Leprous – Aphelion

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Je crois qu’il est temps de se demander quel sera l’album de l’année. En lice pour 2021 deux disques seulement, One To Zero de Sylvan et Aphelion de Leprous. 

Je ne vais pas vous mentir, je suis archi-fan des deux groupes alors mon jugement est furieusement biaisé.

One To Zero avait été superbement chroniqué par mon ami François à l’époque de Neoprog, alors, si vous le voulez bien, penchons-nous sur Aphelion.

Leprous était à la base une formation de metal progressif djent. Si si. Depuis quelques albums, et particulièrement Pitfalls, le groupe a pris un virage pop prog néoclassique qui n’a pas plu à tout le monde. Avec Aphelion, ils vont encore plus loin et ce n’est certainement pas moi qui m’en plaindrait, bien au contraire.

Le double vinyle reprend des codes astrologiques placés au sommet d’une pyramide noire plantée dans un décor de montagne. Rien qui n’éclaire vraiment sur son thème pas plus que la barque du livret. Mais pour votre culture, l’aphélie, Aphelion en anglais, est le point de la course d’une planète, le plus éloigné du son soleil. Et non ça n’arrive pas en hiver mais début juillet pour la Terre, alors rien à voir avec mon rhume. Pour les saisons, je vous expliquerais ça dans mon prochain podcast d’astronomie, c’est à dire jamais.

Nous avons deux galettes de 180 grammes au pressage irréprochable comme souvent chez Inside Out avec des paroles dépressives imprimées sur une feuille volante ainsi que le CD pour les écoutes fréquentes. Je l’ai déjà dit, j’adore ces éditions plus plus du label Inside Out.

Plus castra que jamais, Einar lance un défi à ses cordes vocales sur Aphelion. Il est au diapason du violoncelle de Raphael et du violon limite dissonant de Chris, le tout accompagné de cuivres pour faire bonne mesure. Des arrangements orchestraux qui donnent encore plus d’intensité aux paroles torturées. 

Evidemment, belle voix, metal et instruments acoustiques, ça fait toujours mouche avec moi, vous l’aurez bien compris.

Pour ne citer que quelques coups d’éclats, je vous parlerai de ‘Running Low’ où le metal se marie aux cordes, de ‘All The Moments’ et sa guitare qui ne ressemble à rien de connu chez Leprous et d’un ‘Castaway Angels’ anathémien, fabuleusement épuré.

L’album est très calme et délicieusement acoustique pour du metal progressif. Mais ceux qui auraient encore besoin d’une petite dose d’adrénaline pourront se tourner vers le titre ‘Nighttime disguise’ qui s’énerve un peu plus, enfin juste dans les dernières secondes.

Que dire de plus franchement ? Aphelion fait un sans faute. Je l’écoute en boucle depuis sa sortie comme ma chérie qui l’adore. Leprous me fait chaque album un peu plus plaisir. Je suis totalement irrécupérable, mais ça vous le saviez déjà.

Sera-t-il pour autant l’album de l’année ? On verra à Noël, d’ici là nous pouvons encore avoir de belles surprises.

Chez Paulette

Chez Paulette

Cela faisait tout juste deux années que je n’étais retourné écouter un concert à Pagney-derrière-Barine, Chez Paulette, le pub rock perdu dans la campagne lorraine.

Deux années sans un seul live, sauf à rester assis comme un con devant un écran à écouter tout seul de la musique préenregistrée.

Bas les masques ! L’association ArpegiA relançait les festivités ce samedi 9 octobre avec une double affiche, les français de Esthesis et les suisses de Galaad. Une soirée sous le signe du passe sanitaire pour les quelques amateurs de rock progressif lorrain vaccinés.

Pour tout vous dire, je pensais d’abord ne pas venir. Le dernier album d’Esthesis ne m’a pas franchement enthousiasmé et je me suis pris le bec avec Pyt (le chanteur de Galaad) sur le blog d’Alias à la sortie de Paradis Posthumes.

Mais voilà, je garde également un souvenir ébloui de la précédente performance des jurassiques lors de leur passage Chez Paulette pour la sortie de Frater. 

Alors j’ai pris la route. Deux heures, le soleil braqué sur mon pare brise comme un projecteur de scène déclinant dans le ciel bleu. Arrivé à Pagney, la Lune et Venus jouaient les amoureuses à l’horizon.

Pour le bilan carbone de la soirée on repassera. Quatre heures de route aller retour, seul dans la voiture pour trois heures de spectacle. C’est mal. Mais c’est tellement bon !

Je me suis demandé si j’allais venir tout nu, avec quand même le masque et le teeshirt de Galaad. Après tout, j’allais au concert pour le plaisir. J’ai envisagé ensuite de voyager léger avec seulement le Panasonic GX9, puis j’ai opté pour le Nikon D810 et le 70-200 pour finalement embarquer aussi le Nikon Z6 II avec le 24-70. Bref, je suis arrivé chargé comme une mule.

Bon il semblerait que mes photographies soient attendues, j’ai donc bien fait.

Difficile de se garer dans le petit village, le terrain vague qui faisait office de parking est devenu une résidence et les rues étroites ne se prêtent guère à accueillir toutes les voitures d’un concert de rock.

C’est avec joie que j’ai retrouvé sur place quelques vieilles connaissances de concert, des anciens lecteurs du webzine Neoprog et le trio arpégien toujours fidèle au poste. Il manque des amis que j’aurais bien aimé revoir et dont je n’ai plus de nouvelles depuis que j’ai quitté Facebook, j’espère que l’on se croisera bientôt pour un nouveau concert.

Esthesis

Esthesis ouvre le bal, un projet solo devenu groupe, naviguant entre Porcupine Tree, Airbag et Pink Floyd. Leur musique bien écrite, manque encore d’identité pour qu’elle arrive à me toucher complètement, mais les gars défendent admirablement bien leurs morceaux en live.

Fumigènes, lumières rouges et bleues, me voici replongé dans l’enfer du photographe et même mon nouveau Nikon Z6 II que j’étrenne sur ce concert est souvent en panique totale. J’avais oublié comme la photographie de concert reste un exercice délicat. 

Guitariste dans la brume

J’ai ouï dire que le prochain album d’Esthesis serait très différent du précédent. Peut-être vont-ils s’affranchir de leurs mentors et trouver leur identité propre ? Je suis curieux d’écouter ça maintenant que je les ai vu en live.

Après une heure trente qui passe assez vite et un Coca tiède bu au comptoir pour faire passer un triptan, Galaad monte sur scène et immédiatement, je comprends qu’une fois encore, cela va être énorme. Malgré un mal de tête insistant je suis au taquet.

Galaad

Si, j’écoute rarement leurs albums studio à la maison, sorti de Vae Victis, en live leur musique prend tout son sens avec l’incroyable présence de Pyt sur scène. Quel bonhomme ! Les musiciens ne sont pas en reste et franchement leur set est un concentré de bonheur. Les titres studio un peu bof bof fonctionne à merveille ici et le public reprend quelques tubes en coeur. Pyt, très présent, parle, explique, plaisante, livre ses états d’âmes et chante évidemment.

Nous avons droit à des extraits de Frater, de Paradis Posthume et pour finir même du Vae Victis. Énergie et émotions s’entremêlent, entre larmes et colère soufflant le chaud et le froid sur un public conquis.

Pyt

Deux cent photos plus tard dont les trois quarts sont bonnes à jeter, à minuit et demi je suis vidé. Demain il faudra trier et développer. Pour l’instant restent deux heures de route dans les brumes naissantes avant de retrouver le lit douillet. La lune et Vénus se sont couchées depuis longtemps, j’écoute sur France-Inter une artiste parler de l’inceste qu’elle a subi enfant. Ça pourrait faire un texte pour Galaad.

Merci à ArpegiA, chez Paulette, Esthesis et Galaad pour ce magnifique début de saison progressive qui continuera avec Lazuli à Pagney, The Pineapple Thief, Ray Wilson et Soen à Strasbourg.

Deafening Opera – driftwood

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Teeshirt : Deafening Opera – Let Silence Fall (2018)

Connaissez-vous le groupe allemand Deafening Opera ? Non ? Ils ont pourtant joué en ouverture de Vanden Plas et viennent de presser leur troisième album studio driftwood.

Si je vous les présente aujourd’hui, c’est parce que j’ai eu l’occasion de les écouter en live plusieurs fois, de les interviewer et même de manger avec eux chez un copain. Des teutons très sympas qui jouent du rock progressif lorsque leurs vies leur en laisse le temps.

Ils m’ont gentiment envoyé driftwood pour que j’en parle ici, et si je m’étais juré de ne pas chroniquer de promotions, je ferai ici une entorse à la règle pour trois raisons : j’aime bien ces gars et leur nouvel album marque clairement un rupture avec les deux précédents, et ça m’a plu.

Deafening Opera joue du rock progressif à la Porcupine Tree avec des synthés et tout le tralala. Mais depuis quelque temps, leur claviériste français a quitté le navire. Problème, le prog sans claviers, ça n’est pas évident.

Avec driftwood, Deafening Opera reprend en acoustique des morceaux de Blueprint et de Let Silence Fall, leur deux précédents albums, et y ajoute de nouvelles compositions comme ‘murghab morning’, ‘snowman’s meadow’, ‘outlaw feline’, ‘farewell kiss’ et ‘little stone’.

Tout commence par le court instrumental ‘murghab morning’ à la guitare, 90 secondes délicates qui nous guident jusque ‘25000 miles’ en version débranchée. Moritz a repris le piano du claviériste Gérald Marie et Adrian, qui est également chanteur d’opéra, semble clairement plus à l’aise dans ce registre acoustique.

‘snowman’s meadow’ m’a agréablement surpris avec son approche tout d’abord jazzy à la Michel Jonasz alors un ‘outlaw feline’ qui ressemble à du bluegrass. J’ai également adoré le duo sur ‘farewell kiss’ où Alexandra répond à Adrian.

Driftwood ne dure qu’une demie-heure, une manière pour le quintet allemand de se remettre sur les rails après un long silence. Si les habitués attendaient un troisième album de rock progressif, ils seront probablement déçus. Pour ma part, ce driftwood est une jolie surprise qui annonce peut-être une nouvelle vie pour Deafening Opera.

Cruel dilemne

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Une chronique par semaine me semble un rythme raisonnable pour bien écouter un album, me plonger dans les textes, le faire sonner au casque, sur les Triangles et le smartphone. Cela me laisse du temps pour coucher sur le papier mes impressions et fixer sur la pellicule la chronique. 

Mais comme je suis un boulimique de musique, j’écoute nettement plus d’albums que je n’en présente en vidéo. J’aimerais parler de chacun d’eux, enfin ceux qui présentent un certain intérêt pour moi mais ça n’est pas possible, une année ne comprend pas assez de semaines pour tout vous montrer. 

Du coup, j’accumule peu à peu du retard, le Leprous qui vient de sortir ne sera en ligne au mieux que mi novembre et je vais passer sous silence pas mal de sorties comme Atmospherics, Homesick ou Migration.

Je pourrais (encore) copier Alias et enregistrer des brèves. Mais mes chroniques sont déjà brèves alors faire plus court risque de se résumer à pas grand chose au bout du compte. Alors à quoi bon ?

Le pire c’est que malgré la fermeture du webzine je reçois encore dans ma boîte aux lettres quelques promotions. Je remercie à chaque fois et explique que je ne chronique plus les promotions. Mais il m’arrivera peut-être de déroger à la règle car je suis faible de nature, surtout quand cela vient d’artistes que je connais et apprécie.

L’étape suivante pourrait être de trouver d’autres beaux gosses photogéniques pour enregistrer des vidéos de rock progressif, on pourrait appeler ça Neoprog par exemple et passer brutalement de 15 vues à 150.

Non je plaisante, je n’ai aucune envie de replonger, j’ai déjà assez à faire avec mon travail en ce moment.

Les chroniques en images vont se concentrer sur les albums qui me font vibrer sans tenir compte de leur date de sortie ni de la notoriété du groupe. Après tout je n’ai de compte à rendre qu’à moi même.

Mon dilemme se situe au niveau des choix, quel album chroniquer dans la liste de ceux que j’ai écouté. Vais-je parler de Dream Theater, de Marillion ou d’un obscur groupe allemand amateur ? Vais-je vous faire partager mon coup de cœur pour un vieux Cult of Luna ou une violoncelliste britannique ? Pas facile de choisir…

Les Chroniques en Images contrairement au webzine Neoprog ne suivent pas l’actualité musicale et ne font pas la promotion de la scène française pas plus que les grands labels européens. Elles reflètent mes envies musicales du moment tout simplement.

Nine Skies – 5.20

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(c) Christian Arnaud

Teeshirt : Solstafir – Ota (2014)

Je m’en veux énormément. J’aurai dû participer au crowdfunding de Nine Skies.

Neoprog avait couvert leurs précédents enregistrements avec enthousiasme pourtant je n’ai pas commandé 5.20. 

C’est en tombant sur le clip de ‘Porcelain Hill’ avec Damian Wilson au chant, que j’ai regretté ma radinerie. Et quand j’ai voulu rattraper le coup c’était trop tard, l’édition CD était déjà épuisée. Alors c’est en ALAC que j’ai d’abord écouté le nouvel album de Nine Skies.

Le collectif niçois navigue sur des eaux progressives, entre Porcupine Tree, Opeth et Genesis. Ils chantent en anglais comme de trop nombreux artistes français sur des formats de deux à six minutes, s’offrant au passage les services de John et Steve Hackett ainsi que de Damian Wilson. De quoi attirer à eux un plus large public. Et ça semble marcher. Nine Skies est un des groupes montants de la scène progressive française.

La pochette, façon huile sur toile, représente un médecin du 14 siècle, un docteur peste avec sa robe noire, sa fraise blanche et son bec de corbin. Il tire une charrette transportant les bustes de présidents américains : Washington, Lincoln et un troisième que je n’ai pas identifié.

Sur les onze morceaux de 5.20, trois sont instrumentaux, ‘Beauty of Decay’, ‘Dear Mind’ et ‘Achristas’. Des pièces qui aèrent agréablement un album d’une cinquantaine de minutes. 

Le rock progressif de Nine Skies respire beaucoup grâce à ses touches folk, les guitares acoustiques, son piano, le violon et le saxophone, un disque plus acoustique qu’électrique ou seule la guitare de Steve Hackett densifie la trame.

Vous pourriez penser que mes titres préférés seraient ‘Porcelain Hill’ ou le ‘Wilderness’ génésissien étant donné ma passion pour Damian et Steve. Mais non, ce sont ‘Colourblind’ aux couleurs d’Opeth, ‘Golden Drops’ qui possède un je ne sais quoi de Wilson, ‘The Old Man in the Snow’ aux accents d’Harmonium et ‘Smiling Stars’, le titre le plus long avec six minutes et vingt secondes qui ont toutes mes faveurs sans parler des trois instrumentaux.

Parfois le chant en anglais sonne un peu franchouillard (‘Above the Tide’ ou ‘Godless Land’) mais pas de quoi fouetter un chat. Par contre en live comme dans celui de Prog en Beauce, ça pique un peu quand même.

Pas de doute, 5.20 est le meilleur des trois albums studio de Nine Skies. Le groupe a énormément progressé sur la composition et le chant, trouvant peut-être également leur identité musicale sur ce nouveau disque. Au moment où j’écris ces dernières lignes, le groupe a réédité le CD et je peux enfin l’écouter sans allumer mon Mac mais il est également sur Bandcamp.

Pendragon – Love Over Fear

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Love Over Fear est mon premier Pendragon en 33 tours. Cela lui confère inévitablement un rang tout particulier dans ma collection, d’autant que son illustration aux tons bleus que l’on doit à Liz Saddington est juste sublime. Je ne suis pas pour autant un adulateur du surfeur d’argent mais quelques albums de Pendragon restent pour moi de purs joyaux.

Les deux vinyles marbrés de bleus font échos au double volet sur lequel la terre rejoint la mer. Sous un ciel étoilé, au pied d’un arbre blanc, coule une rivière qui se jette dans un océan rempli de créatures marines. Une peinture façon art nouveaux aux codes très hippie.

Pendragon c’est la voix légèrement éraillée et la guitare inimitable de Nick Barrett. C’est aussi les claviers d’Arena, la basse du pasteur Gee et depuis quelques années la batterie de Jan-Vincent.  Ce sont également onze albums studio depuis The Jewel (1985) où Pure (2008) tient une place toute particulière chez moi. 

Pour tout vous dire, lorsque j’ai entendu l’ouverture de ‘Everything’ j’ai cru que Nick avait pété un câble et que j’allais devoir jouer au frisbee avec les galettes sur la plage. Et puis l’orgue et la batterie se sont tus pour laisser parler la guitare, une superbe métamorphose qui se poursuit au piano sur le bref ‘Starfish and the Moon’. Arrivé au bout de la face A, j’étais sous le charme, surtout avec la section instrumentale de ‘Thruth and Lies’.

La première pièce de la face B crée également la surprise avec son air country au banjo et violon. Ce n’est pas franchement le genre de choses auquel Pendragon nous a habitué et que dire de ‘Soul and the Sea’ composé de quelques mots scandés : “Breath, Lise, Lose, Leave, Believe, Lise…”. Et puis il y a ce ‘Eternal Light’ qui nous replonge avec bonheur dans le prog symphonique des seventies à la sauce Barrett. 

Le point d’orgue de l’album, c’est certainement lorsque Nick nous parle de son rapport à l’eau dans le magnifique ‘Water’ : “cos back on dry land is where all the trouble is”. Il poursuit crooner au piano avec ‘Whirlwind’ où Julian l’accompagne au saxophone puis enchaîne avec ‘Afraid of Everything’. 

Si ‘Who Really are We’ reprend beaucoup les schémas de Pendragon, la pièce est suffisamment développée pour réussir à me surprendre au final mais ce n’est pas ma favorite. Je lui préfère sa version quasi acoustique qui clôture l’album. Et que dire de ‘Quae Tamen Onrnia’ sinon que l’on a déjà entendu l’air au début de ‘Everything’…

Si Pure restera probablement mon album préféré de Pendragon, Love Over Fear devrait pouvoir atteindre une belle seconde place dans mon cœur même s’il a pu déstabiliser plus d’un fan. L’édition vinyle est indispensable tant elle est belle.

King Buffalo – The Burden of Restlessness

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Teeshirt : Galahad 25 ans

Aujourd’hui je vous propose de déguster une belle tranche de heavy psychédélique saignante avec son accompagnement de petits légumes doom alternatifs.  Bienvenue chez King Buffalo et leur nouvelle formule midi The Burden of Restlessness.

Le trio est né en 2013 au bord du lac Orlando dans l’État de New-York, plus précisément à Rochester que tout le monde connaît bien. 

J’aurai bien aimé vous présenter le superbe vinyle édité par le groupe, mais les frais de port exorbitants (doublant le prix de la galette) m’ont quelque peu refroidis pour cette première rencontre avec eux.

S’ils déclarent appartenir à la mouvance heavy psyché, droit que je leur reconnais, il faut tout de même souligner les composantes doom, stoner et alternatives de leur musique.

The Burden of Restlessness ce sont sept titres cumulant quarante minutes, des formats relativement courts pour le genre musical. Le psychédélique se retrouve dans les paroles mystico initiatiques totalement fumées de l’album, écoutez plutôt : “Je regarde les fissures dans le mur et me fond dans le néant”. La musique me fait songer à du Tool hallucinogène qui aurait décidé de mettre le paquet sur les guitares pour une fois. 

Outre la forte assise rythmique de la musique de King Buffalo, des notes courtes éparses et répétées constituent une des autres particularités du trio comme dans ‘Burning’, ‘Silverfish’, ‘Grifter’ ou ‘Loam’. Il y a également le phrasé quasi parlé de Sean McWay qui donne aux titres un côté incantatoire. De là à parler de desert rock il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement.

La guitare, lorsqu’elle n’est pas en phase avec le duo rythmique de Dan Reynolds et Scott Donaldson, livre des belles performances psychédéliques comme dans ‘Locust’, ‘Grifter’, ‘The Knock’ et ‘Loam’.

The Burden of Restlessness n’est pas le genre d’album qui me fait d’ordinaire grimper au rideau, mais c’est le genre de musique que j’aime bien écouter de temps en temps pour m’aérer la tête. Si vous aimez le psyché, le desert rock ou le stoner, jetez-y une oreille ou deux, il est sur Bandcamp.

Ray Wilson – The Weight of the Man

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Teeshirt : RPWL – Wanted (2014)

Mon histoire avec Ray a débuté sous une douche à Pagney Derrière Barine. Un grand moment de solitude alors que propulsé interprète du groupe, je lui indiquais l’endroit où il pouvait se rafraîchir quand il me demanda si je l’accompagnerai.

Ce n’est pas pour Calling All The Stations que j’apprécie Ray Wilson pas plus que pour ses excellentes reprises du répertoire de Genesis en concert, mais bien pour sa carrière solo, entouré de nombreux musiciens dont son frère Steve Wilson.

Depuis Genesis, Ray compose des titres pop rock et tourne en Europe de l’Est, mêlant à son répertoire celui de Genesis, de Stillskin et quelques autres reprises. 

Ces concerts sont à chaque fois extraordinaires et si vous voulez le découvrir, il sera le 10 novembre à la Laiterie à Strasbourg, enfin si d’ici là tout va mieux.

Ray est rentré dans ma discographie très progressive avec le disque Live At SWR 1 et s’est peu à peu imposé dans mes rayonnages avec ses albums studio pop rock. 

En 2020, lors du confinement, il nous jouait sur Youtube des reprises acoustiques à la guitare, depuis sa maison en Pologne. Une manière de se donner du courage en ces jours sombres. Rien que pour cela j’aurai commandé son nouvel album The Weight of Man. Maintenant qu’il est arrivé à la maison, je l’écoute en boucle. Tout simplement parce qu’il s’agit d’un très beau disque.

Cinquante minutes pour dix titres et une reprise des Beatles (‘Golden Slumbers’), The Weight Of Man c’est d’abord un magnifique single intitulé ‘Mother Earth’. C’est aussi le chant de Ray et la guitare de Ali Ferguson. A leurs côtés on trouve également Yogi Lang de RPWL aux claviers et chant mais pas trace de Steve sur cet album cette fois.

The Weight Of Man est un album COVID comme en témoignent le texte de ‘Mother Earth’ et peut-être celui de ‘Symptomatic’. Il raconte la vie à la manière mélancolique de Ray. 

Sting et Phil Collins se croisent sur ‘You Could Been Someone’ quand le blues s ‘installe sur ‘Mother Earth’. Les floyds et le Genesis de ‘Congo’ ne sont pas très d ‘Amelia’ et si la pop domine, Ray sait aussi composer des morceaux plus complexes comme avec ‘I Like You’. J’ai également une tendresse toute particulière pour ‘Symptomatic’ joué au piano et flûte traversière et pour le titre country ‘Cold Like Stone’.

Weight Of Man n’est sans doute pas le disque de l’année mais ceux qui comme moi apprécient Ray Wilson seront d’accord pour dire qu’il s’agit d’un de ses meilleurs albums studio. Alors rendez-vous le 10 novembre pour l’écouter en live.

Soen – Imperial

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Teeshirt : Soen – Imperial (2021)

Pas facile de parler de Soen. Aucun de leurs albums n’a sut m’atteindre à la première écoute, d’ailleurs en première approche, ils se ressemblent beaucoup, n’empêche que je les suis depuis Tellurian. 

Soen est un peu le pépère tranquile du metal progressif nordique, des disques que j’aime sans vraiment comprendre pourquoi. Le groupe écrit des albums relativement homogène, où la basse de Oleskï et la batterie de Martin posent une ossature sur laquelle les guitares lâchent quelques soli, toujours débordés par la voix de Joël.

Imperial ne chamboule pas la donne. Avec son petit air de Riverside bourinneur saupoudré de cordes, le groupe suédois poursuit, imperturbable, son petit bonhomme de chemin.

La pochette noire au serpent argenté m’a convaincu d’acquérir cette fois la version 33 tours, et si sur le papier elle fait belle impression, j’ai été quelque peu déçu par son aspect décalcomanie, d’autant que le vinyle et le tee shirt m’ont coûté un bras.

L’album huit titres, quatre pour chaque face, possède la durée idéale  pour un vinyle, une seulle galette de 180 grammes dans son écrin noir argent, glissé dans une pochette également anthracite avec les paroles imprimées sur des crânes. J’en suis revenu des disques marathon d’une heure trente et je goûte de plus en plus ces enregistrements ristretto qui vont à l’essentiel.

Si d’ordinaire, la présence d’un quatuor à cordes est un plus, ici j’avoue ne pas lui trouver de grande intérêt, le mixage noyant violon, alto et violoncelle dans les instruments électriques. On va dire que Soen s’est fait plaisir, ce qui après tout n’est pas si mal.

Fidèle à moi-même, c’est le chant qui a guidé mon exploration de Imperial. Écoute après écoute, le jeu de batterie éblouissant de Martin s’est imposé à mes oreilles, un toucher sec et nerveux qui permet de s’extraire de la voix de Joël pour mieux découvrir les nuances des guitares comme dans ‘Modesty’. 

Imperial se révèle, strate après strate pour dévoiler à la fin les claviers minimalistes de Lars. Reste alors à lire les textes et à revenir au chant pour appréhender l’ensemble de l’album. De nombreuses écoutes qui mettent à jour un diamant brut.

I Abyssick – Ashes Enthroned

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Teeshirt : The Pineapple Thief – Built A World (2013)

Je vous emmène à l’Acropole.

Les clichés véhiculés par dépliants touristiques peuvent cacher une toute autre réalité : riffs graisseux, batterie parkinsonienne et chant caverneux, bienvenus en Grèce. Ames sensibles, fuyez, aujourd’hui je vous présente le premier album d’un groupe de heavy metal cadencé comme du doom. Et pour tout vous dire, mon épouse déteste ce CD, je suis obligé de l’écouter en cachette.

I Abyssick est un quatuor athénien né en 2017 et qui début juillet nous livrait son premier effort intitulé Ashes Enthroned. Une heure et neuf morceaux pour un concept album de fin du monde, écoutez plutôt : “Réveillez-vous dans un monde totalement détruit, face à une lumière aveuglante…”. 

Premier album, concept, Grèce, non il ne s’agit pas d’une de ces promotions improbables que je recevais autrefois à Neoprog mais d’un coup de cœur de K-ManRiffs sur Twitter où il comparait nos gars à Nevermore et Paradise Lost. De quoi titiller ma curiosité.

L’album débute sur une explosion suivie des crépitements d’un compteur geiger. Si vous n’avez pas compris quel est le problème, je peux vous faire un dessin. 

Basse lourde, chant virile, guitare hennissante, batterie au taquet, nos quatre grecs jouent un heavy qu’ils tirent derrière eux comme un boulet de forçat. C’est noir, sombre, pesant, désespéré et l’histoire ne fait que commencer. Le pire est à venir.

Sorti d’un récitant et de quelques bruitages, ici pas de fioritures pour alléger les compos. Toutefois vous retrouverez dans cet album un peu de l’ame de de Queenrÿsche et de Paradise Lost, disons leurs côtés obscurs. Les titres ne possèdent pas tous une écriture archi compacte comme le prouve ‘In A Land Of Ash And Debris’ mais dans l’ensemble l’album reste tout de même assez dense.

Dans le registre basses, Constantin Moris assure, secondé par trois autres chanteurs invités sur cet album. A la batterie Aggelos offre un feu d’artifice parfaitement dosé, qui avec le chant, font beaucoup à l’atmosphère. 

Ashes Enthroned ne réinvente pas la Moussaka mais si vous aimez le heavy sombre, prenez le temps de l’écouter, il est sur Bandcamp. L’album vous plonge dans un cataclysme musical vraiment réussi. Vous pourriez y prendre goût.