La dinde

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Comme Valérie je partage les valeurs françaises : le pâté de volaille aux organes anormalement développés qui mangent sans faim, les arbres déracinés qui perdent leurs aiguilles, les fausses idiotes en maillot de bain et les pédales bourrées de produits illicites.

Bon j’avoue, je n’ai pas ma carte du LR que je n’ai jamais regardé le concours Miss France ni celui de l’Eurovision. Sans doute parce que je ne regarde pas le petit écran. 

Si j’adore le foie gras, particulièrement en croute de sel avec un Sauterne, je n’en mange plus, parce que honnêtement le gavage est une pratique assez révoltante. D’ailleurs sans devenir vegan ou végétarien, je commence à limiter fortement ma consommation de viande et de poisson.

Pour le pinpin c’est plus compliqué. Tous les ans je décore la maison, guirlandes, bouboules, étoiles et sapin. Ça fait fêtes et en Alsace entre grisaille et journées courtes -il fait nuit à 17h – on a bien besoin de ça pour ne pas déprimer. 

Pour les éclairages, d’ailleurs peu nombreux (deux guirlandes LED), je veille à ne les allumer que le Week-End quand il fait nuit et encore juste le soir de 17h à 22h.

Pour le sapin, je pourrais opter pour une version synthétique mais je ne suis pas certain que ce soit plus éco responsable. En plus, c’est très moche. Mon sapin pousse, absorbe du CO2 et après les fêtes je le broie pour en faire du paillage dans le jardin. Comme ça je me sens moins coupable.

Pour les cadeaux, on essaye également d’être raisonnable, un par personne, un truc utile de préférence, plutôt éco truc machin, acheté le plus localement possible et à un prix raisonnable. Bon j’avoue que les LEGO pour le fiston et le bidule à musique pour ma chérie ne remplissent pas toutes les cases. Par contre le sweat-shirt du petit dernier lui a presque tout bon, et croyez-moi, c’est pas évident.

Bref, sur les quatre symboles français selon sainte Valérie, je ne coche qu’une case. Je dois être un sang mêlé ou un de ces putains d’intellos bobos gauchos arnarchos débilos car je ne me reconnais pas dans sa France et ses valeurs. Je parlerai bien d’un pays d’accueil, de libertés, de tolérance, mais j’ai l’impression que ça n’est plus à l’ordre du jour. 

J’aimerais bien que la France soit un pays exemplaire pour son bilan carbone, l’accueil des migrants, la décroissance énergétique, la défense des droits sociaux, l’égalité mais faudrait pas croire au Père Noël non plus.

Tout se complique

Hier, en payant mes courses à une caisse automatique, je me suis fait la réflection suivante : le monde devient bien compliqué.

Passez du gel hydroalcoolique sur vos mains.

Les étiquettes des produits alimentaires devient illisible : bio, circuit court, avec ou sans OGM, nutriscore, additifs, colorants, quantité nette, origine, AOC, ingrédients, date de fabrication, date limite de consommation…

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Inviter des amis au restaurant consiste aujourd’hui à choisir entre boucherie, vegan, bio, végétarien, végétalien, japonais, indien, marocain, fromage ou mal bouffe.

Scannez votre article.

Avant de déclarer sa flamme à l’élu(e) de son coeur, il est plus prudent d’avoir réussi à déterminer si : il, ile, elle est marié(e), casé(e), hétérosexuel(le), bisexuel(le), homosexuel(le), troisième genre, abstinent(e) ou transgenre.

Scannez le bon code barre.

Le choix d’une casserole ne dépend pas de ce que l’on va cuire dedans mais sur quel type de feu on va la poser : gaz, plaque électrique, induction ou vitrocéramique.

Posez votre article scanné sur le côté.

Pour manger dehors il faut porter un masque et emporter son passe sanitaire sans oublier de prendre de quoi payer son repas.

Appelez une hôtesse.

Avant de mettre la main aux fesses d’une fille, il est plus raisonnable de s’assurer qu’elle est consentante, voire lui faire signer un formulaire d’agrément au préalable. Quelques personnes ont oublié cette formalité et s’en mordent les couilles.

Scannez l’article suivant.

De nos jours il est plus prudent de lire la notice d’un appareil avant de filmer ses vacances avec une perceuse électrique comme Gaston.

Appuyez ici si vous avez une carte de fidélité.

Pour démarrer une voiture, il n’y a plus de clef de contact, plus de pédale d’embrayage, plus de levier de vitesse, plus de frein à main. Il faut appuyer sur start, presser le frein, appuyer sur parking, passer la boite en mode D et sans un bruit le véhicule bondit en avant.

Insérez votre carte de fidélité.

Pour effectuer un virement bancaire, il faut une empreinte digitale, un code envoyé par SMS, un numéro tiré d’une grille de bataille navale, un nouveau code et une dernière confirmation digitale.

Scannez votre coupon de réduction.

Pour discuter avec une personne, il faut d’abord décider avec quel logiciel le faire, ce qui implique de lui envoyer un message, oui mais avec quel outil ?

Choisissez votre moyen de paiement.

Prendre une personne en photo dans la rue obéit à de nouvelles règles complexes et floues : cette personne est-elle dans une foule, est-elle le sujet de la photo, a-t-elle signée au préalable une décharge ?

Insérez votre carte de paiement.

Pour faire le plein de son réservoir, il faut trouver une borne de recharge électrique. Une borne compatible avec votre système de paiement, votre câble de raccordement, une borne qui n’est pas occupée et qui fonctionne.

Choisissez votre débit : immédiat, en trois fois, à crédit.

Sur les routes françaises, la vitesse est limitée à 30, 50, 70, 80, 90, 110, 130 km/h. Le GPS affiche toujours une autre indication que celle des panneaux. En Allemagne on passe à 30, 50, 100, 120 km/h et l’infini au delà. Les radars ont une tolérance de 5 km/h sous les 100 km/h et de 5% au-dessus. Alors, à quelle vitesse faut-il rouler ?

Confirmez votre choix.

Nous avons des codes pour tout, la carte bleue, le code PIN de la carte SIM, le déverrouillage du téléphone, le code de virement bancaire, le code d’accès en ligne à votre mutuelle, le 3D secure de la Visa.

Saisissez votre code.

Avant, il y avait le Super et le Diésel. Aujourd’hui à la pompe, il y a le GPL, le E10, le E5, le 85, le B7, le B10, le XTL, le LNG, le H2, le CNG, le LPG. Et où est-ce que je branche ma voiture électrique ?

Code erroné. Saisissez votre code.

Les pompes à essences sont encore plus compliquées que les caisses enregistreuses automatiques. Il faut choisir sa langue et son carburant en plus.

Retirez votre carte.

Pour traverser la France en voiture, il faut en plus du départ et la destination, sélectionner un trajet en fonction de la vignette Crit’Air de son véhicule et si elle est par bonheur électrique, en trouver un itinéraire avec des bornes compatibles avec votre voiture tous les 250 km.

Prenez vos courses et n’oubliez rien sur la balance.

Pour faire ses courses, il ne faut pas oublier d’emmener des sacs, afin de pouvoir les transporter jusque la voiture qui est garée sur le parking, pas loin de la borne de recharge électrique sur laquelle est branchée un gros SUV.

La fuite

Les énergies fossiles nous conduisent tout droit dans le mur avec 1.5, 2.0 voire jusque 5.0 degrés Celsius de réchauffement moyen de l’atmosphère sur l’ensemble du globe si nous ne faisons rien tout de suite.

La grande idée est donc de passer à l’électrique pour les trains, les cars, les camions, les voitures, les scooters, les vélos, les trottinettes et pourquoi pas les exos squelettes tant que l’on y est. Pour les avions ça n’est pas gagné, pas plus que pour les paquebots à voiles. Quant aux fusées de Space X, Blue Origin et les autres, y a pas de problème, tout est nominal. L’ascenseur spatial d’Asimov est en chantier.

Mais pour cela il faut produire du courant, beaucoup de courant et on vient de s’apercevoir que placer une lumière devant un panneau solaire ne suffisait même pas à allumer l’ampoule, d’où problème.

Qu’à cela ne tienne, il suffit de bâtir des EPRs, cette centrale miraculeuse qui ne fonctionne toujours pas à ce jour en France. Du coup le concept de mini centrale nucléaire fleurit un peu partout, plus petites, plus sûres, plus nombreuses, elles nous promettent des mini Tchernobyl sur tout le territoire. En attendant, elles n’existent que dans les rêves humides de nos ingénieurs.

Alors le mythe de l’hydrogène vert refait surface. L’hydrogène, transformé via une pile à combustible, fabrique de la vapeur d’eau et de l’électricité, c’est magnifique ! L’eau c’est propre non ? On se lave avec… Oui mais la vapeur d’eau est un gaz à effet de serre (lisez Ravage de Barjavel), comme le CO2 où le méthane. Prout ! Oups, pardon ! 

Pour produire de l’hydrogène, à moins de le pomper directement dans une étoile, il faut de l’électricité, beaucoup d’électricité, oui mais attention, ici on parle d’électricité verte tout de même, ça change tout. On revient à l’ampoule qui éclaire le panneau solaire. Mais le pire c’est que l’hydrogène, en plus d’être explosif dans l’air (souvenez-vous d’un certain dirigeable allemand), est un gaz hautement volatile donc avec un fort potentiel de fuite. Et par malheur, l’hydrogène est un gaz à effet de serre indirect, c’est à dire que sa simple présence dans l’atmosphère favorise très fortement la création de gaz à effet de serre. Nous allons donc devoir faire très attention pendant le plein de notre SUV monoplace de deux tonnes à ne pas fumer ni à en verser à côté.

Nous continuons allègrement à nous gaver énergiquement alors que nous devrions commencer à nous serrer la ceinture. Mais quel homme politique aura le courage d’aller jusqu’au bout de la démarche ? Certainement pas la COP 26. L’Australie continuera de produire du charbon sous prétexte qu’il est plus propre que celui de ses voisins mais heureusement les chinois et les américains sont d’accord pour luter contre le réchauffement climatique. Comment ? Ils en discuteront en 2022… Nous voilà rassuré.

« Et dieu dans tout ça ? Il est dans les nues, c’est lui qui pète le plus. ». (Font et Val, Le Sport ).

 » Que faisiez-vous au temps chaud ?

Dit-elle à cette emprunteuse.

— Nuit et jour à tout venant

Je chantais, ne vous déplaise.

— Vous chantiez ? j’en suis fort aise.

Eh bien ! dansez maintenant. « 

C’est la crise

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Je lis partout que le marché du vinyle est en pleine crise et que les prix flambent. La faute à une trop forte demande à ce qu’il paraît. 

Ma faute ? C’est vrai que j’achète beaucoup de vinyles depuis quelques temps et que cela me pose de sérieux problèmes de stockage. D’autant plus que j’essaye de me procurer le CD en même temps pour des écoutes moins studieuses. 

Je n’ai pas encore constaté de flambée du prix de la galette noire chez mes fournisseurs habituels. Par contre j’ai été horrifié par l’explosion des frais de port, que ce soit pour les CDs ou les vinyles. 

Il y a peu j’ai renoncé à faire venir une galette depuis les U.S.A. à cause du transport qui doublait la facture. Un simple vinyle à soixante-dix euros, cela devient franchement dissuasif. 

J’ai commandé un CD au Brésil, le second album d’un obscur duo que j’aime beaucoup, le genre d’album tout simplement introuvable en Europe. Je l’ai payé plus de quatre fois son prix à cause du transport.

Autrefois je trouvais que faire venir un vinyle d’Allemagne était hors de prix, aujourd’hui je trouve ça très abordable en comparaison du Royaume-Uni et du continent américain. 

Etrangement, le double vinyle Aphelion, le dernier album de Leprous, ne m’a coûté que deux euros de frais de port. Sans doute venait-il de France.

Je me suis résigné à contre coeur à acheter de la musique sans support physique pour éviter de plomber mon budget pourtant généreux en ce qui concerne la musique.

Pourquoi de tels tarifs ? La crise sanitaire, des accords économiques, des taxes douanières, le prix du pétrole, du carton, du scotch ? Je n’en sais rien, je ne m’intéresse pas du tout à l’économie mondiale. Je sais juste que les prix des transports ont augmenté.

Les frais de ports flambent et après tout c’est une bonne chose. Cela me sensibilise d’autant plus au bilan carbone de les achats. Du coup, avant de commander depuis n’importe quel pays, un produit que je peux trouver plus près, je réfléchis un peu. 

La tentation est hélas grande d’acheter sur amatruc où les frais d’expédition sont offerts et où le colis arrive le lendemain, même le dimanche. Heureusement je résiste mais c’est la crise.

Sel Balamir – Swell

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Teeshirt : en chasseur d’images 2021

En 1956, le capitaine Cousteau dynamitait les atolls au nom de la science, éventrait les cachalots et massacrait les requins dans le documentaire le Monde du Silence. En 2021 Sel Balamir, le frontman du groupe Amplifier, lui rendait un vibrant hommage dans son album Swell avec la chanson ‘Jacques Cousteau’.

Moi aussi j’ai rêvé avec les expéditions de la Callipso lorsque j’étais gamin. Mais j’ai grandi et je ne rendrais certainement pas hommage à Cousteau pas plus qu’à Nicolas Hulot et son émission sponsorisée par le laboratoire Rhône Poulenc.

Le groupe britannique prog expérimental Amplifier n’a pas fait beaucoup parler de lui ces dernières années à part pour des rééditions. Et puis soudain Sel a annoncé un album solo.

J’ai eu ma période Amplifier  mais elle est derrière moi. Par contre j’étais curieux d’écouter ce que Sel Balamir pourrait proposer en solo. 

Swell est composé de trois morceaux très instrumentaux et relativement longs dont le fameux ‘Jacques Cousteau’. Une invitation au voyage de quarante minutes assis dans un canapé.

Pas de CD ou de vinyle pour l’instant, juste de l’ALAC et une image naïve peinte par Esther, un voilier voguant de nuit au clair de lune pour illustrer le massacre des cachalots.

‘Swell’ du haut de ses vingt minutes et quelques, dont plus de la moitié est instrumentale, n’échappera pas à la comparaison avec Pink Floyd, Nosound et Amplifier. Une musique toute en attente où le motif répétitif à la guitare appartient à Amplifier et où les digressions rappellent les Floyds. Niveau originalité ce n’est pas terrible, mais pour ce qui est de l’écoute, rien à dire c’est confortable.

Le capitaine du baleinier japonais dure le temps de mettre une douzaine d’ailerons de requins en conserve. Plus court et plus verbeux que son prédécesseur, il s’étend un peu moins sur la musique pour mieux explorer  les cimetières de cachalots et nager à dos de tortue géante asphyxiée. Le titre nous plonge sous la surface de l’océan de manière très visuelle avec une basse ronde et des notes de claviers telles des bulles remontant  à la surface. Ça fait mal de l’avouer, mais ‘Jacques Cousteau’ est une vraie réussite.

‘Seagull’ s’élève au-dessus des flots pendant un peu plus de neuf minutes au son d’orgues métalliques et d’une section rythmique assez présente. On ne peut pas dire qu’ici Sel se soit dépassé pour la composition. Sorti d’un long passage de guitare inspiré, la mouette de Tchekhov tourne en rond.

Swell permet de s’évader du monde pendant une quarantaine de minutes. Et si on passe la faute de goût (il ne savait peut-être pas après tout le pauvre), l’album est une jolie découverte.

Le nouveau déchet

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Outre nos poubelles qui débordent, les décharges sauvages, les emballages de mal bouffe Mc Donald, les cartons de pizzas, les mégots, un nouveau détritus a fait son apparition dans notre paysage. 

Plus gros qu’un filtre de cigarette, plus petit qu’une boite de cheese burger, il jalonne nos rues et campagnes depuis un an et demi. Blanc, noir, le plus souvent bleu, il traine dans les flaques d’eau, s’envole au vent et bouche les caniveaux.

Vous l’avez certainement reconnu puisque vous êtes obligé d’en porter un tous les jours, il s’agit de ce putain de masque qui jusqu’à présent m’a protégé efficacement de la COVID-19.

Pourquoi en trouve-t-on partout, en ville comme à la campagne ? Ils sont plus nombreux que les mouchoirs jetables dans les buissons et les préservatifs usagés dans certains quartiers. 

Pourquoi certains déchets sont plus rares que d’autres ? Je n’ai jamais trouvé un billet de cinquante euros traînant dans rue. Pourtant nous en avons souvent dans nos poches. Étrange…

Je peux comprendre que l’on perde un masque, tombé de son sac, de sa pochette, du poignet où il était accroché. Ça arrive aux plus négligents d’entre nous. 

Mais tous le monde se mouche, alors que certains ne porte pas de masque. On devrait trouver plus de mouchoirs blancs jetables par terre que de masques chirurgicaux bleus. Ça semble logique non ? D’autant qu’un masque jetable peut être porté quatre heures alors qu’un mouchoir usagé n’est guère utile en  plus d’être désagréable à conserver dans une poche.

Alors pourquoi trouve-t-on tant de masques par terre ? Serait-ce lié à notre relation à l’objet ? Le mouchoir nous l’utilisons volontiers pour dégager nos sinus encombrés alors que le masque nous est imposé par des gouvernements totalitaires qui nous volent nos libertés. Enfin c’est ce que certains racontent pour les masques bien sûr.

Cette attitude de rejet de l’inconfort aurait-elle pour conséquence une réaction de vengeance consistant à jeter l’objet dès qu’il n’y a plus personne en vue pour en contrôler le port ? Mystère. Mais c’est franchement dégueulasse. 

De base je déteste ces gros connards qui balancent leurs mégots de cigarettes dans le caniveau ou par la fenêtre de leur voiture. Alors les abrutis qui jettent les masques qui leur sauvent la vie tous les jours et protègent leurs proches d’une redoutable maladie, je les exècre encore plus. Comment peut-on être aussi crados ? Un masque n’est pas biodégradable, il contient des matières plastiques et peut en plus être imbibé de microbes. Bref c’est un truc bien crade qui, comme les pansements, doit être incinéré. En plus dans la nature, le machin se voit de loin, s’accroche aux branches des arbres.

Alors s’il vous plaît, jetez vos masques dans les poubelles, vos mégots dans les cendriers et ramassez les merdes de vos chiens. La planète sera plus jolie.

La Défense du Paradis

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La Défense du Paradis de Thomas Von Steinaecker est un roman road movie post apocalyptique parlant du réchauffement climatique, des migrants et de la fin du monde. Un roman qui emprunte un peu l’esprit de La Route de Comac McCarthy.

Un roman allemand dense et parfois laborieux à lire, écrit comme un journal qui raconte la vie de Heinz, un adolescent qui a survécu avec une poignée d’adultes à la fin du monde. 

Après avoir résisté dans les alpages sous un dôme protecteur, la petite communauté part sur les terres brûlées à la recherche du mythique Camp A, lieu de tous leurs espoirs.

Un ancien politicien, une vieille dame atteinte par la maladie d’Alzheimer, un ancien militaire souffrant de ESPT, un couple et un jouet robot-fennec accompagnent l’adolescent dans un périple périlleux à travers l’Allemagne dévastée, laissant derrière eux leur paradis alpestre qui les a protégé des années durant. Chaleur, radiations, faim, soif, violences, morts parsèment leur chemin de croix vers un ailleurs incertain.

L’écriture de Thomas déborde de tendresse pour cet adolescent encore naïf et ses compagnons d’infortune. Il y a de la violence dans leur rapports parfois conflictuels mais également beaucoup d’amour et de poésie malgré tout. Au fil des pages le lecteur passe du sourire à la tristesse, de la peur à l’espoir.

Les quatre cahiers (le noir, le bleu, le vert et le jaune) noircis par Heinz relatent leur vie en montagne, leur voyage, un camp et les derniers jours de sa vie mais contiennent également de courtes nouvelles écrites par l’enfant durant ses moments de tranquillité. Des textes qui reflètent ses peurs et ses rêves dans un monde dévasté.

Si j’ai eu parfois du mal à avancer dans cette histoire, je ne regrette pas d’être allé jusqu’à son dénouement. Le roman sous prétexte d’anticipation post apocalyptique aborde de nombreux thèmes humains et sociaux sous la plume de cet adolescent.

Coup de pompe

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Cet été, je n’ai pas une seule fois utilisé ma pompe à eau au fond du jardin. Il pleut quasiment chaque après-midi, sous forme d’orage, d’averse, de front, il pleut. Les températures sont fraîches la nuit et le ciel reste couvert toute la journée. 

Mes tomates étaient pourries dès la mi juillet alors que d’ordinaire elles tiennent jusque fin octobre, mes semis se sont noyés dans leurs pots, la vigne se meurt du mildiou, les herbes folles prospèrent et les poireaux deviennent des arbustes. 

La saison débutait pourtant bien avec plusieurs kilos de fraises à la chantilly et de groseilles en tartes meringuées et gelées. Il y aura sans doute des pommes à croquer, des prunes en confiture et des poires tatin mais pour les cucurbitacés c’est mort.

Ce n’est pas moi qui vous parlais du réchauffement climatique il y a peu ? Il est où ton réchauffement bouffon ? En Espagne, en Grèce, au Groenland, au Canada et ailleurs avec des canicules records, la fonte des glaciers et la sécheresse sans parler de quelques endroits au monde devenus inhabitables pour l’homme à cause de la conjugaison des effets de la température et de l’humidité.

L’augmentation des précipitations en Europe du Nord fait partie des prédictions des modèles climatiques. Ce n’est pas parce que chez nous le temps est pourrit qu’il n’y a pas de réchauffement climatique global sur Terre.

Ceci dit, j’aime bien ce temps frais et humide, j’ai l’impression d’être en Bretagne, ma terre natale. Pour une fois je ne suffoque pas la nuit, les voisins ne plongent pas dans la piscine et leur chien reste au sec. Je dors comme un bébé, bercé par le bruit de la pluie sur la fenêtre.

After (r)

Naïf, poétique et beau, ce premier roman d’Auriane Velten m’a tout simplement envoûté. 

Un grand cataclysme a décimé l’humanité qui vit aujourd’hui à l’écart des terres renoncées une utopie collective. Les humains suivent le Dogme, sont égaux et vivent en harmonie avec la nature jusqu’au jour ou Paul et Cami reçoivent pour mission d’explorer les terres renoncées.

Auriane réinvente une grammaire d’où le genre a disparu, laissant place à des pronoms indéfinis an, ile, al, qui rendent la lecture hésitante dans les premières pages. Le lecteur devinera rapidement que derrière cette astuce littéraire se cache un secret rapidement dévoilé.

Si j’ai d’abord trouvé certains artifices un peu faciles, comme ancrer le décor dans la région parisienne, ils ont ensuite trouvé tout leur sens dans la suite du roman, renforçant la beauté du récit.

After (r) est l’histoire d’une amitié, l’histoire d’une fin du monde annoncée, l’histoire de la beauté du monde, l’histoire d’une utopie trop belle pour fonctionner, un roman profondément humain qui annonce d’autres livres magnifiques.

Treme

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En 2005, l’ouragan Katrina dévasta la Nouvelle-Orléans, causant près de deux mille morts. La célèbre ville de la Louisiane se retrouva sous les flots et ne fut plus jamais la même ensuite.

Tremé est un des plus ancien quartiers de la Nouvelle-Orléans, coeur de la culture afro-américaine. C’est aussi une série HBO débutée en 2010 qui comprend quatre saisons. Nous venons d’en regarder la première, fidèles à notre habitude d’avoir toujours quelques années de retard sur tout le monde.

La série Treme raconte l’après Katrina au travers de plusieurs personnages hauts en couleurs : le chef, l’universitaire, l’avocate et plein plein de musiciens. Car Treme est une série riche en musique. Mais il ne s’agit pas une série musicale comprenons-nous bien. Blues, jazz, gospel, fanfares, violon, piano, trombone sonnent dans les cimetières, aux coins des rues, dans les bars, à l’aéroport, bref partout.

Les personnages sont des rescapés de la tempête. Certains ont tout perdu, d’autres s’en sortent un peu mieux mais tous essayent de se reconstruire avec plus ou moins de bonheur. 

Certains veulent réparer leur toit, remettre de l’électricité ou simplement cherchent à se loger, d’autres à retrouver un parent disparu. Colère, désespoir et envie de vivre se disputent dans la ville en ruine où les militaires patrouillent jour et nuit dans des rues dignes d’un film post apocalyptique.

Treme ce sont des personnages avec leur histoire et leur musique. Une série sans histoire mais pleine de récits qui se croisent.