Il y a bien longtemps, j’ai voulu lire l’œuvre majeure d’Isaac Asimov récompensée par le prestigieux prix Hugo, Foundation. J’avais dévoré ses nouvelles sur les robots et adoré le concept des trois lois de la robotique comme la manière dont ces machines intelligentes se trouvaient piégées par leur logique imposée.
Mais voilà, Foundation, son univers, sa politique, n’avait pas eu de prise sur mon imaginaire et j’avais abandonné le livre en cours de route.
Apple TV+ a lancé il y a peu la série inspirée du même roman et après avoir regardé quelques épisodes éblouissants, j’ai voulu me plonger à nouveau dans les mots de l’écrivain.
Une fois encore, j’ai failli abandonner. Rien à faire, mes paupières se fermaient à la lecture de la psychohistoire et des factions politiques en jeu. Je me perdais dans les personnages et les rares évocations planétaires m’indifféraient. L’ouverture du sanctuaire sur Terminus a relancé mon intérêt et j’ai réussi à terminer le livre, mais ce fut limite.
Le livre se compose de nouvelles rythmées par les crises Seldon. Une écriture déstabilisante qui transporte le lecteur dans le temps et lui impose de nouveaux décors et personnages régulièrement. Si vous aimez les intrigues, le pouvoir, les magouilles et la politique, Foundation pourrait vous séduire. Si vous chercher de la hard science ou du space opéra, changez de livre.
La série TV Foundation ne joue pas franchement la carte de l’action avec de lents épisodes d’une heure où il se passe finalement assez peu de choses. Mais ses personnages possèdent beaucoup d’humanité et les visuels sont à couper le souffle. L’histoire, même si elle suit la trame de la psycho histoire qui prédit la chute de l’Empire, s’attarde plus sur les destinées des personnages dans la tourmente qu’à l’idéologie politique qui entoure les événements. La série s’inspire du roman, reprenant quelques uns des ses éléments principaux et en les traitant parfois très différemment. Elle enrichit l’univers avec des éléments comme les empereurs clonés, la grande prêtresse et s’embourbe nettement moins dans la promotion du nucléaire et les tractations politiques.
C’est assurément la meilleure série de science-fiction que j’ai regardé sur la plateforme Apple a ce jour et il y a pourtant eu For All Mankind, c’est tout dire.
Teeshirt : UPF – Fall In Love With The World (2014)
The Watch est une formation italienne bien connue pour son excellent tribute band de Genesis. Mais pour ma part, je préfère toujours l’original aux contrefaçons, même celles qui viennent de Vintimille. J’ai vu Trick of The Tail et The Watch en live mais cela reste très éloigné du concert de Genesis à la Beaujoire à Nantes le 23 juin 1987.
Si j’aime The Watch, c’est pour leurs albums studio qu’ils ne jouent presque jamais en live hélas. Du rétro prog qui jette un pont entre les seventies et le vingt et unième siècle.
Je n’ai que leurs trois derniers disques à la maison. L’excellent Tracks From The Alps, le moins convaincant Seven et leur tout nouveau The Art Of Bleeding sorti il y a peu. Mais il existe cinq autres disques couvrant la période de 2001 à 2011 dans leur discographie.
Le vinyle en deux volets arrive avec un CD, un livret, une galette noire et un poster dédicacé par le groupe avec en prime un petit mot. L’artwork comme la musique nous ramène cinquante ans en arrière mais les sujets abordés sont bien contemporains.
Il ne s’agit pas d’un concept mais d’un album à thème. Plusieurs histoires sont racontées ici, des récits autour du sang : canibalisme, sorcellerie, suicide ou encore la proie d’un tueur.
Ne faites pas comme moi, n’écoutez pas le CD pour découvrir l’album. Le compact disc est un sampler revisitant en sept titres la carrière de The Watch, rien à voir avec The Art Of Bleeding.
Les musiciens milanais poursuivent l’œuvre de Genesis avec huit morceaux reprenant les sonorités de Nursery Crime jusqu’à A Trick Of The Tail avec toutefois de nombreux éléments modernes comme dans ‘Red’ ou encore ‘Hatred Of Wisdom’. Curieusement The Art Of Bleeding rajeunit un genre devenu poussiéreux après une cinquantaine d’années passées sur étagère.
Mellotron, orgue Hammond, flûtes, guitares six et douze cordes, batterie, percussions, bruitages et cris nous immerge jusqu’aux oreilles dans l’hémoglobine, un bain de jouvence progressif jubilatoire à ne pas manquer. Il s’agit de leur meilleur album à ce jour.
Samedi fut une journée compliquée. Je devais m’évader dans les Vosges pour capturer les couleurs de l’automne mais le destin en a décidé tout autrement.
La voiture étant à sec, je suis passé à la pompe faire le plein. L’automate agaçant refuse ma carte pour cause de piste magnétique illisible. Connaissant le problème, je me rends à une autre crèmerie où d’ordinaire ma carte passe bien.
Mais la loi des séries est contre moi et je ne peux remplir mon réservoir.
Je reprenais le volant pour passer à la maison voler la Visa de mon épouse quand je tombe sur une voiture arrêtée au milieu de la rue.
Comme tout bon connard qui se respecte je m’apprête à klaxonner pour faire dégager l’emmerdeur quand j’entends la personne pleurer au volant.
Je descends pour aller voir ce qui se passe et découvre une femme en pleine panique, les deux mains agrippées au volant, versant toutes les larmes de son corps.
Après avoir tenté de la calmer, entre deux crises de larmes, la dame m’explique que pour éviter un chauffard, elle a foncé dans la bordure du trottoir. Un tour de la voiture me confirme en effet que trois des quatre roues sont à plat.
Entre temps des voitures se sont accumulées derrière moi et les klaxonnes commencent à hurler.
Je tente vainement d’apaiser la conductrice afin qu’elle gare sa voiture pour dégager la chaussée. J’aurais pu prendre sa place au volant si la dame n’était pas handicapée moteur et ne pouvait pas sortir simplement de son véhicule. Il faut la calmer pour qu’elle puisse manœuvrer.
Arrive alors une dame pressée, prête à hurler sur la conductrice en larmes. Je dois la calmer avant qu’elle n’explose et aggrave la panique de la victime. Un homme furieux déboule à son tour et après lui avoir expliqué la situation, nous arrivons tant bien que mal à faire stationner la voiture accidentée sur le bord de la route.
Je me gare à mon tour pour libérer la rue, laissant le chemin aux deux conducteurs pressés qui abandonnent la femme paniquée à son triste sort.
Je n’ai pas l’âme d’un sauveteur ni celle d’un bon samaritain mais je ne me vois pas abandonner cette personne seule sans aide.
Sa voiture ne peut plus rouler, la personne est handicapée et en pleine crise d’angoisse. Je me dis que le mieux serait d’appeler Police Secours. Mais le 17 n’en a rien à battre de cette petite dame accidentée et handicapée au bord de la crise de nerf. Elle n’est pas blessée ? Non. Appelez le 15 si elle pète un câble…
La pauvre dame est en larmes. Elle pense à ses courses rangées dans le coffre, à sa voiture dont elle a besoin pour se déplacer et au salop qui lui a coupé la route et s’est enfuit sans demander son reste.
Il faut un bon moment pour l’apaiser, trouver sa carte verte et appeler l’assurance. Contrairement au 17, la personne au bout du fil est nettement plus humaine et compréhensive. Une dépanneuse passera d’ici trois quarts d’heure et la conductrice sera prise en charge par un taxi. Heureusement que cette dame possède un contrat tout risques, sinon comment aurait-elle fait.
Reprenant un peu ses esprits, elle pense alors à appeler son fils. Celui-ci arrivera quelques minutes plus tard en voiture avec un voisin, car il se déplace à vélo. Je leur explique la situation : le chauffard est en fuite, l’assurance prévenue, la dépanneuse en route et la police avertie. Mon rôle s’arrête là.
Je remonte dans ma voiture et retourne à la maison chipper la carte bleue de mon épouse qui elle, miracle, fonctionne. Avec une bonne heure de retard je prends la route des Vosges pour une promenade écourtée.
A l’entrée de la quatre voies, la police effectue des contrôles au facies sur les conducteurs. Ils étaient donc là nos agents, à cinq cent mètres de l’accident…
Pour qu’elle raison une photographie devient plus virale qu’une autre sur Flickr ?
Je me pose cette question depuis un bout de temps. En fait depuis qu’un de mes clichés a dépassé les cent favoris. Car comme tous les artistes que je ne suis pas, je veux être aimé.
La première réponse, celle qui semble évidente, c’est que le cliché est meilleur que ceux précédemment publié. Il y a également le traitement noir et blanc que j’applique à la plupart de mes fichiers raw qui plaît à quelques personnes. Il y a aussi ces fidèles qui me suivent et qui ne manquent pas de saluer mes meilleures images. Généralement ces images sont mise une vingtaine de fois en favoris. C’est également le seuil que j’ai fixé pour garder une photo sur Flickr.
Mais cela n’explique pas les quelques rares photographies qui recueillent plus d’une centaine de favoris. Celles-la sont vues par des milliers de personnes en quelques heures. Elles deviennent virales.
Ces photos ont un point commun : elles ont été publiées dans le groupe In Explore de Flickr.
Il est impossible de soumettre une image à ce groupe, ce sont les administrateurs qui vous invitent chez eux. Une fois que le cliché est visible dans Explore, il est regardé par des milliers de personnes, partagé dans des groupes et mis en favoris par les membres. Explore c’est la consécration garantie, enfin pour moi.
Maintenant, comment se retrouve-ton invité dans Explore ? Ça reste encore un process mystérieux, je l’avoue. Explore est un groupe non officiel mais c’est le compte Flickr pro qui m’annonce que je fais partie des heureux élus. À chaque fois, juste après il y a Michael qui m’envoie un message de félicitations de figurer dans Explore, à croire qu’il est le modérateur.
J’avoue ne pas avoir vraiment creusé la question, je me réjouis simplement d’avoir été sélectionné même si ce n’est pas forcément cette image que j’aurais mis en avant. Mais bon, les goûts et les couleurs.
La photographie de couverture n’a pas eu la chance d’être élue dans Explore alors qu’elle est plutôt sexy. Malgré cela elle totalise une quarantaine de favoris, un excellent score dans ces conditions. Celle ci-dessous, également pas mal, a eu la chance d’être élue, avec 171 favoris et 8000 vues.
On ne peut pas dire que je sois un fan Io Earth. Pour preuve je n’ai que deux de leurs albums à la maison.
Io Earth fait partie de ces formations assez méconnues du rock progressif, c’est-à-dire totalement invisible dans l’univers du rock. Le groupe propose un prog symphonique à chanteuse teinté de folk avec plein plein de musiciens et encore plus d’instruments. Rien de très révolutionnaire au final mais ils ont leurs fidèles.
Alors je me demande encore quelle mouche m’a piquée en commandant Acoustic Vol 1. Mais je ne regrette pas du tout ce coup de folie. C’est vrai, j’aime beaucoup les albums acoustiques et j’étais curieux de voir comment sept musiciens s’en sortiraient sur ce format allégé. Car j’ai toujours trouvé le prog de Io Earth chargé, limite too much, à l’image de leur artwork.
Avec juste New World en CD et quelques titres glanés sur Youtube, je connais bien mal leur répertoire. Et ne comptez pas sur moi pour comparer avec vous ce que je n’ai jamais écouté. Je vous livre ici mes impressions sur un album acoustique un point c’est tout.
En version épurée, les morceaux de Acoustic m’ont tout de suite parlé. Piano, violon, flûte, saxophone, guitare acoustique, percussions et voix s’équilibrent harmonieusement. Les voix de Dave et Rosanna se prêtent très bien à l’exercice, libérées de la batterie, des guitares électriques et des claviers.
La pochette est également épurée, à l’image de ces mélodies revisitées par Io Earth. Les dix titres sont accompagnés de quelques mots pour nous en parler et plaisir suprême, le groupe à gribouillé à l’intérieur du digipack.
Sans rentrer dans les détails, j’ai particulièrement aimé le lent et bluesy ‘Streets’ composé pour l’occasion je crois, le jazzy pétillant ‘Home’ et le mélancolique ‘Fade To Grey’ avec Adam qui accompagne Rosanna au piano. Que vous aimiez ou non Io Earth, je vous recommande chaudement ce très bel album. Il m’a donné envie d’approfondir leur discographie en attendant Acoustic Vol 2.
Assis dans mon canapé, je découvre le nouvel album de MDS, The Story Of Rose Ola Seks. Il est 9h du matin et je suis rentré sous une pluie battante il y a six heures de Pagney Derrière Barine.
C’est là que se déroulait le second concert organisé par ArpegiA depuis le début de la pandémie. Au menu cette fois, MDS et Lazuli.
Pour rien au monde je n’aurais manqué ce rendez-vous. Déjà ce concert me permettait d’échapper aux sales gosses déguisés qui sonnent à votre porte en braillant un truc débile et qui me réclament ensuite des bonbons, mes bonbons. Pas question de partager avec des mioches.
Ensuite, je n’ai jamais eu l’occasion de voir le groupe Monnaie de Singe en live et comment manquer un rendez-vous avec Lazuli, surtout pour découvrir leur concept sur scène.
Les yeux piquent un peu. Je n’ai eu que quatre heures trente de sommeil avant qu’un rigolo ne sonne à notre porte ce matin. Les cartes SD des appareils contiennent deux cent cinquante clichés mais comme ma Magic Mouse est déchargée, il va falloir patienter. Je suis totalement déshydraté mais la migraine ne s’est pas encore installé, à croire que mon traitement fonctionne. Un lendemain de concert en fait.
A Pagney j’ai retrouvé pas mal de connaissances comme à chaque fois, la grande famille du prog comme on l’appelle. Mais elle n’est pas si grande finalement, et la salle n’est pas bondée. Il y a un peu plus de monde pourtant que pour Esthesis et Galaad, nettement moins que pour Alex Henry Foster et The Pineapple Thief. On ne joue pas ici dans la même catégorie et Pagney Derrière Barine est quand même bien paumé et il n’y a pas de réseau.
Après un café, bien léger à mon goût, pris au comptoir de Chez Paulette, MDS se met en place et joue un set composé d’extraits de The Last Chance, The Story Of Rose Ola Seks et un titre d’Error 404 pour finir, leurs trois derniers albums.
Anne Gaelle, la chanteuse, n’a pas le coffre pour le live mais elle compense largement par son énergie débordante. Jean-Philippe résume les histoires de manière un peu trop débonnaire pour accrocher l’auditoire avant d’attaquer les morceaux à la guitare. On sent que c’est un peu joué à la bonne franquette, un groupe amateur éclairé qui se fait plaisir avec ce concert. Je ne suis pas certain qu’ils aient totalement convaincu l’auditoire de Chez Paulette mais eux semblent très contents d’être là ce soir.
Ayant participé au crowdfunding de leur nouvel album, je me pointe au stand pour voir s’ils distribuent les lots. Le CD et le teeshirt sont là en effet. Anne Gaelle parcourt la liste des participants mais ne me trouve pas. Elle semble sincèrement désolée et moi soudain je doute. Ai-je bien contribué à leur album ? Puis soudain, éclair de génie, je lui propose de chercher à Neoprog au lieu de mon nom. Et bingo, oui Neoprog a bien contribué pour un CD, vinyle et teeshirt. C’était encore du temps du webzine. Le vinyle devrait arriver en janvier mais en attendant, je repars avec un nouveau teeshirt et le CD que j’écoute en écrivant ces mots.
Lazuli prend la suite, le temps d’installer tout leur bazar. Ils achèvent ici leur première tournée depuis longtemps avec Arnaud, leur nouveau guitariste. Une tournée qui est l’occasion pour eux d’étrenner leur dernier album, Le Fantastique Envol de Dieter Bohn.
C’est d’ailleurs avec ce concept, joué intégralement, que Lazuli commence la soirée avant de rejouer des classiques de leur répertoire. En fond de scène, ils projettent des images, une nouveauté chez Lazuli, mais ce n’est pas la seule.
Arnaud, le petit nouveau se la pète un peu, ce qui ne ressemble guère à l’esprit de Lazuli, du moins pas l’idée que je m’en fait. S’il joue très bien, il aura du mal à détrôner le sage Ged dans mon coeur.
Malgré l’évidente fatigue des musiciens, leurs sourires sont communicatifs et leur musique soigne toutes les blessures de l’âme. Comme à chaque fois la magie opère, je suis sous le charme.
Les trois petites boulottes latino et leur copain géant on failli gâcher ma soirée. Leur enthousiasme bruyant, leur forte consommation de bière et la propension qu’avait l’une d’entre elle à me coller en se trémoussant a mis en péril la qualité des clichés sans me procurer de plaisir. Je n’ai jamais eu autant de bougés sur la pellicule, je ne shoote pourtant pas au vingtième comme mon ami Laurent. Bon ceci dit je n’arborais pas de pass presse comme à l’époque de Neoprog, mais seulement un pass sanitaire, je ne suis pas certain que cela aurait changé grand chose.
A la fin du concert, pour fêter Halloween, ma copine Pierrette distribue des bonbons, chic des frites Haribo ! En voilà encore que les mômes ne mangeront pas. Je discute quelques minutes avec Music In Belgium, Laurent et quelques connaissances avant de reprendre la direction de l’Alsace sous des trombes d’eau.
Ce fut une belle soirée, comme toujours Chez Paulette. Le prochain concert sera à la Maison Bleue à Strasbourg avec Soen, le sept décembre. D’ici là je vais essayer de me réhydrater et de dormir un peu.
Mon second concert en deux ans prenait place à la Laiterie à Strasbourg, pour y retrouver The Pineapple Thief.
J’ai bien failli ne jamais arriver à cette salle située pourtant à sept kilomètres de la maison. J’étais bloqué de l’autre côté du Rhin par une manifestation de forains et après deux heures et demie d’embouteillages, j’ai juste eu le temps de déposer mon épouse à la maison avant d’aller au concert.
Dans la file d’attente j’ai retrouvé des amis perdus de vue depuis plusieurs mois, perdus en fait depuis que j’ai renoncé à Meta que l’on appelait encore Facebook à l’époque.
Au programme de la soirée Alex Henry Foster et The Pineapple Thief. Je venais évidemment pour ces derniers, ne connaissant pas l’ancien chanteur de Your Favorite Enemies. On ne peut pas connaître tout le monde non plus d’autant que l’artiste n’a composé qu’un seul album sous son nom pour l’instant.
Son groupe investit la scène vers 19h45, claviers, batteries, guitares, saxo alto, chanteur, tout plein de monde mais rien en comparaison de leur live à Montréal où ils étaient onze à jouer. Oui car ce sont des québécois, qui parlent en français avec le joli accent et chantent en anglais.
Dès les premières notes façon post-rock explosant en metal, j’ai été subjugué par la musique et la douleur froide qui émanait de leur performance, un mélange explosif entre Rage Against The Machine, Marillion et Toundra, fait de plages planantes déchirées par des tsunamis de basses. Alex Henry est possédé par sa guitare, la buée recouvre ses lunettes, les décibels culminent à 106 Dbz et je suis en transe sur ces morceaux à rallonge dont ‘The Hunter’ qui frise le quart d’heure.
Après trois titres, Alex Henry Foster tire sa révérence sous les acclamations d’un public électrisé. Il nous invite à le rejoindre au stand de merch pour discuter après et tient sa promesse, il adore discuter avec ses fans. Après une mongue conversation, je repartirai avec le vinyle dédicacé par le chanteur et un teeshirt pour faire bonne mesure. Oui, j’ai adoré et il est sur Bandcamp pour les curieux.
The Pineapple Thief arrive ensuite à 21 heures et je vous avoue que d’emblée, je sens qu’il vont devoir se dépasser pour égaler la première partie.
Hélas Gavin Harrison semble fatigué et Steve Kitch en petite forme, il devra même se poser le temps d’un titre pour récupérer. Il faut dire que le groupe s’est embarqué dans une grosse tournée qui a débuté le 6 octobre avec de rares journées de relâche passées sur la route. Bruce et Jon ne sont pas toujours au même diapason ce qui donne des chœurs parfois psychédéliques et le set semble réglé comme du papier à musique, laissant peu de place à la spontanéité, tout le contraire de Alex Henry Foster.
Il y eut quelques bons moments tout de même, nous parlons bien The Pineapple Thief, mais clairement leur précédente prestation dans le Club de la Laiterie m’a laissé un bien meilleur souvenir. Déjà parce la scène, plus intimiste, convient mieux à leur musique qu’un grand espace balayé de projecteurs. Ensuite parce qu’ils étaient bien meilleure forme et que O.r.k. ne les avaient pas éclipsé comme Alex Henry Foster. Oui des fois, les gars qui chauffent la salle font de l’ombre à la tête d’affiche.
Un retour de vacances ressemble à une pile de commandes faites sur Internet qui se sont accumulées dans la boîte aux lettres pendant notre absence. Malgré la fatigue du voyage, je ne résiste jamais à déballer ces cadeaux de Noël avant l’heure et d’allumer la chaîne pour écouter les merveilles.
C’est ce qui est arrivé avec Surrender of Silence. Après avoir traversé la France d’ouest en est, deux heures de voiture et six de train, j’ai déballé et écouté le nouveau Steve Hackett. Et je suis resté sur ma faim. J’étais fatigué par le voyage et j’aurai sans doute dû patienter jusqu’au lendemain. Il faut dire aussi, qu’avec At The Edge Of Light puis Under A Mediterranean Sky, le maestro m’avait comblé.
Steve Hackett revient en trois faces, onze titres et une petite heure au prog symphonique orchestral teinté de world music auquel il nous a habitués depuis quelques années.
Il revient également avec de nombreux musiciens et chanteurs. Trois batteurs, cinq voix mais un seul guitariste, et quel guitariste ! Pour les orchestrations, on retrouve avec plaisir Roger King toujours aussi brillant.
Vous entendrez des violons, altos, des instruments à vent, la basse de Reingold, les voix des sœurs Durga, d’Amanda et de Nad ainsi que quelques instruments exotiques.
Je ne sais pas si vous partagez mon avis, mais je trouve les pochettes des albums de Steve Hackett assez décevantes dans l’ensemble. Clairement ce ne sont pas les artworks qui guident mes achats avec Steve Hackett. Mais Surrender of Silence, comme les autres, s’accompagne d’un livret grand format de plusieurs pages contenant des photographies de Jo et des textes bien lisibles, ce qui tempère en partie mon reproche initial.
Dans ce Surrender of Silence vous entendrez des réminiscences du groupe Genesis – bizarre n’est-ce pas, vous avez dit bizare – tout particulièrement dans ‘Relaxation Music for Sharks’, une des trois pièces instrumentales de cet album. Ce morceau est le ‘Please don’t touch’ du disque. Une pièce à tomber par terre. ‘The Devil’s Cathedral’ est un autre de mes coups de foudre. Le titre s’ouvre sur un duo grandes orgues et clarinette basse avant de laisser place à la voix de Nad, la batterie de Craig et la guitare de Steve. ‘Natalia’ fera penser à du Prokofiev quand ‘Wingbeats’ rappellera ‘Asimbonanga’, le tube de Johnny Clegg et ‘Head in the Shadows’ le célèbre ‘House of the Rising Sun’ avec sa guitare acoustique. Les chinoiseries de ‘Shangaï to Samarkand’ ne sont pas trop à mon goût, mais bon on ne peut pas plaire à tout le monde. Par contre le tango du renard avec Nick D’Virgilio à la batterie et Jonas à la basse et où la guitare de Steve et les claviers de Roger se déchaînent est une pure merveille. Quant à ‘Day of the Dead’ et ‘Scorched Earth,’ ils restent de grands classiques du maestro. L’album s’achève comme il a commencé, sur un bref instrumental où la guitare de Steve est à l’honneur.
Pour conclure cette chronique je dirai que Surrender of Silence contient de belles choses mais ne m’a pas convaincu de bout en bout cette fois. Ca n’en reste pas moins un bel album.
Bon j’avais dit bla-bla-bla que je ne le ferai pas, mais je ne peux pas m’en empêcher. Alors voici des ultras brèves, quelques mots sur des albums que j’ai écoutés et qui ne m’ont pas fait grimper au rideau.
En premier voici Big Big Train et son Common Ground. J’aimais bien leur Canterbury très British dans English Electric mais je trouve que ce nouvel album sonne cette fois un peu trop Spock’s Beard.
Honnêtement, à part le premier morceau covid ‘The Strangest Times’, je n’ai rien à reprocher à l’album et plus j’avance dedans, plus j’éprouve du plaisir àl.écouter, mais pas suffisamment pour que ce soit un coup de cœur.
The Neal Morse Band n’aura pas réussi non plus à me convaincre avec son Innocence & Danger d’autant qu’ils ont eu la mauvaise idée de massacrer une merveille de Simon & Garfunquel.
C’est du Neal Morse, avec ses défauts habituels, ça s’écoute bien, mais sans plus.
J’ai commandé Illuminae suite un tweet de Steve Hackett qui joue dessus. Dark Horizons est un album bourré d’invités comme Craig Blundel, Luke Machin ou Troy Donockley , un disque qui fait dans le folk prog à chanteuse. C’est archi convenu et pas franchement enthousiasmant, bref bof.
J’avais également commandé Welcome To A New World de Pat O’May, enthousiasmé par le bonhomme et sa présence en live. Le concept album, sans être mauvais, ne casse franchement pas des briques. Un disque de rock un peu prog pas franchement original dont je décroche assez rapidement. Dommage.
Fort de mon engouement pour son dernier album, j’ai acheté aussi le premier Tiger Moth Tales, Cocoon. S’il figure ici c’est bien entendu parce que je n’y ai pas retrouvé la magie de The Whispering Of The World que j’ai même racheté en édition vinyle il y a peu. Cocoon est juste un album folk prog zarbi qui n’a pas du tout fonctionné avec moi.
La critique d’Alias m’avait donné envie d’écouter Hermitage de Moonspell, le plus floydien de leurs disques. Mais que dire, oui c’est du métal floydien, voila. Bon après je ne connais pas Moonspell non plus. J’aime bien l’écouter à l’occasion mais c’est tout.
Enfin j’ai commandé The Peasant’s Revolt de Nightsong car j’adore la chanteuse Jo Beth Young. Le concept album folk parle d’une révolte de paysans et un des titres est particulièrement fabuleux, le premier, ‘Pauper’s Song’. Après, même avec la délicieuse Jo Beth au chant sur quelques titres, on s’ennuie un peu. L’histoire prend trop le pas sur le reste.
Les écrivains se plaisent à raconter que le premier amour est toujours le plus beau.
Dans Pour l’amour d’Elena, Yasmina Khadra parle de l’amour de Diego pour Elena. Un premier amour pur brutalement brisé dans son élan par un sordide fait divers.
Du paisible petit village mexicain l’Enclos de la Trinité, l’écrivain nous entraîne jusque Juares, la grande ville trépidante. Un voyage quasi initiatique de la vie paysanne à la pègre, dans les pas de Diego parti à la recherche d’Elena.
Le roman est une longue descente aux enfers, pour Diego et son cousin, une histoire d’amour avec pour décor les gangs, les meurtres, la drogue, le racket et la prostitution.
Diego, celui qui lisait des livres, devient l’homme de main de Cisco, obsédé par son amour d’enfance. Entre un meurtre et une livraison de drogue, il recherche cette enfant devenue femme, probablement prostituée comme d’autres de paysannes arrivées un jour à la ville.
Le roman est un quasi huit clos entre Diego et son cousin Ramirez arrivés ensemble à Ciudad Juares et enrôlés dans le gang par l’indien Cisco. Beaucoup de scènes se déroulent entre eux, dans leur maison, des échanges sur les ambitions de Ramirez et l’obsession de Diego pour son amour d’enfance. Les extérieurs racontent la violence, les trafics, les guerres de territoire.
Le livre décrit la lente ascension des deux hommes dans la pègre, leur descente aux enfers, la fin de l’innocence et l’horreur de cette violence banale et quotidienne. Il raconte également l’obsession grandissante de Pedro pour Elena. Une obsession proche de la folie dans laquelle Pedro se persuade qu’elle est toujours vivante et qu’il peut encore la récupérer.
Jusqu’à la dernière phrase du dernier chapitre, Yasmina Khadra maintient le suspens, un magnifique roman à plusieurs niveaux de lecture à dévorer.