Gratin dauphinois

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Sorti de Dracula et des Liaisons dangereuses, je n’ai pas lu beaucoup de romans épistolaires. Le Cercle Littéraire des amateurs d’épluchures de patates rentre dans cette catégorie en plus de parler de livres et d’auteurs. Mais c’est également ce que l’on pourrait appeler un livre pour filles, une histoire d’amour à l’eau de rose racontée par une jeune écrivaine libérée.

Mon épouse avait dévoré le roman il y a des années sans réussir à me le vendre pour autant. Le livre est resté dans la bibliothèque, magnifiquement ignoré par ma personne, jusqu’au jour où nous avons regardé l’adaptation cinématographique de l’œuvre. Le film se déroulait après guerre à Londres et sur l’île de Guernesey dans de magnifiques paysages, racontant également jolie histoire d’amour entrecoupée de récits plus sombres sur l’occupation allemande. Un agréable divertissement qui me fit considérer le roman de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows d’un autre œil.

Et dès que j’eu un creux dans mes lectures, je le sortis de la bibliothèque pour me plonger dedans sous le regard amusé de mon épouse. Oui c’est un livre pour filles, n’en doutons pas, et sans le film, peut-être ne serais-je pas arrivé à la fin, jusqu’au moment ou Juliet, l’écrivaine arrive sur l’île, moment à partir duquel j’ai dévoré les pages. La jolie Juliet très courtisée, qui écrivait une chronique à succès pendant la guerre dans un journal, rentre en contact par hasard avec un cercle littéraire de Guernesey improvisé pendant l’occupation.

Débute alors de longs échanges épistolaires avec les membres du cercle, son éditeur, sa meilleure amie Sophie et commence le récit de la vie sur une île pendant cinq années, la faim, la peur, la délation, l’entraide, l’amour aussi et les tribulations d’une écrivaine de trente-deux ans cherchant l’âme sœur et le sujet de son prochain roman.

De nombreuses personnes échangent avec Juliet, certaines juste une fois, d’autre plus régulièrement comme son éditeur, son amie Sophie ou Dawsey. On se perd vite parmi touts ces personnages éphémères mais au bout du compte le roman réussit le tour de force de nous raconter Londres après guerre, l’occupation allemande des îles anglo-normandes, les camps de concentration, la passion des livres, la cuisine en temps de guerre et une belle histoire d’amour romantique à souhait.

La coupure

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J’espère que je vous ai manqué. Et vous, m’avez-vous manqué ? Mais oui vous m’avez manqué.

Quinze jours sans Internet, est-ce possible ? Je vais être honnête, je n’ai pas totalement déconnecté. Une fois par jour je relevais mes deux boites aux lettres et allait sur les réseaux sociaux, j’ai même surfé un peu, mais par nécessité. 

Lorsque vous attendez une commande, un message perso de Kate Bush, que vous voulez connaître les horaires d’ouverture d’un parc, regarder la météo, mettre à jour le code de votre webzine ou consulter une recette de cuisine, comment faire aujourd’hui sans Internet ? 

Oui, je l’avoue j’ai triché.

Le mail c’était pour gérer les urgences et vider peu à peu les sollicitations inutiles. Les réseaux sociaux pour surveiller d’éventuels dérapages et bannir toutes les publicités. Je n’ai pas liké, pas commenté, pas répondu aux messages, pas envoyé de mail, si un seul en fait, pour répondre à Kate, à part ça j’ai communiqué uniquement avec des êtres humains. 

La tentation était pourtant bien là, mais de moins en moins forte au fil des jours. J’ai même arrêté mon rituel trois expressos quotidiens le remplaçant par un thé vert matinal et un expresso digestif. Par contre j’ai continué d’écrire off line sur mon smartphone sans réseau, car je ne peux m’empêcher d’écrire, un roman est en route. J’ai chroniqué également, mais à vitesse réduite. 

Zénitude. N’allez pas croire que ma tête n’a pas explosé pour autant, ça aurait été trop beau, j’ai eu droit à un magnifique feu d’artifice le quatorze juillet, mémorable. A la rentrée rendez-vous au service anti-douleurs pour essayer de trouver un nouveau protocole de survie. 

J’ai écouté du prog mais aussi le dernier Bruce Springsteen, au passage un peu décevant à cause des arrangements, et quelques vieilles galettes en mode nostalgique. Presque que des vinyles car j’avais le temps de me poser dans le salon et déguster. 

J’ai fait quelques photos, animaux, tourisme, astronomie, filles nues, que pour le plaisir. J’ai bricolé, soigné mon potager, construit une maison, lu beaucoup, regardé quelques films, visité ma belle région car même chez sois il est possible de voyager.

Le sevrage internet a eu cependant des conséquences sur mon mental déjà très fragilisé et il se peut que quelques exagérations se soient glissées dans mon propos, sauras-tu les trouver ?

Le programme des vacances

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Pendant quinze jours, je vais couper le cordon ombilical qui me nourrit. Je vais fermer le webzine, fermer le blog, essayer ne de plus aller sur Facebook ni Twitter et ne lire qu’occasionnellement ma boite mail perso. J’appelle cela des vacances, même si quelque part cela ressemble plus à une torture ou bien à un programme de sevrage.

Le problème qui va se poser consistera à occuper tout le temps libre dégagé. Je n’irai plus au travail chaque matin, je ne passerai plus mes soirées et weekend à gérer le magazine, en d’autres mots je vais libérer une centaine d’heures dans mon emploi du temps. Effrayant !

Je vais continuer d’écouter de la musique, sans doute plus pour le plaisir que pour le travail, je vais lire quelques bouquins dont je vous parlerai après, regarder une série TV ou deux, peut-être même retourner au cinéma (il y a un film sur Tolkien), faire quelques photographies, me promener s’il ne fait pas trop chaud (comprenez par chaud plus de 25°C), nettoyer mon jardinet qui ressemble déjà à la savane, jouer sur la Switch à quelques jeux débiles, mais est-ce que cela suffira à combler toutes ses heures libres ?

Je pourrai partir en vacances, visiter une belle région, goûter aux spécialités locales, plonger dans l’océan ou escalader l’Everest mais ce n’est pas au programme cette année. On verra plus tard, cette année, c’est compliqué. Alors je vais peut-être faire des sauts de puces, aller voir mes amis, visiter quelques belles villes proches de chez nous, faire enfin un peu d’astrophotographie en altitude.

Il faudra que je sois fort, que je résiste à la tentation de trier la boite mail de Neoprog, que je ne réponde pas aux messages sur Messenger, que je poste rien sur Twitter, Facebook, Flickr. Le retour sur terre risque d’être effrayant, je n’ai jamais coupé les ponts avec Internet aussi longtemps. En suis-je capable ? Je ne le sais pas encore. La quantité des mails et de messages accumulés en quinze jours, même en plein été, risque d’être effrayante. A mon retour dans l’infosphère, il me faudra lire et traiter au moins deux cent mail, si ce n’est plus.

Pour tout vous avouer, j’ai un peu peur. Mais pourquoi m’infliger une telle souffrance me direz-vous ? Parce que je passe trop de temps sur Internet à mon goût, que la vie est ailleurs et que j’ai tendance à l’oublier.

Et vous, vous faites quoi pendant ces vacances ?

30 mètres

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Voici donc le livre que mon épouse lisait alors que je marchais dans la forêt radioactive entourant Pripyat. Des champignons, un empoisonnement, des japonais, nous sommes en Finlande, dans une petite ville qui produit du matsutake, un met dont les japonais sont friands.

Notre héro, Jaackko, va mourir. Il le sait, ce n’est qu’une question de jours, au mieux de semaines. Quelqu’un l’a empoisonné et son univers confortable s’effondre brutalement comme ses certitudes. Son corps le lâche peu à peu après avoir emmagasiné trop de toxines, nausées, douleurs, étourdissements, pertes de connaissance, il n’en a plus pour longtemps d’après son médecin, un autre parallèle avec De bonnes raisons de mourir de Morgan Audic.

Et Jaackko, avant de quitter la terre, veut trouver qui lui a fait ça : le chauffeur de sa société, son nouveau concurrent agressif, son épouse infidèle, les japonais ?

Antti Tuomainen manie le roman noir avec une plume légère qui chatouille malgré les morts et la violence qui ponctuent le récit. Le sourire, grinçant parfois, reste toujours au coin des lèvres. Les personnages du roman ne manquent pas de couleurs et c’est avec plaisir que l’on suit ce chef d’entreprise sur les routes de sa petite ville, poursuivi, poursuivant, interrogé, espionnant, creusant, cognant, se gavant de Coca-Cola et de glaces, trouvant dans cette mort inéluctable la force de rebondir. Il y a bien entendu un policier qui fouille partout, à la recherche d’un sabre de samouraï volé, posant des questions embarrassantes, mettant en garde, et puis il y a ces assassins potentiels : sa fidèle épouse cordon bleu, le trio de gros bras concurrents et menaçants et ceux qu’il ne soupçonnaient pas.

Il ne s’agit pas du roman noir du siècle assurément mais d’une saine lecture de vacances à déguster avec un coca et une glace dans son transat un jour de grosse chaleur.

à ma zone

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Mon libraire craint de mettre la clef sous la porte, les disquaires ont presque tous disparus des grandes villes et certaines boutiques de jeux vidéos sont en passe de fermer. A la place poussent des enseignes de vapotage et des opticiens.

Avant le règne de Virgin, La Fnac, Cultura, Amazon, Ali Express fleurissaient des magasins spécialisées tenus par des passionnés. Aujourd’hui, dans ces supermarchés physiques ou virtuels de la culture, on trouve de tout ou presque, jeux, BDs, livres, CDs, vinyles, mini chaînes, téléphones, appareils photos, mixeurs, vibromasseurs. Les vendeurs, dans les rayons, même avec la meilleure volonté du monde, sont incapables de vous conseiller utilement, passant d’une grand-mère cherchant un grille pain à un métalleux en quête d’un obscur groupe de doom écossais.

J’ai encore la chance aujourd’hui d’avoir un libraire qui connaît mes goûts et me conseille, me faisant découvrir des merveilles, ma boutique de disques d’occasion avec son vendeur fan de groupes de métal atmosphérique à chanteuses et un magasin qui ne vend que des vinyles juste à côté et qui soutient la scène locale.

Je commande les livres chez mon libraire, après tout, un livre peu bien attendre une semaine. Pour la musique j’essaye d’abord chez mes disquaires mais il faut avouer que souvent je commande directement aux groupes; ce que j’écoute n’est pas franchement mainstream. J’ai aussi mon photographe, mon magasin audio et de bandes dessinées. Ils sont un peu plus chers parfois, mais de bon conseil, alors je ne fais pas comme beaucoup, posant mes questions dans la boutique et achetant ensuite en ligne. Un jour sinon le conseil fermera ses portes faute de clients.

Je n’achète pas sur Amazon, je fais mes courses au petit supermarché du coin, j‘achète mon pain chez le boulanger, je vais à la boucherie, au marché. J’essaye de faire travailler les magasins de proximité, pas les grands groupes esclavagistes. Attitude de riche ? Pas vraiment. L’achat en ligne coûte cher, rien qu’en considérant les frais de ports. Et si de grandes enseignes cassent les prix à la sortie d’un disque, elles se rattrapent largement quelques mois plus tard, car le stock c’est la mort de leur business.

Se balader dans les rues, faire du lèche vitrine, entrer dans une boutique attiré par un nouveau livre et ressortir avec trois autres, après avoir discuté avec un libraire passionné, c’est autrement plus plaisant que d’attendre que le facteur passe devant sa boite aux lettres vous ne trouvez-pas ?

Mars

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Damned, vous êtes repartis pour un billet de blog consacré à la planète rouge. Alors oui d’accord, je suis obsédé par l’espace, la Lune, les fusées et la planète Mars, je l’avoue. Et alors ? Cela pourrait-être des petites culottes d’écolières à la place, y a toujours pire comme obsession dans la vie.

Cette fois je vais vous parler d’un documentaire fiction du National Geographic produit par Brian Grazer et Ron Howard (le mec qui a fait De la Terre à la Lune). Mais qu’est-ce qu’un docu fiction au fait ? Un truc où des gens qui n’existent pas blablatent tout le temps ? Y a un peu de ça, mais il faut tenir le public en haleine, alors la série se décompose en trois thématiques qui se mélangent :

  • Le monde réel (2016), avec des interviews de Elon Musk, le patron de Space X, qui ambitionne d’aller sur Mars le jour où ses fusées décolleront pour de bon, de Robert Zubrin, l’auteur de plein de bouquins sur Mars, au passage un gars totalement allumé, et de plein d’autre personnes de la NASA entre autres qui nous parlent du voyage spatial.
  • Le passé proche (2035), avant que l’équipage ne parte pour Mars, où ils sont interviewés pour expliquer pourquoi ils s’embarquent dans cette aventure complètement dingue.
  • Et la réalité (2036), quand l’expédition part pour Mars et installe la première colonie. Si c’est réel d’abord…

Si vous n’êtes pas totalement fêlé comme moi, vous allez peut-être trouver le temps un peu long entre la partie documentaire et les épisodes martiens qui ne sont pas dignes d’un film de Kubrick quand même. Les acteurs n’ont probablement pas leur étoile sur le Hollywood Walk of Fame mais ils s’en tirent quand même pas trop mal. Le scénario est plein de rebondissements, alternant les catastrophes et quelques idées développées dans l’histoire méritent d’être proposées.

En regardant Mars, on pense à Mars La Rouge de Kim Stanley Robinson et de nombreux autres livres du genre. On pense également au film Seul sur Mars ou encore à Mission To Mars et plein d’autres nanars du genre que j’adore. Mais là où la série sort de lot, c’est par son propos scientifico réaliste bien documenté.

Si vous ne collectionnez pas que les petites culottes d’étudiantes, vous pourriez aimer.

Top of the lake

Vous connaissez sans doute Handmaid’s Tale, cette série de 2017 avec l’actrice Elisabeth Moss ? Pour ma part, après deux ou trois épisodes, j’ai totalement décroché. Cet univers dystopique où la société fait appel à des mères porteuses pour assurer le renouvellement de l’espèce, ne m’a pas du tout intéressé alors qu’elle semble avoir fait un tabac. Par contre, je suis tombé, un peu par hasard, sur Top of the lake, joué par la même actrice alors un peu plus jeune. Une série policière dont l’intrigue prend place dans un ville paumée au fin fond de nul part, sur le bord d’un lac entouré de hautes montagnes.

Une gamine de 12 ans, enceinte de cinq mois et fille d’un baron local de la drogue, disparaît dans la nature. Fugue, meurtre, accident ? L’enquêtrice Robin Griffin, jouée par Elisabeth Moss, en congé dans sa ville natale, prend en main l’affaire, faisant resurgir au passage les démons qui lui ont fait fuir la région bien des années auparavant.

La série nous plonge dans un univers machiste où la vie d’une fillette de douze ans n’a aucune valeur, où les femmes ne sont que des objets sexuels et des travailleuses bon marché, une ville corrompue par la drogue qui offre le seul emploi stable, une ville où Robin retrouve sa mère atteinte d’un cancer, des hommes qu’elle n’espérait ne plus jamais croiser ainsi que l’homme de sa vie.

Dans de magnifiques paysages, les sordides secrets de cette petite ville enclavée se révèlent au grand jour. Une ville où une communauté de femmes paumées a décidé de s’installer pour se reconstruire, au bord du lac, sur un terrain baptisé Paradise. L’occasion de retrouver Holly Hunter (l’actrice fétiche de la réalisatrice Jane Campion) dans le rôle du gourou de cette secte.

Six épisodes au rythme lent à découvrir.

L’Inclinaison

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L’Inclinaison raconte l’histoire d’un jeune compositeur de musique contemporaine vivant dans un pays totalitaire. Un compositeur, qui va s’embarquer pour une tournée de huit semaines avec un orchestre dans un archipel possédant un parfum de rêve.

L’Inclinaison parle de musique, des îles, de la mer, la vie, du temps qui passe, de l’inspiration, des voyages, de la liberté. Un roman hors du commun, un livre qui prend le temps de raconter.

Né dans un pays en guerre, froid, industriel et pollué où une dictatrice règne sans partage d’une poigne de fer, le compositeur Alessandro Sussken embarque pour les îles paradisiaques qu’il a toujours rêvé de visiter. Pendant huit semaines, il voyage insouciant, d’îles en îles, donnant quelques récitals, dormant dans les bateaux, se livrant à l’étrange rituel des formalités administratives à chaque débarquement, découvrant l’apparente insouciance des insulaires, le plaisir de la vie au soleil. Mais après huit semaines au paradis, il revient sur le continent et une surprise de taille l’y attend.

Si L’Inclinaison parle beaucoup de musique, du processus de composition, des artistes, il s’agit également d’un récit fantastique, abordant de manière très orignale, un thème pourtant maintes fois exploité par les écrivains, celui du voyage dans le temps. Le roman est tout sauf dans l’action, certains chapitres semblent même un copier coller du précédent, à se demander si Christopher Priest ne cherche pas à faire du remplissage, jusqu’à ce que le lecteur comprenne la démarche de l’auteur. Ce qui semblait répétitif devient alors indispensable au récit.

Le roman est beau, bien écrit, différent. Les mélomanes aimeront son approche de la musique, les voyageurs voudront repartir en mer, les passionnés de paradoxes temporels pourront se creuser les méninges et les lecteurs de Priest adoreront son nouveau roman.

Coup de foudre

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Le chroniqueur de rock est un gars blasé qui a tout écouté, tout éprouvé, tout rencontré. Il ingurgite des tonnes d’albums par semaine, lit des dictionnaires entiers de paroles, trie des centaines de pochettes. Il connaît toutes les arpèges, tous les accords, tous les ponts, touts les refrains, tous les tempos.

Il lui arrive cependant, de temps en temps, dès la première écoute, d’avoir le coup de foudre, de tomber amoureux et d’écrire la critique dithyrambique de l’année, le cinq étoiles, la copie au 20/20, la merveille du siècle.

Mais passé la première année de vie commune, ce mariage peut devenir routine voire désastre. Je vais vous parler de ces coups de cœur qui au fil des mois ont perdu de leurs charmes.

Commençons par le dernier Leprous, Malina. Il a été, comme bien souvent, chroniqué avec une promotion en mp3 et adulé dès la première écoute. Comme je fais souvent dans ce genre de cas, je l’ai immédiatement commandé en édition vinyle et lorsqu’il est arrivé, je n’ai pas retrouvé l’enthousiasme initial. Le master vinyle me semble plat, fade et même le CD manquait de dynamique. Je le reconnais volontiers, il s’agit de des considérations audiophiles, mais il y a certainement également un effet post coup de foudre qui est intervenu dans ce dés amour. Je suis toujours content de découvrir certains groupes avant tout le monde, bondissant comme un cabri, impatient d’en découdre, puis la fête passée l’enthousiasme retombe. Malina reste un très bon album, mais je l’ai sans doute sur-noté à sa sortie.

Je ne suis pas un fan de post-rock, pas plus que de flamenco, pourtant lorsque de Toundra et le chanteur Francisco Contreras ont écrit Para Quienes Aun Viven j’ai grimpé au rideau. J’ai d’ailleurs également le vinyle à la maison. Mais ici, la galette anthracite est à la hauteur de la promotion que nous avions reçue, même mieux en fait, pour le son, un peu comme tous les albums de Toundra qui acquièrent un « grain » en analogique. Même si je trouve l’album toujours très fort, je sais pourquoi je remets peu souvent le vinyle sur la platine. Ce qui m’avait principalement séduit à l’époque, c’était la surprise provoquée par la rencontre de ces deux univers musicaux presque antagonistes. Et bien entendu, à force d’écoutes, la surprise s’est émoussée, donc une partie du plaisir.

J’ai été longtemps un inconditionnel de Neal Morse et de The Neal Morse Band. Aujourd’hui un peu moins. Lorsqu’il a sorti le pavé The Similitude Of A Dream, je me suis beaucoup investi sur cet album, creusant le sujet du livre The Pilgrim’s Progress, me plongeant dans le livret, m’embarquant dans notre première interview téléphonique avec ce monstre sacré du prog. J’ai l’impression que tout cet investissement méritait inconsciemment une chronique cinq étoile. Aujourd’hui, pour ne pas vous mentir, je n’arrive plus à écouter cet album de bout en bout d’une traite.

Il y en a d’autres bien-sûr, mais pas tant que ça heureusement. Plein d’autres restent des pures merveilles, des albums que j’écoute toujours avec autant de bonheur. Je n’en citerai que trois, les moins connus du grand public comme le dernier Karmamoi The Day Is Done, The Franck Carducci Band Torn Appart et l’EP de Wolve Lazare.

Faut-il que je change la note de tous les albums qui après coup me semblent moins bons ou meilleurs ? La question mérite d’être posée. Idéalement, il faudrait plus de recul avant de publier une chronique, donc prendre plus de temps pour écouter, chroniquer moins fréquemment, alterner la chronique avec d’autres albums. Mais voila, la gourmandise est un vilain défaut et nous ne sommes pas très nombreux dans l’équipe alors nous continuerons probablement comme ça. Et puis, seul un imbécile ne change pas d’avis non ?

Addiction

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Un incroyant, par jeu, avait déposé un matin sur mon bureau, cinq cent grammes de ces boules roses recouvertes de sucre rouge aussi appelée tsointsoin, où quelque chose d’approchant. Il n’aurait pas du douter, homme de peu de foie. Quand il est repassé deux heures plus tard, ne restaient qu’un emballage plastique vide et quelques grains de sucre rouges éparpillés devant mon écran d’ordinateur. J’avais tout avalé. Beurp ! Même pas malade. 

L’incroyant incrédule a recommencé une nouvelle fois l’expérience, cette fois façon guimauve rose version XXL. Il a perdu. Après, je n’ai plus jamais trouvé de paquet sur mon bureau, même pas joueur le gamin. Pffff.

Le mix mondial est mon pire péché mon père, je le confesse. Des années durant, je gardais précieusement une boite dans la cuisine, une par semaine, pas plus, dosant le plaisir, le partageant avec mes enfants, histoire de les initier aux plaisirs interdits. 

Colorants, acide citrique, conservateurs, sucre, gélatine, sirop de glucose, acide malique, gomme, arômes artificiels, que du bon, des mois de travail assurés pour ma dentiste et mon nutritionniste.

Puis mon grand est parti pour Marseille. Déprime ou résolution ? J’ai vidé la dernière boite et n’en ai plus acheté. Septembre, octobre, novembre, décembre, janvier, février, mars, avril. Du jamais vu !

Les dents n’allant pas mieux pour autant, pas plus que les migraines, en passant au rayon douceurs pour prendre du chocolat à mes drogués, j’ai contemplé cette Happy’Box qui me tendait les bras et j’ai replongé. 

La boite est dans la cuisine mais je suis seul à en manger. Pas des World Mix, ils ont du arrêter leur production en septembre dernier j’imagine, une autre boite, plus grosse, 600 g de bonheur. Une seule boite par semaine bien entendu. Mais je suis seul à en gober maintenant, donc il faut que j’en avale trois fois plus pour tenir le rythme hebdomadaire. Pas de problème, j’assure ! Un vrai athlète. Rien ne m’arrête malgré le manque d’entraînement. Tétine, alligator, nounours, bouboule, étoile, cœur, je mange tout.

Pourquoi je vous raconte tout ça me demanderez-vous ? Parce que la boite est vide, et que les magasins sont fermés. Si par mégarde, un de ces plantigrade en gélatine jaune traîne par terre, dans la rue, je devrais me faire violence pour ne pas le ramasser et le mettre à la bouche. 

Car oui, je l’avoue, j’en suis là.