Désabonné

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Dans la vie j’utilise six boîtes aux lettres. Quatre pour le travail, deux privées. Les six sont ouvertes en même temps sur mon navigateur web et les notifications pleuvent sans cesse. 

Celles du travail sont peu bavardes hormis les harangues syndicales qui tombent plusieurs fois par jour. Sur les deux boîtes privées, celle à mon nom possède une activité raisonnable, musique, expéditions de colis, factures et devis, mais la seconde, celle dédiée au webzine Neoprog, connaît une activité frénétique. Sur cette boite arrivent toutes les promotions, les annonces, les demandes de contact, les notifications du webzine, les concerts, les prochaines sorties d’albums, les commentaires des lecteurs et fatalement une tonne de spams. 

Cela représente une cinquantaine de messages par jour qu’il faut trier, lire et auquel il faut parfois répondre. Comme Neoprog ferme ses portes vendredi prochain, je me suis lancé dans une vaste opération de désabonnement généralisée. 

Le plus simple fut de me désabonner de la plateforme Haulix sur laquelle arrivaient de nombreuses promotions et newsletters. Il a fallu ensuite me désabonner manuellement d’autres listes et envoyer un message à quelques contacts qui travaillent encore à l’ancienne, sans liste de diffusion. 

Cela m’a pris plusieurs heures, mais je voulais faire les choses dans les règles et ne pas juste supprimer l’adresse mail du webzine afin de ne pas saturer les serveurs internet de requêtes inutiles.

Aujourd’hui je ne reçois presque plus rien dans cette boîte et ça me fait tout drôle. Mes soirées sont soudain bien vides. Je peux m’installer dans le canapé et écouter un vinyle sans être interrompu par une notification Gmail, Facebook ou Twitter. 

A la fin de cette semaine, je fermerai mes comptes Twitter, Facebook, Gmail et Instagram avec soulagement, ne conservant qu’une adresse mail et un compte Twitter perso, sans parler du compte Flickr sur lequel je publie mes photographies bien entendu. Si vous voulez encore avoir de mes nouvelles, il faudra passer par là ou venir sur ce blog.

Après m’être vautré dans les médias sociaux, je vire à l’ascétisme. Mais que voulez-vous, c’est ma nature. Le blog va survivre à cette hécatombe numérique, du moins tant que cela m’amusera, juste pour le fun, sans contrainte d’aucune sorte, sans équipe, sans pression, sans audimat, une manière de repartir à zéro et d’explorer de nouvelles choses.

La fin d’une époque

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Neoprog est né il y a plus de vingt ans des cendres d’un premier site internet où je parlais de tout et de rien, l’ancêtre du blog. Je l’ai spécialisé pour ne traiter que les musiques principalement progressives dans lequel je donnais un avis partial sur les albums que je possédais. Puis progressivement, les artistes, les labels et les promoteurs sont venus me proposer des albums.

Bien vite il y a eu trop de musique pour deux oreilles et j’ai accepté de travailler avec une seconde personne. Une, deux puis trois, l’équipe finit par atteindre le nombre de dix personnes à l’age d’or de Neoprog avant de décliner lentement.

Ce furent des années d’expériences musicales et humaines très enrichissantes mais également difficiles. J’ai eu le plaisir de découvrir de nombreux groupes, de discuter avec mes idoles, de les photographier en pleine action comme dans mes rêves d’adolescent les plus fous.

Mais aujourd’hui, je désire passer à autre chose.

J’arrête le webzine musical Neoprog, du moins sous sa forme actuelle. L’idée trotte dans ma tête depuis deux trois ans, mais j’ai repoussé cette décision à plusieurs reprises pour diverses raisons. Cette fois ma décision est prise et toute l’équipe a été bien entendu informée.

Pourquoi arrêter ? Gérer Neoprog et son équipe demande beaucoup de temps et d’énergie. Il faut partager les promotions, répondre aux sollicitations, mettre en ligne le contenu, relire la prose, renseigner la base de données sur les groupes, les albums, les concerts, les sorties en plus d’écrire plusieurs chroniques par semaine pour tenir la cadence des publications. Car il est nécessaire de maintenir un audimat raisonnable dans ce genre de médias pour ne pas sombrer dans l’oubli.

Il m’est arrivé de mettre en ligne des textes avec lesquels j’étais en total désaccord et j’ai dû, comme tout manager que je ne ne suis pas, vivre avec les états d’âmes des membres l’équipe. Nous étions six à la fin, et pour suivre l’actualité musicale, il aurait fallu que nous publions au moins cinq critiques par semaine. Plus de vingt par mois. Comme en moyenne les autres membres de la team accouchaient d’un texte par mois, il me restaient quinze à vingt chroniques à produire, en piochant souvent dans les restes. Du travail à la chaîne qui perdait de son intérêt à la longue.

Le webzine subissait la pression insidieuse des labels et promoteurs sans réel retour de leur part. Si nous ne publiions pas à temps un billet enthousiaste sur tel ou tel album, nous ne recevions pas le suivant. Les albums arrivaient de plus en plus souvent en streaming, parfois en mp3 et rarement en support physique. Il fallait mendier pour une version numérique, quelques photos de presse et les paroles.

La qualité du webzine a beaucoup tenu au travail des différents rédacteurs qui s’y sont succédés. La relecture des textes, la mise en page plus soignée, la découverte de nouveaux horizons musicaux, je la dois pour une grande partie aux personnes qui ont participé à cette aventure.

Mais justement, ils se sont succédés. Un arrivait, deux partaient. Faute de temps pour certains, lassitude pour d’autres. Certains ont été mis dehors également, plagia, bâclage, coup de gueule et j’en passe. Depuis deux ans, je ne cherchais plus vraiment à recruter car cela demandait beaucoup trop d’énergie pour un résultat très incertain.

Bref, aujourd’hui j’ai envie d’écouter la musique qui me plait et d’en parler à l’occasion si j’en ai envie, sans avoir à rendre de comptes à qui que ce soit. Revenir à ce que je faisais aux débuts de Neoprog.

Le webzine Neoprog va fermer ses portes et le blog va prendre sa relève. Fini les promotions, il s’agira juste des albums achetés que j’aurai eu plaisir à écouter, peut-être exclusivement les vinyles. Je n’ai pas encore de plan.

Merci à toute l’équipe qui m’a accompagné ces dernières années. Merci aux artistes, labels et promoteurs qui nous ont aidé à exister. Et merci à nos lecteurs, de nous avoir suivi fidèlement depuis le début.

180 grammes

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Vous l’avez sans doute remarqué, les galettes en bakélite sont de retour alors qu’elles avaient presque disparues à la fin des années quatre-vingt. 

La majorité des groupes proposent aujourd’hui du digital, des CDs ainsi que des vinyles lorsqu’ils sortent un disque. L’objet est beau mais s’adresse à un public souvent audiophile. 

J’ai remarqué que les jeunes artistes rêvaient de graver leurs créations sur une galette noire. Une sorte de jalon obligatoire sur le chemin de la gloire. Seulement voilà, bien souvent, après un premier album vinyle, ils reviennent au CD. J’ai cherché à en comprendre la raison.

Il y a le prix tout d’abord. Un pressage vinyle est plus onéreux que la fabrication de CDs. Ensuite, comme dit plus haut, les acheteurs de vinyles ne sont pas si nombreux car la galette nécessite le plus souvent, pour l’écouter, une platine, un pré amplificateur, un amplificateur et des enceintes alors qu’un PC suffit pour écouter un CD et un smartphone pour du digital.

Ensuite un master analogique ne se conçoit pas comme un numérique. Et si on ne distingue pas les deux, un des deux supports aura un son inapproprié.

Enfin, le pressage à bas coût tue le vinyle et les artistes à petits tirages s’orientent souvent vers des sociétés peu onéreuses pour essayer de trouver un équilibre financier, négligeant le son pour le look, la galette de couleur, le picture disk, le double volet avec de belles photographies.

Du coup certains vinyles sont très décevants et le mp3 320 parfois même plus dynamique. Le son peut se révéler terne, plat, brouillon, griffé. Je possède quelques galette de ce genre, un Marcela Bovio presque inaudible, un Petter Carlsen terne, un Dream Theater sans aucune dynamique, un TesseracT décevant.

À côté de cela, je possède des merveilles comme un Pink Floyd pressé récemment, un Opeth 180 grammes magnifique, un Cris Luna fabuleux.

Le choix d’un pressage 180 grammes audiophile garantit déjà une certaine qualité mais ne fait pas tout. Si le mix à la base était moyen, n’espérez pas grand chose. Les galettes noires seraient de meilleur qualité que les arc-en-ciel et les pictures. Là dessus j’avoue n’avoir pas d’avis.

Ce qui est certain c’est qu’un grand tirage est nécessaire pour disposer à la sortie d’une bonne qualité d’écoute, parce qu’un grand tirage permet de presser des vinyles de test. Ce n’est cependant pas une garantie absolue loin de là. Bref à chaque fois que vous achetez un vinyle, c’est un peu la loterie, mais parfois, il y a de belles surprises. Alors, le plus souvent, si je ne dispose pas de la version numérique, j’achète également le CD avec.

Mon archive est percée

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Je suis atteint de collectionnite aigue mais je me soigne, enfin j’essaye. J’ai d’ailleurs récemment vidé la maison de plein de choses inutiles. 

Il y a cependant des objets dont je peine à me séparer. Les livres en font partie, les bandes dessinées, les disques et les tee-shirts de rock.

Lorsque je vais à un concert je ne peux m’empêcher, si le groupe à bien joué, de les encourager en passant par le stand de merchandising. J’y achète au choix un vinyle ou un tee-shirt, des fois les deux. J’achète également ces chiffons hors de prix lors de crowdfundings histoire de soutenir un peu plus le groupe. Tant et si bien que dans le dressing, il y a beaucoup plus de tee-shirts de rock que de n’importe quel autre vêtement. Et je les porte ces tee-shirts, comme pyjama et même au travail, ce qui me rappelle je le jour où je me suis pointé avec un personnage coloré doté d’un énorme phallus en érection au boulot, je revenais d’un concert de Galahad…

Je ne porte quasiment que des tee-shirts de rock au quotidien, sauf lorsque le travail exige une tenue plus appropriée, ce qui arrive hélas de plus en plus souvent.

Fatalement le tissu s’use à force, même si je dispose de beaucoup de tee-shirts, car j’ai mes favoris. 

De temps en temps je découvre un accroc ou un trou sur un de mes tee-shirts fétiches et hier justement, j’ai constaté avec horreur, que mon unique tee-shirt d’Archive était percé. Un drame. Le tee-shirt bleu de leur tournée de 2015 au tissu doux au toucher, parfait comme pyjama. 

Je suis à terre.

Mais pas question de m’en débarrasser pour autant. Attention ! J’ai deux rangées de tee-shirts dans le dressing, les vieux inmettables, trop petits (oui j’ai grossi), usés, percés, déchirés, tâchés et ceux que je peux encore porter. Cela rend mon épouse complètement dingue, mais c’est le prix à payer pour que notre couple perdure. De toute manière, elle fait pareil avec ses culottes.

1er avril

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Je viens de prendre un billet d’avion pour visiter les réserves du Kenya, cela faisait longtemps que je rêvais d’un Safari photo. En parlant photo, Nikon m’a proposé de tester leur nouveau boîtier Z9, ce sera l’occasion de voir ce qu’il a dans le ventre. Peut-être que je vais en faire mon métier après tout, c’est sympa de parcourir le monde pour capturer sur la pellicule les dernières espèces animales en voie de disparition.

Je vais arrêter le webzine de prog. La concurrence est trop féroce et ça me saoule d’écrire des chroniques de blockbuster chiants juste pour maintenir l’audimat à un niveau raisonnable.

Le gros achat du mois risque d’être un nouvel ampli home-cinéma compatible HDCP 2.2 car depuis hier soir je ne peux plus regarder Disney+ sur mon vidéo projecteur tout en ayant le son, merci Mickey.

Après la fusée Saturn V, j’envisage sérieusement de m’offrir la navette spatiale même si je ne saurais pas quoi en faire une fois assemblée. Les lego, c’est comme les puzzles en plus cher et moins chiant.

Bonne nouvelle, je vais me faire vacciner ! Je viens de faire un test sérologique afin de vérifier que je n’ai pas attrapé la COVID-19 ces derniers jours, comme ça je pourrais faire ma trombose cérébrale paisiblement ensuite. 

Je suis en vacances pour quelques jours, les premières depuis janvier en fait. Aujourd’hui le soleil brille, je n’ai pas de migraine (du moins pour l’instant) mais dès lundi, mes collègues annoncent le retour de la neige. Putain les mecs ! Je suis certain qu’ils ont fait exprès, personne ne m’aime à part moi.

Je me suis fait tatouer le visage de Marcela sur le bras droit et celui d’Anneke sur le bras gauche. Sur le ventre il y a un pentacle et sur le dos les cornes du diables. Ça pique un peu ces petites aiguilles, surtout pour tracer les cheveux, mais quand on aime.

J’ai pris une bonne résolution également. Je vais aimer mes voisins. Il faut savoir pardonner. Surtout qu’ils semblent décidé à vendre. Je devrais racheter tout le quartier dans un rayon de cent mètres autour de la maison, bon disons un kilomètre, la meilleure façon pour moi d’aimer les gens.

Au fait joyeux premier avril les gens ! J’espère que vous ne souffrez pas d’un cancer, car votre prochain rendez-vous est reporté.

L’extinction des dinosaures

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Les scientifiques pensaient qu’il s’agissait d’une météorite, finalement ils optent pour l’hypothèse de la comète. Voici soixante-six millions d’années, les grands reptiles qui faisaient trembler la terre en galopant, ont brutalement disparu, permettant à d’autres espèces d’émerger. Nous ne serions probablement pas sur terre aujourd’hui sans la comète, alors merci.

En musique également, des formations dominèrent le Mésozoïque du rock. Naturellement certaines de ces créatures fragiles finirent par disparaître d’overdose, de cirrhose , électrocutées dans leur baignoire avec un sèche-cheveux ou pendues au bout d’une branche. Mais d’autres, plus coriaces, survécurent et devinrent des dinosaures.

Malheureusement, aucune comète rock n’a encore produit de grande extinction de masse et il faut attendre que la vieillesse terrasse les plus endurants pour faire place nette. Mais même une fois la bête enterrée, des adorateurs perpétuent sa mémoire et une seconde, voire une troisième génération de de reptiles géants voit le jour.

Les dinosaures du rock, adulés par des amateurs incontinents en fauteuils roulants, survivent bien au-delà du raisonnable, empêchant les jeunes pousses de prendre la relève. Formés dans les sixties et seventies, ces brontosaures à guitares, dégarnis parkinsonniens, composent en roue libre des resucées de leur jeunesse perdue, vidées de toute substance créatrice, plaçant un pathétique solo tremblotant qui ravira les fans à moitié sourds qui n’osent plus écouter ce que jouent les jeunes trop bruyants.

Des maisons de disques, autrefois novatrices, se spécialisent aujourd’hui dans la production de ces antiquités remisent sommairement en état, à croire que leurs dirigeants se fossilisent ou bien que les actionnaires ne jurent que par les valeurs sures. Résultat des courses, le marché est inondé de groupes de quarante ans d’age. Si pour un whisky c’est souvent un gage d’excellence, pour de rock c’est la garantie de toute absence de surprise.

Et ce qui me plait dans la musique, c’est justement de sortir de ma zone de confort pour ne pas mourrir d’ennui, surtout lorsque l’on écoute beaucoup (trop) de musique. Je suis désespéré en découvrant un nouvel album d’un groupe de prog antédiluvien au rythme pathétique, au chanteur à la voix éraillée, aux soli datant d’un demi-siècle, qui compile les tubes de quatre décennie de carrière inégale sans rien apporter de neuf. Ce qui m’agace le plus, c’est que ce groupe vendra plus de galettes, vinyles, compact disks, tee shirts, coffrets qu’une jeune formation talentueuse n’aura de téléchargement sur son Bandcamp, tout ça parce que son public est vieux et plein de tunes.

Ho yes, it bites !

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Les prog heads forment des couples inséparables jusqu’à la mort d’après la légende, ils suivent aveuglément leurs artistes, quel que soient leurs éventuelles défaillances. 

Si en amour je suis fidèle, en musique il m’arrive de donner de sérieux coups de canif dans le contrat.

Comme beaucoup de personnes, j’ai découvert Steven Wilson avec Porcupine Tree et l’album Stupid Dream. J’ai suivi le groupe avec plus ou moins de bonheur jusque l’incident qui mit fin à leur collaboration. Et lorsque Steven s’est lancé en solitaire dans une nouvelle traversée, j’ai suivi à la nage, parfois à la traîne derrière, parfois bord à bord. 

La première grosse dispute vint avec Hand. Cannot. Erase. pourtant largement salué par la critique et les fans. Cela ne m’a pas empêché, lorsqu’il osa la disco dans son avant dernier album, de saluer l’audace et même d’apprécier la musique de ce touche à tout de génie.

La seconde grosse dispute, non artistique cette fois, tient à la manière dont il traite les médias pendant ses concerts, mais ça je vous l’ai déjà raconté je crois.

Puis vint la campagne de promotion de son dernier album, The Futures Bites, un épouvantable matraquage publicitaire en totale contradiction avec le message véhiculé par au moins un de ses morceaux (Personal Shopper). 

Coffret, K7, vinyle, CD, blu-ray, digital, tee-shirt, PQ, horloge, coque de téléphone, pilules, la boutique vendait n’importe quoi. 

Aucun des trois singles ne m’ayant convaincu, car j’aime la guitare, la batterie, les claviers, les belles voix et pas vraiment l’électronique, j’ai hésité à rester un fidèle imbécile. Mais j’ai finalement et presque à contre coeur, commandé le minimum acceptable pour moi afin d’écouter de la musique, à savoir le CD. Je ne voulais pas mourir idiot.

Wilson fait ce qu’il veut de sa vie comme de sa musique et a tout fait raison de se réinventer tant qu’il se fait plaisir et n’écrit pas pour garnir son compte bancaire. Je ne lui jèterais jamais la pierre pour cela.

Par contre, cette fois, lui sa musique et moi, nous n’avons vraiment plus rien à nous dire alors je crois qu’il est temps de couper les amarres une bonne fois pour toutes. Peut-être nous retrouverons-nous un jour, comme un vieux couple séparé de longue date, qui après des années a pardonné. 

Contrairement aux prog heads fidèles qui cherchent à tout prix à entendre du prog dans son électro commerciale, j’arrête les frais, j’ai versé mon ultime obole à sa musique et le CD, après quelques écoutes circonspectes, va rejoindre la pile des disques à revendre à l’occasion.

Le canapé

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Il ne se passe pas une journée sans que l’on me propose de réaliser une interview. Le groupe sort un album, change de chanteur, vient de publier un clip, prépare une tournée, vous ne voulez pas les interviewer ? 

Le problème c’est qu’une interview demande du temps. Il faut la préparer, convenir d’une date, d’un média si elle ne se réalise pas en direct, passer une heure à poser des questions et écouter les réponses puis quatre à cinq heures pour les retranscrire et les traduire pour nos lecteurs anglophobes.

Et le pire dans tout cela c’est que les interviews ne sont pas beaucoup lues, notre public préfère les chroniques. Mais alors pourquoi les artistes aiment tant les interviews ?

Il m’a fallu du temps pour comprendre mais maintenant je sais. Je l’ai enfin compris après toutes ses années de dur labeur non récompensé par l’audimat. 

L’artiste est narcissique et a besoin d’être aimé mais par-dessus tout, l’artiste est ce qu’il est car il souffre. L’artiste est forcément névrosé sinon il ne serait pas artiste. Et chaque interview est pour lui, lorsqu’elle est bien menée, une demi-heure de thérapie gratuite. 

L’artiste vous parle de ses problèmes, des expériences qu’il a voulu raconter dans sa musique et que personne n’a compris. Il vous raconte ses galères, ses peurs et vous l’écoutez en prenant des notes et en émettant des « hon hon », des « oui », des « je vois ». 

Bien entendu vous posez des questions, mais lui n’y répond presque jamais ou bien à côté, il poursuit son interminable monologue et c’est tout juste s’il ne s’effondre pas en larmes sur son canapé. Ayez toujours un mouchoir propre à tendre pendant une interview. 

Mais ne perdrez pas de vue que le musicien a besoin de rire pour oublier sa peine, alors faites le rire, ça l’aide à vider son sac. Une interview sans (rires) est une interview ratée. Mais faites en sorte qu’il ne rie pas trop de vous quand même, vous pourriez mal le prendre et lui casser la figure. Des fois l’artiste rit et vous ne comprenez pas pourquoi, alors vous riez aussi afin de ne pas paraître stupide et lors de la transcription, une fois que vous avez compris ce qu’il disait, là vous vous sentez vraiment stupide.

Il peut arriver également que vous agaciez l’artiste avec La Question qu’il ne fallait pas poser. Des fois même on vous prévient à l’avance de ne pas aborder tel ou tel sujet avant l’interview, si si. Pour éviter de vous enfoncer, mieux vaut avoir la personne en visuel, le visage et la gestuelle vous alertent assez vite si vous avez commis un impair. Parce que si vous commettez cette gaffe, pensez au pauvre journaliste qui passera après vous. Pensez à ce que dira l’artiste au sujet des apprentis scribouillards. Il lui faudra au moins cinq ou six séances de thérapie pour passer à autre chose et parler de ses autres traumatismes. Car c’est dur d’être un artiste. Vous ne voudriez pas l’interviewer, il vient justement de répondre à une interview ?

Cadeaux de Noël

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Les artistes ont plus jamais besoin de nous et cela tombe bien car j’aime la musique. Alors autant pour me faire plaisir que pour les soutenir, j’achète de nombreux albums en ce moment, peut-être plus que d’ordinaire d’ailleurs.

Le dernier achat en date est la réédition vinyle de Traces de Nine Stones Close, un album sorti en 2011 et réédité pour son dixième anniversaire, album sur lequel j’ai découvert des artistes comme Adrian Jones, Brendan Eyre et Marc Atkinson.

Luc Machin je l’ai connu avec Maschine en 2013 et là il se lance dans un album solo très différent du groupe de rock progressif anglais. Je suis curieux de voir où cet artiste talentueux va nous conduire bien que j’en ai déjà une bonne idée avec les maquettes qu’il a envoyé aux participants de son crowfunding.

Silent Skies est un de mes coups de cœur 2020, un magnifique album que si j’ai reçu en mp3 se devait de figurer dans mes vinyles. D’ailleurs il y a déjà la queue devant la maison pour l’écouter.

Lifesigns va sortir un troisième album et ayant les deux premiers je ne pouvais me refuser le plaisir de participer au financement du suivant. Je l’attend avec impatience.

Je considère Melanie et Martin comme des amis artistes. Cela fait longtemps que l’on se croise dans les salles de concert, que je photographie leurs prestations et j’apprécie beaucoup leur travail. Donc naturellement, faute de pouvoir les écouter en live, j’ai commandé leur DVD.

Pendant de longues années, je n’ai plus vraiment suivi la carrière de Steve Hackett, j’ai du recommencer avec Genesis Revisited 2. Là il nous sort un album instrumental fabuleux que j’ai bien entendu chroniqué et qu’il me fallait en vinyle. En plus il sera signé alors…

Depuis Lighthouse je suis de très prêt iamthemorning. Ils sortent un EP avec des chants de Noël ee deux compositions originales pour financer leur prochain album. J’ai déjà la version digitale et j’attends maintenant le CD.

Faut-il vraiment que j’explique pour j’ai commandé le prochain album d’Anneke en vinyle ? La belle propose cette fois des titres chantés en acoustique. Indispensable non ?

J’avais adoré Pillars of Creation de Obsidian Tide, l’album n’avait qu’un seul défaut, ne pas être édité en vinyle. Cela ne devrait plus tarder, alors croisons les doigts pour que le pressage doit de qualité.

J’adore le fromage blanc et ça tombe bien puisque Galaad prépare un troisième album. Bien entendu je suis dd l’aventure, ça tombait sous le sens.

Marcela Bovio vous connaissez ? Stream of Passion, Ayreon… Son nouveau projet se nomme Dark Horse White Horse et le premier EP arrive bientôt. Moi aussi j’arrive Marcela !

Ray Wilson a été mon copain de toutes les soirées pendant le premier confinement et comme j’apprécie beaucoup l’artiste, je n’ai pas su résister à l’appel de son prochain album.

MD5 que j’ai découvert avec Error 404 a lancé un financement participatif pour son prochain album et j’en suis d’autant qu’il y aura une édition vinyle.

Enfin, il y a Pat O May que j’ai découvert en live au Grillen, qui s’est également prêté à la torture de l’interview de Neoprog. Il va sortir son premier concept album et je suis également de l’aventure.

Voila, encore beaucoup de CDs, vinyles et tee-shirts que je vais me faire un plaisir d’écouter et porter mais qu’il faudra aussi ranger après ce qui ca être de plus en plus compliqué, surtout pour les tee-shirts.

Promotor

Lorsque vous managez un webzine musical, vous en voyez des vertes et des pas mures avec les artistes. Certains sont d’une rare efficacité dans leur communication, d’autre moins. Les sollicitations sont très nombreuses, que ce soit de la part des maisons de promotion, des labels mais également d’artistes non signés. Chaque jour il faut faire le tri entre le grain et l’ivraie, entre ce qui peut être publié chez nous et ce qui ne le doit pas.

Notre histoire a commencé par un mail intitulé « Please review needed », le genre de sollicitation qui démarre franchement mal. A l’intérieur du message, un texte mal ficelé, des liens Youtube et un lien Napster. Bon, manifestement ce groupe ne sait pas bien gérer sa communication, cela arrive souvent chez les amateurs.

J’écoute rapidement la musique sur Youtube et constate que les deux morceaux proposés ne jouent pas forcément dans la grande famille du prog. Je réponds au musicien que nous parlons principalement de rock progressif dans nos colonnes mais que s’il veut que nous écoutions quand même l’album pour en parler peut-être ensuite, nous aurions besoin d’un lien de téléchargement pour la musique, car nous ne travaillons pas en streaming, même avec les grosses maisons de disques.

Pas découragé, le gars m’envoie la bio du groupe avec un lien vers la promo. Un lien de streaming.

Soupir.

Je lui renvoie donc un mail, lui répétant que nous ne bossons pas avec de la musique en streaming.

Il ne répond plus. Silence radio.

Mais le lendemain surprise, il revient à la charge avec un nouveau lien, un lien vers du streaming.

Gros soupir !

Je lui fais à peu près la même réponse que précédemment, mais cette fois sans doute avec un ton un peu moins compréhensif car j’ai d’autres choses à faire dans la vie.

Nouveau silence radio de plusieurs heures, puis un nouveau mail arrive, contenant le message suivant « Oups ! désolé. » ainsi qu’un titre au format non compressé dans le corps du mail.

Sérieusement ?

Puis je reçois dans la foulé un second mail avec un autre titre qui met des plombes à arriver.

Damned, j’ai maintenant à ma disposition les second et troisième morceaux de l’album…Heu, c’est une blague ?

Alors je décris gentiment au gars ce que j’ai reçu, au cas où il aurait envoyé autre chose. Je lui explique aussi patiemment que possible que cela risque d’être compliqué de travailler avec le matériel qu’il nous a envoyé, qu’il existe des outils de transfert de fichiers pour simplifier les échanges, parce que là bon, j’ai d’autres choses à faire comme la revue de presse hebdomadaire (ça je ne l’ai pas écrit).

Quelques heures plus tard le gars me répond : « Décidément » suivi d’un smiley. Oui, et donc ?

Depuis plus de nouvelles. J’ai comme l’impression que nous ne parlerons jamais de ce groupe…

Les groupes de rock sont légion. En une année nous recevons plus de deux-mille solicitations en tout genre, des liens vers de plateformes professionnelles de téléchargement, des envois via wetransfer, Google, des CD par la Poste, trop pour tout écouter. Nous faisons cependant toujours un effort particulier pour les artistes indépendants qui ne disposent pas des même moyens que les blockbusters pour faire leur promotion, mais nous ne sommes pas une agence de communication ni de conseil pour la promotion des artistes. Peut-être devrions essayer. Car pour certains groupes, il y a du travail…