Marillion – An Hour Before It’s Dark

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J’ai découvert Marillion à la sortie de Fugazi et ce fut un coup de foudre. Il faut dire qu’à l’époque mon univers musical se limitait à Genesis, Peter Gabriel, Steve Hackett, Harmonium et Kate Bush. 

Je devins un adulateur du grand Fish avec Misplaced Childhood et désespéré après son départ du groupe.  Le remplacement fut difficile à vivre jusqu’à un certain concept album intitulé Brave suivi de magnifiques disques comme Anoraknophobia ou Marbles.

Mais depuis ce dernier, je trouve que la bande à Hogarth tourne en rond. Si les textes ont gagné en puissance comme dans le magnifique ‘Gaza’, la musique, elle, s’est endormie sur ses lauriers, oubliant de nous surprendre.

Je n’attendais donc pas grand chose de An Hour Before It’s Dark. Du coup, je n’ai pas été trop déçu.

Le dernier Marillion s’écoute agréablement. Plusieurs titres fleuves, de beaux textes, quelques trouvailles qu’ils auraient pu développer et ses tonalités confortables que l’on retrouve sur tous leurs albums depuis quelques années.

Du rock progressif pantouflard, plaisant à entendre, sans risque de déplaire, mais qui n’en fera certainement pas l’album de l’année et encore moins le sommet de leur carrière. Bref un truc pour les vieux fans qui ne veulent pas être dérangés dans leurs habitudes.

Sauf que moi, je veux être bousculé par la musique, je veux qu’on me surprenne, que l’on m’émeuve, je veux découvrir de nouveaux horizons, je veux de l’inconfort, je veux des sensations fortes. Et An Hour Before It’s Dark n’y arrive pas vraiment.

Les chœurs new age de ‘Be Hard On Yourself’ m’ont fait rêver quelques secondes comme la première partie de ‘Care’, qui est au passage le quart d’heure le plus original de l’album. Il y a bien un instrumental, un exercice trop rare chez Marillion, mais bon, ce ne sont que quelques petites secondes d’entropie dans le disque.

‘Be Hard On Yourself’ commence donc plutôt bien avec son joli refrain mais s’égare en chemin. ‘Reprogram The Gene’ n’a franchement pas grand intérêt musicalement parlant avec une première moitié très compacte et une seconde sans grand contenu.

Le trop court instrumental ‘Only A Kiss’ me laisse sur ma faim, laissant place au single ‘Murder Machines’ d’un classicisme marillionesque exemplaire.

Par chance, ‘Crow Nightingale’, sans être révolutionnaire, propose enfin quelque chose d’un peu plus plus aéré et différent. Mais c’est avec ‘Sierra Leone’ que je commence enfin à me faire plaisir, dix minutes de Marillion tout en subtilité, émotions et revirements savamment dosés. 

‘Care’ conclue l’album de belle manière, tout particulièrement avec sa première partie qui sort clairement du lot. Il s’agit de mon titre préféré avec le précédent.

Marillion n’aurait pas écrit FEAR, Sounds That Can’t Be Made, Happiness is the Road et Marbles avant An Hour Before It’s Dark, j’aurai certainement crié au génie.

Teeshirt : Marillion

Fleesh – Eclipsed

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Le duo Fleesh s’est fait connaître par ses reprises de Rush, Marillion, Renaissance ou encore Genesis, mais Gabby et Celo ont également composé trois albums, What I Found en 2017, Across The Sea en 2019 et Eclipsed cette année.

Il est certainement plus facile d’écouler des compilations de reprises de groupes connus que de percer avec ses propres compos de rock progressif. Surtout lorsque l’on est pas franchement connu. Alors Fleesh joue sur les deux tableaux, un peu comme The Watch.

J’ai presque tous leurs disques excepté leur tribute à Renaissance, sans doute parce que je n’aime pas trop Renaissance. Alors lorsqu’ils ont annoncé la sortie de leur nouvel album Eclipsed, j’ai passé commande du CD malgré des frais de port plus que dissuasifs.

Gabby chante et Celo est l’homme orchestre. Comme sur leur clips, le barbu rondouillard joue des guitares, claviers et basse quand la blonde au piercing chante, parfois accompagnée d’une guitare acoustique.

La voix de Gabby, un peu monotone au début, a gagné en personnalité sur cet album et si la musique s’inspire de Marillion comme dans ‘One By One’ et de Pink Floyd sur ‘Till The Morning Comes’, elle se forge peu à peu sa personnalité.

Après le concept album Across The Sea très prometteur, Eclipsed confirme les espoirs que j’avais placé dans ce jeune duo brésilien.

Eclipsed raconte une histoire en une heure et onze morceaux. Comme sa pochette le suggère, une éclipse solaire qui éclaire une montagne de crânes survolée d’oiseaux charognards, Eclipsed ne vibre pas d’ondes positives bien au contraire et la plongée dans le livret aggrave cette sensation. 

Voici les premières paroles de ‘Stuck’  : “Quelque part à l’intérieur de ce chaos, je suis toujours en vie. Je suis juste allée trop loin pour en comprendre tous les signes.”. 

On dirait que Fleesh poursuit son récit sur la dépression entamé dans Across The Sea, les textes elliptiques livrent des états d’ames plus qu’une histoire à moins que je n’ai rien compris encore une fois.

‘All My Sins’, riche d’éléments symphoniques, est une des pièces les plus puissantes de l’album et une belle réussite vocale. J’ai également adoré les claviers très néo prog qui ouvrent l’album avec ‘Stuck’ et j’ai aimé le solo guilmourish de ‘Till The Morning Comes’ qui commence pourtant comme un blues.

Eclipsed n’est pas parfait. Il est très dense avec beaucoup de chant et une production perfectible.

N’empêche, je l’aime beaucoup et je vous recommande sa découverte, peut-être en numérique étant donné les frais de port exorbitants. 

N’hésitez pas à découvrir également leurs albums cover. Mon préféré est celui de Genesis sorti tout récemment.

Teeshirt : Marillion

Y’a plus de saisons

Y’a plus de saison mon bon monsieur ! J’en sais un bout, j’bosse pour la météo… 

Fish, qui n’est pas né de la dernière pluie s’est fait virer, faut dire, il buvait comme si c’était la canicule. 

C’est un petit jeune, un peu minet qui a pris sa place et il va en baver le garçon, car les premiers concerts c’est la douche froide. Le public réclame de l’écossais trente ans d’age.

Avec Season’s End prend fin le printemps de Marillion, le groupe doit se reconstruire avec un nouveau chanteur. Steve chante mais ne sait pas écrire, il va falloir trouver un parolier ou faire du yaourt.

Season’s End reste dans la lignée de Clutching at Straws en plus léger toutefois. La fabuleuse guitare de Rothery prend son essor dans de magnifiques soli lumineux et les gimmick du néo-progressif sont très présents. En fait, Season’s End se révèle un bain de jouvence pour le groupe britannique, retrouvant une fraîcheur perdue dans la désillusion des bars et des tournées.

Il ne réussira pas, malgré un tube, à grimper dans les charts. La gloire de Marillion fut éphémère et commenceront alors les années de doute.

Season’s End possède une saveur toute particulière à mes oreilles, comme les bonbons acidulés de l’enfance. Les mauvais coucheurs qui abandonnèrent le groupe en chemin, ne comprirent sans doute pas qu’il s’agissait d’une nouvelle saison pour Marillion et que le nouveau né, encore maladroit, nous livrerait plus tard de purs chef-d’œuvres.

De concerts en hôtels

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Après le succès de Misplaced, Marillion se retrouvait sous pression. Le quatrième album studio du groupe se devait d’être à la hauteur du précédent. Mais voilà, le groupe ne cessait de tourner, Fish écrivait ses textes dans des chambres d’hôtel, sur les comptoirs de bars, dans le car de tourné, le label rêvait d’un single à la ‘Kayleigh’ pour faire toujours plus d’argent et des tensions dans Marillion devenaient palpables. 

Clutching at Straws se révèlera l’album de la fin d’une ère. Nous sommes loin de la fragilité de Misplaced, nous sommes noyés dans les cocktails, les salles de concerts, les groupies, les bars et les hôtels. Le groupe s’est offert les services d’une choriste pour l’occasion en studio ainsi qu’en tournée, un accessoire pour palier peut-être aux premières défaillances vocales de l’écossais ? La jeune fille se trémoussera sur scène, un peu en décalage avec l’image que nous renvoyait le groupe à l’époque. Ce sera mon premier concert de Marillion, le premier et dernier avec Fish également, le premier d’une longue série dont j’ai perdu le compte. J’étais un fan. 

Clutching at Straws rompt avec la tradition des artworks colorés des précédents vinyles, pochette noire, photographie retouchée d’un comptoir de bar. Comme la musique et les textes, tout possède un goût de sciure et d’alcool rance. 

Pourtant, sans nul doute, Clutching est un grand album, sombre, limite désespéré et c’est ce qui le rend beau. J’ai pris goût à ce mélange vodka café crème qui donna son nom au plus beau titre de l’album, ‘White Russian’. « Where do we go from here? », bonne question… 

Clutching sonne la fin d’une époque, le dernier album avec Fish et le dernier pressage vinyle du groupe avant bien des années (j’achèterai Season’s End en K7). S’identifier au Fish de cet album sera destructeur pour bien des personnes. L’artiste semble au fond du trou et ne se relèvera qu’avec son premier album solo Vigil in the Wilderness of mirrors.

Edimbourg

En 1990, je partis avec un ami de longue date pour un périple écossais. Notre objectif se situait à l’extrême nord des terres des MacLeod, un petit archipel d’îles nommées les Orcades. Après un passage mouvementé à Londres en pleine Pool Tax, nous rejoignîmes la ville d’Edimbourg en bus, franchissant le mur d’Adrien, quittant les anglais pour les kilts mangeurs de panse de brebis farcie.

Edimbourg, outre la beauté de la ville, se devait d’être un pèlerinage obligatoire pour mon camarade et moi même. S’il m’avait initié à Genesis, Peter Gabriel et Steve Hackett, je lui avait fait découvrir Marillion et le personnage de Fish l’avait fasciné. Misplaced Childhood était sorti en 1985 et Clutching At Straws en 1987. Les paroles du poète maudit William Dereck Dick hantaient nos esprits et marcher sur le Royal Mile, trainer dans les pubs et admirer the Heart Of Liothian était un devoir de fan.

Misplaced est considéré à raison comme le chef d’oeuvre du groupe Marillion période Fish. Les chiffres parlent d’eux même : 1er des charts anglais pendant 42 semaines, 3ème en Allemagne pendant 45 semaines, un succès commercial et artistiques. Les chroniques de cet album qui fait toujours référence aujourd’hui sont légion sur la toile et les avis sont quasiment unanimes. Il faut dire que Fish s’y met à nu comme jamais, avant d’entamer la longue descente aux enfers qui le conduira à Clutching puis à se faire virer du groupe qui accouchera dans la douleur d’un Season’s End en 1989 avec Steve Hogarth au chant.

Misplaced Childhood représente le sommet de la carrière du groupe Marillion, seulement après trois albums, la consécration médiatique et celle du public, des concerts partout dans le monde, et une maison de disque qui se met à rêver de tubes à répétition. Mais c’est surtout un album sur l’enfance, l’enfance perdue de Fish racontée avec les fabuleuses guitares de Rothery et les claviers de Kelly.

Après Edimbourg, son château, ses pubs, ses rues, sa colline et ses souvenirs, nous remontâmes vers le nord, Inverness, Thurso puis la traversée jusque Stromness où débutait notre périple dans les Orcades. Après l’enfance de Fish, nous explorions l’enfance de l’humanité au milieu des cairns, tumulus, villages de l’âge de fer et ses selkies.

Si vous allez à Edimbourg, emportez avec vous l’album Misplaced Childhood, marchez sur les pavés du Royal Mile, découvrez le coeur du Lothian, dégustez une bière à la mémoire de l’enfant que fut Fish en buvant les paroles de Kayleigh. Vous n’écouterez plus jamais l’album de la même manière ensuite.

Un doux après-midi d’automne

Après le déjeuner au réfectoire, les sportifs organisaient des matchs dans la cour goudronnée du lycée Sacré-Coeur. Des haut-parleurs installés depuis une fenêtre de l’internat déversaient pour l’occasion une play-list sur K7. Youtube et le mp3 n’étaient pas encore passés par là.

A cette époque là, j’écoutais Genesis, Steve Hackett, Harmonium, AC/DC, Peter Gabriel, Tri Yann, Gilles Servat, Malicorne, Mike Oldfield, Tony Banks, Kate Bush. Genesis était presque mort, Peter Gabriel sortait un album tous les cinq ans, Mike Oldfield avait presque pris sa retraite et Servat ne hurlait plus avec les loups.

Je regardais paresseusement le match de volley, nimbé du soleil d’automne, écoutant distraitement la musique, quand soudain celle-ci changea : de grandes orgues à la Genesis sonnèrent dans la cour ensoleillée et une voix mutante entre Gabriel et Collins s’éleva. « Watch the lizard, Watch the lizard, Watch the lizard with the crimson veil. ». Genesis renaissait-il de ces cendres ?

Je fus immédiatement captivé par la cette voix, cette musique et dès la fin du morceau, je courus trouver notre DJ du jour pour connaître le nom de groupe. « Marillion » me dit-il, étonné que je puisse m’intéresser à cet album.

Marillion, comme le Simarillion de JRR Tolkien que je venais de lire l’été précédent. Coincidence ?

Le soir même je couru chez LP Records voir s’ils possédaient le vinyle en question en rayon, et ils l’avaient, de même que Script For A Jester’s Tear que j’achèterai plus tard (à l’époque je pouvais m’offrir un vinyle tous les deux ou trois mois). Je repartis à la maison le cœur battant la chamade, le trente-trois tour sous le bras et arrivé à la maison je découvris le magnifique artwork en écoutant Fugazi. Ma passion dévorante pour ce jeune groupe britannique venait de commencer.

Les premiers titres qui me frappèrent tout d’abord furent le tribal ‘Assassing’, le ‘Jigsaw’ au refrain fabuleux et bien entendu ‘She Chameleon’ que j’avais découvert dans la cour du lycée. J’ignore combien d’heures le vinyle à tourné dans ma chambre, les voisins devaient assurément le connaître par coeur à la fin. L’équilibre entre les inspirations progressives des seventies et le son hard-rock des heighties était là. La voix rageuse de Fish durcissant le ton prog de l’album.

Nous étions en 1984, et pour la première fois de ma vie, sans que quelqu’un m’ait influencé, ou fait découvrir, j’avais un coup de cœur musical, je devenais groupie d’un groupe de rock, je trouvais mon équilibre entre babacoolisme et forge, j’étais fan de Marillion.

Des années durant, je n’ai plus juré que part Marillion, propageant la bonne parole, attendant chacun de leurs albums avec une impatience fébrile, commandant des imports, des pictures discs, allant les voir en live de nombreuses fois, faisant le pied de grue devant leur bus pour saluer les musiciens, signant une inscription au fan club, rêvant de les suivre sur une tournée, devenant un anorack anonyme patientant sous la pluie des heures avant leur unique date en France.

The script

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Un matin, en sortant du lit, m’est venue une étrange idée. Et si je revisitais toute la discographie du groupe Marillion en commençant par Script For A Jester’s Tear et en terminant par FEAR ?

Car après tout, lorsque l’on possède toute la discographie d’un groupe, outre le fait de pouvoir remplir des étagères avec, c’est aussi pour l’écouter de temps en temps. Mais voila, avec mon activité de chroniqueur, webmaster, rédacteur, emmerdeur à neoprog, je trouve rarement le temps pour me replonger dans d’anciens albums. Il y a bien ma discothèque idéale dans laquelle je pioche de temps à autres, les vinyles que j’écoute lorsque j’ai un peu de temps, mais je délaisse trop souvent l’archive musicale cachée dans la cage d’escalier de la maison, faute de place ailleurs.

Donc c’est décidé, je me replonge aujourd’hui dans la discographie de Marillion. Pourquoi Marillion ? Ce groupe fut pendant très longtemps mon unique référence musicale, je ne jurais que par eux, je n’écoutais quasiment qu’eux, j’étais un fan. Aujourd’hui, je ne suis plus un fan, j’ai découvert trop de groupes, d’albums fantastiques et différents pour me fixer sur un seul, même si celui-ci à forgé ma passion musicale.

Ce n’est pas avec Script For A Jester’s Tear que j’ai découvert le quintet anglais, mais avec Fugazy, j’en reparlerai dans un prochain épisode. Mais soyons clair, Script For A Jester’s Tear fut le premier album d’un renouveau musical. Le rock progressif mourut de sa belle mort à la fin des années soixante-dix. Ses titres à rallonge, ses expérimentations de plus en plus hasardeuses, son côté élitiste assumé enterrèrent plus de dix années de création musicale débridée.

Puis un matin, quatre britanniques et un écossais sortirent une galette noire à l’artwork digne des grands albums de Yes et de Genesis : un violoniste arlequin compose dans une chambre lambrissée sous le regard sévère d’un caméléon. Nous sommes en 1983 et le néo-progressif venait officiellement de naître avec six morceaux révolutionnaires, s’appuyant sur les reliques du rock progressif, épicés de metal et d’un chanteur à la voix absolument incroyable, le bien nommé Fish.

Outre l’artwork magnifique signé Mark Wilkinson, la musique riche en claviers vintages et de références à Genesis ainsi que la voix mutante de William Dereck Dick, Script For A Jester’s Tear renouait avec les textes, et quels textes, car le moins que l’on puisse dire c’est que Fish, même s’il fut bûcheron de son état, n’a jamais été un garçon très simple. Des textes torturés, pleins de rage, de souvenirs qui contribueront plus tard au succès planétaire du groupe avec l’album Misplaced Childhood.

Après trente-six années, je trouve que Script For A Jester’s Tear n’a pas pris une ride alors que de nombreux albums de rock néo-progressif sortis après sont devenus très kitsch. ‘Forgotten Songs’ comme ‘Garden Party’ ou ‘Chelsea Monday’ sont aujourd’hui des morceaux cultes que les fans chantent à l’unisson pendant les concerts, laissant Steve Hogarth toujours médusé.

Script n’est pas l’album de Marillion que je préfère mais il figure en bonne position dans mon top et ce fut un grand bonheur que de replonger dedans.

Mon best of Marillion

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Le groupe Marillion fut sans doute ma première révélation musicale avec la sortie de Fugazi en. Auparavant j’écoutais AC/DC, Kate Bush, Genesis, Mike Oldfield, Peter Gabriel et consorts. Mais Marillion était le premier groupe que je découvrais à sa quasi création et j’ai grandi ensuite avec leur musique. Je ne me lancerai pas dans combat de coq pour défendre la période Fish ou Hogarth, j’aime les deux époques pour des raisons très différentes. Par contre, je vais vous livrer dans l’ordre de préférence, mon top dix des albums de Marillion, un classement souvent à contre courant des goûts des fans du groupe.

1 – Anoracknophobia 

Quoi comment ? J’ai cet album dans la peau depuis sa sortie, il me fait toujours autant vibrer écoute après écoute avec ‘Quartz’ ou ‘This Is The 21st Century’. Marillion s’offrait un album différent de tous les autres, moderne et pas très progressif finalement.

2 – Marbles

Bon là, généralement, tout le monde est d’accord pour affirmer qu’il s’agit d’un des chefs d’œuvres de Marillion. Des textes très personnels signés Steve Hogarth, des titres fleuves ‘Invisible Man’, ‘Angelina’ ou ‘Ocean Cloud’, des sonorités nouvelles, culte. Dommage qu’ils aient fini par ‘Neverland’.

3 – Misplaced Childhood

Impossible de passer à côté du premier concept album où Fish mettait son âme à nu. Le seul Marillion qui explosera les charts, un incontournable mais que j’écoute de moins en moins.

 4 – Somewhere Else

Oui, ce mal aimé appartient à mon top ten. Il n’y a rien à jeter dans cet album, le groupe prend tous les risques, explore une pop prog psyché avec bonheur et même l’improbable ‘Most Toys’ est une bombe.

5 – Radiation 

Oui je sais, c’est un mal aimé. Et pourtant. Comme Anoracknophobia, c’est une des grosses prises de risque de Marillion. Je vénère tout particulièrement Trois titres particulièrement : ‘Cathedral Wall’, ‘These Chains’ et ‘A Few Words For The Dead’. Et même si le ‘Three Minutes Boy’ m’énerve au plus au point, cet album est fabuleux.

6 – Fugazi

Sans doute par ce que c’est le premier album de Marillion que j’ai écouté avec ‘She Cameleon’ il y a 35 ans dans la cour de mon lycée et parce que ‘Jigsaw’, au refrain d’une rare  violence, m’interpelle toujours autant.

7 – Afraid Of Sunlight

Cet album m’a toujours ébloui avec ‘Out of this world’, une pièce qui me fait toujours autant planer, comme ‘Beautiful’ et ‘afraid Of Sunlight’. Pour ne rien gâcher, la pochette de l’album est juste fabuleuse.

8 – Brave

Oui quand même, en huitième position je sais. Oui c’est Le concept période Hogarth, oui c’est un album atypique qui a nécessité des mois de travail, mais bon, ce n’est pas celui que je retiens en premier même si je le possède en de très nombreuses éditions.

9 – Script For A Jester Tear

Le premier Marillion est brouillon, il ne possède pas encore vraiment d’identité propre mais propose une rupture avec le progressif de l’époque. Un concentré de violence et d’émotion dans les mots et la musique qui deviendra la marque de fabrique du groupe pour quelques années.

10 – Marillion.com

Encore un mal aimé soyons clair. Mais dedans il y a ‘Interrior Lulu’ quand même, rien que pour ça, il mérite sa place dans mon top.

Et les trois pires me direz-vous ?

1 – Holidays in Eden

Rien pour le sauver celui là. Marillion s’est totalement perdu en chemin en voulant sortir des hits.

2 – This Strange Engine

Malgré un dernier titre équipe magnifique et quelques pièces qui, au fil des années sont devenues de vieilles amies, il y a toujours cet insupportable ‘Hope For The Future’ qui me gâche le plaisir à chaque fois.

3 – ‘Happiness is the Road’

Lui, je ne l’écoute jamais. Il m’ennuie tout simplement. Long et mou, il ne tient aucune promesse.

L’histoire d’une passion

La musique est venue assez tard à moi mais je baigne dedans depuis la petite enfance. Mon père écoutait beaucoup de classique le dimanche matin, Bach, Mozart, Bethoven… Ma mère était plus Vangelis (L’Apocalypse des Animaux), Jonahtan Livingston Le goéland, ce genres de choses. Après il y avait les chanteurs, Brel, Nana Mouskouri et cie. Le rock, ils ne connaissaient pas, pas même les Beatles, la misère. Mes frères aînés étaient plus rebelles, Georges Moustaki, Leonard Cohen, vous voyez le topo.

Quand j’ai eu mon premier mange disque, il a fallu que je me distingue fatalement, mon premier vinyle fut un Johnny Halliday (oui je sais)… En quatrième je découvrais AC/DC pour faire comme le gros dur de ma classe qui avait deux têtes de moins que moi. Ce fut mon premier réel coup de cœur musical et je reste très attaché à ce groupe. Je découvris Kate Bush la même année avec ‘Babooshka’ qui passait sur les ondes. J’occupais tous mes samedi dans un club d’astronomie où tournaient en musique de fond du Bob Dylan, Bruce Sprinsgteen ou Simon & Garfunkel. A l’époque je n’étais pas vraiment fan, mais à force d’écouter… C’est à cette époque qu’un hippie astronome me fit découvrir Genesis. Et là ce fut la révélation, je me jetais à corps perdu sur leurs albums, sur ceux de Steve Hackett, Peter Gabriel et Tony Banks (quoi que) et jusque la première, je fonctionnais en boucle avec un peu de Jethro Tull, Pink Floyd ou King Crimson et de la musique celtique, Alan Stivel, Dan Ar Braz, Tri Yann. Heu oui,  je suis breton. Mon premier concert fut pour Peter Gabriel à Brest à la Penfeld après la sortie de Shock de Monkey, j’avais 17 ans, une claque monumentale.

Il y eu également une courte période Mike Oldfield mais sans grande conviction. Puis j’entendis des anges dans la cour de mon lycée, des orgues puissants sur une voix incroyable, on aurait dit Genesis marié avec AC/DC, je venais de tomber sur Marillion et Fish. C’est cette époque que j’ai hanté les ondes d’une radio locale, parlant de rock progressif et laissant tourner à l’antenne un album entier par semaine. Là débuta la plus grande fan mania de ma vie, qui dure toujours, je n’écoutais plus que du Marillion. Et même après le départ de Fish, j’ai continué, si si. Marillion, Marillion et Marillion. J’ai même réussi à trouver qu’Hollidays In Eden était un bon album à l’époque, c’est tout dire. Mon second concert fut pour la tournée La Gaza Ladra, extraordinaire !

A la FAC, j’ai entretenu le culte Marillion en allant écouter Genesis, Pink Floyd à La Beaujoire à Nantes et A-ha à Rennes. Heu il a bien écrit A-ha, Ha ha ! Ben oui ma copine de l’époque aimait bien, dire que j’ai payé pour aller écouter ça…

A l’armée (oui je suis de ceux qui ont fait ce p….. de service militaire) je découvris du métal avec Queensrÿche, Gary Moore, Yngwie Malmsteen et cie… Puis de retour à la vie civile, avec le travail, j’eu un peu moins de temps pour la musique.

Je me suis laissé bercer par la musique française du début 20ième que mon épouse aime tant, Debussy, Liszt, Ravel, Poulenc et c’est en arrivant à Strasbourg en 1995 que je renouais avec néo-progressif en découvrant Arena avec The Visitor, IQ avec Subterranea, Satellite… Je créais alors une page web (on ne parlait pas de blog à l’époque) dans laquelle je parlais JDR, photos et musique, c’était sur Multinamia avec un accès Compuserve, la belle époque des modens 56K.

La machine s’est emballée rapidement à compter de cette époque, écoutant de plus en plus d’albums. Mais ce n’était rien encore. Quand j’ai créé le webzine, il y a seize ans, je chroniquais mon CD mensuel et quelques rares artistes qui cherchaient à percer dans le prog. En 2003, je mettais le pied à l’accélérateur, allant souvent aux concerts en franchissant le Rhin, chroniquant presque une fois par semaine, le webzine Neoprog était né.

Aujourd’hui, fort de la confiance de labels, d’artistes et de promoteurs, nous recevons beaucoup plus de musique que nous ne pouvons en écouter, il faut faire des choix et certains jours c’est un crève douleur que de trancher. Ma vision manichéenne de la musique s’est estompée en écoutant de plus en plus de musique. Aujourd’hui j’écoute du RIO comme du métal progressif, du canterbury, du post métal et même du post rock sans sourciller et je me régale d’opéra et de musique classique ou contemporaine. Je ne suis pas très pop sauf pour Sting et quelques artistes du même tonneau. Je ne suis pas très rock non plus, plus par manque de temps. Avec un peu de chance il me reste encore une demi vie et des tonnes de merveilles à écouter. J’aime la musique, c’est ma drogue et je compte bien en écouter encore pendant de longues années.