Ils marchent dans le rue, fredonnant, parlant tous seuls, le regard perdu dans le vide. Ils roulent à tombeau ouvert sans regarder la route, concentrés sur leurs doigts qui s’agitent frénétiquement. Ils contemplent les paysages au travers d’un trou de serrure, immortalisent des panoramas qu’ils ne regarderont plus jamais.
Ils inondent les éthers de messages inutiles et mangent seuls à table entourés de leurs meilleurs amis. Ils patientent dans les transports, aux caisses, la main sur leur sextoy doudou.
L’objet est sacré, privé, interdit, remplit de secrets inavouables, d’appels cachés, d’amis inconnus, de relations inconvenantes. La chose choyée connait tout d’eux, achats, amis, déplacements, conversations, envies, vices. Leur vie se cache dans cinq pouces.
Dangers public sur routes, pistes cyclables, trottoirs, les humains trois point zéro, connectés en permanence à l’infosphère vivent-ils encore dans notre dimension ? Les seuls stimuli qu’ils connaissent encore sont des vibrations dans leur poche ou une sonnerie pour chaque type de sollicitation numérique.
Rien ne peut attendre, il faut dégainer et réagir, quitte à manquer le virage, percuter un cycliste, se faire faucher dans la rue, mettre un terme à une passionnante rencontre pour un message inutile.
La seule peur panique qu’ils connaissent encore est de ne plus retrouver leur précieux égaré dans une poche, un sac ou une voiture. Soudain ils sont seuls au monde, effrayés, perdus au milieu de sept milliards d’être humains connectés, esclaves de quelques grammes de silicone.
Vous qui me lisez, posez-vous la question, seriez-vous capable de ne pas allumer votre smartphone pendant une semaine ?
Le même jour, je me rendais chez mon libraire, L’Ill aux Trésor, pour commander deux livres aux titres évocateurs : « Derniers mètres jusqu’au cimetière » et « De bonnes raisons de mourir », tout un programme. Le premier était pour mon épouse, le second pour moi. Mais rassurez-vous, nous allons bien.
C’est en lisant le blog de Gruznamur que j’ai eu envie de me plonger dans le livre de Morgan Audic. Un polar se passant dans les environs de la centrale de Tchernobyl avait tout pour me séduire. Car oui, je l’avoue, l’accident nucléaire de 1986 m’a toujours fasciné. Tchernobyl et Pripyat ont inspiré bien des artistes, Steve Rothery avec l’album The Ghosts Of Pripyat, Philippe Luttun et son The Taste Of Wormwood ou la bande dessinée de Emmanuel Lepage, Un Printemps A Tchernobyl.
Un meurtre sordide se produit dans la ville fantôme de Pripyat. Deux enquêteurs sont sur l’affaire, un privé à qui son médecin lui laisse peu de temps à vivre, un milicien en poste à Tchernobyl qui espère retrouver un poste à Kiev, loin des radiations.
Norgan Audic nous livre un polar écologique haletant sur fond de guerre du Donbass dans les paysages irradiés de Tchernobyl. Nous rentrons dans la zone d’exclusion de la centrale nucléaire, ses villages en ruine, ses dangers, ses mystères, nous découvrons l’Ukraine de l’après chute du mur de Berlin et un tueur assouvissant une terrible vengeance.
Pour tout vous avouer, plus que l’intrigue, ce sont les décors qui m’ont passionné dans ce livre, cette description de l’Ukraine contemporaine, cette guerre du Donbass dont les médias parlent assez peu et cette catastrophe nucléaire qui aura tué directement et indirectement des milliers de personnes et qui continue aujourd’hui de décimer la population. Visiter les ruines de Pripyat en compagnie des enquêteurs, rentrer dans des immeubles évacués en urgence par la population, découvrir le récit, même imaginaire, de ceux qui ont survécu, rencontrer des personnes revenues vivre dans la région irradiée, découvrir toute l’horreur de ce drame, voila la force de ce roman.
Mais n’oublions pas l’intrigue, car elle est consistante. Des meurtres se produisent à Pripyat, des corps mis en scène avec minutie, des victimes toutes reliées entre elles par cette nuit du 26 avril 1986 où le coeur du réacteur n°4 à fusionné. Les personnages de Morgan possèdent beaucoup de force, Melnyk, l’ancien milicien travaillant dans la zone, Rybalko l’enquêteur, né à Pripyat, à qui il ne reste que quelques mois à vivre, Ninel, l’ornithologue écologiste, Sokolov, l’ancien ministre corrompu, prêt à tout mettre en oeuvre pour éliminer le tueur.
Ne manquez pas ce livre, il est passionnant et palpitant.
Une belle journée commençait, la pluie avait laissé la place aux éclaircies, un temps idéal pour une promenade dominicale. Je venais de sortir de la maison, en bordure de la grande tranchée de terre, celle qu’il ne faut jamais traverser. L’herbe humide me chatouillait délicieusement, l’air embaumait, la rivière coulait rapidement, charriant les eaux diluvienne de la veille.
Mon estomac criait famine mais le repas pouvait encore attendre, je voulais profiter de l’instant, de l’air, des odeurs, du soleil, du calme, de la beauté, de la vie, de cette journée qui s’offrait à moi.
Soudain, de pesantes vibrations ébranlèrent le sol, une, deux, trois quatre, une, deux, trois, quatre, une, deux, trois quatre, de plus en plus fort. Le danger approchait le long de la grande tranchée de la désolation, là où bien des nôtres avaient perdu la vie. Le bonheur de l’instant laissait place à l’urgence de survivre, de m’éloigner de la menace aussi rapidement que possible.
Aussi brutalement qu’elles avaient commencé, les secousses cessèrent, remplacées presque aussitôt par de longues modulations sonores insoutenables. Une gigantesque ombre recouvrit alors la nature, un froid glacial m’enveloppa. Que m’arrivait-il ? Au secours !
J’étais pourtant resté prudemment bien en retrait du désert ocre qui tentait les plus aventureux d’entre nous. Rien n’aurait dû m’arriver.
C’est alors que je sentis une violente pression sur mon corps. D’un coup je fus très haut dans le ciel, à cent lieues de l’herbe accueillante et humide, au dessus de l’immense tranchée aride que personne n’avait jamais traversé. Mon estomac se retourna, mon oreille interne s’affola, mes yeux perdirent tout repère et moins d’une seconde plus tard, je me retrouvais de l’autre côté de la frontière infranchissable, à des heures de ma maison, de ma famille, séparé d’eux à jamais.
Je venais d’être téléporté de l’autre côté du monde.
La pression se relâcha sur mon corps, de nouvelles secousses ébranlèrent la croute terrestre : une, deux, trois, quatre, une, deux , trois, quatre, une deux, trois quatre, de moins en moins fort.
Je suis assis dans l’herbe humide, seul, de l’autre côté de l’univers connu. La journée est belle, le calme est revenu et mon estomac crie famine. Je glisse entre deux brins d’herbe, rampant vers ce trèfle délicieusement odorant. De l’autre côté du monde, la nourriture possède d’étonnantes saveurs, la terre n’a pas la même couleur, la même odeur et de nombreux gastéropodes gambadent joyeusement. Peut-être pourrais-je fonder une famille de ce nouveau monde ?
Si des tremblements similaires se produisent, cette fois, je me glisserai dans la maison, bien à l’abri, rien ne pourra plus m’arriver.
« Sortez de vos coquilles, mes frères et mes sœurs. Ouvrez les yeux. Le monde est bien plus grand que vous ne le pensiez, car je viens de l’autre côté de la terre, près de l’immense eau qui gronde. Non je n’ai pas traversé le grand désert aride, personne n’y survivrait. J’ai été téléporté par une force inconnue, et me voila parmi vous, tel un messie. »
« Je vous le dis, lorsque que le sol tremblera quatre fois, que l’ombre s’abattra sur le sol, soyez prêt pour le voyage, vous ne reverrez plus jamais les vôtres. La téléportation existe, je l’ai expérimentée. »
En nous promenant au bord du Rhin, ma douce et tendre à trouvé un gros escargot au bord du chemin qui risquait de se faire écraser par les marcheurs. Elle s’est penchée vers lui, l’a pris délicatement dans ses mains et l’a déposé de l’autre côté du chemin, pensant le sauver. Mais avait-elle conscience que cet acte généreux allait changer à jamais la vision qu’ont les gastéropodes de l’univers et de la science ?
Dans ma famille nous n’avons jamais été franchement des athlètes, en partie à cause d’une mauvaise image véhiculée par mes parents concernant le sport, « les footeux sont des abrutis ». Ceci dit, ils n’avaient pas totalement tord à ce sujet. Les chewing-gums possédaient à peu de chose près la même aura, ceux qui mâchent ressemblent à de grosses vaches.
Du coup je ne suis jamais devenu un malabar pas plus que je n’en ai mâché. J’ai tout de même fini par nager, courir, jouer au tennis de table avant que le corps me supplie d’arrêter.
Pour les chewing-gums, je viens à peine de commencer, ruminant toute la journée comme une vache. Pour être honnête, je ne trouve pas cela très bon, ni même agréable, cela engourdit ma mâchoire en peu de temps. Pourtant je mâche, consciencieusement, faisant attention cependant à ne pas avaler la petite boule collante lorsque je bois mes trois litres d’eau quotidiens pour aider mon rein à fonctionner.
Pourquoi mâchouiller ainsi du matin jusqu’au soir ? D’abord, rassurez-vous, ce n’est pas tous les jours, mais environ une vingtaine d’heure par semaine, ce qui est déjà pas si mal. Pourquoi, alors que j’ai des chicots en mauvais état, je m’oblige à torturer mes plombages et m’infliger ce goût atroce de menthe synthétique ? Pour ne pas puer de la gueule ? Non, figurez-vous que je me brosse les dents trois fois par jour et ce consciencieusement. En réalité, ceci est une nouvelle expérience thérapeutique.
Si si, très sérieusement je vous l’assure. Lorsque des médecins vous prescrivent de la morphine, vous suggère l’usage du cannabis et vous envoie en consultation dans un centre antidouleurs, vous êtes mûr pour expérimenter à peu près tout. Même les boules de gum. Me voici donc en pleine thérapie masticatoire et cela semble fonctionner, aussi improbable qu’il puisse paraître.
Ma chérie à vu ça à la télévision, une femme qui, souffrant comme moi, avec les mêmes symptômes, mâchait du chewing-gum pour se soulager. Dingue ! Mais soulager de quoi au juste ? De mon arthrose, de mon hernie discale, de ma bosse sur le gros orteil, de ma connerie, de mon sale caractère ?
Non, juste de mes migraines, ces crises qui me clouent au lit, dans le noir, vomissant mes tripes un à deux jours par semaine si je ne prends pas un triptan qui m’enlève un jour d’espérance de vie à chaque fois. Lorsque la crise arrive, je mets dans la bouche le chewing-gum à la menthe et je mâche, mâche, mâche, comme une vache. Je bois aussi des litres pour bien hydrater la bête et j’essaye autant que faire ce peut de me reposer.
Ne rêvons pas, je ne suis pas au top de ma forme, un peu légume, barbouillé, avec des vertiges, la tête qui cogne, mais pas franchement plus qu’après un triptan qui me transforme en zombie bancal pour vingt-quatre heures. Qui aurait cru que ce machin collant qui pollue les trottoirs, les semelles de chaussures et les dessous de table, pourrait se révéler un puissant anti-douleur ?
Les gens de chez Apple sont très forts tout de même. L’iMac est comme un portable pas du tout transportable. Un écran, une U.C., un clavier, une souris et un seul câble pour relier tout ça, la magie du Bluetooth. S’ils s’étaient débrouillés pour que le courant arrive sans fil ça aurait été top. Notez bien que je ne déplace pas souvent un écran 27 pouces.
Mais le tableau que viens de dresser est utopique. Personne n’utilise un iMac de cette manière.
Tout d’abord, la machine me sert à écouter de la musique, beaucoup de musique, et pour un audiophile comme moi, cela passe forcément par un DAC, donc un câble USB entre l’iMac et la chaîne. Et de deux.
Ensuite, toujours pour la même raison, j’ai de nombreux CDs que j’encode en ALAC (un format de son compressé sans perte, mieux que le mp3) afin d’intégrer les albums à ma bibliothèque iTunes pour ensuite les écouter sur un iPhone. L’iMac ne possède pas de lecteur CD, grave handicap croyez-moi, le 100% dématérialisé ce n’est pas encore pour demain. Il me faut donc brancher un lecteur CD USB à la machine. Et de trois.
L’écran et l’U.C. Ne font qu’un, c’est très fort mais le clavier et la souris alors ? Ces deux accessoires indispensables fonctionnent en Bluetooth, magique, sauf, sauf, que Bluetooth dit alimentation électrique et que de temps en temps, il faut recharger ces charmants périphériques à l’aide de câbles spécifiques. Et de cinq.
Un ordinateur ne serait rien sans un système de sauvegarde digne de ce nom. Même si le cloud a fait ses preuves, je ne suis pas prêt à sacrifier ma bande passante et à livrer à un serveur distant le contenu de ma machine, même si je n’ai rien à cacher. Je branche donc un disque dur externe, en USB, à la machine à remonter le temps, lui confiant le soin de copier régulièrement le contenu de l’iMac. Et de six.
Vous croyez que c’est fini, eh bien non. Je vous ai dit que ma musique était sur iTune et que je l’écoutais sur iPhone également non ? Je branche donc mon iPhone sur l’iMac pour de synchroniser à iTune via un câble USB. Et de sept.
Finalement, la machine livrée sans fil se retrouve ressembler à une tarentule velue et mon bureau à un chaos recouvert de câbles et d’accessoires divers. Il va falloir que j’écrive à Apple pour me plaindre, peut-être à l’aide d’un tablette graphique et d’un stylo spécifique ? Sauf que je n’ai plus de port USB de libre à l’arrière de l’ordinateur.
Je vais vous parler d’un nouveau concept tirant parti de l’écologie et de la connerie.
Les municipalités incitent de plus en plus les citadins à utiliser des bicyclettes pour se rendre au travail. Certaines proposent même à leurs employés une prime vélo afin de les motiver un peu plus.
Jusque là tout va bien. Elles organisent également des manifestations pour sensibiliser les gens à la pollution, à la circulation écologique, à la sécurité à vélo, allant jusqu’à réviser les deux roues des administrés gratuitement.
Franchement c’est beau. Les bobos sont à la fête, et la course à l’entreprise qui fera le plus de kilomètres à vélo en un mois est lancée. Youpi ! Pour fêter l’événement, on affiche, on placarde, on mail, on plastronne « Venez à vélo ».
C’est là, que tout doucement ils commencent à me gonfler. « Inscris-toi, c’est important, faut venir à vélo au travail. ». Je viens au travail tous les jours à vélo, je me déplace à vélo le plus souvent possible, sinon je marche ou j’emprunte les transports en communs ok ? Je n’ai pas eu besoin d’une grande messe pour développer ma conscience écologique.
Mon refus de participer au grand concours agace. Mais passons, je ne suis pas un bobo communautaire, c’est ainsi.
Pour promouvoir le vélo, le transport écolo, quoi de mieux, outre une communication agressive, que des petits gadgets à ramener chez soi : une mini plaque minéralogique, une pince à vélo brassard jaune auto enroulante, des petites lumières rouge et blanches clignotantes.
Une plaque en aluminium chromée (le top de la consommation électrique), un machin en matériaux divers non recyclables (formidable pour le tri sélectif), des trucs électroniques avec des piles bouton au mercure, des LED et un petit circuit RLC (inutile, moche, polluant)… Les gadgets c’est sympas, mais question écologie ils ont totalement loupé leur communication les bobos. Car ils en ont donné des tonnes de ces conneries inutiles qui finiront à la poubelle ou dans la chambre du gamin, même moi j’en ai trouvé sur mon bureau au travail sans avoir participé à leur farce écologique.
Oui c’est bien de se déplacer à vélo, d’avoir une bicyclette en bon état pour rouler, d’être équipé d’un casque, d’un gilet et de lumières pour augmenter sa survie en milieu hostile. Mais ce n’est pas en distribuant des gadgets non recyclables que l’on incitera les gros cons roulant en SUV à se mettre à la petite reine. Cet l’argent gâché en com aurait pu être investi dans une étude raisonnée des pistes cyclables. Car c’est bien de promouvoir, encore faut-il pouvoir circuler en toute sécurité.
Si je ne suis pas un amateur de chocolat, j’aime le formage et le vin. Personne ne comprend vraiment mon aversion pour le chocolat, il semblerait que je sois un extraterrestre. Mais après de nombreuses crises de foie dans mon enfance puis la découverte que la fève de cacao était un déclencheur de migraines, j’ai décidé de ne plus en manger, ou presque plus, et tout dessert contenant du chocolat est devenu source de dégoût au fil du temps.
J’aime les vins, mais comme pour le chocolat, l’abus d’alcool ne m’est plus franchement recommandé. Ce n’est pas faute d’avoir eu de l’entraînement pendant mes années étudiantes. J’ai même, plus jeune constitué au sous-sol de la maison une cave à vin bien garnie pendant quelques années. Il n’en reste hélas plus grand chose, quelques bouteilles rares tout au plus. Tout comme le cacao, je ne supporte plus vraiment le vin, un verre de temps en temps. Je bois donc très peu, mais du bon, tant qu’à se faire du mal, autant le faire bien.
J’adore le fromage, les fromages, tous les fromages, et la France est le royaume des fromages. Le fromage appelle le vin et le vin appelle le fromage. Un piège mortel. Hélas je digère très mal le fromage, je suis tout de suite ballonné, alors j’en mange peu, un petit bout par-ci par-là, de préférence du fromage frais, plus digeste et je fais en sorte de ne pas avoir de Comté, Parmesan, Roquefort, Pélardon et autre pâtes de perdition à la maison pour échapper à la tentation.
Mais voila, entre ce que notre sagesse nous dicte et ce que décide le corps, il y a toujours un léger biais. Nous fêtions il y a quelques jours un événement familial important : le cinquantenaire de ma jeune et douce épouse. Il fallait marquer le demi siècle dignement. Mon épouse avait repéré une charlotte vanille chocolat chez un pâtissier, j’avais sorti de la cave un gewurztraminer grand cru vendanges tardives de 2001 et il restait un magnifique morceau de Parmesan. La charlotte bof, beurp même, elle contenait trop de chocolat alors je me suis vengé sur le vin et le fromage, et puis sur le fromage et vin. Après tout, c’était la fête et les deux saveurs se combinaient agréablement bien.
Le soir la punition n’a pas tardé : une migraine carabinée.
Le lendemain, comme il restait du gewurztraminer et du parmesan, en attendant l’heure du repas, j’ai grignoté un peu.
Le soir même, nouvelle punition : migraine.
Le surlendemain il restait du gewurztraminer mais plus de parmesan, alors en attendant l’heure du repas, je me suis rincé le gosier.
Et évidemment, qui qui a frappé à la tête, la migraine… mais pas question cette fois de prendre de médicament pour évider une overdose mortelle, donc l’enfer avec par bonheur une journée de travail devant moi !
Il me reste un petit fond de gewurztraminer dans la bouteille. A votre avis, y a-t-il une petite chance que cela m’aide à passer mon envie de vomir et le mal de tête qui pulse depuis huit heures dans ma tempe gauche ? Faudrait que j’essaye, au cas où… Allez j’essaye ?
Ce soir ce sera laitue et clémentines avec plusieurs verres d’eau, à condition que ça passe, je vais encore perdre un ou deux kilos.
Mon épouse joue du piano depuis de longues années. Elle en joue d’ailleurs plutôt bien vu ses petits doigts boudinés. Méprisant Mozart, Beethoven, elle leur préfère des compositeurs plus audacieux comme Liszt, Scriabin ou Debussy d’où ma passion pour ce répertoire peu classique.
Non contente de jouer plus d’une heure par jour sur son quart de queue et piano électrique, elle s’est essayée également à l’alto puis dernièrement au violoncelle. L’alto fut un fiasco et les notes du violoncelle providentielles.
Encore fallait-il trouver violoncelle à son pied et l’affaire ne fut pas simple : trop grand, trop large, trop court, trop épais, trop moche, trop cher.
Pour faire ses gammes, ma chérie en a acheté un premier, bas de gamme, puis un second en Angleterre (à peine mieux), a emprunté celui d’un prof haut de gamme, puis s’est décidé à en faire fabriquer un chez un artisan chinois. L’investissement semblait hasardeux (il est toujours compliqué de traiter avec la Chine, demandez à Trump vous verrez) mais le violoncelle était fait main. Un montagnana, gravé au dos. Après quelques hésitations (un risque à trois zéro tout de même), des tribulations douanières épiques, l’instrument arriva à la maison, en parfait état, mais démonté. Un bien bel objet en vérité mais totalement inutile en l’état.
Ma femme candide, alla chez un luthier pour finaliser l’assemblage. Ce qu’elle ignorait, c’est que certains luthiers font comme elle, commandant en Chine des violoncelles qu’ils améliorent un peu chez eux et revendent trois fois plus cher ensuite. Grace à son charme fabuleux, l’artisan de mauvaise grâce, monta les cordes, le cordier et le chevalet, reconnaissant au passage que l’instrument était de belle facture.
Un violoncelle est un instrument très encombrant et fragile. Pour le transporter, il faut absolument une boite, une boite à la bonne dimension, solide pour résister aux chocs, pas une housse souple. La quête de la bonne boite fut longue, très longue, fastidieuse. Choix du matériau, taille, poids, prix, couleur, plusieurs essais furent nécessaires à madame et son chinois. DHL, connu bien vite notre adresse, livrant ou emportant de gros cartons semblables à des cercueils, contenant d’abord des violoncelles puis des boites, de grosses boites, boites qui rentrent non sans mal dans la voiture.
Commença ensuite la course à l’optimisation. Optimisation vous avez dit ? Oui, car comme une voiture de course, il est conseillé de modifier les équipements de l’instrument pour obtenir un meilleur son. Tout commença par les cordes, des fils à linge hors de prix, de qualité certes mais au rendu sonore très différent selon les marques : Larsen, Spiricore, Pirastro, Kaplan et j’en passe. Mon épouse passa des heures sur le net, quand elle ne jouait pas, à trouver la bonne affaire : déstokage, fin de série, soldes, emballage abîmé. Elle a ainsi, petit à petit, commandé, parfois à l’unité, des cordes pour son nouvel instrument.
Débuta alors le montage des cordes et la phase de test. Trop terne, trop métallique, trop cher, la configuration idéale fut l’objet de nombreux débats et écoutes, mon épouse se reposant sur mes seules oreilles pour procéder à ses choix (si elle savait la pauvre, qu’à force de trop de metal je suis devenu sourd comme un pot, enfin bon…).
Elle fit remplacer le chevalet d’origine chez le luthier, les cordes étaient trop éloignées de la touche (oui les petits doigts boudinés). Vint ensuite le complexe débat sur la pique, laiton, fibre de carbone ou titane ? Elle a tout essayé pour finir avec une pique en titane recouverte de laiton, un objet pour le moins coûteux pour un bout de ferraille mais qui a renforcé la profondeur sonore du violoncelle, même moi, je m’en suis rendu compte, un vrai violoncelle pour jouer ‘Shadowmaker’ de Apocalyptica.
Le débat suivant tourna autour du cordier, des tendeurs, des vis, et après bien des tâtonnements elle s’en fit fabriquer un sur mesure avec des vis également en titane. Tout était fin prêt, un violoncelle au top.
Oui mais non. Connaissiez-vous l’importance de l’archet pour le violoncelle, son poids, la position de son centre de gravité, son bois, son crin (pas celui d’une jument, elle pisse dessus) ? Toujours grace à la littérature internet, ma chérie s’est passionnée pour les archets. Aujourd’hui, après moulte expérimentations, ma femme possède de nombreux archets même si elle en a revendu plusieurs, ils sont rangés dans un tiroir, derrière mes caleçons et mes chaussettes. Nacré, en permambouc, variant de quelques grammes seulement, ils ont en effet une grande influence sur le son restitué par l’instrument.
Après des mois de recherche, des commandes, des renvois, des enchères, des ventes, son violoncelle chinois est devenu une bête de course et le luthier un bon copain, qui lui trouve toujours de nouveaux accessoires hors de prix à vendre (des archets à quatre mille euros par exemple). Pour elle, il est disponible à toute heure.
La prof de violoncelle de mon épouse lui envie son bel instrument qui sonne merveilleusement bien (normal, vous avez vu comme je suis bâti). Ma femme n’a plus qu’un sujet de conversation, son violoncelle. L’instrument d’abord timide, résonne aujourd’hui dans toute la maison, amplifiant les fausses notes de ma chérie, faisant fuir le chat terrifié par ses cris d’agonie.
Car voilà, si ma femme est musicienne, que son violoncelle sonne comme un moteur huit cylindres, elle n’en reste pas moins une débutante qui essaye pour l’instant de tenir la note juste.
Certains écrivains trouvent d’étonnantes idées : un puit refuge enfoui pour protéger toute une population, une balise spatiale et son gardien de phare, un plongeur des sables à la recherche de trésors.
Hélas une idée ne suffit pas toujours à un roman, il faut également une histoire. Le dernier livre de Hugh Howey décrit une terre de sable désolée, des plongeurs qui descendent sous les dunes piller les vestiges d’une civilisation déchue et une famille unie par la même souffrance, celle d’un père parti un matin, sans prévenir. L’univers d’Outresable réinvente, après Dune, un monde hostile, dominé par le soleil, le sable et le vent, où l’eau comme les anciens objets du vingtième siècle sont des denrées précieuses. Une mère, une sœur, trois frères, tous survivent à leur manière dans le désert, à l’abri du mur sur lequel jadis ils ont vécu.
Malgré un monde prometteur, le récit se dilue rapidement et nous conduit vers une fin prévisible et l’insistance de l’auteur pour nous faire comprendre que le sable règne en maître sur la terre devient pesante au fil des pages.
Outresable propose un univers intéressant pour le Jeu de Rôle mais ne suffit pas à en faire un bon roman. Hugh aurait limité son récit à la plongée de Palmer jusqu’au gratte ciel, cela aurait donné une excellente nouvelle, un peu comme celle qu’il avait écrit d’abord pour Silo. Howey possède sans doute suffisamment de matière comme pour Silo afin d’écrire une suite, mais ce serait à n’en pas douter une bien mauvaise idée.
Au fait, si, vous voulez partager vos chronique littéraires comme moi, je suis également sur Babelio.
Pour quelle raison ces enfoirés du webzine Neoprog n’ont-ils pas chroniqué votre dernier album ?
Vous avez contacté le boss, vous lui avez envoyé du matériel audio, une bio, une vidéo, glissé un billet un 500 € dans l’enveloppe et rien. Pas une ligne dans les colonnes du plus célèbre magazine de rock progressif de la planète. Pourquoi tant de haine ?
Il n’ y a pas de haine, il n’y a que des choix. Première question à se poser, êtes-vous bien dans l’esprit du webzine, car comprenez bien que pop, punk, jazz, trash, chansonnette, hip-hop, dub-step, opéra, grunge, ska ne trouvent pas leur place dans nos chroniques, où alors accidentellement. Ensuite nous recevons beaucoup plus de musique que nous ne pouvons écouter, même d’une oreille distraite, et pourtant nous en écoutons beaucoup. Et quand je dis beaucoup, c’est vraiment beaucoup.
Le choix de l’album à chroniquer appartient au critique, il n’y a pas de chronique imposée à Neoprog, du coup tout dépend de l’humeur de chacun.
Au cours de l’année, il y a plusieurs temps forts, la rentée musicale de septembre, le début de l’année civile et la fin du printemps. Ce sont des périodes pendant lesquelles les promoteurs et labels nous inondent d’albums, le plus souvent des groupes poids-lourds qu’il est impossible de passer sous silence si nous voulons garder encore quelques lecteurs. Du coup, les artistes moins connus perdent en visibilité pendant ces périodes intenses et il nous arrive de parfois les oublier.
La lassitude est également une raison de non chronique. Etant donné que nous écoutons beaucoup de musique, nous sommes fatalement blasés à force d’écouter des albums qui se ressemblent tous un peu à la fin. Il nous faut donc des sensations fortes pour stimuler nos envies, il nous faut de la variété, d’où des périodes pour certains d’entre nous passant du néo-progressif au metal puis au canterbury pour ne pas tourner en rond. Si par malheur vous arrivez avec du prog symphonique alors que je suis dans ma période doom expérimental, vous n’avez aucune chance d’être sélectionné, c’est injuste mais c’est ainsi.
Un autre facteur rentre en jeu : lorsque notre appréciation de l’album n’est pas des meilleures, nous préférons le plus souvent passer sous silence notre opinion. Le but n’est pas de démolir un artiste ou un album, mais plutôt de donner envie au gens d’écouter de la musique.
Comment mettre toutes les chances de votre côté ? D’abord contactez-nous si vous jouez du rock progressif. Ne nous demandez pas de chroniquer de la musique en streaming, nous ne le ferons pas. Ne nous envoyez pas du mp3 v0, faites au moins l’effort de nous envoyer du 320. Soyez un minimum visibles sur la toile, fournissez nous quelques informations sur qui vous êtes, un dossier de presse est toujours le bienvenu (cela nous évite d’écrire des âneries). N’hésitez pas à nous envoyer un titre sur Youtube, Bandcamp, Soundcloud afin que l’on se fasse une petite idée. Et donnez-nous tous les détails, date de sortie, line up, pochette, label, histoire que l’on puisse déjà vous référencer chez nous. Enfin inutile de nous dire que vous adorez notre webzine et que vous le consultez régulièrement et que nous faisons un super boulot, c’est gentil, mais j’imagine que vous ne lisez pas tous les webzines de rock progressif à qui vous soumettez votre musique…
Nous faisons notre maximum pour donner de la visibilité aux groupes émergents qui, selon nos critères, le méritent. Référencement, annonce de concerts, chroniques, actualités, interviews, livereports… Mais il faut également que nous parlions des formations mainstream pour que le webzine soit lu. L’équilibre est difficile à trouver.
Contrairement à certaines idées reçues ou pratiques d’autre magazines, nous ne faisons pas payer nos publications, nos chroniques, nos interviews. Si nous le faisons, c’est par passion, par envie.
Si la chanteuse du groupe est vraiment mignonne, même si c’est du R&B, on devrait pouvoir s’arranger pour une petite interview chez moi quand ma femme est au travail, mais chut !