Billet au vitriol

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Dans le tout petit monde des amateurs de rock progressif, un fort pourcentage joue d’un ou plusieurs instruments. Gratter six cordes, tapoter la caisse claire ou appuyer sur des touches noires et blanches ne fait pas forcément d’eux des musiciens, encore moins des compositeurs. Pourtant, dans ce microcosme, naissent quasi quotidiennement nombre de groupes, projets de plus ou moins bonne facture. Et ce qui est beau, c’est que, ces isolés du monde de la musique dite commerciale, quasi parias des salles de concerts et des labels, ces amateurs éclairés du kraut, space, psyché, prog, fusion, RIO, se serrent les coudes. Une communauté de l’anneau avec ses dissensions internes mais qui fait front pour défendre coûte que coûte l’oeuvre d’un des leurs. Malheur à vous si vous osez un commentaire négatif sur l’un des pères fondateurs de leur ordre, les grands anciens sont intouchables, et soyez maudis si vous touchez au fin duvet de leurs descendants, même s’il n’ont pas l’ombre du centième du talent des dinosaures disparus.

Le progueux passionné et musicien est souvent également chroniqueur ou organisateur d’événements (attention je suis dans la liste là…). Parfois en manque d’expression artistique, il tisse peu à peu sa toile, apprend les ficelles du business, enrichit son carnet d’adresses et grattouille aux heures perdues (sauvé j’ai les doigts gourds). Un jour, son travail de fond atteint la masse critique, il faut alors faire pleurer la muse. Une cuisine, un Cubase, un ampli, une guitare, un clavier, une boite à rythmes et la composition commence. La partition à peine esquissée, il se lance dans un financement participatif pour recueillir les milliers d’euros nécessaires au studio et au pressage. S’il connaît quelques musiciens talentueux, il les convie à son projet, histoire d’avoir un nom ou deux à mettre sur la pochette. Une bonne campagne Facebook, de la retape à droite à gauche, et le voila parti pour l’enregistrement de son premier CD. Tsoin tsoin ! Le rêve devient réalité.

Dans le tout petit monde des amateurs de rock progressif, il subsiste un faible pourcentage de personnes qui ne jouent pas, ne chroniquent pas, n’organisent rien. Ces personnes écoutent de la musique, en achète, participent à des crowdfunding pour soutenir les artistes en herbe et groupes non professionnels mais talentueux. Ces petites gens du progressif, sans ambition créatrice, se saignent parfois aux quatre veines pour soutenir la musique qu’ils aiment, préférant financer la production amateur au dépend des mastodontes internationaux. Ils sont derrière ces artistes émergents, les bons et les tous les autres. Car il ne faut pas l’oublier, parmi les progueux qui grattouillent le weekend, il existe de vrais talents (ben oui ce serait trop simple), qui, s’ils disposaient d’un label et d’un peu de notoriété, pourraient sans doute prétendre à autre chose qu’un tirage à 500 exemplaires de leur nouvel album. Hélas il y a trop, beaucoup trop d’imposteurs dans ce micro univers. Trop de pseudos artistes en mal de reconnaissance (comme moi avec mon blog) qui commettent l’irréparable album qui n’aurait jamais du sortir du disque dur.

Moins de quantité, plus de qualité. Internet à ouvert les vannes à un flot permanent de bruit duquel surgit parfois une belle surprise. Il n’est pas souvent aisé de trier le bon grain de l’ivraie lorsque l’on lit les webzines. Des chroniques dithyrambiques relatives à des albums très médiocres fleurissent hélas régulièrement. Copinage, manque de goût, crainte de représailles, serrement de coude, aveuglement ? Quand ni technique ni inspiration ni production ne sont au rendez-vous, le progueux musicien en mal de reconnaissance inflige aux membres de sa communauté une bien vilaine punition. Les amateurs en mal de musique auront dépensé leurs économies pour assouvir l’ego d’un gratteux en mal de reconnaissance aux dépends d’artistes méconnus et talentueux qui se ruinent pour sortir leur prochain album.

Nous vous méprenez pas sur mon propos. Il n’est aucunement en prise avec une quelconque actualité, ni lié à un obscur règlement de compte. Il s’agit d’un constat, d’un cri d’alarme même. Avec l’avènement d’Internet et du numérique, n’importe qui ou presque, peut à moindre frais, se prendre pour un artiste (tiens je devrais vendre mes photos, je me sens l’âme d’un pro tout à coup). Hélas le talent est rare et précieux, alors trêve de copinage, de lobbying, posons un regard lucide sur la musique, encourageons les talents et ne dispersons pas notre effort. Tous les goûts sont dans la nature, mais il y a des limites.

Entre les oreilles

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Quoi de neuf entre les oreilles ? Les derniers achats arrivés à la maison cette semaine sont au nombre de deux. Comedy of Errors et Ray Wilson. Comedy of Errors, qui sortait leur dernier album House of the Mind, est … Continuer la lecture

Quoi de neuf dans la boite aux lettres ?

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  Je suis toujours dans ma période déballage. Voici les derniers achats arrivés à la maison cette semaine. The Watch et Anathema en vinyle, Roger Waters et Galahad en CD. Cela fait beaucoup à écouter en peu de temps sachant que je … Continuer la lecture

Vinyle ou CD ?

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Je n’étais pas aller trainer au centre ville de Strasbourg depuis fort longtemps, sans cesse occupé chaque weekends par des activités variées et avariées. Quand je vais en ville, ce n’est pas pour trouver des fringues, un short, un jean, les bouts … Continuer la lecture

Quoi de neuf docteur ?

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Après avoir semé des euros un peu partout sur la planète, l’heure est à la récolte. Les arrivages remplissent la boite aux lettres ces derniers jours et le temps me manque pour tout écouter. Pour Anubis, je l’ai déjà écouté … Continuer la lecture

Une nouvelle expérience

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Voila bien des années que je vais aux concerts, en fait depuis 1983. J’ai, à plusieurs reprises, vu certains artistes et groupes, comme Peter Gabriel, Marillion, Fish, Transatlantic, RPWL, Pendragon, Elora, Weend’ô et j’en passe. Par contre, je n’avais jamais assisté à deux concerts d’un même groupe au cours de la même tournée, encore moins deux concerts consécutifs. J’ai réparé cette lacune ce weekend avec la fin de la tournée Torn Apart de Franck Carducci. Le groupe jouait vendredi à Pagney derrière Barine le vendredi et à Barr le samedi, donc dans mon secteur.

L’expérience, au delà du plaisir d’écouter deux fois un groupe que j’apprécie beaucoup, est édifiante, car on découvre des artistes présentant la même set list ou presque dans deux environnements différents, avec un public également différent.

Je ne suis pas ici pour vous livrer un live report, il viendra en son temps, mais pour souligner les ambiances assez dissemblables de ces deux lives. D’un côté le groupe Chez Paulette, dans une salle pouvant contenir 300 personnes, avec une sono pro, des éclairages en pagaille et une belle audience, de l’autre, le Garage 67, un ancien garage automobile reconverti, une salle à la sonorisation sommaire, avec peu d’éclairages, de retours et une capacité de 50 personnes.

Au Garage, il s’agissait de la fin de tournée, un concert privé, un public invité, connaissant le groupe, bref un public acquis à leur cause. Dans une étuve sans ventilateurs, les fans étaient au taquet avant même le début du concert et le groupe nettement plus détendu. Chez Paulette, même si le lieu est convivial, l’ambiance était nettement plus professionnelle et les musiciens plus rigoureux (il faisait également moins chaud). Le public n’était pas non plus forcément acquis à leur musique, le groupe devait se ‘vendre’ un peu plus.

Mais ce qui ressort le plus, c’est que le show, que je croyais très préparé, laisse en réalité beaucoup de place à la créativité des musiciens. Avec quelques jalons, le duo de guitares, le thérémine, l’Alice aguicheuse, les artistes occupent la scène et font le spectacle avec beaucoup d’improvisation réussie comme les trois choristes qui s’invitent sur scène le dernier soir. Voila la leçon que j’ai retenue de ces deux dates, outre la différence de salle, de scène et de public, c’est l’adaptation fabuleuse du groupe à leur l’environnement qui change chaque soir.

Pour ma part, ce furent deux soirées très différentes, une consacrée à la photo, l’autre à la musique, et même s’il faisait très chaud, que le groupe était plus brouillon sur quelques passages, c’est le deuxième soir que j’ai le plus aimé le concert.

Remplissez les salles

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Après le Bataclan le 13 novembre 2015, c’était au tour du Manchester Arena d’être visé hier soir. Des victimes innocentes, venues écouter de la musique, venues profiter de la vie.

L’ennemi n’a qu’un objectif semer la terreur, inciter à fermer sa porte à double tour, à ne plus sortir de chez soi, à renoncer aux terrasses des cafés, à la musique, au plaisir.

La seule réponse qui ait un sens à mon avis, face à cette violence, c’est d’agir à l’opposé de ce que nous dicte la peur: sortir, aller aux concerts plus que jamais, prouver que nous n’avons pas peur de ces actes barbares mais isolés et que la vie doit continuer, qu’une minorité violente n’imposera pas son dictât au reste du monde.

Alors je vous invite à sortir ce Weekend, aller à des concerts, boire en terrasse des cafés, profiter de la vie, du soleil, de la musique. Pour ma part je serai Chez Paulette vendredi pour écouter Franck Carducci, et vous ?

Le billet facile

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Lorsque l’on a pas grand chose à raconter, il suffit de parler des prochains albums qui arriveront à la maison, bref des nouvelles commandes. Parce que là, sincèrement, entre la reprise du travail, le développement des photos de Rome qui … Continuer la lecture

Le mythe de la caverne

Je suis d’un naturel pantouflard, me complaisant dans ma maison, mon jardin, détestant voyager. Cette propension naturelle, liée en partie aux migraines, s’est fortement aggravée depuis mon accident, obligé que j’ai été, de rester sédentaire pendant de long mois. Mon activité musicale n’arrange pas les choses, passant des heures à écouter de la musique dans le salon et travaillant beaucoup sur la toile. Je ne vais plus au cinéma, situé trop loin de la maison à mon goût, préférant attendre la sortie des films en Blu-Ray pour les regarder au calme sur mon home cinéma. Pour les concerts, il faut que je me fasse violence, prenant les places à l’avance afin d’être certain d’y aller, sinon, à la dernière minute, je me dégonfle souvent.

A quoi ressemble le monde, vu de ma caverne ? Qui sont réellement ces personnes avec qui je discute via le Mail, Messenger ou Skype. Les ombres sur les murs reflètent-elles fidèlement la réalité ? C’est sur Facebook, où j’ai vécu trop longtemps par procuration, que j’observe le plus de projections, souvent grotesque, du monde réel où le comportement des humains ressemble à s’y m’éprendre à celui des conducteurs de voitures dans un embouteillage. Les derniers événements, attentats, élections, prouvent encore une fois, s’il était besoin, que ce monde virtuel, bien utile au demeurant, reste un exutoire pour toutes les plus viles pulsions de l’espèce humaine.

Il faut que je sorte de temps temps de cette virtualisation caricaturale du monde afin d’affronter la vraie vie et les vrais humains. Sortir de la caverne, aller à la rencontre d’êtres fait de chair et d’os (je ne parle pas de mes deux ados et de mes collègues qui me détestent tous). Alors je vais partir en voyage, si si, avec mon épouse, sans les ados, des vacances. A l’étranger, dans un pays dont je ne connais pas la langue, visiter des musées, manger des plats inconnus, prendre des photos de monuments. Mais est-ce vraiment sortir de sa caverne ? Ce monde là n’est-il pas encore plus déformé que celui des réseaux sociaux ? Si assurément, mais cela me fera du bien de me déconnecter d’Internet, de ne pas chroniquer, de manger ailleurs et autrement, de visiter de magnifiques ruines antiques.

Alors certes, il va y avoir le stress des transports, la gestion des visites, de la location, la consommation d’aliments improbables, des dialogues de sourds en anglais, des queues dans les musées, des galères d’orientation, des additions incompréhensibles, mais qu’importe, je serai en vacances ! Voila un an maintenant que je ne me suis pas éloigné de plus de 150 km de chez moi. Il est temps que je sorte de ma coquille, même si je ne suis pas totalement réparé.