Deafening Opera – driftwood

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Teeshirt : Deafening Opera – Let Silence Fall (2018)

Connaissez-vous le groupe allemand Deafening Opera ? Non ? Ils ont pourtant joué en ouverture de Vanden Plas et viennent de presser leur troisième album studio driftwood.

Si je vous les présente aujourd’hui, c’est parce que j’ai eu l’occasion de les écouter en live plusieurs fois, de les interviewer et même de manger avec eux chez un copain. Des teutons très sympas qui jouent du rock progressif lorsque leurs vies leur en laisse le temps.

Ils m’ont gentiment envoyé driftwood pour que j’en parle ici, et si je m’étais juré de ne pas chroniquer de promotions, je ferai ici une entorse à la règle pour trois raisons : j’aime bien ces gars et leur nouvel album marque clairement un rupture avec les deux précédents, et ça m’a plu.

Deafening Opera joue du rock progressif à la Porcupine Tree avec des synthés et tout le tralala. Mais depuis quelque temps, leur claviériste français a quitté le navire. Problème, le prog sans claviers, ça n’est pas évident.

Avec driftwood, Deafening Opera reprend en acoustique des morceaux de Blueprint et de Let Silence Fall, leur deux précédents albums, et y ajoute de nouvelles compositions comme ‘murghab morning’, ‘snowman’s meadow’, ‘outlaw feline’, ‘farewell kiss’ et ‘little stone’.

Tout commence par le court instrumental ‘murghab morning’ à la guitare, 90 secondes délicates qui nous guident jusque ‘25000 miles’ en version débranchée. Moritz a repris le piano du claviériste Gérald Marie et Adrian, qui est également chanteur d’opéra, semble clairement plus à l’aise dans ce registre acoustique.

‘snowman’s meadow’ m’a agréablement surpris avec son approche tout d’abord jazzy à la Michel Jonasz alors un ‘outlaw feline’ qui ressemble à du bluegrass. J’ai également adoré le duo sur ‘farewell kiss’ où Alexandra répond à Adrian.

Driftwood ne dure qu’une demie-heure, une manière pour le quintet allemand de se remettre sur les rails après un long silence. Si les habitués attendaient un troisième album de rock progressif, ils seront probablement déçus. Pour ma part, ce driftwood est une jolie surprise qui annonce peut-être une nouvelle vie pour Deafening Opera.

C’est la crise

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Je lis partout que le marché du vinyle est en pleine crise et que les prix flambent. La faute à une trop forte demande à ce qu’il paraît. 

Ma faute ? C’est vrai que j’achète beaucoup de vinyles depuis quelques temps et que cela me pose de sérieux problèmes de stockage. D’autant plus que j’essaye de me procurer le CD en même temps pour des écoutes moins studieuses. 

Je n’ai pas encore constaté de flambée du prix de la galette noire chez mes fournisseurs habituels. Par contre j’ai été horrifié par l’explosion des frais de port, que ce soit pour les CDs ou les vinyles. 

Il y a peu j’ai renoncé à faire venir une galette depuis les U.S.A. à cause du transport qui doublait la facture. Un simple vinyle à soixante-dix euros, cela devient franchement dissuasif. 

J’ai commandé un CD au Brésil, le second album d’un obscur duo que j’aime beaucoup, le genre d’album tout simplement introuvable en Europe. Je l’ai payé plus de quatre fois son prix à cause du transport.

Autrefois je trouvais que faire venir un vinyle d’Allemagne était hors de prix, aujourd’hui je trouve ça très abordable en comparaison du Royaume-Uni et du continent américain. 

Etrangement, le double vinyle Aphelion, le dernier album de Leprous, ne m’a coûté que deux euros de frais de port. Sans doute venait-il de France.

Je me suis résigné à contre coeur à acheter de la musique sans support physique pour éviter de plomber mon budget pourtant généreux en ce qui concerne la musique.

Pourquoi de tels tarifs ? La crise sanitaire, des accords économiques, des taxes douanières, le prix du pétrole, du carton, du scotch ? Je n’en sais rien, je ne m’intéresse pas du tout à l’économie mondiale. Je sais juste que les prix des transports ont augmenté.

Les frais de ports flambent et après tout c’est une bonne chose. Cela me sensibilise d’autant plus au bilan carbone de les achats. Du coup, avant de commander depuis n’importe quel pays, un produit que je peux trouver plus près, je réfléchis un peu. 

La tentation est hélas grande d’acheter sur amatruc où les frais d’expédition sont offerts et où le colis arrive le lendemain, même le dimanche. Heureusement je résiste mais c’est la crise.

Sel Balamir – Swell

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Teeshirt : en chasseur d’images 2021

En 1956, le capitaine Cousteau dynamitait les atolls au nom de la science, éventrait les cachalots et massacrait les requins dans le documentaire le Monde du Silence. En 2021 Sel Balamir, le frontman du groupe Amplifier, lui rendait un vibrant hommage dans son album Swell avec la chanson ‘Jacques Cousteau’.

Moi aussi j’ai rêvé avec les expéditions de la Callipso lorsque j’étais gamin. Mais j’ai grandi et je ne rendrais certainement pas hommage à Cousteau pas plus qu’à Nicolas Hulot et son émission sponsorisée par le laboratoire Rhône Poulenc.

Le groupe britannique prog expérimental Amplifier n’a pas fait beaucoup parler de lui ces dernières années à part pour des rééditions. Et puis soudain Sel a annoncé un album solo.

J’ai eu ma période Amplifier  mais elle est derrière moi. Par contre j’étais curieux d’écouter ce que Sel Balamir pourrait proposer en solo. 

Swell est composé de trois morceaux très instrumentaux et relativement longs dont le fameux ‘Jacques Cousteau’. Une invitation au voyage de quarante minutes assis dans un canapé.

Pas de CD ou de vinyle pour l’instant, juste de l’ALAC et une image naïve peinte par Esther, un voilier voguant de nuit au clair de lune pour illustrer le massacre des cachalots.

‘Swell’ du haut de ses vingt minutes et quelques, dont plus de la moitié est instrumentale, n’échappera pas à la comparaison avec Pink Floyd, Nosound et Amplifier. Une musique toute en attente où le motif répétitif à la guitare appartient à Amplifier et où les digressions rappellent les Floyds. Niveau originalité ce n’est pas terrible, mais pour ce qui est de l’écoute, rien à dire c’est confortable.

Le capitaine du baleinier japonais dure le temps de mettre une douzaine d’ailerons de requins en conserve. Plus court et plus verbeux que son prédécesseur, il s’étend un peu moins sur la musique pour mieux explorer  les cimetières de cachalots et nager à dos de tortue géante asphyxiée. Le titre nous plonge sous la surface de l’océan de manière très visuelle avec une basse ronde et des notes de claviers telles des bulles remontant  à la surface. Ça fait mal de l’avouer, mais ‘Jacques Cousteau’ est une vraie réussite.

‘Seagull’ s’élève au-dessus des flots pendant un peu plus de neuf minutes au son d’orgues métalliques et d’une section rythmique assez présente. On ne peut pas dire qu’ici Sel se soit dépassé pour la composition. Sorti d’un long passage de guitare inspiré, la mouette de Tchekhov tourne en rond.

Swell permet de s’évader du monde pendant une quarantaine de minutes. Et si on passe la faute de goût (il ne savait peut-être pas après tout le pauvre), l’album est une jolie découverte.

Feeling of Presence – Of Lost Illusion

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Teeshirt : Ayreon – Actual Fantasy Revisited

Si vous connaissez les allemands de Frequency Drift, vous conviendrez sans doute que la beauté de leur musique tient beaucoup aux chanteuses qui se sont succédées sur les albums. 

Je crois que je suis tombé amoureux de chacune d’elles et tout particulièrement de la dernière, Irini Alexia qui chantait sur Letters To Maro, qui est à mon avis leur chef d’œuvre.

Mais Frequency Drift c’est aussi un post rock folk où la harpe de Nerissa Swartz, le violoncelle et les guitares d’Andreas Hack donnaient des teintes assez uniques.

Hélas, mille fois hélas, Frequency Drift n’est plus. Andreas a jeté l’éponge, préférant revenir à un projet instrumental sous le nom de Feeling Of Presence.

Je suis pas un grand fan d’albums instrumentaux mais j’ai beaucoup d’admiration pour le travail d’Andreas, alors quand il a annoncé Of Lost Illusion, le premier album de son nouveau projet, je l’ai suivi dans l’aventure et me voici avec le vinyle. Une édition ultra limitée à quatre-vingt exemplaires, un objet collector d’une qualité de pressage vraiment exceptionnelle.

Andreas joue aux côtés de Nerissa et de Wolfgang Ostermann. Autant dire Frequency Drift sans la chanteuse. Violoncelle, harpe, mellotron, batterie, basse, guitares, Of Lost Illusion ce sont six titres post rock folk atmosphériques cinématiques gravés sur une galette jaune poussin de quarante minutes.

Les photographies qui composent la pochette montrent des paysages urbains nocturnes, des perspectives et lumières, une rue éclairée par des lampadaires sous une averse de neige, un tunnel barré de néons verticaux, des images qui collent aux atmosphères sombres de l’album.

Si vous savez écouter Frequency Drift et vous abstraire du chant, Feeling Of Presence vous semblera certainement familier.

‘A Weird from of Darkness’ épouse des formes musicales classiques à Frequency Drift quand ‘Room 105’ s’apparente plus nettement à du post-rock. La troisième piste de la face A, qui s’intitule ‘Of lost illusion’ joue de cinématique au violoncelle et au piano avec une courte folie jazz.

La face B s’annonce plus électronique, débutant avec ‘Fluorescent detail’ à la forme très digitale pour continuer avec ‘Hollow innocence’, un cinématique peuplé de notes de harpe et s’achève sur ‘Transit Venus’ au beau final au piano.

Of Lost Illusion ferait une très belle bande originale de film. Il ne lui manque que la parole pour rejoindre la discographie de Frequency Drift. J’aurais préféré un album à chanteuse mais cette décision appartient à Andreas et si Feeling Of Presence poursuit sur sa lancée, je continuerais à les suivre avec plaisir.

Cruel dilemne

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Une chronique par semaine me semble un rythme raisonnable pour bien écouter un album, me plonger dans les textes, le faire sonner au casque, sur les Triangles et le smartphone. Cela me laisse du temps pour coucher sur le papier mes impressions et fixer sur la pellicule la chronique. 

Mais comme je suis un boulimique de musique, j’écoute nettement plus d’albums que je n’en présente en vidéo. J’aimerais parler de chacun d’eux, enfin ceux qui présentent un certain intérêt pour moi mais ça n’est pas possible, une année ne comprend pas assez de semaines pour tout vous montrer. 

Du coup, j’accumule peu à peu du retard, le Leprous qui vient de sortir ne sera en ligne au mieux que mi novembre et je vais passer sous silence pas mal de sorties comme Atmospherics, Homesick ou Migration.

Je pourrais (encore) copier Alias et enregistrer des brèves. Mais mes chroniques sont déjà brèves alors faire plus court risque de se résumer à pas grand chose au bout du compte. Alors à quoi bon ?

Le pire c’est que malgré la fermeture du webzine je reçois encore dans ma boîte aux lettres quelques promotions. Je remercie à chaque fois et explique que je ne chronique plus les promotions. Mais il m’arrivera peut-être de déroger à la règle car je suis faible de nature, surtout quand cela vient d’artistes que je connais et apprécie.

L’étape suivante pourrait être de trouver d’autres beaux gosses photogéniques pour enregistrer des vidéos de rock progressif, on pourrait appeler ça Neoprog par exemple et passer brutalement de 15 vues à 150.

Non je plaisante, je n’ai aucune envie de replonger, j’ai déjà assez à faire avec mon travail en ce moment.

Les chroniques en images vont se concentrer sur les albums qui me font vibrer sans tenir compte de leur date de sortie ni de la notoriété du groupe. Après tout je n’ai de compte à rendre qu’à moi même.

Mon dilemme se situe au niveau des choix, quel album chroniquer dans la liste de ceux que j’ai écouté. Vais-je parler de Dream Theater, de Marillion ou d’un obscur groupe allemand amateur ? Vais-je vous faire partager mon coup de cœur pour un vieux Cult of Luna ou une violoncelliste britannique ? Pas facile de choisir…

Les Chroniques en Images contrairement au webzine Neoprog ne suivent pas l’actualité musicale et ne font pas la promotion de la scène française pas plus que les grands labels européens. Elles reflètent mes envies musicales du moment tout simplement.

Nine Skies – 5.20

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(c) Christian Arnaud

Teeshirt : Solstafir – Ota (2014)

Je m’en veux énormément. J’aurai dû participer au crowdfunding de Nine Skies.

Neoprog avait couvert leurs précédents enregistrements avec enthousiasme pourtant je n’ai pas commandé 5.20. 

C’est en tombant sur le clip de ‘Porcelain Hill’ avec Damian Wilson au chant, que j’ai regretté ma radinerie. Et quand j’ai voulu rattraper le coup c’était trop tard, l’édition CD était déjà épuisée. Alors c’est en ALAC que j’ai d’abord écouté le nouvel album de Nine Skies.

Le collectif niçois navigue sur des eaux progressives, entre Porcupine Tree, Opeth et Genesis. Ils chantent en anglais comme de trop nombreux artistes français sur des formats de deux à six minutes, s’offrant au passage les services de John et Steve Hackett ainsi que de Damian Wilson. De quoi attirer à eux un plus large public. Et ça semble marcher. Nine Skies est un des groupes montants de la scène progressive française.

La pochette, façon huile sur toile, représente un médecin du 14 siècle, un docteur peste avec sa robe noire, sa fraise blanche et son bec de corbin. Il tire une charrette transportant les bustes de présidents américains : Washington, Lincoln et un troisième que je n’ai pas identifié.

Sur les onze morceaux de 5.20, trois sont instrumentaux, ‘Beauty of Decay’, ‘Dear Mind’ et ‘Achristas’. Des pièces qui aèrent agréablement un album d’une cinquantaine de minutes. 

Le rock progressif de Nine Skies respire beaucoup grâce à ses touches folk, les guitares acoustiques, son piano, le violon et le saxophone, un disque plus acoustique qu’électrique ou seule la guitare de Steve Hackett densifie la trame.

Vous pourriez penser que mes titres préférés seraient ‘Porcelain Hill’ ou le ‘Wilderness’ génésissien étant donné ma passion pour Damian et Steve. Mais non, ce sont ‘Colourblind’ aux couleurs d’Opeth, ‘Golden Drops’ qui possède un je ne sais quoi de Wilson, ‘The Old Man in the Snow’ aux accents d’Harmonium et ‘Smiling Stars’, le titre le plus long avec six minutes et vingt secondes qui ont toutes mes faveurs sans parler des trois instrumentaux.

Parfois le chant en anglais sonne un peu franchouillard (‘Above the Tide’ ou ‘Godless Land’) mais pas de quoi fouetter un chat. Par contre en live comme dans celui de Prog en Beauce, ça pique un peu quand même.

Pas de doute, 5.20 est le meilleur des trois albums studio de Nine Skies. Le groupe a énormément progressé sur la composition et le chant, trouvant peut-être également leur identité musicale sur ce nouveau disque. Au moment où j’écris ces dernières lignes, le groupe a réédité le CD et je peux enfin l’écouter sans allumer mon Mac mais il est également sur Bandcamp.

Pendragon – Love Over Fear

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Love Over Fear est mon premier Pendragon en 33 tours. Cela lui confère inévitablement un rang tout particulier dans ma collection, d’autant que son illustration aux tons bleus que l’on doit à Liz Saddington est juste sublime. Je ne suis pas pour autant un adulateur du surfeur d’argent mais quelques albums de Pendragon restent pour moi de purs joyaux.

Les deux vinyles marbrés de bleus font échos au double volet sur lequel la terre rejoint la mer. Sous un ciel étoilé, au pied d’un arbre blanc, coule une rivière qui se jette dans un océan rempli de créatures marines. Une peinture façon art nouveaux aux codes très hippie.

Pendragon c’est la voix légèrement éraillée et la guitare inimitable de Nick Barrett. C’est aussi les claviers d’Arena, la basse du pasteur Gee et depuis quelques années la batterie de Jan-Vincent.  Ce sont également onze albums studio depuis The Jewel (1985) où Pure (2008) tient une place toute particulière chez moi. 

Pour tout vous dire, lorsque j’ai entendu l’ouverture de ‘Everything’ j’ai cru que Nick avait pété un câble et que j’allais devoir jouer au frisbee avec les galettes sur la plage. Et puis l’orgue et la batterie se sont tus pour laisser parler la guitare, une superbe métamorphose qui se poursuit au piano sur le bref ‘Starfish and the Moon’. Arrivé au bout de la face A, j’étais sous le charme, surtout avec la section instrumentale de ‘Thruth and Lies’.

La première pièce de la face B crée également la surprise avec son air country au banjo et violon. Ce n’est pas franchement le genre de choses auquel Pendragon nous a habitué et que dire de ‘Soul and the Sea’ composé de quelques mots scandés : “Breath, Lise, Lose, Leave, Believe, Lise…”. Et puis il y a ce ‘Eternal Light’ qui nous replonge avec bonheur dans le prog symphonique des seventies à la sauce Barrett. 

Le point d’orgue de l’album, c’est certainement lorsque Nick nous parle de son rapport à l’eau dans le magnifique ‘Water’ : “cos back on dry land is where all the trouble is”. Il poursuit crooner au piano avec ‘Whirlwind’ où Julian l’accompagne au saxophone puis enchaîne avec ‘Afraid of Everything’. 

Si ‘Who Really are We’ reprend beaucoup les schémas de Pendragon, la pièce est suffisamment développée pour réussir à me surprendre au final mais ce n’est pas ma favorite. Je lui préfère sa version quasi acoustique qui clôture l’album. Et que dire de ‘Quae Tamen Onrnia’ sinon que l’on a déjà entendu l’air au début de ‘Everything’…

Si Pure restera probablement mon album préféré de Pendragon, Love Over Fear devrait pouvoir atteindre une belle seconde place dans mon cœur même s’il a pu déstabiliser plus d’un fan. L’édition vinyle est indispensable tant elle est belle.

Ray Wilson – The Weight of the Man

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Teeshirt : RPWL – Wanted (2014)

Mon histoire avec Ray a débuté sous une douche à Pagney Derrière Barine. Un grand moment de solitude alors que propulsé interprète du groupe, je lui indiquais l’endroit où il pouvait se rafraîchir quand il me demanda si je l’accompagnerai.

Ce n’est pas pour Calling All The Stations que j’apprécie Ray Wilson pas plus que pour ses excellentes reprises du répertoire de Genesis en concert, mais bien pour sa carrière solo, entouré de nombreux musiciens dont son frère Steve Wilson.

Depuis Genesis, Ray compose des titres pop rock et tourne en Europe de l’Est, mêlant à son répertoire celui de Genesis, de Stillskin et quelques autres reprises. 

Ces concerts sont à chaque fois extraordinaires et si vous voulez le découvrir, il sera le 10 novembre à la Laiterie à Strasbourg, enfin si d’ici là tout va mieux.

Ray est rentré dans ma discographie très progressive avec le disque Live At SWR 1 et s’est peu à peu imposé dans mes rayonnages avec ses albums studio pop rock. 

En 2020, lors du confinement, il nous jouait sur Youtube des reprises acoustiques à la guitare, depuis sa maison en Pologne. Une manière de se donner du courage en ces jours sombres. Rien que pour cela j’aurai commandé son nouvel album The Weight of Man. Maintenant qu’il est arrivé à la maison, je l’écoute en boucle. Tout simplement parce qu’il s’agit d’un très beau disque.

Cinquante minutes pour dix titres et une reprise des Beatles (‘Golden Slumbers’), The Weight Of Man c’est d’abord un magnifique single intitulé ‘Mother Earth’. C’est aussi le chant de Ray et la guitare de Ali Ferguson. A leurs côtés on trouve également Yogi Lang de RPWL aux claviers et chant mais pas trace de Steve sur cet album cette fois.

The Weight Of Man est un album COVID comme en témoignent le texte de ‘Mother Earth’ et peut-être celui de ‘Symptomatic’. Il raconte la vie à la manière mélancolique de Ray. 

Sting et Phil Collins se croisent sur ‘You Could Been Someone’ quand le blues s ‘installe sur ‘Mother Earth’. Les floyds et le Genesis de ‘Congo’ ne sont pas très d ‘Amelia’ et si la pop domine, Ray sait aussi composer des morceaux plus complexes comme avec ‘I Like You’. J’ai également une tendresse toute particulière pour ‘Symptomatic’ joué au piano et flûte traversière et pour le titre country ‘Cold Like Stone’.

Weight Of Man n’est sans doute pas le disque de l’année mais ceux qui comme moi apprécient Ray Wilson seront d’accord pour dire qu’il s’agit d’un de ses meilleurs albums studio. Alors rendez-vous le 10 novembre pour l’écouter en live.

Soen – Imperial

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Teeshirt : Soen – Imperial (2021)

Pas facile de parler de Soen. Aucun de leurs albums n’a sut m’atteindre à la première écoute, d’ailleurs en première approche, ils se ressemblent beaucoup, n’empêche que je les suis depuis Tellurian. 

Soen est un peu le pépère tranquile du metal progressif nordique, des disques que j’aime sans vraiment comprendre pourquoi. Le groupe écrit des albums relativement homogène, où la basse de Oleskï et la batterie de Martin posent une ossature sur laquelle les guitares lâchent quelques soli, toujours débordés par la voix de Joël.

Imperial ne chamboule pas la donne. Avec son petit air de Riverside bourinneur saupoudré de cordes, le groupe suédois poursuit, imperturbable, son petit bonhomme de chemin.

La pochette noire au serpent argenté m’a convaincu d’acquérir cette fois la version 33 tours, et si sur le papier elle fait belle impression, j’ai été quelque peu déçu par son aspect décalcomanie, d’autant que le vinyle et le tee shirt m’ont coûté un bras.

L’album huit titres, quatre pour chaque face, possède la durée idéale  pour un vinyle, une seulle galette de 180 grammes dans son écrin noir argent, glissé dans une pochette également anthracite avec les paroles imprimées sur des crânes. J’en suis revenu des disques marathon d’une heure trente et je goûte de plus en plus ces enregistrements ristretto qui vont à l’essentiel.

Si d’ordinaire, la présence d’un quatuor à cordes est un plus, ici j’avoue ne pas lui trouver de grande intérêt, le mixage noyant violon, alto et violoncelle dans les instruments électriques. On va dire que Soen s’est fait plaisir, ce qui après tout n’est pas si mal.

Fidèle à moi-même, c’est le chant qui a guidé mon exploration de Imperial. Écoute après écoute, le jeu de batterie éblouissant de Martin s’est imposé à mes oreilles, un toucher sec et nerveux qui permet de s’extraire de la voix de Joël pour mieux découvrir les nuances des guitares comme dans ‘Modesty’. 

Imperial se révèle, strate après strate pour dévoiler à la fin les claviers minimalistes de Lars. Reste alors à lire les textes et à revenir au chant pour appréhender l’ensemble de l’album. De nombreuses écoutes qui mettent à jour un diamant brut.

I Abyssick – Ashes Enthroned

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Teeshirt : The Pineapple Thief – Built A World (2013)

Je vous emmène à l’Acropole.

Les clichés véhiculés par dépliants touristiques peuvent cacher une toute autre réalité : riffs graisseux, batterie parkinsonienne et chant caverneux, bienvenus en Grèce. Ames sensibles, fuyez, aujourd’hui je vous présente le premier album d’un groupe de heavy metal cadencé comme du doom. Et pour tout vous dire, mon épouse déteste ce CD, je suis obligé de l’écouter en cachette.

I Abyssick est un quatuor athénien né en 2017 et qui début juillet nous livrait son premier effort intitulé Ashes Enthroned. Une heure et neuf morceaux pour un concept album de fin du monde, écoutez plutôt : “Réveillez-vous dans un monde totalement détruit, face à une lumière aveuglante…”. 

Premier album, concept, Grèce, non il ne s’agit pas d’une de ces promotions improbables que je recevais autrefois à Neoprog mais d’un coup de cœur de K-ManRiffs sur Twitter où il comparait nos gars à Nevermore et Paradise Lost. De quoi titiller ma curiosité.

L’album débute sur une explosion suivie des crépitements d’un compteur geiger. Si vous n’avez pas compris quel est le problème, je peux vous faire un dessin. 

Basse lourde, chant virile, guitare hennissante, batterie au taquet, nos quatre grecs jouent un heavy qu’ils tirent derrière eux comme un boulet de forçat. C’est noir, sombre, pesant, désespéré et l’histoire ne fait que commencer. Le pire est à venir.

Sorti d’un récitant et de quelques bruitages, ici pas de fioritures pour alléger les compos. Toutefois vous retrouverez dans cet album un peu de l’ame de de Queenrÿsche et de Paradise Lost, disons leurs côtés obscurs. Les titres ne possèdent pas tous une écriture archi compacte comme le prouve ‘In A Land Of Ash And Debris’ mais dans l’ensemble l’album reste tout de même assez dense.

Dans le registre basses, Constantin Moris assure, secondé par trois autres chanteurs invités sur cet album. A la batterie Aggelos offre un feu d’artifice parfaitement dosé, qui avec le chant, font beaucoup à l’atmosphère. 

Ashes Enthroned ne réinvente pas la Moussaka mais si vous aimez le heavy sombre, prenez le temps de l’écouter, il est sur Bandcamp. L’album vous plonge dans un cataclysme musical vraiment réussi. Vous pourriez y prendre goût.