Being, techniquement les mecs maîtrisent leur affaire, soufflant le froid et le glacial, mais bon, chez moi, ça ne prend pas.

Alors un doute m’a pris. Et si je n’aimais plus Tesseract ? Après tout l’âge aidant, avec la surdité, qui sait ? Pour m’assurer de la chose, je reposé Sonder, leur album de 2018, sur la platine. Et là surprise, cet album m’émouvait toujours autant.

Ceci dit, mon fils qui aime beaucoup l’album m’a recommandé de l’écouter à partir du titre ‘War Of Being’ et de poursuivre, après ‘Sacrifice’ par ‘Natural Disaster’. Et c’est vrai, ça passe nettement mieux ainsi.

Vous pouvez tout de même l’écouter sur Bandcamp. Je serai curieux de savoir si vous posez un autre regard que moi sur cet album.

Quadrivium – VORDONA

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Parmi les nombreux achats effectués sur Bandcamp ces derniers jours (Pendragon, Ne Obliviscaris, Atomic Symphony, Aisles et d’autres), j’ai décidé de vous présenter le jeune groupe Quadrivium et son premier album VORDONA.

Le duo de metal progressif est formé de Tony au chant et de Pavlo qui joue de tous les instruments. Oui c’est assez casse gueule comme configuration, d’ailleurs j’y reviendrai.

L’album d’une demi heure propose sept pièces dont quatre qui forment The Tetralogy (quatre, tétra, vous voyez, rien de bien compliqué).

Ne nous mentons pas, Tony Ricci n’est pas un fabuleux chanteur. Il possède une palette assez limitée, sans doute encore bridée par la barrière de la langue. De même, les compositions de Pavlo Mysak ne jouent pas dans l’originalité, mais l’ensemble se tient suffisamment bien pour donner un coup de projecteur sur leur travail.

VORDONA est encadré par deux instrumentaux, ‘Prelude’ et, devinez quoi, un ‘ Postlude’ évidemment, des pièces électro symphoniques d’environ une minute chacune.

L’album combine djent, metal progressif, électro soft, arrangement orchestraux et atmosphériques sur du chant clair.

‘Dark Moons’ figure parmi mes titres préférés. La pièce de presque six minutes, une des plus longues de l’album, emprunte autant au metal qu’au symphonique cinématique. Elle est également la seule où Tony change légèrement de registre vers la quatrième minute.

‘Altered Perception’ qui suit ce morceau, est également de belle facture malgré une caisse claire au son de pot de yaourt que l’on retrouve en fait un peu partout sur l’album. Commencé de manière alternative, le titre monte en puissance et Pavlo y livre un solo de guitare réjouissant.

Sorti de ces deux pièces, j’ai quand même l’impression de tourner un peu en rond. Le chant de Tony en est partiellement la cause comme la section rythmique joué par un seul homme et assez peu inspirée.

Si en musique on parle de groupe, c’est parce que plusieurs artistes jouent ensemble, confrontent leurs idées, quitte à se fritter et apportent de la diversité à l’œuvre finale, là où un projet solo à tendance à se répéter. Et chez Quadrivium, cela se ressent beaucoup.

Du coup, le format de trente minutes est amplement suffisant pour cet album. Les curieux pourront le découvrir sur Bandcamp.

Avkrvst – The Approbation

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Je suis certain que vous êtes très nombreux à être passés à côté du dernier Porcupine Tree. Non, pas Closure / Continuation mais The Approbation. Ben c’est bien dommage, d’autant que le groupe s’est enfin séparé de son chanteur bigleux aux cheveux mis longs.

Désolé, on vient de m’informer que The Approbation n’était pas un album de Porcupine Tree mais du groupe Avkrvst. Bon j’ai l’air malin maintenant. La faute encore à ce petit suisse qui m’a vendu ça pour de la musique de la bande à Wilson.

Bref, The Approbation est un album sept titres de trois quart d’heure qui, ressemble à s’y méprendre à du Porcupine Tree. Enfin non, il y a quand même des différences. Le chanteur growle parfois et le batteur n’est pas Gavin Harrison.

Avkrvst est un quintet de rock progressif norvégien qui signe chez Inside Out son premier album.

Je râle souvent contre les formations qui copient d’autres groupes. Parce que bon, c’est sympa d’explorer de temps en temps de nouveaux horizons. Mais comme j’étais prévenu par Stéphane et que personne ne m’a forcé à écouter l’album, ben ça ne m’a pas dérangé. J’ai même trouvé ça plutôt sympa cette ressemblance.

Même les textes font référence à Porcupine Tree comme par exemple sur le titre ‘Anodyne’, enfin, je crois. D’ailleurs, puisque l’on parle des textes, ceux-ci ne sont pas vraiment à la fête puisque Simon, le chanteur, nous entraîne dans l’antichambre de la mort.

The Approbation ressemble à du Porcupine Tree sans être du Porcupine Tree. Les guitares acoustiques et les riffs électriques s’en approchent beaucoup, la batterie et la basse nettement moins. Et pour le chant, je n’imagine pas Steven Wilson se lancer dans un growl.

Ceci-dit, ça pourrait être pour lui un nouveau départ après avoir donné dans l’électro pop commerciale.

L’album contient deux instrumentaux , ‘Osterdalen’ et ‘Cold Days’, la seconde partie de ‘Isolation’, ainsi que deux titres fleuves qui terminent la disque, ‘Anodyne’ et ‘The Approbation’. Si Avkrvst se rapproche beaucoup de qui vous savez, vous trouverez également des inspirations venant de Opeth à certains endroits quand ‘Isalosation’ emprunte certains motifs à Dream Theater. C’est assurément le titre album, une pièce d’un quart d’heure qui est la plus proche de Porcupine Tree. On y retrouve le chant vocodé, des motifs de guitares bien connus et ces expérimentations que le groupe jouait en seconde partie de concert après avoir vendu leur dernier album.

Vous l’aurez compris, The Approbation ne va pas changer la face du prog. Ceci dit, rien d’étonnant à cela puisqu’il est sorti chez le label Inside Out. N’empêche, c’est un très chouette album. On peut juste espérer que le groupe s’émancipe de son modèle et nous propose quelque chose de plus original dans les années à venir.

Violent Jasper – CONTROL

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S’il vous plaît, ne m’envoyez plus de promotions. Je ne chronique que les albums que j’ai achetés. Il semblerait, malgré tous mes messages, que le label Gentle Art of Music n’ai pas reçu l’information. Et tant mieux en fait. Sinon je n’aurai pas entre les mains Control du groupe Violent Jasper.

Si vous connaissez les allemands de Sylvan, vous connaissez probablement leur claviériste Volker et leur guitariste Jonathan. Ce sont ces deux artistes qui se cachent derrière le projet Violent Jasper. Avec eux Marco aux chœurs et surtout Caroline von Brunken au chant.

Pour autant, Violent Jasper ne ressemble pas vraiment à Sylvan même si le duo raconte également des histoires. Ici, Control pose la question de savoir si ce sont les émotions qui nous gouvernent ou bien l’inverse. Et pour répondre à cette question, le groupe nous livre dix morceaux de trois à six minutes pour plus de trois quart d’heure de musique.

Ce qui est clair, c’est que les mélodies proposées ici délivrent d’incroyables émotions qui ont eu raison de ma raison. Control est capable de beaucoup de douceur mais également de violence comme dans ‘Desire’, sans doute le titre le plus fort de l’album.

Alors oui, je l’avoue, j’ai été subjugué par la voix de Caroline comme par les mélodies construites autour du piano, les instruments à cordes, le oboie et les sublimes soli de guitare signés Jonathan Beck. J’aime beaucoup ces petits détails glissés dans la partition comme la guitare façon moteur vrombissant dans ‘Control’ ou bien les touches trip hop de ‘Breathe’.

Je suis également tombé amoureux de la voix  de Caroline, délicieusement médium, douce, fragile et rageuse à la fois au feeling quasi gospel, au timbre légèrement granuleux qui associé à la voix de Marco donne un alliage unique et fabuleux.

Un de mes titres préférés, s’il ne fallait en retenir qu’un, s’intitule ‘Hail Thee Monkey’. Il me fait songer à du Kate Bush façon Frequency Drift  joué au piano et cordes. Bref que du bonheur.

Par contre, j’ai trouvé l’artwork assez rebutant avec ce portrait quelconque en contre jour sur lequel “Control” est barbouillé en blanc. Les quelques illustrations naïves qui figurent dans le livret ne cadrent pas avec la pochette et le choix des couleurs brunes ne donne guère envie de se plonger dans les textes.

N’empêche, Control se glisse mine de rien dans mon top 2023 et risque de bousculer plusieurs albums sur le podium. Alors dès qu’il sortira le 27 octobre, allez l’écouter, surtout si vous appréciez le groupe Sylvan.

N’oubliez pas, je ne chronique pas de promotion, mais si vous m’envoyez des merveilles de cette qualité, il se peut que je fasse une entorse à mon règlement.

Dymna Lotva – The Land Under the Black Wings : Blood

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Angry Metal Guy l’a découvert, Alias en a fait les éloges et je l’ai acheté. The Land Under the Black Wings : Blood est un album du groupe biélorusse Dymna Lotva et si plein de monde l’a encensé, ce n’est pas sans raison. Du coup, je n’ai pu résister à l’envie de vous le présenter à mon tour.

On parle ici de soixante douze minutes de post black metal torturé et treize morceaux que j’écoute en boucle depuis son achat.

L’album a tout pour faire peur, plus d’une heure de doom post metal avec pas mal de cris et de growl, une thématique glauque à souhait et un artwork morbide. Je l’ai pourtant adopté dès la première écoute comme ma chérie, pourtant assez douillette avec ce genre d’atmosphère lugubre.

Deux voix se rencontrent ici sur un post metal riche en sonorités, disons exotiques pour le genre, comme des cloches, du saxophone, des cordes, beaucoup de piano, des choeurs, des pleurs d’enfant, les paroles d’une femme, des hurlements (plein) et pas mal de guitares mandolines.

Le duo a l’air bien atteint, tout particulièrement la chanteuse aux bras recouverts de scarifications. Mais après ce qu’ils ont traversé dans la vie, on peut comprendre.

Étrangement, tout cela est très mélodique et homogène, à tel point que l’on croirait entendre un unique titre long de soixante douze minutes. L’album aurait pu figurer comme BO de l’Exorciste ou de Dracula avec ses hurlements et son écriture très cinématique. Sauf qu’ici on ne parle pas de fantastique, mais d’horreurs bien réelles. The Land Under the Black Wings : Blood parle en effet de l’occupation de la Biélorussie pendant la seconde guerre mondiale et fait étrangement écho à la répression sanglante dans ce pays et l’actuelle guerre en Ukraine.

Le quatrième morceau, très justement intitulé l’’Enfer’, devrait vous hérisser les cheveux sur la tête. Tout commence par un enfant parlant d’étrange manière pendant qu’un autre pleure sur un doom martial martelé au piano. Puis soudain, la chanteuse se met à hurler d’effrayante manière comme si un soldat russe lui arrachait les tripes. Et le titre poursuit, après un passage de saxophone dans de nouveaux hurlements de terreur. Un assemblage assez effrayant qui pourtant donne un morceau étonnamment mélodique.

Et si l’album comporte quelques passages relativement éthérés, dans l’ensemble le groupe ne relâche pas la pression. Il faut dire que le thème abordé ici est celui de l’oppression. Normal pour un groupe biélorusse qui s’est exilé en Ukraine avant de fuir vers la Pologne sous une pluie de missiles russes.

Ne tournons pas autour du pot. Cet album est une énorme claque dans la gueule de nos camarades popov. The Land Under the Black Wings : Blood rentre de ce pas dans la petite liste des albums de l’année. Je l’ai tellement aimé que je viens de commander l’édition digipack deux CDs.

Toutefois, avant de vous jeter sur le vinyle ou une autre édition, allez l’écouter d’abord sur Bandcamp, surtout si vous n’êtes pas un métalleux. Vous pourriez prendre peur.

Marek Arnold – ArtRock Project

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Marek Arnold, amateur de mini Cooper, de bonnets sans pompons, de petites lunettes rectangulaires, claviériste, clarinettiste et saxophoniste allemand mais aussi musicien dans de nombreux groupes comme seven steps to the green door, Cyril, Toxic Smile, Flaming Row ou UPF, vient de sortir son premier album solo. Bon solo, c’est beaucoup dire étant donné l’impressionnant nombre d’invités présents comme Craig Blundell, Kalle Wallner, Steve Unruh, Marco Minnemann, Luke Machin ou Derek Sherinian.

ArtRock Project se présente sous forme d’un double vinyle bleu d’une heure et quart contenant sept morceaux.

Oui cela donne une moyenne de plus de dix minutes par titre. Il faut dire que l’album débute par une pièce de plus de seize minutes et s’achève par six pistes qui forment le morceau ‘Berlin 2049’, long de près d’une demie heure tout de même.

Avec les vinyles, sont arrivés plein de goodies, un chocolat au lait que j’ai mangé, des dessous de verre rangés dans le bar avec ceux de Wakeman vs Wilson, John Reed, Suidakra et Burning Shed, un stylo bic classos qui a servi à écrire cette chronique, une carte de téléchargement pour la version digitale et une autre avec un petit mot manuscrit en allemand signé par Marek que je range avec mes autres dédicaces. C’était une édition limitée assez coûteuse mais je suis fan de l’artiste depuis que j’ai découvert le groupe seven steps to the green door il y a une vingtaine d’années grâce à mon amie Suze Merlin.

Bon, c’est sympa tout ça, mais, il est comment cet album au fait ? La réponse ne va pas être simple. ArtRock Project est un patchwork musical pour de nombreuses raisons.

Il y a tout d’abord la multitude des voix et musiciens qui se rencontrent ici. Au passage on y retrouve Melanie Mau et Martin Schnella mais également Ulf Reinhart ou Anne Trautmann, des artistes que je connais depuis assez longtemps.

Ensuite l’album oscille entre art rock, prog et metal progressif sans trouver une réelle direction musicale. Du coup on passe du coq à l’âne un peu comme chez UPF ou seven steps to the green door. Cela exige un bel effort de concentration sur la durée, croyez-moi.

Les six pistes de ‘Berlin 2049’ sont plus cohérentes. Ceci dit, c’est normal puisqu’il s’agit d’un mini concept de vingt-six minutes. C’est aussi mon morceau favori avec le premier en trois parties, ‘A Story Of Separation and Lost’. Ce dernier, fort de plus seize minutes d’écoute, de claviers metal progressif, de violon, de guitares déchaînées et de piano jazzy, est un feu d’artifice instrumental avec la voix de Larry sur quelques couplets et refrains. De la grandiloquence certes, mais suffisamment bien dosée pour que l’on ne soit pas submergé avec en prime deux instrumentaux cinématiques pour emballer le tout.

Avec ‘Stay’, je retrouve mes deux amis Melanie et Martin en compagnie de nombreux autres artistes comme le guitariste de RPWL.  Même s’il y a quelques belles envolées et malgré le violon de Steve et le saxo de Marek, je trouve le titre relativement convenu après le premier triptyque.

‘A Time of Mystery’ est un délicat interlude acoustique où Manuel Schmid pose sa voix sur les instruments à vent de Marek. J’adore le morceau mais j’avoue qu’il arrive un peu comme un cheveux sur la soupe au milieu de cet album.

Le ‘Papillion’ de dix minutes est dans la veine d’une seven steps to the green door, débutant au piano et saxophone avec la voix du chanteur de Subsignal pour s’électrifier vers la moitié.

‘Come Away with Me’ chanté par Zeynah est une agréable guimauve qui ne marquera pas les esprits et si ‘Cold Run’ semble prendre le même chemin, le titre épouse rapidement une forme orchestrale tumultueuse qui nous extirpe d’un début de torpeur.

Reste ‘Berlin 2049’. Le titre aurait pu constituer un mini album à lui seul. En fait Artrock Project mérite la découverte rien que pour ce morceau. Marek y raconte une histoire futuriste et le visuel du vinyle est très probablement celui du titre. Un vaisseau qui vole près des gratte-ciel avec Marek Arnold aux commandes devant sa table de mixage. Pour couronner le tout, il y a un solo de trompette sur ‘Rain will fall 1’. Et j’adore la trompette.

‘Rain will fall 2’ est sans doute ma partie favorite avec Anne au chant. J’aime également beaucoup ‘Berlin’ et ‘Riding the line’ où une voix off décrit le monde en 2049. Je suis un peu moins fan toutefois de la troisième partie funk électro rock ‘Leave well enough alone’.

Ne nous mentons pas. Il faut quelques écoutes pour apprivoiser l’album. Les morceaux faibles prennent peu à peu leur place entre les deux géants. ArtRock Project finit par devenir un tout, certes un peu hétérogène, mais très plaisant à écouter avec de grands temps forts. Dommage qu’on ne puisse pas l’écouter sur Bandcamp.

Amarok – Hero

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Vous connaissez bien évidemment le groupe polonais Amarok. Ben pas moi en fait. Il aura fallu l’annonce de leur concert le samedi 18 novembre Chez Paulette par l’association ArpegiA pour que je me penche sur leur musique. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, si ?

J’ai choisi le dernier album studio du groupe, Hero, sorti en 2021, pour me forger une opinion sur cette formation aux influences floydienne et wilsoniennes venue de l’Est. Un album sept titres de moins de trois quart d’heure qui donne dans le rock progressif ambiant avec beaucoup de claviers et de guitares gilmouriennes joués par le frontman et chanteur Michal Wojtas.

Si depuis 2001, les album de Amarok sont principalement instrumentaux avec quelques invités venus de groupes connus comme Camel et Riverside, Hero, lui, est un concept à textes avec un seul titre sans paroles, ‘The Dark Parade’. J’ai survolé la discographie du groupe depuis 2001 et même les albums solo de Michal et il faut bien reconnaître que l’artiste explore de nombreux genres, de Pink Floyd à la world music en passant par la danse. Je n’ai pas tout adopté, loin s’en faut, mais Hero, que certains considèrent comme sa plus belle production, a su parler à mon cœur.

Hero parle de notre planète qui se meurt. Et malgré un thème assez lugubre, l’album laisse planer une touche d’espoir dans les textes.

‘Is not the end’ qui ouvre l’album, me fait beaucoup songer à du Riverside quand ‘Hero’ donne dans le Pink Floyd, notamment si vous écoutez la basse. ‘What you sow’ m’évoque Satellite, ‘Hail ! Hail ! Al’ et tout particulièrement ‘The Dark Parade’ me ramènent à Porcupine Tree. Alors du coup on se pose quand même quelques questions sur l’identité de la musique composée par Michal car elle emprunte beaucoup à des monstres sacrés. D’un autre côté l’album est varié et très agréable à écouter. Alors bon.

Un de mes morceaux préférés s’intitule ‘It’s not the end’. Une pièce d’un peu plus de cinq minutes qui emprunte un peu à Mariusz Duda et Steven Wilson. Son ouverture presque folk est d’une grande pureté et le final, quasi instrumental vous rappellera certainement les riffs rageurs de Porcupine Tree. Autre point d’orgue de l’album, le titre très floydien ‘Hero’ au refrain magnifique.

Mais je ne vous cache pas que j’adore tous les morceaux de cet album. S’il n’est pas fondamentalement original, il est très beau, riche en émotions et possède des références très confortables.

Du coup mon 18 novembre est réservé pour aller écouter Amarok chez Paulette. Je vous invite vivement à faire de même, écoutez le sur Bandcamp. Vous m’en direz des nouvelles.

Big Big Train – Ingenious Devices

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En attendant de retrouver une certaine stabilité après la brutale disparition de David, Big Big Train recycle du matériel.

Ingenious Devices met au goût du jour trois grands formats de leur discographie, des morceaux ré enregistrés chez Peter Gabriel avec des cordes. Il nous offre également un titre live et y ajoute un inédit d’une minute et vingt secondes.

Je connais tous ces titres sortis de court ‘The Book of Ingenious Devices’ ce qui ne m’a pas empêché de m’offrir l’album. En fait pour tout vous dire, je n’avais même pas réalisé qu’il s’agissait de morceaux déjà enregistrés sur de précédents albums.

Je me suis dit, chouette, un nouveau Big Big Train. Et bien non. Suis-je déçu pour autant ? Ben non, pas vraiment en fait. Car si j’ai presque toute la discographie de Big Big Train, je ne l’écoute pas très souvent. A la sortie de l’album le disque tourne en boucle à la maison et une fois rangé, je n’y revient plus beaucoup. Il y a tellement de musique à écouter.

L’album est une sorte de compilation musicale et technologique avec une trilogie des rails jusqu’à l’espace.

Le premier morceau ‘East Coast Racer’ est tiré de English Electric Part Two. Le titre gagne trois secondes et beaucoup de cordes au passage ainsi que plein de cuivres, des arrangements que le groupe ne pouvait s’offrir à l’époque.

‘The Book of Ingenious Devices’ jette un pont entre ‘East Coast racer’ et ‘Brooklands. Le huitième titre de Folklore perd quelques secondes mais gagne une nouvelle section rythmique au passage. Il s’agit, d’après moi, du plus réussi des trois morceaux de cet album. Je trouve que l’apport des cordes est particulièrement brillant ici.

La sonde ‘Voyager’ en sept parties est né dans Grand Tour en 2019. Le titre était déjà enregistré à l’époque avec un bel ensemble à cordes.

Enfin la version live de ‘Atlantic Cable’, un titre de Common Ground, n’a hélas pas trouvé grâce à mes oreilles et la raison de ce désamour n’est pas bien compliquée à comprendre. Ce n’est pas David qui chante mais Alberto Bravin. Et vous savez comme je suis douillet avec les voix. Déjà que la version studio de 2021 ne m’avait pas vraiment fait grimper au rideau, je trouve celle-ci relativement bordélique.

Ingenious Devices n’est clairement pas indispensable. Les fans de Big Big Train agrémenteront leur collection avec, pour ma part je vais me contenter de la version digitale.