Polaris – Fatalism

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Après Voyager, on repart au pays des kangourous pour découvrir le groupe Polaris et son dernier album Fatalism.

Le quintet de metalcore australien œuvre depuis 2012 avec seulement trois albums studio à leur actif : The Mortal Coil en 2017, The Death Of Me en 2020, Fatalism l’an passé sans parler de leurs deux EPs en 2015 puis 2016.

En fait de metalcore, Fatalism joue plutôt dans la cour du metal progressif malgré une fâcheuse tendance à crier très fort.

C’est la pochette en trichromie qui m’a tout d’abord interpellé. Des silhouettes d’hommes progressent péniblement dans la neige, suivant leur leader qui s’avance vers un précipice, brandissant un fumigène écarlate. 

Fatalism est formaté comme un album commercial, onze titres radio pour trois quart d’heure de tabassage. Car si les morceaux possède un je ne sais quoi de très accessible par moment avec des refrains accrocheurs et des passages mélodiques, ça n’en reste pas moins très metal comme dans ‘Inhumane’ ou ‘Parasite’. Les guitares donnent des coups de boutoir pour appuyer une batterie sèche comme trique alors que le chant écartelé s’apparente à une scéance de torture. Alors bon, si vous n’aimez pas le metal, ça risque de piquer un peu.

‘Overflow’  aux claviers très électros, au chant sage et au refrain commercial, fait figure de douceur ici même si Jake gueule un peu de temps en temps.

Même chose pour ‘Crossfire’, qui malgré une rythmique bien dense et pas mal de hurlements, possède une écriture très accessible qui pourrait séduire les ménagère faisant leurs courses. (Je précise tout même ici, pour calmer toutes les accusations de sexisme, qu’à la maison c’est moi qui fait, les courses, le ménage aussi, les poubelles et le reste… bref.).

Et que dire de ‘Aftertouch’, le slow de l’album, parfait pour emballer une gothique au Hellfest ?Un titre qui commence de manière suave et qui se poursuit dans des hurlements.

Polaris joue d’une musique schizophrène à souhait, technique, violente et chargée d’émotions contradictoires, le genre de truc qui me fait grimper au rideau et réduit ma consommation de tranquillisants.

Je ne peux que vous recommander ce magnifique album. Il est disponible sur Bandcamp pour vous en faire une petite idée avant de vous jeter de la falaise.

Stream of Passion – Beautiful Warrior

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En 2005, Arjen Lucassen, l’homme derrière Ayreon, participait au premier album de Stream of Passion, Embrace The Storm, avec la délicieuse chanteuse mexicaine Marcela Bovio. Depuis ce premier effort et malgré des hauts et des bas, je suis le groupe et sa carrière avec passion.

En 2014 Stream of Passion jetait l’éponge après la sortie de A War Of Our Own. Marcela se lançait dans une carrière solo acoustique qui donnera naissance à deux albums. Elle passera par la douloureuse épreuve d’un cancer dont elle semble totalement rétablie aujourd’hui.

En 2021, elle revenait sous la lumière des projecteurs avec un nouveau projet metal, Dark Horse White Horse. Un EP cinq titres qui est pour moi ce que la chanteuse a fait de mieux à ce jour.

Et puis, en septembre 2023, elle annonçait la sortie d’un nouvel EP de Stream of Passion, Beautiful Warrior. Mais pour être tout à fait honnête j’espérais plutôt un LP de Dark Horse White Horse à la place, mais bon.

Marcela est une chanteuse fabuleuse. Elle possède une voix puissante et douce, chantant en anglais comme en espagnol. Un tempérament de feu avec le caractère qui l’accompagne forcément. Bref, j’en suis amoureux depuis que je l’ai dévoré des yeux et des oreilles à la Laiterie en 2014 pour le concert de promotion de Embrace The Storm avec Arjen himself sur scène.

Beautiful Warrior est un EP cinq titres de vingt-cinq minutes qui annonce peut-être un nouvel album du groupe de metal. Du metal symphonique dominé par la voix de la belle brune et qui compte deux morceaux particulièrement réussis, le premier ‘The Hunter’ et le dernier ‘The Promise’.

‘The Hunter’ donne dans le metal symphonique rythmé, chargé de cordes. Un titre qui explose sur un refrain solaire où Marcela donne tout ce qu’elle a dans le ventre. Un bref break permet de souffler un peu avant de lancer le refrain final qui termine le morceau.

La première partie de ‘The Promise’ est tout à la voix de Marcela et au piano, autant dire une pure merveille qui vire au symphonique quelques mesures plus loin. L’extase.

Mais entre ces deux pièces, vous entendrez de très belles choses comme le chant en espagnol au début de ‘Chasing a Ghost’, le refrain de ‘The End is the Beginning’ et de très beaux soli de guitares un peu partout.

Soyons honnête, ce nouveau Stream of Passion ne va pas changer la face du monde. Mais c’est une agréable surprise pour les fans du groupe désespérés par leur séparation comme pour les amoureux de Marcela Bovio.

Maintenant, sauront-ils rebondir sur cet EP pour nous livrer un nouvel album, la question reste en suspens. Personnellement, je préfèrerai un nouveau Dark Horse White Horse, mais bon, ce n’est pas moi qui décide.

Karmamoi – Strings From The Edge Of Sound

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Karmamoi vient de Rome et joue du rock progressif. Un duo formé d’Alex et Daniele, qui, contrairement à nombre de leurs compatriotes, ne se complait pas dans le rétro progressif mais plutôt dans un prog cinématique alternatif. Ils restent, malgré leur talent et cinq albums magnifiques, assez méconnus dans la sphère progressive, peut-être parce qu’ils n’ont pas conservé la même voix au fil des années.

En 2013, Serena chantait sur Odd Tripp, en 2016 Serena, Sara et Irene chantaient sur Silence Between Sounds, puis de 2017 à 2021 Sara devenait leur chanteuse avec deux albums, The Day Is Done et Room 101. Enfin en 2023, pour Strings From The Edge Of Sound, l’album dont nous allons parler aujourd’hui, c’est un homme qui reprend le pupitre laissé vacant, Valerio Sgargi.

Strings From The Edge Of Sound est-il bien un album d’ailleurs ? Parce que ce dernier disque reprend cinq anciens titres de leur répertoire. Oui, cinq pièces mais totalement réinventées pour l’occasion. Tout d’abord avec la voix de Valerio, des arrangements à cordes, numériques mais réussis et une réécriture de chacun des morceaux qui les réinventent sans les dénaturer.

Je vais vous présenter les quatre petits nouveaux : 

‘Black Hole Era’ long de près de huit minutes se partage entre guitare acoustique, arrangements à cordes, chant et chœurs. Une magnifique manière de découvrir le style de Valerio qui au final est assez raccord avec la technique de Sara même s’ils ne possèdent pas du tout le même timbre. Et même si c’est un homme qui chante cette fois, celui qui connaît bien Karmamoi ne sera pas déstabilisé.

‘Telle Me’ au refrain stellaire, joue beaucoup plus sur les claviers et arrangements orchestraux de Daniele, rejoint pas la guitare floydienne d’Alex vers la cinquième minute.

Dans ‘I Will Come In Your Dreams’, Valerio se fait crooner sur les notes de piano de Daniele. Un bel interlude épuré qui se poursuit en apothéose orchestrale avant de revenir au piano.

Enfin, le court titre ‘Strings From The Edge Of Sound’ termine l’album de manière cinématique orchestrale avec un texte quasiment parlé.

Si l’album est réussi dans son ensemble, il pêche cependant par sa durée. Je décroche régulièrement à partir du long format ‘Zealous Man’. Douze minutes qui manquent de dynamique pour tenir sur la durée et ce malgré les cordes un un final instrumental qui relance pourtant bien la machine.

Malgré ce petit défaut, je vous recommande chaudement Strings From The Edge Of Sound. Si vous ne connaissez pas Karmamoi, c’est une belle entrée en matière dans leur discographie. Si vous avez déjà écouté le groupe, c’est une agréable manière de découvrir leur nouveau chanteur.

Tous leurs albums sont sur Bandcamp, alors n’hésitez pas.

Peter Gabriel – i/o

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Voici vingt et un ans que l’ex leader de Genesis n’avait pas sorti d’album.

A chaque pleine lune, au rythme d’un morceau de viande fraîche par mois, Peter Gabriel, tel un lycanthrope, a dévoilé son nouveau disque i/o décliné à chaque fois en deux mixes, le bright side et le dark side.

Aujourd’hui, alors que les douze titres sont sortis et gravés sur deux CD, la question n’est pas de savoir si j’aime i/o, elle ne se pose même pas, la question est de décider laquelle des deux versions a ma préférence.

Peter Gabriel je le pratique depuis mon adolescence, d’abord avec Genesis puis en solo. C’est même le premier artiste de rock que j’ai écouté en concert.

Avec Manu Katché, Tony Levin, David Rhodes et Brian Eno, on retrouve le Peter Gabriel que l’on connait bien et inévitablement qui ressemble quand même furieusement à ce qu’il a déjà enregistré auparavant. Cela ne me pose pas de problème, bien au contraire, je suis un fan totalement aveuglé par le talent du bonhomme depuis trop longtemps.

i/o ce sont soixante huit minutes de musique (une de plus pour la version dark) qui résument assez bien le travail de Peter depuis So. Un album expurgé des tubes tapageurs qui ont fait sa célébrité, encore que ‘Road To Joy’ n’est pas si éloigné de ces morceaux à succès.

J’ai commencé par écouter Bright Side et j’ai été surpris par quelques titres. Car Peter publiait chaque mois un nouveau morceau décliné dans l’une des deux versions avant de sortir l’autre mix. C’est dans ce désordre que j’ai découvert l’album, une fois Dark, une fois Bright, selon l’humeur de l’artiste. Du coup, écouter les douze pièces dans le même mix m’a semblé un peu étrange tout d’abord. Et puis je me suis plongé dans la Dark Side of the Moon en ressentant le même malaise.

Il y a des titres que je connais par coeur comme le génial ‘Panopticon’ qui ouvre i/o et d’autres que je n’ai pas eu vraiment le temps d’apprivoiser comme le tout dernier sorti le 1er décembre, ‘Live and Let Live’.

Dans les merveilles il y a encore le ‘Playing for Time’ très solennel, ‘For Kinds of Horses’ ou le lent ‘So Much’.

Sur i/o, Peter emprunte encore des motifs à la world music tout particulièrement dans ‘Road to Joy’,’ Olive Tree’, ‘This is Home’ et ‘Live and Let Live’ même si ce dernier commence à la manière des Beatles.

Je m’aperçois que je n’ai toujours pas répondu à la seule question que pose vraiment cet album : Bright ou Dark ? Je suis un grand défenseur du côté obscur de la force car j’ai toujours préféré les méchants. Mais selon l’humeur du jour, à la faveur d’un rayon de soleil sur la neige, j’adopterai la version Bright.

Etait-il nécessaire de presser ces deux versions ? Sans doute pas mais puisque vous avez le choix, choisissez !

i/o ne figurera pas dans mon top 2023 malgré le culte que je voue à l’artiste. Il ressemble trop à tout ce que Gabriel a déjà composé pour en faire l’album de l’année même s’il reste un évènement. Allez l’écouter sur Bandcamp

Il s’agit probablement du dernier album studio que sortira le maître avant de tirer sa révérence.

Earthside – Let The Truth Speak

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Il y a huit ans, le magazine Neoprog recevait en promotion un petit bijou signé par une formation toute jeune : le premier album de Earthside, A Dream In State.

Il aura fallu patienter cette année pour que le groupe sorte son second opus Let The Truth Speak. Une longue attente amplement récompensée.

Une des particularités de Earthside est de ne pas avoir de chanteur. Toutefois, leurs albums ne sont pas composés que de titres instrumentaux. Pour la voix, ils font appel à des pointures comme Daniel Tompkins.

Leur musique navigue entre post-rock, cinématique, metal et tout ce qui leur fait envie en fait comme le prouve par exemple ‘The Lesser Evil’. Cela donne un album de plus d’une heure et quart qui s’écoute en musique de fond comme en immersion au casque. Parfois on se laisse porter, parfois on s’accroche au bastingage pour ne pas chavirer.

Une heure et dix-huit minutes c’est la durée de deux 33 tours rouges bien remplis, et pourtant qui passent trop vite. Il faut dire que le paysage musical est varié comme les voix qui se succèdent. Et ce qui aurait pu devenir un patchwork sonore se révèle finalement d’une grande unité narrative grâce au génie de Earthside.

Sur les dix morceaux de l’album, quatre tournent autour des dix minutes et le plus court, ‘Vespers’, ne dépasse pas les trois minutes. Parfois la musique déborde de cordes comme dans ‘Let The Truth Speak’ mais le groupe s’essaye également aux cuivres, ce qui est plus inhabituel, dans ‘The Lesser Evil’.

Le style symphonique post-rock cinématique djent est presque la norme sur cet album avec des sections de batterie souvent époustouflantes et des guitares mandolines comme dans le dernier titre.

Durant ces soixante-dix-huit minutes, plusieurs morceaux m’ont tout particulièrement interpellés.  Le premier est ‘We Who Lament‘ avec Keturah au chant qui apparaît sur second titre. Sans être franchement démonstratif, il dégage une grande puissance intérieure sur une forme quasi post-rock cinématique. Ensuite il y a le magnifique instrumental post-rock ‘Watching The Earth Sink’ de près de douze minutes qui après un début intimiste explose un peu avant la moitié pour retomber rapidement. Impossible de passer sous silence également le très cuivré ‘The Lesser Evil’ qui nous prend presque à chaque fois par surprise, d’autant qu’il dure pas loin de onze minutes. J’ajoute à la liste ‘Denial’s Aria’, le seul titre avec du chant féminin accompagné au violon et pour finir je termine avec ‘All We And Ever Loved’ post-rock cinématique à souhait avec un délicieux passage de guitare mandoline et des grandes orgues.

J’attendais tellement le nouveau Earthisde qu’il risquait d’être propulsé directement au sommet du podium avant même d’être écouté. Sa découverte n’a pas refroidi mon enthousiasme donc dépêchez-vous d’aller sur Bandcamp écouter la merveille, vous m’en direz des nouvelles.

Photographe de rock

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En quelques jours je me suis vu créditer dans deux albums de rock progressif coup sur coup, celui de Plus 33 et celui de Melanie Mau & Martin Schnella.

D’accord, il ne s’agit pas de groupes de prog mainstream comme Marillion ou Ayreon

Soyons clair, je n’ai pas fait payer mes services, j’ai juste envoyé les photographies aux artistes, n’empêche, cela fait plaisir d’apparaître dans le livret, même avec une erreur sur l’orthographe du nom.

Ce n’est pas la première fois que cela se produit, cela doit être la troisième ou quatrième fois, des albums distribués à quelques centaines d’exemplaires chacun, en auto production, mais qu’importe, cela veut dire qu’ils apprécient un peu mes clichés contrairement à d’autres ou qu’ils n’avaient rien pour illustrer leur musique (oui c’est possible également).

Pour Plus 33, le groupe avait organisé un shooting qui m’a appris beaucoup sur ce travail. Après, ce n’était que ma seconde expérience de ce genre après avoir réalisé quelques images pour un atelier de musique de chambre. Pour Melanie et Martin, il s’agit d’une photo de concert prise pendant leur dernière tournée acoustique, si je me souviens bien. Je leur avais envoyé les photos pour qu’ils les utilisent librement. Je ne pensais pas la voir un jour dans le livret de leur dernier CD de reprises.

Bien entendu, un de mes rêves, serait d’en faire mon métier. Photographe pour les groupes, la classe, mais comme tout travail mérite rétribution et que mes ‘clients’ restent des formations à petite audience, il est fort probable que mon carnet de commande resterait vide et que les fins de mois seraient très difficiles, surtout lorsque l’on considère l’investissement nécessaire pour ce travail. Et serait-ce encore un plaisir ?

Je vais me contenter d’un pass presse par ci par là, d’être occasionnellement contacté pour un shooting amateur et de retrouver mon nom parfois crédité dans un album. C’est déjà pas si mal pour un amateur même si certains diront que je tue le marché.

Plus 33 – I Want

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Je connais Plus 33 depuis que Philippe Rau, le guitariste de Out5ide, m’a annoncé qu’il participerait au second album du groupe. J’ai écouté Open Window, leur premier opus et rencontré plus tard, lors d’un concert, Didier Grillot, l’homme derrière le projet. De fil en aiguille, je me suis retrouvé à faire un shooting avec son groupe pour la sortie de l’album I Want. Voilà pourquoi, vous trouverez mon nom dans les crédits et remerciements de l’album. Cela explique également la raison pour laquelle j’ai reçu un exemplaire du CD il y a quelque temps déjà.

Plus 33 est une formation instrumentale alsacienne dans la mouvance prog atmosphérique fusion où les claviers de Didier occupent un bel espace.

I Want délivre cinq morceaux dont trois dépassent les treize minutes. Oui, pas de doute, c’est du prog.

Claviers, guitares, basse, batterie, flûte, saxophone, trombone, piano et orgues participent à la musique de ce second opus avec quatre musiciens et plusieurs invités. Vous entendrez également des chœurs en la personne de Coralie Vuillemin et Yann Grillot comme narrateur sans parler de Lucas Grillot à la guitare acoustique. Une histoire de famille.

L’album est made in Alsace puisqu’il a été enregistré dans le même studio que le dernier Out5ide, à Boersch, pas très loin de chez moi. 

Dans I Want on retrouve le style pianistique de compositeurs français classiques du début du vingtième siècle, tout particulièrement dans le titre fleuve ‘To Have’ qui est un savant assemblage de près de vingt minutes de musique. A contrario, ‘To Know’ joué à la guitare par Lucas, est une pièce toute simple et pourtant délicieuse.

Je suis relativement mal à l’aise avec la flûte dans ce titre et le texte déclamé de ‘Ouvrir la Fenêtre’. Pour la flûte, je n’irai pas par quatre chemins, j’ai entendu de bien meilleurs interprétation mais j’ai cru comprendre que la flûtiste avait dû improviser, technique avec laquelle elle n’est pas à l’aise. Pour le texte parlé, c’est un exercice passé de mode que l’on retrouvait chez les grands anciens des seventies et dont je n’ai jamais été friand. Le choeurs de Coralie qui ouvrent ‘To Be’ font également datés et soyons clair, ce ne sont pas les sœurs McBroom qui chantent ici. Je leur préfère le thème genesissien qui suit où la guitare de Philippe et les claviers de Didier font des étincelles.

Parlons maintenant de ‘The Fleetings Moments Of Eternal Harmony’, ce morceau très cuivré de plus de treize minutes qui ouvre I Want. La première chose qui saute aux oreilles est ce mixage très clair, limite brillant de Mike et Stéphane qui nous accompagne sur les cinq morceaux. Sur ce premier titre, il est particulièrement marqué pour la batterie et les cuivres. Un son que nous n’avons plus l’habitude d’écouter dans notre univers saturé de basses. Le titre d’ailleurs fait songer à du Phil Collins sans le chant. Cela ne l’empêche pas de s’aventurer également sur des terrains plus orientalisants. Une grande pièce pour claviers très rythmée où chaque instrument possède son moment de gloire.

Sur I Want je me délecte de quelques mouvements, mais rarement d’un morceau entier.  Seul le bref ‘To Know’ me convainc de bout en bout. L’album n’est pas parfait mais n’oublions pas qu’il s’agit d’un projet amateur.

Les amoureux des seventies devraient y trouver leur bonheur. Alors n’hésitez pas à l’écouter, d’autant qu’il est sur Bandcamp.

Tesseract – War Of Being

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J’avais ajouté War Of Being dans ma liste de courses Bandcamp sans franchir le pas. Il a fallu que mon fils me dise que le dernier Tesseract passait en boucle chez lui pour que je me décide. Il faut dire que le garçon a bon goût, c’est moi qui l’aie éduqué musicalement.

Me voila donc avec une heure de djent composé par un groupe que j’adore depuis ses débuts. Neuf titres de cinq à onze minutes dans une magnifique pochette monochrome façon miroir où se détache une silhouette féminine voilée.

Tout s’annonçait donc sous les meilleurs auspices.

Vous le sentez le “mais” qui va suivre ? Oui, car il y a un “mais”, et de taille. Allez, je crache le morceau : je ne suis pas rentré dans l’album. Mais alors pas du tout.

Déjà, le premier titre, ‘Natural Disaster’, gueulard à souhait, m’a rebuté, surtout parce que je sortais d’une période plutôt cool. Ensuite, j’ai trouvé ce War Of Being glacial, bleu arctique, aseptisé, bref vide d’émotions. J’ai même trouvé certains passages techniques vraiment gratuits comme la section djent dans ‘Sacrifice’.

J’ai essayé de l’écouter au casque, sur les enceintes, mais rien à faire. War Of Being ne m’a pas touché. J’ai poussé le volume à faire éclater de triple vitrage, avalé des anabolisants, du café, de la taurine, mais rien à faire, je ne suis pas rentré dans sa musique. Si ça se trouve je n’aime plus le djent ?

Marrant d’écrire ça, mais le dernier Tesseract me semble trop policé, du metal prog se voulant corrosif mais avec des mains lavées plusieurs fois au gel hydro alcoolique. Si je les compare à Leprous qui a pris le chemin du soft metal lyrique petit bourgeois, je me dis que Tesseract n’a pas réussi sa mutation. Car sur War Of Being comme dans les derniers Leprous, il y a pas mal d’écritures softs sur lesquelles on pourrait poser des instruments à cordes.

En plus je trouve la production quasi feutrée. La batterie qui manque de mordant, le chant est amorti et les guitares lointaines. En réalité, je m’ennuie en écoutant l’album. Je n’irai pas jusqu’à dire que je n’aime pas War Of Being, techniquement les mecs maîtrisent leur affaire, soufflant le froid et le glacial, mais bon, chez moi, ça ne prend pas.

Alors un doute m’a pris. Et si je n’aimais plus Tesseract ? Après tout l’âge aidant, avec la surdité, qui sait ? Pour m’assurer de la chose, je reposé Sonder, leur album de 2018, sur la platine. Et là surprise, cet album m’émouvait toujours autant.

Ceci dit, mon fils qui aime beaucoup l’album m’a recommandé de l’écouter à partir du titre ‘War Of Being’ et de poursuivre, après ‘Sacrifice’ par ‘Natural Disaster’. Et c’est vrai, ça passe nettement mieux ainsi.

Vous pouvez tout de même l’écouter sur Bandcamp. Je serai curieux de savoir si vous posez un autre regard que moi sur cet album.

Quadrivium – VORDONA

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Parmi les nombreux achats effectués sur Bandcamp ces derniers jours (Pendragon, Ne Obliviscaris, Atomic Symphony, Aisles et d’autres), j’ai décidé de vous présenter le jeune groupe Quadrivium et son premier album VORDONA.

Le duo de metal progressif est formé de Tony au chant et de Pavlo qui joue de tous les instruments. Oui c’est assez casse gueule comme configuration, d’ailleurs j’y reviendrai.

L’album d’une demi heure propose sept pièces dont quatre qui forment The Tetralogy (quatre, tétra, vous voyez, rien de bien compliqué).

Ne nous mentons pas, Tony Ricci n’est pas un fabuleux chanteur. Il possède une palette assez limitée, sans doute encore bridée par la barrière de la langue. De même, les compositions de Pavlo Mysak ne jouent pas dans l’originalité, mais l’ensemble se tient suffisamment bien pour donner un coup de projecteur sur leur travail.

VORDONA est encadré par deux instrumentaux, ‘Prelude’ et, devinez quoi, un ‘ Postlude’ évidemment, des pièces électro symphoniques d’environ une minute chacune.

L’album combine djent, metal progressif, électro soft, arrangement orchestraux et atmosphériques sur du chant clair.

‘Dark Moons’ figure parmi mes titres préférés. La pièce de presque six minutes, une des plus longues de l’album, emprunte autant au metal qu’au symphonique cinématique. Elle est également la seule où Tony change légèrement de registre vers la quatrième minute.

‘Altered Perception’ qui suit ce morceau, est également de belle facture malgré une caisse claire au son de pot de yaourt que l’on retrouve en fait un peu partout sur l’album. Commencé de manière alternative, le titre monte en puissance et Pavlo y livre un solo de guitare réjouissant.

Sorti de ces deux pièces, j’ai quand même l’impression de tourner un peu en rond. Le chant de Tony en est partiellement la cause comme la section rythmique joué par un seul homme et assez peu inspirée.

Si en musique on parle de groupe, c’est parce que plusieurs artistes jouent ensemble, confrontent leurs idées, quitte à se fritter et apportent de la diversité à l’œuvre finale, là où un projet solo à tendance à se répéter. Et chez Quadrivium, cela se ressent beaucoup.

Du coup, le format de trente minutes est amplement suffisant pour cet album. Les curieux pourront le découvrir sur Bandcamp.

Avkrvst – The Approbation

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Je suis certain que vous êtes très nombreux à être passés à côté du dernier Porcupine Tree. Non, pas Closure / Continuation mais The Approbation. Ben c’est bien dommage, d’autant que le groupe s’est enfin séparé de son chanteur bigleux aux cheveux mis longs.

Désolé, on vient de m’informer que The Approbation n’était pas un album de Porcupine Tree mais du groupe Avkrvst. Bon j’ai l’air malin maintenant. La faute encore à ce petit suisse qui m’a vendu ça pour de la musique de la bande à Wilson.

Bref, The Approbation est un album sept titres de trois quart d’heure qui, ressemble à s’y méprendre à du Porcupine Tree. Enfin non, il y a quand même des différences. Le chanteur growle parfois et le batteur n’est pas Gavin Harrison.

Avkrvst est un quintet de rock progressif norvégien qui signe chez Inside Out son premier album.

Je râle souvent contre les formations qui copient d’autres groupes. Parce que bon, c’est sympa d’explorer de temps en temps de nouveaux horizons. Mais comme j’étais prévenu par Stéphane et que personne ne m’a forcé à écouter l’album, ben ça ne m’a pas dérangé. J’ai même trouvé ça plutôt sympa cette ressemblance.

Même les textes font référence à Porcupine Tree comme par exemple sur le titre ‘Anodyne’, enfin, je crois. D’ailleurs, puisque l’on parle des textes, ceux-ci ne sont pas vraiment à la fête puisque Simon, le chanteur, nous entraîne dans l’antichambre de la mort.

The Approbation ressemble à du Porcupine Tree sans être du Porcupine Tree. Les guitares acoustiques et les riffs électriques s’en approchent beaucoup, la batterie et la basse nettement moins. Et pour le chant, je n’imagine pas Steven Wilson se lancer dans un growl.

Ceci-dit, ça pourrait être pour lui un nouveau départ après avoir donné dans l’électro pop commerciale.

L’album contient deux instrumentaux , ‘Osterdalen’ et ‘Cold Days’, la seconde partie de ‘Isolation’, ainsi que deux titres fleuves qui terminent la disque, ‘Anodyne’ et ‘The Approbation’. Si Avkrvst se rapproche beaucoup de qui vous savez, vous trouverez également des inspirations venant de Opeth à certains endroits quand ‘Isalosation’ emprunte certains motifs à Dream Theater. C’est assurément le titre album, une pièce d’un quart d’heure qui est la plus proche de Porcupine Tree. On y retrouve le chant vocodé, des motifs de guitares bien connus et ces expérimentations que le groupe jouait en seconde partie de concert après avoir vendu leur dernier album.

Vous l’aurez compris, The Approbation ne va pas changer la face du prog. Ceci dit, rien d’étonnant à cela puisqu’il est sorti chez le label Inside Out. N’empêche, c’est un très chouette album. On peut juste espérer que le groupe s’émancipe de son modèle et nous propose quelque chose de plus original dans les années à venir.